Anakin Hawk ~ Visez toujours la lune, car même si vous la manquez, vous atterrirez dans les étoiles...

Je suis né à Old Brooke, comme toute ma famille si je compte bien. On y vit dans un manoir caché dans la forêt depuis des générations, pourquoi partirai-je? Peut-être parce que ma famille entière à été décimée, et que ce lieu me les rappelle... Mais ma vie est ici. Je suis ce qu'on pourrait qualifier de loup garou pure race, une famille plus qu'incestueuse à fait en sorte que l'arbre généalogique ne soit remplis que de loups garous. Alors je connais tout du surnaturel depuis mon plus jeune âge. Et en l’occurrence, je suis le dernier loup pure, et je vais briser la chaîne.

Derrière l'écran PRÉNOM/PSEUDO : Ryu / Gaëlle / Anciennement Lahia & Aaron ∞ ÂGE: 18 ans ∞ FRÉQUENCE DE CONNEXION: le plus souvent possible ∞ COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM : j'étais sur l'ancienne version, si non, sur l'ancienne version, c'était ma soeur qui m'y avait ramené xD ∞ UN DERNIER MOT : J'aime les licornes et leurs jolies cornes... ∞

« Mère ? Racontez-moi une histoire…
- Il y a très longtemps, avant que cette ville n’existe, il était une époque où les hommes, assoiffés de puissance, ne cessaient de se faire la guerre. Ils voulaient le pouvoir de conquérir sans limites, d’agrandir leur territoire, au prix du sang. C’est alors que des sorcières apportèrent aux hommes, pauvres mortels insignifiants, la clé du pouvoir. Un soir de lune rousse, les sorcières scellèrent ici même, à l’emplacement de cette ville où se dressait autrefois une forêt dense, le sort qui a fait d’eux des bêtes capables de défendre leur territoire, de remporter les guerres, de faire cesser le sang de couler en imposant leur force bestiale…
- Seulement les hommes sont avides de pouvoir…
- Et c’est sans aucun scrupule qu’ils massacrèrent les sorcières, source de leur don, génitrices de leur puissance, et reines de leurs réussites.
- Mais les sorcières étaient plus intelligentes, et les humains toujours aussi naïfs, c’est cette naïveté qui…
- Fut leur perte. Une sorcière avait survécu au massacre, elle aurait pu les punir d’une mort imminente, mais préféra les condamner à une souffrance éternelle qui se transmettra de générations en génération. C’est ce soir que ces loups, sont devenus loups garous. C’est ce soir que cette sorcière a transformé ce qu’ils étaient, en ce que nous sommes. Les sorcières nous ont laissé cette punition pour la traîtrise de nos ancêtres.
- C’est à nous de montrer que nous ne sommes pas comme eux.
- C’est à nous de nous montrer digne de notre héritage.
- Et je devrais déclencher ma mutation quand l’heure sera venue. »

Et oui, depuis mon plus jeune âge, ces histoires berçaient mes soirs. Rien de tel pour s’endormir qu’un peu d’endoctrinement saupoudré d’une légère tyrannie. Oui, ma famille était très stricte là-dessus, nous étions… des sangs purs. Dans notre famille, aucun humain, uniquement des loups. Les mariages étaient arrangés, et très souvent, pour garder le courant de sang, et être sur des origines pures loups garous, les mariages étaient consanguins. Le risque ne pouvait être pris que quelqu’un de la famille, se marie avec une louve, qui aurait un parent, ou un grand parent humain. La lignée devait être conservée. Un sang pur devait être maintenu. Voilà les histoires que l’on me contait le soir. Je ne savais pas trop quoi penser de tout cela. Bien que l’on me dictait exactement la pensée que je devais avoir, je restais un peu perdu face à cela. En même temps, je n’avais que 5 ans. Je n’avais pas de poupée dans mon lit, et l’obligation de tout savoir avant tout le monde. Je savais lire et écrire, un an avant les autres.

L’école fut compliquée pour moi. Je ne devais pas avoir d’amis. Je devais diriger, j’étais un futur loup, et dans mes veines coulait un sang exclusivement loup, depuis la malédiction des sorcières. Je ne devais pas m’abaisser à fraterniser avec de simples humains. Je… n’avais pas le droit. J’avais 8 ans, l’obligation de me taire, de demeurer seul, mâle dominant au milieu de la cour de récréation. Mais un mâle dominant ne devrait pas avoir… des gens à dominer ? Peut-être pas s’il ne s’agit que d’humains… Je dois faire confiance à père et mère.

