Une blessure n'est pas que physique elle est aussi psychologique

Il était quinze heure, le ciel de Mystic Falls brillait d’un soleil léger, réchauffant quelques peu les rues glacial de Mystic Falls. Cette fin de mois de Janvier était véritablement froide et Lukas Carter se hâtait pour rentrer chez lui. Il rentrait tout juste de l’université et venait de descendre de sa voiture, emmitouflé dans son blouson épais. Il sortit ses clés de ses poches et les introduisit dans la serrure de la porte d’entrée. Il les tourna jusqu’à entendre le cliquetis significatif indiquant que la porte était à présent déverrouillée puis, il s’engouffra dans la maison. La chaleur de l’intérieur faisait contraste avec l’air glacial qui courrait à l’extérieur. Le jeune homme retira son manteau et l’accrocha au porte manteau présent dans l’entrée avant de se diriger vers la cuisine. Il ouvrit le frigo et en sortit la bouteille de soda. Attrapant un verre dans le placard, il le remplit ensuite du breuvage avant de remettre au frais. Il prit également quelques fruits et les mangea car son estomac criait famine. En effet, son repas du midi avait été très peu frugal et il av ait eu faim tout l’après midi. Heureusement pour lui, il était rentré tôt ce jour là, un de ses professeurs étant absent pour maladie, le jeune Lukas n’avait pas mis longtemps à prendre la décision de rentrer chez lui.

Il alla ensuite dans le salon, son verre à la main puis s’avachit dans le canapé. Il attrapa la télécommande puis alluma la télévision. Les yeux fixés sur l’écran, le jeune homme regarda les résultats de le NFL puis de la NBA avant de changer pour une chaine de musique. La musique résonnant dans ses oreilles, il se mit à fixer le plafond pensif. Bien qu’il ait repris les cours, et une vie presque normale depuis son accident, sa mère l’interdisait toujours formellement de reprendre la chasse, jugeant qu’il était trop tôt pour lui. Pourtant, l’idée de repartir à la chasse trottait dans la tête du jeune homme depuis longtemps. Il en était presque devenu accro. En réalité c’était tout les sentiments liés à la chasse qui le rendait si impatient d’y retourner. Apercevoir sa proie, la traquer, la viser puis l’abattre, le jeune homme avait été formaté pour être un chasseur et il y avait pris goût malgré les risques évident encouru par lui et surtout par ses proches lors de ces soirées consacrées à l’extermination des créatures surnaturelles. Mais au fond de lui, il savait que sa mère avait raison, ses bandage sur le torse pouvaient en témoigner, tout comme les cicatrices laissées par la griffure.

Lukas se redressa. Il venait d’avoir une idée. Il bu alors son verre d’une traite puis alla le mettre dans l’évier de la cuisine avant de descendre au garage. Une fois rendu, il attrapa une cible dont il se servait pour s’entraîner au tir à l’arc puis la plaça à l’autre bout du garage. Il se dirigea vers le coin où étaient entreposées les armes de la famille Carter et attrapa un étui. Il l’ouvrit et en sortit son arc. Il le contempla un instant. Le tenir dans ses mains lui procurait une sensation de bien être incroyable, il se sentait revivre. Il attrapa une flèche puis alla se positionner face à la cible. L’avantage d’avoir un long garage était que viser le centre de la cible était un véritable challenge. Lukas mit la flèche puis banda son arc. Il visa la cible puis alors qu’il s’apprêtait à la lâcher, une douleur fulgurante lui traversa le bras. La flèche partie quand même, entrant en collision avec la porte en métal du garage dans un vacarme assourdissant. Le jeune homme lâcha son arc et tomba à genoux, le bras recroquevillé contre son corps. Il avait crié lorsque la douleur s’était emparé de lui, il le savait même si il ne s’en était pas vraiment rendu compte tellement la peine était insupportable. Il comprenait mieux les réactions de sa mère à présent. Il n’était tout simplement pas prêt à repartir à la chasse, dans cette guerre face aux créatures de la nuit. Il était faible, trop faible. C’est recroquevillé sur lui, tenant son bras droit contre son torse qu’il était assit sur les genoux en plein milieu du garage, n’ayant même pas entendu la porte s’ouvrir, pourtant quelqu’un était là et avait tout entendu.

« T'es qu'un idiot ! » la voix de sa sœur résonna dans la tête de Lukas. Malgré la douleur, un léger et bref sourire s’étendit sur ses lèvres. Il était tellement heureux que ce soit elle qui l’ait trouvé qu’il lui en était plus que reconnaissant. Rien que d’imaginer la réaction qu’aurait eu sa mère si c’était elle et non June qui l’avait retrouvé, le jeune homme en frissonnait. Son bras meurtri collé à son corps, Lukas écouta les remontrances justifiées de sa cadette. « T'es pas censé t'entrainer, encore moins te servir d'un arc Lukas ! Sérieux tu crains ! ». Il était clair que la jeune fille avait raison mais bien qu’il en soit plus que parfaitement conscient, il n’arrivait pas à le concevoir. Pour lui ce qui venait de se dérouler n’était ni plus ni moins qu’un pitoyable échec. Il était totalement déprimé. Incapable de bander un arc sans s’écrouler de douleur, le jeune fils Carter ne pouvait décemment pas espérer reprendre la chasse de sitôt. Qui plus est, il avait peut être aggravé sa blessure avec ce geste malheureux. Et si tel était le cas, il allait lui être difficile de le cacher à sa mère qui surveillait sa convalescence de très près. Totalement désemparé, il fixait cette flèche qui avait rebondit à quelques mètres de ses pieds. Il lui fallait trouver une solution pour reprendre la chasse au plus vite sinon, il deviendrait très rapidement incapable de s’en remettre.

