Sujet: In the land of the gods and monsters Mar 24 Juin - 14:18
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Juliet & Marie
in the land of the gods and monsters
-Viviane Mayfair, ça fait combien de temps que je n'ai pas vus votre carcasse sur l'un de mes tabourets hein ? Je terminais de lisser puis de ramener les cheveux de la vieille dame en un chignon serré qui ne laissait échapper aucune mèches, mèches qui quelques instants plus tôt étaient tendues comme des ressorts. C'est une chance que certains humains savent tenir leur langue par rapport au surnaturel, du moins sur les parties encore inconnues aux humains. Madame Mayfair fait partie de ces personnes là. Je l'ai connu alors qu'elle n'était encore qu'une enfant de six ans, jouant à attraper les papillons dans le jardin, un jolie petit pavillon tranquille qui n'avait aucune histoires. Bien évidemment, fréquentant depuis maintenant plusieurs générations cette famille originaire de la Barbade, la jeune Viviane a rapidement vus que je ne vieillissais pas. Être à l'origine de la découvert du surnaturel chez certaines personnes est assez gratifiant. Certains pourraient m'en vouloir d’éveiller la curiosité de leurs enfants sur un monde dangereux et sauvage, mais jusqu'à maintenant je n'avais jamais rencontré ce soucis là. Donc nous y voilà, j'avais connus Viviane lorsque sa mère bien aimée lui repassait de jolies robes blanches contrastant avec son teint chocolat et nouant dans ses cheveux des rubans aussi éclatants que le reste de sa tenue. Maintenant, c'était une vieille dame âgée, grand-mère et mariée qui menait une existence tranquille, sans que la découverte des vampires ne l'ait profondément affecté : elle était déjà au courant, et la pauvre femme savait qu'elle allait s'éteindre assez tôt. Je devrais être triste, mais non. J'ai plus de trois cents ans, j'ai bien appris à ne plus verser de larmes pour les défunts. J'ai proposé à cette dame mon aide, pour lui concocter des philtres capable de guérir son cancer, dans le pire des cas de l’atténuer ; mais elle avait été très clair : elle allait accepter les choses telles qu'elles viennent. Et elle m'avait conseillé d'en faire tout autant. Voilà plus de trois siècles que je devrais reposer au cimetière Saint Louis numéro un en Nouvelle-Orléans, mais je refuse. Je ne veux pas mourir et aussi égoïste soit ma méthode pour survivre, je m'en fiche. Je veux vivre, aussi loin que la magie me le permettra. Une fois la coiffure terminais, j'ôtais la serviette des épaules de la retraitée en la laissant se relever. Je m'avançai d'un pas décidé vers le comptoir, barrant son nom de la liste pour voir quelle prochaine perruque j'allais devoir me retaper. Rare étaient les personnes que j'appréciais, je m'en rend compte. A vrai dire, il y avait seulement Tara et Cassie, que je considérais comme mes filles malgré le lien du sang inexistant, et puis il y avait des personnes, comme Viviane, dont je connaissais la famille depuis des lustres et avec qui je ne cachais pas mon côté chaleureux et avenant. Avec les autres, je préférais afficher un visage renfermé et une âme dénuée de toutes émotions. Quand je vis la vieille dame fouiller dans son porte monnaie, s'avançant vers moi, je tendis le bras pour poser une main sur ses doigts fragiles en l'intimant d'arrêter, en lui faisant signe de partir et qu'elle ne me devait rien. Elle a persisté, mais j'avais trois chiffres dans mon âge, la patience et la ténacité étaient deux de mes points forts. J'ai finalement finis réussir à la faire partir, sans réussir à la faire taire sur son chemin en disant que j'avais un cœur énorme, tout en la raccompagnant à la sortie. Une fois sa petite silhouette s'avançant sur l'avenue du mon quartier, je retournais dans mon salon en m'apprêtant à appeler le prochain client lorsque Tara fendit le rideau de perles pour m'interpeller. Aujourd'hui, Tara était à l'arrière. De quoi est ce qu'elle s'occupait ? Des comptes, des revenus que me rapportait le salon ainsi que mon trafique de drogue. Et elle se chargeait aussi de prendre les autres rendez-vous, les séances occultes. L'avantage, c'est que je n'avais pas à me cacher. Le vaudou passait facilement de nos jours comme une attraction. La plupart du temps j'avais droit à des touristes à qui je faisais plaisir en offrant quatre babioles contre leur argent. Ils étaient en extase complètes lorsqu'ils voyaient les symboles tracés aux murs et au sol, les chandelles, la cire dégoulinant sur les meubles, les breloques accrochées au plafond... Mais il y avait tout de même des humains, mais aussi des loups et des vampires qui venaient voir, sachant pertinemment qui j'étais et ce dont j'étais capable de faire. Il fallait payer le prix fort, mais les résultats demandaient y étaient, du moins dans la majeure partie des statistiques. Je laissais donc Cassandra gérer les clients tandis que je me dirigeais dans ma salle de consultation, celle garnit de tout la panoplie vaudou. Un téléphone fixe se trouvait sur une commode, le fameux téléphone destiné aux créatures surnaturelles. De bouches à oreilles, sur le marché noir, dans les bas quartiers et j'en passe, il était assez courant d'entendre mon nom et d'obtenir mon numéro. J'attrapais alors le téléphone, le portant à mon oreille. -Marie Laveau, j'écoute. La voix était tranchante, rauque. Ne laissant percer plus aucunes once de bienveillance. Accoudée au meuble, j'attendais patiemment qu'une voix daigne se lever pour m'expliquer ce dont la personne au bout du fil avait besoin.