Le collège fut certainement la période de ma vie la plus importante, la plus mouvementé. Je n’y arrivais plus. Je ne pouvais pas rester seul. J’avais envie d’aller vers les autres. Malgré l’endoctrinement de mes parents, je ne dois pas fricoter avec les impures, ou avec les sangs mêlés. Mais que faire ? Pendant la récréation, je restais dans la salle de cour, j’apprenais, je me devais d’être le meilleur. Je devais leur prouver ma supériorité. Mais le sang de pur loup qui coulait dans mes veines ne devait pas m’obliger à être supérieur au niveau de l’apprentissage non ? Les capacités intellectuelles ne devraient pas entrer en ligne de compte ! Pourquoi dois-je toujours être le premier ? Je voudrais, l’espace d’une seconde, être le second. J’ai 12 ans, et pour la première fois, je me lève de ma chaise pour aller regarder par la fenêtre, et observer les humains dans la cour. Il y a des couples, il y a les 3e qui tentent d’intimider les petits 6e, ah, tiens, il y en a un qui ne se laisse pas faire ! C’est bien, affirme toi, et tu iras haut. Il y a Christian, le lover qui depuis le début de l’année est sorti avec la moitié des filles du collège. Il a l’air sur un autre coup, une fille de 4e, une classe au-dessus de nous donc. Elle dira oui, parce que c’est Christian. Il y a Max, qui cherche toujours la bagarre, il se fait reprendre par un surveillant, parce qu’il vient de casser une bouteille en verre sur un 3e. Décidément, on dirait qu’aujourd’hui, ils essayent tous de péter plus haut que leurs culs. Et puis il y a Lily… Je vais me rassoir, j’ai 12 ans, et je suis amoureux.

Le soir même, je rentrais à la maison, et je voulais des réponses. Pourquoi ? Pourquoi quoi ? Pourquoi tout.
« Père ?
- Oui Anakin ? Qu’y a-t-il ? Ta journée c’est bien passée ?
- justement…
Mon père se stoppa net, il posa son stylo plume et ferma son grand cahier de comptes, avant de pivoter son fauteuil vers moi.
- Ça ne va pas ? Que s’est-il passé ?
- Eh bien… J’aurais bien aimé pouvoir aller vers les autres élèves…
- Anakin, on en a déjà parlé. Les humains sont
- Perfides, naïfs, traîtres et profiteurs…
- Et tu ne peux pas leur faire confiance. Ils te poignarderont dans le dos dès qu’ils découvriront ce que tu es.
- Mais… Je ne le suis pas encore.
- Et… ?
- Et je devrais déclencher ma mutation quand l’heure sera venue…
- C’est à ce moment-là que tu pourras faire partit de la meute, et avoir des amis. Loup.
- D’accord père. Je ne te décevrais pas.
- Bien. C’est pour bientôt.
- Je sais. »

C’est pour bientôt. Oui en effet. J’ai bientôt fini ma 5e, j’aurais bientôt 13 ans, et le jour de mes 13 ans. Je déclencherais ma mutation la nuit de la lune rousse après mon anniversaire. Le lendemain je retournais au collège. Et je restais à nouveau dans la salle à la récréation. Ce à quoi je ne m’attendais pas, c’était elle, Lily. L’entendre entrer dans la pièce me fit sursauter.
« Lily ? Que fais-tu ici ?
- Et toi ? Que fais-tu ici, depuis le début de l’année… ?
- Je… J’apprends.
- Moi aussi il faut que j’apprenne, la géographie. T’es le meilleur dans tous les domaines, depuis le début de l’année. C’est le dernier jour, demain c’est les grandes vacances, et on a des devoirs de vacances. Et je suis mal barrée pour la géo… Je savais que je te trouverais ici, alors… Tu veux bien m’aider ?
- euh… Oui si tu veux…
- Super !! Merci beaucoup !! »
Me dit-elle en me sautant au coup et déposant un bisou sur ma joue. J’étais gêné… Cette fille est tellement belle… Je n’ai pas réussis à lui dire non. Alors on a révisé jusqu’à l’arrivé des bus scolaires, et elle avait l’air contente ! Elle avait compris ce que je lui avais expliqué ! Et le fait qu’elle soit contente me rendait… heureux… C’était le dernier jour des cours, et je ne reviendrais pas à la rentrée. Parce que pendant les vacances,

