≈ nour; life should be more than just surviving

« Nour, c’est ta maison maintenant. » Elle n’avait que quatre ans quand elle a foulé pour la première fois le sol américain, dans cette phrase, elle ne reconnait que son prénom car l’anglais est loin d’être sa langue maternelle, elle ne parle qu’hébreux et c’est tout à fait normal qu’elle ne comprenne rien. Toutefois, malgré son jeune âge, elle se sent déjà différente, elle sait que ce n’est pas son pays, il n’y fait pas aussi chaud, l’architecture n’est pas la même. Ici, dans ce pays elle a froid, elle ne reconnait pas la langue ni les visages qui l’entourent, elle se cache derrière les jambes de son père quand on lui adresse la parole, ce qui le fait rire de voir sa petite fille aussi timide que ça. On leur avait dit en quittant Tel Aviv que Nour allai besoin d’un temps d’adaptation que peut-être elle serait un peu sauvage mais qu’il allait falloir l’accompagner dans tout ce qu’elle fait, s’assurer qu’elle comprenne correctement, qu’elle apprenne la langue relativement vite mais jamais ses parents adoptifs ne lui interdit l’hébreux sa mère le comprenant. Il lui a fallu deux ans avant qu’elle puisse s’exprimer correctement dans ce nouveau langage même si sa langue natale ressort souvent de manière instinctive et elle doit alors se traduire toute seule pour qu’on la comprenne. Nour se sent souvent en décalage et tente de s’acclimater le mieux que possible même si elle reste un peu sauvage.

« Alors comme ça t’aime les filles hein ? Mais ça c’est parce que t’as jamais essayé un homme un vrai, tu vois c’est ça le problème avec vous. » Le problème ? Nour n’a jamais vécu son homosexualité comme un problème, elle l’a toujours accepté, ne l’a jamais caché et elle n’a jamais compris l’intérêt des gens à vouloir dénigrer la personne qu’elle est, sous prétexte qu’elle aime les personnes du même sexe qu’elle. Bien sûr, les remarques homophobes, elle en a l’habitude et elle a tendance à réagir au quart de tour à chaque fois. C’est pour ça qu’elle lui crache à la gueule, sauf que cette fois ça serait différent des autres fois, cette fois il était pas seul c’est imbécile d’homophobe et … il n’a vraiment pas apprécié se faire cracher dessus par une femme. Et parfois on se demande ce qui pousse les hommes à être de tel idiot, mais Nour elle a son caractère à la con et peut-être que si elle avait été plus sage, plus calme, elle s’en serait sortie mais vraiment rien ne justifie ce qu’il lui a fait. Il l’a d’abord insulté avant de lui en coller une, la sonnant au passage, pas bien épaisse, lui et son copain, ils ont réussi à la trainer dans un coin extérieur du lycée. Le pire dans cette histoire, c’est que personne n’a bronché et ils l’ont vu la frapper et ils ont pas bougé le petit doigt, ce qu’elle sait cependant, c’est que quand elle a repris connaissance, ils étaient toujours avec, leurs rires idiots et qu’elle n’avait déjà plus son haut sur elle. Seulement voilà, Nour c’est une battante et elle n’allait pas se mettre à pleurer pour qu’ils l’épargnent et malgré son corps de crevette, c’est le genre de gamine qui se battait déjà dans la cour de récréation en primaire.  Allongée contre le sol froid, alors que l’un deux lui broque les bras, l’autre essaye de lui retirer son pantalon, et par réflexe elle plie sa jambe gauche et la déplie pour lui foutre son talon dans le nez, elle entend un crac violent et un cri grave. C’est là qu’elle en reprend une par celui qui devait la bloquer, sauf que pour la frapper il a dû lâcher, sans doute l’une des plus grosses erreurs de sa vie, car de sa main libre, elle lui griffe l’autre bras pour se retrouver avec ses deux mains de libre. Elle lui met une droite tellement puissante que ça lui fait mal dans les phalanges. Ils étaient deux, sauf que celui à qui elle a pété le nez c’est déjà barré, alors qu’elle avait repris le dessus, elle aurait pu se sauver, prévenir la police mais c’est la rage qui l’emporte sur sa conscience et elle bloque l’un de ses agresseur et elle cogne jusqu’à ce qu’il ne bouge plus, jusqu’à ce qu’il ne respire plus. L’adrénaline redescend et elle prend conscience de ce qu’elle vient de faire, qu’elle vient de le tuer. Tremblante, elle récupère son téléphone et compose le numéro de tête. « Maman… j’ai besoin d’aide. » Ce jour-là elle avait 18 ans, ce jour-là elle venait d’activer son gène de lycan.

« Maman, ça fait mal ! » Jamais elle n’avait pensé qu’elle puisse être un loup, mais après tout quand on ne connait pas ses origines, il est difficile d’affirmer une telle chose. Nour n’avait jamais pensé à tuer cet étudiant bien qu’elle ne regrettait pas du tout. C’était bizarre à expliquer, elle avait réussi à passer en dehors des barreaux de la justice grâce à son père et son influence, elle ne lui en sera toujours reconnaissante, mais ce n’est pas ça. Lors de l’incident, c’était elle ou lui, la colère avait pris le pas sur sa raison et voilà où elle en est, à se tordre de douleur tout en étant attaché. « Nounouche, je sais mais on ne peut rien faire. » Sa mère serrait les dents, entendre sa fille souffrir n’avait jamais été une chose qu’elle appréciait, plus que n’importe quelle mère, elle volait constamment au secours de sa fille, un petit bobo et cela lui suffisait pour vider une bouteille de désinfectant et quand Nour l’avait appelé totalement paniqué, sa mère savait que si elle n’avait pas tué cet idiot, elle l’aurait fait à sa place. D’ailleurs, elle s’était même portée volontaire pour prendre à la place de sa fille. Entendre les os craquer un à un n’a rien de réjouissant mais elle s’était jurée d’accompagner sa fille dans cette épreuve. Les Telsa n’ont rien de surnaturel, ils ne sont ni sorciers, ni loups et encore moins vampires. Pourtant, ils vivaient en paix avec toutes ses créatures et ils ont toujours su que Nour avait le risque d’avoir un gène lattant de lycan, parce qu’ils s’étaient renseignés sur les origines de leur enfant et bizarrement, Nour n’avait pas été abandonné comme tous les enfants, elle avait été retrouvé dans les débris d’une maison ravagé par une bête à cette époque, les loups n’étaient pas encore connu, mais quand ils l’ont adopté, quand ils ont su son passé et ils ont fait une sorte de lien entre tous ces évènements tragiques.