Toi ici ? / Tatijah

Elena et moi c’était à présent fini. J’avais tout détruit une nouvelle fois, je ne savais faire que cela de toute façon. J’avais blessé Elena au plus profond d’elle-même, je l’avais changé. Je n’avais pas pris conscience de tous les efforts que notre relation lui avait demandé et je l’avais détruite. Aujourd’hui, elle n’était plus que le fantôme d’elle-même. Si je ne pensais qu’à une seule chose : la retrouver et l’aider, je savais que je devais me montrer fort. Elle réussirait mieux à se reconstruire si j’étais loin d’elle. J’avais donc pu dire à ma petite sœur Rebekah que nous étions prêt à partir pour la Nouvelle-Orléans. Elle avait un projet en tête et je souhaitais l’aider. Après tout, j’avais la place de favori dans son cœur et je comptais la garder encore longtemps.

Après plusieurs heures de route, nous étions de retour à la Nouvelle-Orléans. Je n’avais pas encore envie de voir mon frère Klaus. Il était en partie responsable du fait qu’Elena ait éteint son humanité et je dois dire que je le digère toujours pas. Mais comme d’habitude, je ferais en sorte de ne pas montrer mes sentiments, il ne le mérite pas. Je ne savais pas si j’étais content ou non de me retrouver dans cette ville. A vrai dire, je n’avais pas envie de réfléchir pour le moment. Prenant mon sac dans lequel j’avais mis les affaires que je tenais à emmener, je traversais la cours de la demeure familiale avant de me diriger vers mes appartements. Je n’avais envie de voir personne, de ne parler à personne. Entrant dans ces derniers, je me retrouva nez à nez avec Tatia qui fit tomber sa serviette de surprise. Je restais bloqué sans savoir quoi dire ni rien fait. Je ne m’attendais pas à la voir ici et encore moins nue. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle revienne ici. Certes, on y avait vécu ensemble pendant presque deux ans, mais je n’aurais jamais imaginé la revoir ici. Je baissais le regard alors que la jeune femme exprimais sa surprise tout en se protégeant avec sa serviette. Lorsque j’avais vu ce visage, c’était Elena et non Tatia que j'avais vu. Je fermais les yeux pour me remettre les idées en place. Par respect pour tout le monde, je ne pouvais pas me permettre ce genre d’erreur. Laissant tomber mon sac prêt de mon bureau, je refusais toujours de regarder Tatia dans les yeux préférant m’intéresser à la paperasse que j’avais laissé il y a maintenant bien longtemps sur mon bureau. « Que fais-tu ici Tatia ? » dis-je simplement tout en fouillant sur mon bureau.

Elle m’annonça qu’elle était ici car elle n’avait aucun autres endroits où aller. Si au départ sa présence me surprenait énormément après tout ce qui était passé, la logique s’installait à moi. Nous avions vécu ici pendant deux ans. A cette époque nous étions heureux. Oui même moi je le reconnaissais, j’étais heureux avec elle. Pour autant, je savais que je nous mentais et je ne savais pas encore combien de temps nous aurions pu tenir. Mais de toute façon, cette période est plus que révolue. Je refuse d’y penser car à présent mon monde est tout simplement écroulé. Lorsqu’elle prononça le prénom d’Elena, je bloquais, ne bougeant plus tout en fermant les yeux. Je sentis un vent de colère monter en moi en quelques instants. Alors qu’elle me demandait si elle était avec moi, je levais la main essayant de garder patience. « Je t’interdis de prononcer son nom. Tu m’entends ? » Je me retournais alors vers elle.

« Est-ce que je suis claire ! » lui dis-je d’une voix plus forte et bien plus colérique. Elle n’avait pas le droit. Non, elle n’avait pas le droit de parler d’Elena après ce qu’elle avait fait. Bien entendu, j’avais ma part de responsabilité. C’était moi qui avait embrassé Tatia mais cela ne serait jamais arrivée si elle avait su se montrer raisonnable. Non, elle avait usé de ma corde sensible, elle m’avait poussé à bout et je m’étais montré trop faible. J’avais voulu me montrer patient et tendre avec la jeune femme et je m’étais fait mordre. Je m’en voulais terriblement. A cause de cela, j’avais définitivement perdu Elena et cela me détruisait. Me retournant, je me replongeais dans mes papiers tout en fermant les yeux pour essayer de garder mon calme mais ce n’était pas aisé. « Soit heureuse, j’ai tout perdu à présent. » Oui, je commençais à présent à penser qu’il ne s’agissait que de vengeance et de manipulation de sa part. Je lui avais brisé le cœur, elle avait fait en sorte de briser le mien. Elle n’était pas mieux que Katerina. L’une comme l’autre pouvait donc se montrer fourbe. J’avais longtemps refusé de le voir. Je savais que ma colère pouvait me m’éprendre mais c’était ce que je ressentais actuellement.