j’allais enfin devenir un loup garou, et faire partit de la meute. Après ça, je ne serais plus obligé de faire comme les humains, et j’aurais des cours à domicile. Je serais libre de me faire des amis. Des amis loups, de la meute, enfin ‘‘meute’’… Famille. Puisque la consanguinité est présente depuis cette nuit ancestrale de la création de notre espèce.
A la sortie des cours, tout le monde se disait au revoir et à l’année prochaine… Lily commençait à partir à pied. Et la voiture de ma famille n’était pas encore arrivée… Aller, c’était le seul contacte que j’ai eu de positif durant toute ses années, je voulais au moins lui dire au revoir dans les formes.
« Lily attends !
- Anakin ? Oui quoi ?
- Je… euh… Je voulais juste te dire au revoir.
- Ah ? Oh, c’est gentil de ta part, mais… On est dans la même classe depuis 2 ans, pourquoi tu n’es pas venu avant ?
- C’est parce que… là, je ne reviendrais pas, je ne fais pas ma 4e dans ce collège. Donc… Je ne te verrais plus… Et je voulais te dire au revoir…
- Tu ne reviens pas ? Mais… Pourquoi ? Tu vas où ?
- Je vais avoir des cours à domicile, mes parents sont plutôt riches et ils veulent un meilleur enseignement pour moi.
- D’accord… Je peux comprendre. Mais toi ? Tu veux vraiment partir ?
- Oui ! Je serais libre ! Plus obligé de supporter les horaires, les hum… Les humeurs des autres élèves, la solitude…
- Mais tu n’es pas obligé d’être seul !
- Si, je suis différent, je ne peux pas. Il ne faut pas.
- Je ne comprends pas, pourquoi ?
- C’est comme ça c’est tout. Ecoutes, je voulais juste te dire au revoir.
- Ok… Alors au revoir Anakin. »
Elle tourna les talons pour continuer son chemin. Je suis trop bête… J’ai tout gâché… Mais je pouvais choisir… Je le pouvais encore !
« Lily !! Attends !
- Quoi Anakin ? Je croyais que tu étais différent oui ! Mais pas différent comme ça ! Tu es le mec le plus intelligent que je connaisse ! Et tu n’es pas foutu de penser par toi-même ! Tu vas me faire croire que c’est toi qui ne veux plus supporter les horaires, et les autres élèves ? Ou bien se sont tes riches parents qui t’ont mis ça dans la tête ? La solitude ? Ouais ! Un bien grand mot ! Et bien facile lorsqu’on ne s’occupe pas de ce que ressentent les autres !
- EXCUSE-MOI ! La coupais-je. Pardonne-moi d’être… moi. Je sais que je ne suis qu’un con ! Je sais que je suis aveuglément mes parents, mais il y a une… histoire de famille derrière ça et je ne peux pas y couper. Je suis désolé, pardonne-moi si je ne sais pas faire… Je ne sais pas parler aux gens, je ne sais pas parler aux filles, je n’ai jamais su… te parler.
- Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Je veux dire que je voulais venir prendre ta défense quand Christian et ses potes t’avaient mis le grappin dessus, je veux dire que j’aurais tellement aimé rire et applaudir quand Max lui a refait le portrait ! Je veux dire que depuis que je suis entré dans ce collège, c’est faux, je n’ai pas envie d’en partir ! Je suis heureux de venir chaque matin parce que je sais que je vais te voir ! Et quand tu étais malade, c’était impossible pour moi de rester concentré en cours, je voulais savoir comment tu allais, mais je ne pouvais pas demander à  ton frère, parce que mes parents m’interdissent d’avoir des contacts ! Mais moi je voudrais en avoir ! Moi je voudrais être avec toi plus souvent ! Moi je voudrais continuer à t’apprendre la géo ! Et même les maths si tu veux ! Je voudrais je voudrais… Mais je ne sais pas ! Je ne sais pas faire ! Je ne… »
Quelque chose me stoppa, une larme, une larme qui ruissela sur ma joue… Je me dépêchais de l’essuyer en espérant que Lily était assez loin de moi pour ne pas l’avoir vue, mais quand je redressais la tête, lily était à moins d’un mètre de moi, et continuais d’avancer jusqu’à venir très très près, et posa ses lèvres sur les miennes. J’étais tétanisé… S’il y avait bien une chose à laquelle je ne m’attendais pas, c’était bien ça. Finalement je ne voulais pas que la voiture de mes parents arrive.
« Viens, on s’en va.
- S’en aller ? Mais où ? Tu dois rentrer chez toi, je dois rentrer chez moi…
- Mes parents sont en vacance, je garde la maison, si je rentre tard, ce n’est pas grave ! On a qu’à aller dans la forêt ! Personne ne nous trouvera là-bas ! Et on rentrera le soir ! Tu es assez intelligent pour tenir tête à tes parents une soirée ! »

Tenir tête à mes parents… Elle ne les connait pas… mais tout ce qu’elle me demande, je ne peux pas refuser. Nous nous sommes alors mis à courir, et au coin de la rue, je vis le voiturier de mes parents arriver. Juste à temps, je crois qu’il ne m’a pas vu. Alors nous avons passé la soirée ensemble dans les bois. La plus belle soirée de ma vie. En liberté… Dans la forêt, mon élément de loup, avec une amie que j’ai choisi ! Mais il était l’heure de rentrer. Et ça n’allait pas être une partie de plaisir.

