Can I trust you ? Lucami

La jeune barmaid avait repris son travail depuis quelques jours, suite à ce qui s'était passé dans l'ancien manoir de Marcel. On aurait pu dire qu'elle s'était mise en pilote automatique. Elle n'avait pas envie de repenser aux derniers événements. Il lui arrivait de fixer la porte, pensant que son ami la franchirait. Mais elle avait apprit de source sûre que Klaus l'avait bannit. Tout cela prenait beaucoup trop d'ampleurs, pour elle c'était idiot. Ils se disaient roi d'une ville alors que concrètement, ce ne serait jamais le cas. Il ne s'agissait que de la loyauté des êtres surnaturels comme eux, mais le maire de la ville était toujours bien présent et, à son plus grand soulagement, lui ne se prenait pas pour un roi. Elle était agacée et fatiguée de ces guerres à répétitions, il y avait des victimes, des victimes qui étaient injustifiées pour la jeune femme. Il lui suffisait de balayer la salle d'un seul regard pour voir que certains habitués manquaient à l'appel, ils devaient être des victimes sur la liste de l'un des deux. Mais que ce soit de monsieur Gerard ou de monsieur Mikaelson, elle en avait cure. Ils étaient tous les deux en tord, aucun n'aurait son appui sur la question. Quand on a plusieurs décennies derrière soi, c'est quand même un comble de se comporter comme un gamin qui se bagarre pour un château de sable. Camille mémorisait tous les visages qui franchissaient la porte du Rousseau, si bien qu'elle ne mit pas longtemps à repérer un jeune homme qui n'était encore jamais venu, du moins pendant son service. De la même façon que Klaus, son oncle ou encore un homme dont elle ignorait le fait qu'il n'était autre que le frère de l'hybride, ce nouveau client faisait tâche dans le paysage. Bien sûr, le Rousseau acceptait tout le monde, mais certains collaient quand même plus à l'ambiance. Quelque chose faisait tiquer la jeune femme concernant cet homme, il semblait même se mettre à l'écart volontairement, tel un vautour ou, au contraire, une personne désespérée. Elle prenait garde, ne souhaitant pas s'apercevoir au journal de vingt heures que ce même client s'était donné la mort. Grâce à ses cours, elle faisait attention à sa façon de se tenir, de se comporter, seulement pour juger ce qui en était réellement. Mais à bien le regarder, c'est lui qui observait les autres clients du bar, c'était donc le rôle du vautour qu'il jouait. A son propre compte ou fallait-il s'attendre à ce que le bar devienne le nouvel emplacement d'une guerre ? Cami rongeait son frein, décidant plutôt de ne pas faire des suppositions hâtives à la manière de l'hybride originel.

Alors que l'étudiante en psychologie nettoyait plusieurs tables, son regard se fixa sur la porte d'entrée. Klaus n'était pas assez effronté pour se montrer au moins. Ses yeux couleurs d'émeraude se posa sur son client dont elle ignorait tout. Ce dernier semblait se désintéresser de ce qui se passait, son changement de comportement l'a surpris un peu, mais elle devait toujours tenir le bar après tout. Quelques minutes plus tard, l'ambiance semblait être calme, peut-être un peu trop. L'un de ses collègues la releva, lui permettant ainsi de faire une pause. Seulement, la jeune femme restait intriguée. Elle alla nonchalamment s'approcher de la table de celui qui avait attiré son attention sans le savoir, du moins, c'est ce qu'elle supposait. « Bonsoir » fit-elle, un grand sourire amical aux bords des lèvres. « Vous attendez quelqu'un ? Si vous êtes nouveau en ville, je peux toujours vous aider en vous renseignant. » Machinalement, comme à toutes ses heures de pause, elle tenait entre ses bras un livre de ses cours. « Je ne vous embête pas plus longtemps, faites moi signe si vous avez besoin que l'on vous resserve un verre. »

Camille ne pouvait pas non plus être intrusive dans la vie de ses clients. Elle avait l'habitude qu'ils viennent à elle et non l'inverse, elle n'insisterait pas si le jeune homme la rembarrait, c'était son droit. La jeune femme savait à quel point cela pouvait être pesant d'avoir de la compagnie alors que l'on ne rêvait que de solitude, mais elle s'assurait seulement que l'homme qu'elle avait en face d'elle allait bien et peu importe s'il complotait ou s'il s'agissait juste d'un écrivain en quête de nouveaux personnages pour ses livres, d'où peut-être le petit carnet qu'il avait avec lui.