Je savais que je me montrais injuste avec la jeune femme. J’en avais parfaitement conscience mais je ne voulais pas le reconnaître. J’étais en colère, très en colère et j’avais besoin de blâmer quelqu’un. Si j’avais croisé quelqu’un avant la jeune femme, cela aurait été cette personne, si j’avais croisé Klaus, je me serais sans doute défrustré sur lui mais, c’était Tatia, toujours aussi fragile qui se prenait ma colère au visage. Et en finalité, il n’y avait que moi à blâmer. Encore une fois, je détruisais une personne, Tatia. Je savais qu’elle n’était pas toute blanche dans cette histoire. Je lui avais offert mon amitié mais elle l’avait refusé me faisant chanter sur l’absence d’intérêt de vivre si je n’étais pas à elle. Elle avait tiré sur ma corde sensible mais il n’en restait pas moins que je n’aurais pas du céder à la jeune femme. J’aurais du continuer à rester ferme. J’aurais du accepter l’idée qu’elle pense que je ne l’ai jamais aimé. J’en avais parfaitement conscience mais c’est tellement dur à accepter. Toujours le regard baisser vers les papiers, je laissais Tatiana parler. J’avais parfaitement conscience que je venais de la blesser et je le regrettais. Je sentais l’émotion dans sa voix et lorsqu’elle prit la fuite dans la salle de bain, j’entendis un léger sanglot qu’elle essaya de maintenir. Encore une fois, je foutais tout en l’air.

Fermant les yeux, j’eu un long soupire. Je m’éloignais de mon bureau pour aller m’asseoir sur mon lit. Je ne savais pas quoi faire. Je savais que je ne devais pas entrer dans cette salle de bain. Cependant, je ne supportais pas l’idée d’avoir faire souffrir Tatiana. Elle avait tellement souffert. Néanmoins, si elle me détestait, il lui sera peut-être plus facile d’aller de l’avant et de m’oublier. Me laissant tomber la tête en arrière, je me retrouvais allongé sur mon lit me frottant le visage. « Je suis désolé, je n’aurais jamais du insinuer cela. » J’avais besoin de parler de ce qui c’était passé, de ce que je ressentais c’était une certitude, mais je ne pouvais pas le faire avec Tatiana, c’était quelque chose que je trouvais très déplacée. Après tout, je ne me voyais pas de faire cela avec personne. Je n’étais pas quelqu’un qui se confiait facilement. « Je te remercie d’avoir garder cela pour toi. » Oui, je ne pouvais pas nier que cela avait été noble de sa part. « Même si cela n’a servi à rien. » ajoutais-je dans un murmure à mon égard. Après tellement d’année d’existence, je n’aurais jamais envisagé que ma vie devienne encore plus complexe qu’elle ne l’était déjà.

Tatia sortie finalement de la salle de bain mais je continuais de fixer pensivement le plafond. Je n’avais pas envie de bouger et je n’en avais pas la nécessité. Tatiana fini par me rejoindre en s’asseyant à côté de moi tout en reconnaissant qu’elle n’avait pas été toute blanche. Cette reconnaissance m’apaisa quelque peu. Je me souvenais parfaitement de nos deux ans ensemble et il était vrai que cela avait été vraiment très agréable. J’avais été heureux avec elle durant cette période, cela avait été incontestable. Elle me demanda alors si cela serait toujours Elena. Ou du moins, elle m’en demanda confirmation ce qui me força à m’interroger sur la réponse a donner. Est-ce que cela sera toujours elle ? Si pendant longtemps, je n’avais aucun doute, à présent, je devais avouer que je me posais la question. « Honnêtement, Tatia, je n’en sais rien. Je ne sais plus rien. » Je pris une longue pause tout en regardant le plafond. C’était la vérité, je n’en savais rien. « Je peux juste faire un constat. Lorsque j’étais avec toi, pendant ces deux ans, j’étais heureux, vraiment heureux même si je ne me sentais pas complet. Et avec Elena, rien n’a jamais été simple. Nous avons jamais vécu simplement. Le constat que je fais c’est que je détruis toutes les femmes autour de moi. Toi, Katherine, Sabine, Elena. Toutes, je vous ai détruite. Katherine est devenue la pire garce de ce monde, Sabine a trouvé la mort, Elena a perdu tout ce qui faisait d’elle une femme de cœur et toi. Je t’ai détruit de la pire des façons. Je ne dis pas que je n’ai pas été heureux avec toi. Je ne dis pas que je ne t’aime pas. Mais je me suis comporté de la pire des façons. J’ai été le stéréotype des connards. Mais malgré tout, tu es restée la même. » Je me redressais alors pour poser mon regard sur la jeune femme. « Je ne te mérite pas. Je ne t’ai pas traité comme j’aurais du le faire et je m’en excuse. Je m’en veux réellement. Je n’ai pas été ce que je voulais être. La vérité, c’est qu’avec toi, je ne me suis jamais posé de question, tout était simple et agréable. Tu m’as offert la vie que j’ai toujours voulu et je n’ai pas été capable de me comporter comme il le fallait. Je n’ai pas été bon pour toi. Je ne t’ai pas assez respecté. Mais malgré toutes les horreurs que je t’ai fait, tu es restée la même. Tu n’as jamais changé et c’est en cela que tu es la plus forte. Tu es forte Tatia et je t’admire pour cela. » Je baissais le regard. « Voilà le constat que je peux faire. Pour le reste, je ne sais pas. Je suis tellement perdu. »