Sujet: Re: In the land of the gods and monsters Lun 21 Juil - 11:10
Marie & Juliet-grace
Elle était celle qui méritait d'être couronnée reine de l'espoir mal placé
Bip... Bip... Bip... Ses lèvres tremblaient.
« Marie Laveau, j'écoute. »
Juliet lâcha son portable aussitôt après avoir entendu ces quelques mots. Elle s’empressa de le ramasser et de raccrocher, complètement paniquée. Qu’est-ce qu’il lui avait pris ? La jeune femme s’était pourtant promise d’arrêter cette quête insensée et de reconstruire tant bien que mal la vie qu’elle avait laissée derrière elle deux ans plus tôt. La chasse au remède ne faisait pas partie de cette vie. Pourtant ses doigts tremblant recomposèrent le numéro. Son index resta en suspension au dessus de la touche « appel », puis Juliet se ravisa et remit son téléphone dans sa poche. Bon sang, elle ne pouvait pas faire ça. Elle ne s’était peut-être pas encore faite à l’idée qu’elle ne pourrait plus jamais avoir d’enfant, mais elle l’avait accepté.
Elle marcha sans réellement de but. Il faisait assez chaud, ce qui n’était pas pour déplaire à la jeune femme. Le soleil réchauffait sa peau glacée – encore quelque chose dont elle aurait pu se passer – et lui permettait de ne penser à rien d’autre que cette chaleur qui lui détendait les épaules. Elle laissa vaquer ses pensées à ce qu’elle allait faire durant le reste de l’été. Partir était un choix tentant. Aller en Europe, peut-être voir la France dont lui parlait Arthur. Mais elle savait que si elle partait, elle ne pourrait pas revenir avant plusieurs années. Voilà quelques mois que Juliet se sentait tiraillée par cette envie de s’enfuir et de rester. Elle se raisonnait en ce disant qu’elle n’avait pas les moyens, ou que si elle était immortelle, ses amis n’avaient pas cette « chance ». Mais en même temps, elle était convaincue que rien n’était impossible pour un vampire et ses « amis » n’avaient pas vraiment retournée la Terre entière pour la trouver, comme elle l’aurait fait. Cette pensée laissa un goût amer dans sa bouche, mais après tout, c’était elle qui était partie sans rien dire. Elle soupira et regarda autour d’elle. Ses pas l’avaient menés exactement là où elle ne voulait pas aller, ou plutôt crevait d’envie d’y aller sans se l’avouer. Stupéfaite, elle resta plantée devant le salon de coiffure Marie's Brach and Co sans trop savoir quoi faire. Elle était en centre ville il y a quelques minutes, c’était impossible qu’elle soit arrivée jusqu’ici en si peu de temps. Elle n’avait pas couru tout de même ? En réalité si elle se posait cette question débile de la distance qui séparait le banc devant le Mystic Grill du repère de celle qu’on lui avait décrit comme la reine du vaudou, c’était parce qu’elle ne voulait pas s’en poser une autre beaucoup plus gênante : est-ce que je rentre ou… ? Kiprian serait sûrement furieux s’il savait qu’elle recommençait. C’était ça qui l’avait perdue la dernière fois, les rendez-vous dans les arrières boutiques crasseuses, les grigris et les potions miraculeusement inefficaces. Mettre un pied dans ce bâtiment, c’était foutre en l’air les progrès qu’elle avait fait ces dernières semaines. C’était faire face à un verdit qu’elle connaissait mais qu’elle n’était pas prête à entendre à nouveau.
Pourtant c’est ses mains qu’elle vit pousser la porte et ses pieds qu’elle vit se poser sans un bruit de l’autre côté. Maintenant, elle ne pouvait plus revenir en arrière. Bien, si elle ne pouvait pas s’empêcher de courir après un rêve qui ne serait jamais qu’un rêve, tant pis pour elle. Mais au moins, elle ferait en sorte que cette fois-là soit différente. Elle affronterait la réponse comme elle aurait dû le faire toutes les autres fois. Machinalement, Juliet passa la main dans ses cheveux rouge sang et lissa son T-shirt. Pour la première fois depuis longtemps, elle se reconstruit ce masque d’arrogance qu’elle avait l’habitude d’afficher en Nouvelle-Orléans. Ne les laisse pas voir que tu as besoin d’elle plus que tout, où elles en profiteront. Elle avança donc cette fois d’un pas assuré jusqu’au comptoir.
« Bonjour. Vous êtes Mme. Laveau je suppose ? dit-elle à une dame noire aux tresses impressionnantes. Je suis un vampire et le côté stérilité ne me plait pas trop. Vous auriez un remède pour ça ? Et si vous nous cachez un moyen de se débarrasser du vampirisme, je suis pas contre non plus, ajouta-t-elle. »
Elle était quand même assez étonnée de ses derniers mots. C’était la première fois qu’elle formulait cette requête et même si elle blaguait, tout à coup cette demande lui semblait très réelle. Elle en avait ras-le-bol d’être un vampire. Et bien, elle n’arrêtait pas de se surprendre aujourd'hui.