De retour au manoir j’essayais de rentrer discrètement mais c’était sans compter sur l’odorat des loups présent de la famille… J’étais le seul du manoir à ne pas être un loup. Et en l’espace d’une seconde, j’étais repéré.
« Anakin ? » Ma mère. Evidemment, elle devait m’attendre depuis le retour du voiturier. Je m’approchais et entrais dans le grand salon. La grande table était mise, mon père au bout, comme à son habitude, avait commencé son repas. Ma mère repris. « Installe toi, nous venons de passer à table. » Pas de remarque ? Pas de reproche ? Pas de réprimande ? Si j’avais su, j’aurais fait ça avant ! Je me suis alors installé à la table. Mais l’atmosphère était quand même pesante. Personne ne disait mot. Et mon père ne m’adressait même pas un regard. Je décidais d’entamer la discussion pour me trouver un alibi.
« Où était le voiturier tout à l’heure ? Il n’est pas passé me chercher.
- Je croyais qu’on avait été clair Anakin. Répondit aussitôt mon père.
- Je ne…
- On t’a dit : Ne t’approche pas des humains. Ils te mèneront à ta perte, toi, l’avenir de notre Clan.
- Mais je n’ai pas…
- Le voiturier est arrivé en retard, certes. Mais néanmoins à temps pour te voir partir. Accompagné.
- Cette fille ? Non c’était… Elle… Elle prenait juste le même chemin que moi, j’ai tenté de rentrer, mais je me suis éloigné… Je me suis retrouvé dans la forêt, seul, et je m’y sentais bien, alors je suis resté un peu, et n’ai pas vu le temps passer.
- Le temps viendra, ou tu pourras courir dans la forêt, avec tes amis. Loups.
- Et il se pourrait que ce jour arrive avant la date prévue.
- Comment ça ?
- On pourrait faire ça pour l’anniversaire de tes 13 ans, plutôt que d’attendre la lune rousse. Qu’en penses-tu ?
Ce que j’en pensais ? Toutes ces dernières années, j’aurais préféré être transformé et ne jamais avoir connu la solitude, j’aurais aimé avoir des amis qui me comprennent, en étant comme moi. Si j’avais pu être transformé à mes 5 ans, je l’aurais fait. Mais une chose occupait à présent mon esprit. Lily, simple humaine, mais avec elle j’étais bien, je me sentais bien, je me sentais libre. Et si je déclenchai ma mutation, je serais enfin libre d’aller la voir ! Puisque mes mouvements ne seront plus épiés par mes parents. Cette mutation était tout ce que je voulais depuis mon plus jeune âge.
« Ce que j’en pense ? J’attends ce jour depuis beaucoup trop longtemps pour refuser ! »
Le mécanisme était lancé, mon anniversaire était dans trois jours, et mes parents allaient trouver un humain sans famille que je puisse tuer sans éveiller les soupçons. C’était assez glauque, mais il le fallait. Je devais tuer quelqu’un pour que le gène s’active, et ensuite passer la première pleine lune. J’en étais capable. J’étais assez fort.

Le jour était venu, le grand jour, ou plutôt le grand soir ! Tant d’années d’attentes enfin récompensées ! Cela se passera dans le grand jardin de la propriété. Notre manoir se situe dans la forêt qui borde Old Brooke depuis des années, ma famille vivant ici depuis des générations, et accumulant un héritage sans pareil, est très fortunée, et n’a aucune raison d’aller s’installer ailleurs. Notre vie est ici. Dans la forêt se démarque un chemin très bien entretenu, donnant sur un grand portail en fonte noir, qui malgré son âge ne grinçait pas le moins du monde. Le manoir aurait pu s’appeler château tellement il était grand. J’étais persuadé que des esprits le hantaient, il avait tellement le look pour faire croire ce genre de choses ! Toutes les façades étaient dans des tons sombres, les toitures et les tours également. Il y avait forcément quelqu’un qui était déjà mort entre ses murs depuis les siècles ! Quelque chose ravivait les tons sombres du manoir, le jardin. Ce jardin était le plus bel endroit du monde, un paradis sur terre. Les jardiniers étaient dirigés par un sorcier, que je considérais un peu comme un grand frère. Il avait ce don avec la nature, pour visualiser

