Des retrouvailles inattendues - 2013 [Katherine Pierce]

Assise au bar du Mystic Grill, je regardais le temps passer … Un temps qui me paraissait infiniment long. Depuis longtemps dans ma longue vie de vampire, je m’ennuyais, je ne savais pas quoi faire et ça m’agaçait au plus haut point. En fait si, je savais quoi faire, mais je ne savais pas où chercher … Chris Padmer, ce petit écrivain qui était arrivé en ville depuis quelques mois maintenant, c’était lui que je cherchais, car il avait quelques informations intéressantes dont je devais rapidement prendre connaissance pour savoir ce que j’allais faire de lui. Isobel … Un sujet très sensible depuis la traitrise qu’elle avait commise, me livrant à Klaus sans la moindre hésitation, cette peste devrais-je dire ! Comment avait-elle pu me faire ça à moi ? À son amie ? J’avais baissé la garde avec elle, je m’étais laissé prendre, je lui avais tout appris, elle m’avait surpassé et j’avais commis une erreur, une bêtise qui avait failli me coûter la vie. Il était bien entendu hors de question que je laisse ça se reproduire … Comme l’évènement avec Stefan il y a plus d’un siècle. La verveine … Je m’étais fait avoir une seule maudite fois et depuis, plus jamais, je m’étais immunisée contre son pouvoir. Idée ingénieuse n’est-ce pas ? Idée que peu de vampires avaient bien sûr, à croire que plus personne ne suivait les progrès de la médecine et n’avait entendu parler des vaccins … Pasteur, ce cher Pasteur, il aurait au moins fait quelque chose d’utile dans sa vie, sauver les humains pour que l’on puisse mieux les dévorer par la suite, enfin sauver, conserver plutôt ! Je souriais à cette idée et demandais un verre au barman qui se trouvait là. Un vampire lui aussi. À croire que cette ville en était remplie, cela devait un véritable nid, un nid qui attirait trop l’attention et que je devais quitter au plus vite avant de subir une nouvelle chasse. J’y avais échappé belle une première fois, hors de question que je sois obligé de ruser pour me sortir d’un deuxième soulèvement des familles fondatrices … En plus je serais obligée de sauver Damon cette fois-ci, car empoter comme il était, il aurait foncé dans le tas.

Je me levais avec mon verre de bourbon et me dirigeais vers le billard. Je regardais alors attentivement les joueurs, qui eux aussi me regardaient du coin de l’œil. Il faut dire que j’étais particulièrement sexy avec mon pantalon serré, mes talons vertigineux qui me donnaient une allure et démarche élancée, et ce haut, crème avec un décolleté en « v » … Sublime comme à mon habitude. Peu maquillé autour des yeux, mais les lèvres teintées d’un rouge sang, mes cheveux parfaitement coiffés en de magnifiques boucles, j’étais superbe. Il fallait bien le dire. Des trois Petrova, j’étais la plus jolie ! Une voix attira mon attention. « Katerina. » Je serrais les dents, voilà un prénom que je n’avais pas entendu depuis longtemps, un prénom qui appartenait à mon passé et que peu de personnes connaissaient. Heureusement, ce n’était ni la voix de Klaus, ni celle d’Elijah ou des autres originels, alors qui ? Un fantôme peut-être … Trevor ? Je me tournais et tombais nez à nez avec … Connor. Je restais impassible même si intérieurement, j’étais troublée et extrêmement surprise. Je le pensais mort depuis longtemps, une éternité en fait … « Tiens tiens … » Ma voix était distante et froide. « Le lord anglais s’en revient vers la jeune bourgeoise bulgare … » Je posais mon verre sur le billard et descendais les marches jusqu’à Connor. « Tu n’étais pas mort dis-moi ? »

Que pensait-il ? Que j’allais l’accueillir comme une fleur ? Que j’allais être douce et tombée dans ses bras en le renvoyant sortir de mon passé ? Je détestais mon passé, ce que j’avais vécu et ce avec quoi je devais vivre, tout cela m’était insupportable. Surtout cette période noire que la naissance mon enfant … Elle n’avait apporté que malheur aux miens : mon exil et pour finir, la mort de toute ma famille. Je gardais un air impassible devant les réactions de Connor. En effet, j’étais la morte. La Katerina qu’il avait connue était morte depuis bien longtemps, morte, enterrée et redevenue poussière. C’était lors de ces rencontres que je me rendais compte à quel point j’avais évolué en devenant vampire et croyez-moi, ces constatations ne m’arrivaient pas souvent. J’arquais un sourcil et affichais un air amusé. « Mais je suis morte Connor … » Je souriais. « Ou du moins, la Katerina que tu as connue est bel et bien décédée. Tu ne trouveras plus rien en rapport avec elle aujourd’hui. Je suis une nouvelle moi. » Plus rusée, plus méchante, moins humaine, j’avais décidé d’être comme cela et personne ne me ferait changé maintenant, j’étais trop âgée. On ne changeait pas les vieux singes comme moi, j’avais pris des habitudes que je ne pourrais pas perdre, même si je me trouvais en face de la personne avec la meilleure volonté du monde. J’étais mauvaise aujourd’hui, c’était ainsi et personne n’y pouvait plus rien.

Pendant mes cinq cents ans ? Qu’avais-je fait ? C’était simple, j’avais fui, j’avais tué et j’avais manipulé, qu’est-ce que je m’étais amusée ! Enfin la fuite ce n’était pas terrible comme solution pour survivre, mais ça faisait son petit effet. On pouvait ainsi dire que ma vie avait du piquant et que j’avais vu du pays puisque je changeais sans arrêt d’endroit. Il voulait tout savoir ? Il était cinglé ou quoi ? Personne ne savait ce que j’avais fait pendant tous ces siècles, sauf moi bien sûr et il était hors de question que me confie à quelqu’un, je n’avais pas besoin d’une épaule sur laquelle pleurée ou bien d’une oreille attentive. Je ne voulais pas parler de mon passé car il ne concernait que moi. Connor venait de revenir dans ma vie et il me posait autant de questions, c’était trop louche pour être bien attentionné. Je décidais de rester sur mes gardes, après tout, il ne serait pas le premier à vouloir me la faire à l’envers n’est-ce pas ? Je ne relevais même pas le coup des lettres … Venant de mon père ce n’était pas étonnant et finalement, ce détail n’avait plus aucune importance aujourd’hui, car lettre ou pas lettre l’histoire aurait été la même. Quelle importance donner à des vieux bouts de papier ? Il me souriait. Je m’asseyais sur le tabouret face au bar avant de boire une gorgée de mon bourbon. J’allais avoir besoin de remontants pour m’empêcher de lui rompre le cou. « J’ai vécu. » Je lui jetais un regard amusé et un sourire. Vague, très vague, assez vague pour faire comprendre que je ne voulais pas en parler. « Et toi … » Je levais la main avant de la faire tourner. « Qu’est-ce qui peut bien t’amener dans cette charmante ville ? »