June aida Lukas à se redresser, ce qui bien sûr le fit souffrir et grimacer mais il savait bien que quelque part c’était bien fait pour lui, en tentant de tirer à l’arc malgré l’interdiction formelle prononcée par sa mère, le jeune homme avait pris le risque de trop et avait réveillé la douleur. Il appuya son dos contre la porte du tiroir de l’établi se trouvant derrière lui. Cet établi où le jeune homme avait à plusieurs reprises réparé de nombreuses armes, n’hésitant pas parfois à les modifier légèrement. Sa sœur semblait inquiète puisqu’elle demanda : « Ça va ? Tu veux que j'aille chercher quelque chose ? » puis avant qu’il n’ait répondu, elle lui mit un tape amicale derrière la tête. « Ça, c'est pour ne pas nous écouter quand on te dit qu'il faut te reposer ! ». Un léger sourire réapparu sur les lèvres du jeune homme. « Ça va June, ne t’en fais pas. Les griffures de chat font plus mal. » Ajouta-t-il en faisant un clin d’œil. Lukas était souvent en train de chercher à sous estimer ou atténuer l’étendue de sa blessure. En réalité, plusieurs facteurs expliquaient cette attitude. Non seulement il ne souhaitait pas faire partager sa souffrance, et admettre que cette situation était douloureuse était une faiblesse à ses yeux, mais d’autre part, il voulait à tout prix rassurer ses proches qui s’inquiétait bien trop pour lui.

Il poussa un soupir. Lukas détestait être celui qui a toujours besoin des autres et avait véritablement l’impression d’être un assisté ces derniers temps. Malgré tout, il avait commencé à reprendre une vie normale. Il était retourné à la fac et poursuivait son cursus partiellement interrompu durant les premières semaines de sa convalescence. Le jeune homme était impatient de pouvoir véritablement revivre mais cette blessure l’handicaper aussi bien physiquement que psychologiquement. C’était d’ailleurs probablement sur ce point qu’il était le plus embêté, son état d’esprit étant beaucoup plus sombre et déprimé ces derniers temps. Malgré tout, il gardait tout pour lui et jamais sa blessure n’avait remis en cause sa vocation de chasseur de créatures. Sortant de ses pensées, Lukas tourna la tête vers sa petite sœur. A quel point sa blessure avait-elle pu affecter June ? Il savait qu’elle avait toujours voulu le suivre, lui, ses frères et leur père mais à présent qu’en était-il ? Lukas se posait beaucoup de questions sur June et son aspect protecteur prenait toujours le dessus lorsqu’il s’agissait de la cadette de la famille. S’éclaircissant un peu la voix avant, il demanda ensuite : « Tu étais rentrée depuis longtemps ? Je pensais que la maison était vide, ça m’a surpris de te voir arriver même si je t’en remercie, je n’ose pas imaginer ce qui aurait pu arriver si Maman m’avait trouvé à ta place. »

June lui expliqua qu’elle était rentrée tôt avant d’ajouter qu’à côte de sa mère, elle était un ange. Le jeune homme ne pouvait qu’acquiescer. Madame Carter menait sa famille à la baguette et lorsque les choses ne filaient pas droit, mieux valait se faire tout petit. Lukas ne savait que trop bien comment réagissait la mère de famille dans ce genre de situation et il savait pertinemment qu’argumenter devenait inutile lorsque cette dernière s’énervait. Depuis son accident, elle était encore plus stricte que par le passé et au fond, il la comprenait. Après tout, elle avait vu son fils sur le point de mourir cela pouvait expliquer beaucoup de choses. June lui avoua que si leur mère l’avait retrouvé, elle l’aurait probablement enfermé dans sa chambre en s’assurant qu’il ne puisse s’en échapper. Cette remarque bien que totalement juste fit rire le jeune homme. Pourtant il savait parfaitement que ce serait le cas. Finalement, June tenta de rassurer son frère en lui annonçant que bientôt il pourrait reprendre la chasse, dans le cas où leur mère les laissait à nouveau sortir. La jeune Carter trouvait sa mère un peu trop étouffante ce que Lukas comprenait totalement d’ailleurs, il acquiesça d’un hochement de tête lorsque sa sœur lui demanda si c’était également le cas. Madame Carter prenait soin de ses enfants avec beaucoup d’attention mais il était vrai que parfois, cela en devenait frustrant et hautement irritant. Le problème venait du fait que la famille connaissait la vérité sur le surnaturel. Parfois Lukas avait envie d’une vie plus simple, où les vampires ne seraient que des personnages de fiction, les loups garous des légendes et les sorciers, des individus créés uniquement pour fêter Halloween. Malheureusement ce n’était absolument pas le cas et de plus, sa famille était contrainte de se battre contre ses créatures. June lui demanda si la chasse lui manquait et si il ne préférait pas être normal parfois. Il haussa les épaules avant de répondre. « Et bien c’est vrai qu’être « normal » ça ne nous ferait pas de mal parfois mais malgré tout j’aime la chasse et j’ai envie d’y retourner. Qu’est ce qui te fait peur dans le fait d’y retourner ? Tu sais maintenant on a plus d’expérience il y aura moins de risques.» Lukas savait que sa sœur avait très mal vécu son accident et malgré tout ses efforts, il se doutait bien qu’elle ne serait jamais véritablement rassuré quand il serait temps de retourner à la chasse.