comment chaque arbre évoluera au fil du temps, et arrivait à faire des choses magnifiques… Le jardin était parsemé de plantes hivernales, ce qui faisait que le jardin était toujours resplendissant autant en été avec les arbres normaux, qu’en hiver avec ces plantes. Le sorcier m’avait même fait une petite arche vouté sous les arbres, dont seuls nous deux connaissions l’existence, où je pouvais me réfugier quand je voulais échapper au monde. Ou plutôt à mes parents… Il ne les portait pas dans son cœur à vrai dire, il restait ici car sans lui, le jardin perdrait sa vie. Et je pense qu’il reste aussi un peu pour moi… Difficile de penser que ce soir, je tuerais quelqu’un sur l’autel au fond de ce jardin. Un endroit que le sorcier avait orné de roses rouges et d’oiseaux du paradis pour que l’âme puisse partir en paix. Ce soir, le sang de l’humain que je tuerai ruissellera sur l’autel et ferra rougir la fontaine. Je serais un loup garou.

Le soir enfin venu, le sorcier était partit, il ne voulait pas me voir ôter la vie à quelqu’un pour devenir un être surnaturel, et il ne voulait encore moins voir la satisfaction sur le visage de mes parents. Lui qui ne les aimait pas trop… Il disait sans arrêt que c’était eux qui m’avaient mis ces histoires de loups garous en tête, et que je ne voulais pas vraiment en devenir un, mais que je le voulais à travers mes parents. Mais moi, je sais que je le veux, pour honorer mes ancêtres. Nous ne sommes pas des monstres, nous sommes les conducteurs d’un héritage antique. Mais ce soir encore, le sorcier que je considère comme un grand frère ou presque un père, me mis en garde à nouveau.
« Anakin, je peux te parler 5 minutes ?
- Oui qu’y a-t-il ?
- C’est au sujet de ce soir… Tu ne dois pas faire ça si tu ne le veux pas.
- Tu sais que je le veux.
- Non, tes parents le veulent, ils te baratinent avec ça depuis ton enfance, tu crois que tu le veux, mais en réalité…
- Arrête Alduin ! Je te dois beaucoup, tes conseils sont sages et avisés, mais ça, c’est quelque chose que je dois accomplir par moi-même, et pour moi-même. »
Il y eu un grand silence. Je l’avais appelé par son prénom, chose que je n’avais jamais faite car il me l’avait demandé. Son nom était celui d’un puissant dieu de la destruction de la mythologie, il le détestait et ne voulait plus l’entendre. Aujourd’hui, il m’avait échappé…
« Très bien. Comme tu veux, Anakin. »
Il tourna les talons et marcha sur la grande allée boisée du manoir pour se rendre à sa voiture et quitter les lieux. J’ai voulu le retenir, mais il ne fallait pas. J’allais me transformer, et lui montrer demain que rien n’avait changé. Que c’était toujours moi.

