spleeper & bloody mary ¶ feat.chris

Avançant d’un pas rapide, je me dirige vers le parking du centre commercial. Je viens de perdre des yeux l’objet de mes désirs : Chris Parker. J’avais dans l’idée de le revoir suite à sa découverte lors de la fête foraine … Il m’avait comment dire … Taper dans l’œil avec les propos qu’il avait tenus à propos de ma vieille amie, Isobel. D’ailleurs, je n’avais pas encore vu cette traitresse en ville, à croire qu’elle n’était pas revenue d’entre les morts comme ces idiotes de sorcières. Sorcières qui aujourd’hui étaient sans défenses, d’ailleurs, à ce que j’avais compris, seule une sorcière résistait encore et toujours : Mary. Elle ne s’était pas envolée comme le reste des sorcières de la maison hantée, elle avait perdu tous ses pouvoirs suite à l’action des sorciers Jackson. Sorciers dont j’avais découvert l’identité que trop tardivement, je m’étais donc estimée heureuse de ne pas les avoir croisés, ça aurait été peu constructif en vue des pouvoirs amassés par ces deux magiciens. Il faut dire que depuis la victoire des originels, je me faisais toute petite … Niklaus était sorti de son trou, m’obligeant ainsi à me réfugier dans le mien. Sans compter qu’Elijah avait lancé un chasseur à mes trousses … Quelle drôle d’ironie. Mon frère Mikaëlson préféré qui me chasse … Je lui enverrais mes salutations distinguées avant mon départ de cette petite ville, car avec la disparition de la totalité des pouvoirs de Mary, c’était tous ses sortilèges qui s’étaient évanouis, dont le sort qui m’obligeait à demeurer ici. J’avais donc entrepris de mettre au clair l’affaire Chris Padmer, puis de prendre mes affaires et de déguerpir de cette ville, mettant des milliers de kilomètres entre moi et Klaus. Je devais encore trouver le moyen de tuer l’originel sans pour autant causer ma mort en effet domino et je devais également éviter le chasseur lancé à mes trousses. J’arrivais à la sortie du centre et jetais un coup d’œil autour de moi. Disparu … Il avait dû sentir que je le traquais. Je disparaissais dans la foule et me dirigeais vers sa voiture. Je l’avais repéré avant d’aller dans le centre. Je me dirigeais vers elle quand je le vis, cherchant ses clés d’un air distrait.

J’arrivais vers lui en vitesse vampirique, l’attrapais à la gorge et le regardais, souriant de toutes mes dents. « Monsieur Padmer, on se retrouve enfin. » Je lui attrapais le crâne et le frappais contre le toit de la voiture à coter. Il tombait à terre. Je me mordais le poignet avant de lui faire boire mon sang, je parais toute éventualité de décès, avant de le hisser dans sa voiture et de démarrer. J’arrivais quelques minutes plus tard, dans une maison non loin de là, j’avais réussi à me faire inviter, j’avais contraint ses occupants et je l’utilisais comme lieu de passage. J’aurais été bien sotte de le mener à ma vraie adresse, pour un peu qu’il aille le répéter à Elena, qui à son tour le répétait au chasseur ou à Elijah. Cette petite garce était de mèche avec lui … J’allais lui faire la misère. J’avais mis monsieur Padmer sur le fauteuil, attendant qu’il se réveille. Il se réveilla enfin sur les coups de quatre heures, j’étais devant lui, habillée d'une veste noire, d'un haut moulant crème au décolleté plongeant, d'un jean serré et de bottines noires, seuls quelques bijoux à mes poignets donnaient un peu de gaieté à ma tenue. Sans compter que j’avais paré mes yeux d’un maquillage charbonneux, histoire de paraître menaçante même quand je ne sortais pas les crocs. Il n’y avait pas de confusion possible avec Elena. Il se réveilla, se tenant la tête. Je lui attrapais le visage et plongeais mon regard dans le sien. « Tu ne bougeras pas de ce siège. » Le voilà contraint, bien. Je buvais une gorgée de vin avant de sourire. « On se réveille enfin Dormeur … La sieste a été longue. »

Je riais. Elena ? Sa sœur jumelle ! Quelle insulte franchement, non mais franchement, quelle mouche avait bien pu mettre cette idée dans la tête de ce petit humain fragile . Elena n’avait pas de sœur jumelle, non, juste une ancêtre, immortelle de surcroit, âgée de plus de cinq cents ans. Une ancêtre qui avait bien connu la mère de cette chère Elena, Isobel. C’était ça qui m’amenait à Chris Padmer … Un écrivain adepte du surnaturel, qui devait très certainement être en panne d’inspiration depuis l’attaque du Mystic Grill. Rosalie m’avait tout résumé par texto … Un homme qui se retrouve dans les toilettes des femmes, ce n’était pas commun, surtout qu’il s’y était terré le pauvre garçon. Je n’avais donc pas grand-chose à craindre de ce petit bonhomme … Enfin petit, c’était un homme assez grand quand même, plus grand que moi et assez lourd, vu comment j’avais galéré à le tirer jusqu’ici. Vous imaginez un peu, moi et ma silhouette toute frêle ? C’est comme quand j’avais voulu déplacer Damon, le porter plutôt, mais quelle plaie … Surtout que monsieur était plus large que moi, alors le mettre sur mon épaule, ce n’était même pas la peine d’y penser. Enfin bref, j’avais réussi à l’emmener jusqu’à ici le monsieur Padmer, c’était ça au moins.