J’attendais dans le jardin, que la nuit tombe, mes parents devaient arriver, et le major d’homme qui me sert également de voiturier, devait amener l’humain. J’avais le trac, mais j’avais hâte. Mon père arriva, suivi de ma mère. Il apposa ses mains  sur mes épaules.
« Je suis fier de toi, fils. Promet moi que quoi qu’il se passe, ce soir, tu iras au bout.
- Je te le promets père. »
Antony fit son entré, avec l’humain qui portait un sac sur la tête. Au vue de son corps, c’était une humaine, mais ça ne changeait rien. On faisait avec ce que l’on trouvait. Je devais la regarder dans les yeux, et lui dire pourquoi elle était là. Elle prendrait forcément peur, et c’est là que mes parents devraient la tenir contre l’autel, afin que je puisse la libérer de sa peur. Avec leurs forces de loups, cela n’était pas bien compliqué.Je pris alors une inspiration profonde, avant de retirer le sac de papier que l’humaine avait sur la tête. Découvrant petit à petit ses boucles blondes et les arrondis de son visage, jusque ses yeux bleus si colorés… Je laissais tomber le sac par terre, submergé par l’émotion, le souffle court, reculant d’un pas, je ne savais plus où me mettre…
« Lily ??
- Anakin ?! Mais qu’est-ce qu’il se passe ici ? Qu’est-ce que je fais là ? Est-ce que quelqu’un va m’expliquer bordel de merde ? Et vous, lâchez moi !! »
Aucun mot ne put franchir mes lèvres, j’étais tétanisé, je ne pouvais assurément pas prendre la vie de Lily pour devenir un loup ! J’en étais incapable ! Pourtant j’avais promis à mon père d’aller jusqu’au bout… Une promesse ne peut être transgressée ! Mais je ne pouvais pas ! Cela m’était impossible ! Que faire ? Que faire ?
« Que t’arrive-t-il Anakin ? Demanda sobrement mon père. Ce n’est qu’une humaine insignifiante n’est-ce pas ? Et tu dois aller jusqu’au bout.
Je devais trouver une solution, je ne devais pas montrer ma terreur.
« Et j’irai jusqu’au bout, père. Je te l’ai promis. »
C’est le corps tremblant que je plantais mon regard dans celui de Lily, le rite pouvait commencer.
« Je porte en moi un gène, un gène de lycanthropie. Je suis un loup garou. Mais pas entièrement, je ne pourrais réellement en devenir un qu’en tuant un être humain. »
Je vis la peur prendre possession de son visage encore plus qu’avant. Elle se débattait, ne cherchait même plus à me raisonner, elle hurlait mais au milieu de la forêt, qui pouvait l’entendre ? Mon père agrippa ses bras, ma mère ses jambes, et en une seconde, elle était allongée sur l’autel. Antony, le major d’homme, m’apporta le couteau qui servait aux sacrifices de ce type à la famille depuis des générations. D’une main tremblante, je le pris et me positionnais lame vers le bas, au-dessus du thorax de Lily… avant de marmonner une phrase.
« Mère Nature, pardonnez-moi pour ce que je m’apprête à faire… »
D’un mouvement précis et droit, le couteau pivota dans mes mains, avant d’aller directement se planter dans la gorge de mon père. Et d’un geste sec dont je ne me savais même pas capable, je parvins à décapiter mon géniteur. Les hurlements de ma mère retentirent, lâchant les jambes de Lily qui se mit à courir à travers les fourrés. Antony, fidèle à son poste, s’élança à sa poursuite. L’espace d’un instant, je ne reconnus plus ma mère. La rage s’était emparée d’elle. Elle me fixait avec un regard noir, elle avait la ferme intention de mettre fin à l’abomination à laquelle elle avait donné la vie 13 années au paravent. Elle s’élança vers moi quand soudain, je la vis tomber à terre, hurlant de douleur en serrant sa tête dans ses mains. Le vent se mit à souffler très fort, et des ronces vinrent entrelacer ses membres comme une prison verte. Alduin.
« Anakin !! Tout va bien ? Tu n’es pas blessé ?
- Je… Je vais bien… Que fais-tu ici ?
- J’avais un mauvais pressentiment. Que s’est-il passé ?
- Lily… Ils voulaient que je tue Lily… Oh mon dieu Lily ! Antony est partit  à sa poursuite ! On doit la retrouver avant lui ! Ou il la tuera !
- Par où est-elle partie ?
- Inutile de la chercher.
Je fis volte-face. Antony. Il l’avait retrouvé. Même pour un humain, il lui était facile de courir après une enfant. Il la tenait dans ses bras, un couteau sous la gorge. Tous mes sentiments étaient confus, la joie de savoir qu’elle était en vie, la peur de la perdre…
- Relâchez Madame si vous voulez que la gamine reste en vie.
Il parfait bien entendu de ma mère, pliée à la volonté des ronces qui lacéraient ses bras et jambes. J’aurais dû éprouver de la pitié pour elle. Si je n’en ai pas éprouvé pour mon père, toujours occupé, jamais présent pour moi, j’aurais dû en éprouver pour ma mère. Mais rien que de savoir qu’elle a comploté avec mon père et Antony pour que je tue celle que j’aime, et de voir son regard, prête à m’éradiquer de la surface de la terre quitte à briser la chaine de sang pur de notre lignée, l’ombre d’amour qui avait survécu entre nous au cours de ses années s’était totalement effacé.
- Ce n’est pas comme ça que ça marche Antony, tu sais très bien que je peux tuer Madame à distance, et que face à ma magie, tu ne ferras jamais le poids. Touche à la fille, et je tue ta maîtresse, et tu sais que je le ferais.
La lame du sacrifice dans la main, comme promis à mon père, j’étais prêt à aller jusqu’au bout. Antony tenait la vie de Lily dans ses mains, Alduin celle de ma mère. Ce soir, nous étions tous prêts à aller jusqu’au bout.
- Toi… Alduin… Je ne t’ai jamais aimé. En fait, personne ne t’as jamais apprécié ici. Petit magicien de mes deux, qui fait pousser des pâquerettes ! Et qui en plus de ça n’aime pas qu’on l’appelle par son prénom, Alduin Alduin Alduin ! Alduin toujours de mèche avec Anakin ! Petit merdeux de la famille, l’avenir du clan il parait ! Regarde ce que j’en fais, moi, de l’avenir du clan ! »
Le sang se répandait sur ma chemise, vraiment très vite, pourtant ce n’était pas le mien.
- LILY !!!
D’un revers de main du sorcier, une ronce vint transpercer la poitrine de ma mère, arrachant son cœur, le propulsant hors de sa poitrine. Tandis que j’agenouillais vers le corps de Lily, à qui le serviteur venait de sauvagement trancher la gorge. Une lutte au corps à corps s’engagea entre les deux hommes, alors que je restais là, à terre, avec dans mes bras le corps sans vie de celle qui illuminait mes journées. Mais qu’avais-je fais ? Ô Mère Nature, qu’ai-je fais ? Pourquoi devais-je subir cela ? Quelle est cette souffrance ? Pourquoi est-ce que cela fait si mal ? Comment faire cesser cela ? Faut-il… Que j’aille au bout ? Je récupérais la lame du sacrifice à côté de moi, déposais délicatement le corps sans vie de Lily avant de me relever. Alduin et Antony étaient toujours en train de se battre, et le sorcier n’utilisait pas sa magie. Exprès je pense. Il savait. Il… m’attendait. Arrivant derrière le major d’homme, je plantais la lame droite dans son cœur. Je contemplais sa douleur plusieurs secondes, avant de la retirer et de le laisser s’écrouler sur le sol. Je m’approchais de son visage alors que la vie quittait son corps.
- Tu n’aurais… jamais dû me contrarier. »
Si tant qu’il me regardait dans les yeux, je me sentais bien, quand ses yeux roulèrent, que son regard fini par se plongé dans le vide et que son dernier

souffle laissais sa vie s’enfuir, je commençais à sentir une forte douleur à la tête… Celle-ci commença à s’amplifier… et oui, c’était vrai, Antony était un humain. La douleur s’emparait de plus en plus de moi, et se rependait dans mes entrailles en chevauchant mes côtes et parcourant mes boyaux… C’était insupportable, j’en tombais à genoux.
« - Anakin ! Qu’est-ce qui se passe ?
- C’est rien c’est… Antony était… humain… Je mute…
- Je peux atténuer la douleur si tu veux.
Je redressais la tête pour pouvoir le regarder dans les yeux, avant de me redresser tant bien que mal.
- Non. Quoi qu’il se passe je dois aller jusqu’au bout. »
Je ne me transformerai pas ce soir, la lune n’était pas pleine, le gène s’activera dans quelques jours, à la lune rousse. Mais pour l’instant, il fallait faire disparaître les corps. Celui d’Antony, celui de mon père, celui de ma mère, celui de Lily… Quel massacre… Aujourd’hui j’ai eu treize ans, et c’était sûrement la pire journée de ma vie.

Le lendemain je ne suis pas sorti de la maison. C’est Alduin qui est venu me cherché, tentant de me bouger, mais pour aller où ? Je n’avais plus de parent, je n’avais pas d’amis, enfin il était toujours là lui, et je savais que je pouvais entièrement me reposer sur ses épaules, il serait toujours là. Drôle d’association non ? Un sorcier puissant aux côtés d’un jeune louveteau… Certain ne cautionneraient pas. Et d’ailleurs, certains ne cautionnaient pas. Notamment sa femme, elle n’aimait pas ma famille, tout comme lui, mais il avait bin remarqué que je n’avais rien à voir avec mes parents, il connaissait ma différence, et cette nuit en était la preuve. Mais ça ne suffisait pas à sa femme, sorcière elle aussi. Ils se sont beaucoup disputés à cause de ça, mais Alduin ne voulait faire de mal à personne, alors il s’en allait et revenait au manoir dès que ça commençais à péter. Il avait cette part de sombre en lui que je n’avais jamais bien comprise, il n’en parlait pas, et ne voulait pas qu’on en parle. Je pense que ça avait à voir avec son passé, sûrement une enfance plus que difficile, ça nous ferrait un point commun. En tout cas, quand Alduin s’énervait, il pouvait aller… vraiment loin. C’est pour cela qu’il s’énerve très peu, il a un self-control impressionnant, et un sang-froid à toute épreuve. Ce qui était loin d’être le cas de sa femme. Même avec un enfant dans le ventre, un jeune garçon et une petite fille, elle était vraiment mauvaise avec lui. Il lui a arrivé de le suivre jusqu’au manoir pour terminer leur dispute. Je me sentais tellement responsable, je ne pensais pas Mme Hawpkins aussi haineuse envers ma famille, ou du moins ce qu’il en restait… c’est-à-dire moi. Pourquoi me détestait-elle au point de ne plus vouloir que son mari ne me porte assistance ? Si elle ne faisait pas la misère à Alduin pour ça, je ne me sentirais sûrement pas aussi coupable… Mais voilà, tout ça est bien ma faute. Mais Alduin ne m’en voulait pas, il ne me considérait aucunement comme coupable, bien au contraire, il disait que j’étais le seul à avoir eu le courage de briser la chaîne, et qu’il était fier de moi. Il devait venir me chercher le lendemain pour me montrer quelque chose. Alors c’est le cœur un peu plus léger que je me suis endormi ce soir-là.