De plus, il n’était pas sous verveine, ce qui arrangeait les choses pour moi … On sautait le stade de la torture jusqu’à qu’il se vide de son sang ou bien les aveux douloureux jusqu’à qu’il décide enfin à cracher le morceau de ce qu’il savait. Finalement j’aurais pu juste le contraindre à me dire ce qu’il savait, mais c’était tellement moins amusant. Je souriais à l’écrivain. « Pas exactement … Non. » Je faisais une moue. « Étrange que cette chère Isobel vous ai parlé d’Elena, mais pas de moi … Très étrange même. » Une femme apporta un verre de vin qu’elle posa sur le guéridon qui se trouvait juste à côté de Chris. « Merci Ingrid. » Elle me lança un sourire sincère. « Bien Elena. » Je reportais mon attention sur Chris Padmer. « Vous prendrez bien un verre de vin monsieur Padmer, pour vous détendre … » J’arquais un sourcil. « Isobel adorait ça le vin, j’espère que vous partagez les mêmes goûts … »

Pourquoi je lui ressemblais autant ? Ou plutôt, comment Elena me ressemblait-elle … C’était énervant de voir à quel point les gens plaçaient Elena en première position, alors que j’étais sur cette terre depuis plusieurs centaines d’années bien avant sa naissance. Mais Elena semblait rester la seule Petrova dont on se souvenait, ou du moins, à laquelle on pensait immédiatement … Malheureusement pour elle, on se souvenait beaucoup plus de moi. Il fallait dire qu’en cinq cents ans de vie, j’en avais manipulé des gens, j’en avais blessés et utilisés à mes fins, beaucoup m’étaient redevables d’ailleurs … Ou l’avaient été, car j'avais une fâcheuse manie de faire disparaître ceux qui avaient fait ce pour quoi ils étaient destinés ou au contraire, ceux qui me gênaient … Loin d’être une âme charitable la Petrova numéro un, non, loin de là. Je ne donnais jamais rien gratuitement et je détestais être redevable de quelqu’un, je m’acquittais de ma dette très très rapidement, en règle générale. « Je ne lui ressemble pas, c’est elle qui me ressemble. Nuance. » Je n’étais pas décidée à répondre à ses questions, d’ailleurs, j’avais toujours détesté cela … Répondre à des questions qui n’avaient ni queue, ni tête, qui n’avaient aucun intérêt si ce n’est monopolisé la parole. Je ne crachais jamais facilement le morceau, non, jamais ! Je détestais parler pour ne rien dire, c’était un fait et encore moins pour révéler un savoir que j’avais mis du temps, voire beaucoup de temps à acquérir, certes aujourd’hui j’étais une source de réponses sans fin, mais il était bien évident que je gardais tout ce que je savais pour moi, quel intérêt sinon ? « Vous posez les mauvaises questions monsieur Padmer … » J’allais le questionner sur Isobel, pas l’inverse. Je n’aimais pas parler de cette traitresse, cette salope qui m’avait livrée à Klaus alors que nous étions censés être des amies. Je n’avais toujours pas digéré ce coup … Me faire avoir, moi ! Par une débutante ! Depuis le coup de la verveine avec Stefan je ne m’étais plus jamais fait surprendre, il n’y avait eu qu’Isobel et je comptais bien que ça ne m’arrive plus jamais. Adepte de vin le petit écrivain … Très bien, très très bien même. Je lui souriais. « 1850 … Une très bonne année. » Surtout depuis que j’avais ordonné à Ingrid de verser quelques gouttes de mon sang dans le verre de Chris, histoire que si je lui cassais un doigt ou un autre membre de son corps, il ne puisse pas mourir de ses blessures. Mais ça, je me garderais bien de le lui dire. Je m’asseyais en face de lui et croisais les jambes d’un geste gracieux. « Bien, parlez-moi d’Isobel et de ce que vous savez d’elle, d’Elena, de son mari Alaric et de sa mort. » Je ne serais pas patiente et il serait hors de question qu’il me réponde qu’il ne savait rien, ben hors de question. Je faisais une moue moqueuse et buvais une gorgée de vin.