Le lendemain je l’ai attendu, attendu, presque 3 heures. Et pourtant ce n’était pas du genre à faire des promesses en l’air, ni même à être en retard ! Je commençais sérieusement à m’inquiéter. Il ne pouvait pas lui être arrivé malheur, il était trop puissant… et  pourtant… Je ne sais pas quelle intuition de mauvais augure m’a mené jusque dans les caves du manoir. Je crois que je n’aurais pas dû. La vision d’horreur que j’y ai vu m’a refroidi sérieusement. La vision de mon ami, mon frère, changé en statue de pierre là, sous mes yeux. Quel genre d’entité avait pu vaincre Alduin ??  Quel était ce monstre qui avait fait ça chez moi ? Sûrement pendant la nuit ! Je connais Alduin, si cette chose était venue pour se battre avec lui, c’est tout à fait dans son genre d’aller combattre dans la cave pour ne pas que le bruit me parvienne, et que je n’intervienne pas. Et voilà ce que ça donne. Mais qui ? Qui était assez puissant pour réussir à changer Alduin en statue de pierre ?! Surtout qu’en le regardant bien… Il était stoïque, comme s’il savait, comme s’il attendait, comme s’il… acceptait son sort. J’avais vraiment du mal à comprendre. Il laisserait derrière lui toute sa famille ? Sa femme, son fils, sa fille, et son enfant en route, Alduin Hawpkins n’étaient pas comme ça ! Quoi qu’il en soit, je ne m’arrêterai pas tant que je n’aurais pas trouvé un moyen de le libéré !

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Je me levais ce matin, et comme tous les matins j’enfilais une chemise, laissais deux boutons ouverts, pas de cravate, ça fait trop strict je n’aime pas ça. Emportant ma sacoche à paperasse je me dirigeais vers la voiture. Le temps était maussade, pas franchement un temps à vous mettre de bonne humeur… Il était 7h30, je retrouvais les employés de mon bar, bonjour tout le monde, alors Dany, ce week end avec ta femme ? Quelqu’un a des nouvelles de Stessy ? C’est une fille ou un garçon alors ? Un ptit gars ? Super nouvelle ! Et ta mère Kyle ? Elle se remet de son opération ? Ah génial ! Oui je connais tous mes employés par leurs prénoms, ce ne sont pas juste des gens que je dois payer à chaque fin de mois, mais plutôt des aides précieuses qui font tourner la boutique pour moi tandis que je me charge de tout l’administratif et eux mettent l’ambiance dans mon bar qui est devenu le coin que tout le monde connait et le rendez-vous de tous les soirs et pour toutes les générations. Je suis fier de ce que j’ai réussis à construire. J’en serais encore plus fier si mon ami Alduin était là pour le voir. Depuis presque 20 ans, il n’a pas bougé d’endroit, je retourne le voir très souvent, j’espère un miracle, j’espère toujours rentrer dans le salon et le voir assis sur son fauteuil qui n’a pas bougé, et me dire d’un ton on ne peut plus normal « Salut Anakin, ça faisait longtemps. » Ce doit être pour ça que j’essaye d’être le plus proche et le plus gentil possible de mes employés, mais je sais bien que ce côté triste que j’emporte partout avec

moi se voit. Je ne parviens pas à le cacher. J’ai pourtant essayé, j’ai pris contact avec plusieurs sorciers et sorcières, pour tenter de délivrer mon ami de ce charme qui le préserve depuis tout ce temps dans cette prison de pierre. Mais aucun n’a réussis à briser le maléfice. Et ce n’était pas la peine de demander à sa femme, elle ne voulait pas entendre parler de moi, et racontait partout qu’Alduin les avait abandonné par peur d’avoir un troisième enfant, elle ne voulait plus entendre parler de lui non plus. Et ensuite elle est devenue une vraie loque humaine, incapable de s’occuper de ses gosses. Je n’ai jamais vraiment rencontré les trois enfants de la famille, l’aîné doit être juste un peu plus jeune que moi aujourd’hui. Je les vois souvent, passer dans la rue, ou bien dans le bar carrément, un jour il faudrait que j’entame la conversation, ça ferrait peut-être avancer le cas d’Alduin. En tout cas, cette journée serait comme toutes les autres, ennuyeuse, et je retournerai chez moi ce soir, regarderais une de ces émissions à la con avant d’aller me coucher… Je m’appelle Anakin Hawk, j’ai 32 ans, je suis gérant du plus grand bar d’Old Brooke, et pour tant j’ai certainement la vie la plus monotone toute génération confondue dans cette ville.

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