Pour la premier fois depuis longtemps, je m'ouvrais à la jeune femme. Je me demandais ce qui clochais chez moi. Je n'arrivais vraiment pas à comprendre pourquoi j'étais incapable de pouvoir vivre quelque chose de normal ou d'heureux avec une femme. J'avais eu cette chance, oui, je l'avais vu, mais je l'avais lamentablement gâché. Lorsque j'étais avec Tatia, je m'étais réellement senti heureux. J'avais à ce moment là tout ce que j'avais désiré pour une vie de couple. J'arrivais à me demander si l'amour simple et doux n'était pas l'amour à choisir en opposition à l'amour passion. Car en finalité, combien de temps peu durer un amour passion ? Il s'agit d'un amour autodestructeur voué à l'échec. Jamais de ma longue vie je n'ai pu observer cet amour perdurer dans le temps. Je devais sans doute arrêter de me voiler la face. L'amour que j'aurais pour Elena restera sans conteste puissant et je pense que jamais je ne serais capable de résister à la jeune femme, mais nous ne sommes pas bénéfique l'un pour l'autre. Notre amour est passionnel et destructeur. Nous devons arrêter de nous faire du mal. Cela ne faisait que me conforter dans notre rupture.

Si Tatia était revenue à une autre époque de notre vie, sans aucun doute, les choses auraient été différentes. Mais à quoi bon fantasmer sur ce genre de chose ? La réalité est bien différente. La situation est bien plus complexe. La période insouciante de l’enfance me manque terriblement. Le poids de la responsabilité était si dur à porter au fil des années. Ma famille avait voulu dicter sa loi, nous avions des détruits des familles, des dynasties, nous avions imposé notre puissance pour quoi ? Pour un dessein malsin. Notre statut de premier vampire ne nous a jamais donné le droit de dominer ce monde. Aujourd’hui nous sommes les chefs naturels des vampires et je le comprends. Mais nombreux sont les siècles dans lesquels nous avons infligés notre prétention au monde. Et je ne peux m’empêcher d’être persuadé que la situation actuelle est le résultat de notre mal.

Tatia vint me prendre la main et s’est instinctivement que je serrais cette dernière avant de poser mon regard sur la jeune femme. Je ne comprenais. Je n’arrivais pas à comprendre comment elle pouvait ne pas m’en vouloir après tout ce que je lui avais fait. Etait-ce réellement cela l’amour sincère et fidèle ? Je me sentais perdue. Quel comportement était le plus rationnel ? celui de fuir dès qu’un conflit se présente ou celui de tout pardonner ? Je n’arrivais pas à le savoir. « Comment peux-tu ne pas m’en vouloir ? Après ce que je t’ai fais ? » Oui, je me sentais perplexe mais je m’en voulais soudainement d’avoir posé cette question car j’avais parfaitement conscience de la réponse. « Inutile de me répondre. » Une envie d’embrasser la jeune femme m’empara ce qui me fit détourner immédiatement le regard. Mon cœur se sentait perdu, tout comme mon esprit mais j’étais déterminé à ne faire souffrir personne, à ne plus commettre les mêmes erreurs. Lâchant finalement la main de la jeune femme, je me levais pour me réfugier prêt de la fenêtre. J’avais besoin de mettre une distance pour essayer d’appuyer ma volonté. « Tu peux rester ici, si tu en as envie, le temps que tu prennes une décision sur ce que tu veux faire. »

Mon regard dirigé vers la fenêtre, je regardais l’agitation de la rue. Cependant, je sentis soudainement Tatia nerveuse. Enfin, je veux dire plus nerveuse qu’il y a quelque minute. Je la sentais s’agiter et ses bafouillements en étaient la preuve. Je me retournais alors m’approchant de la jeune femme alors qu’elle jetait en boule ses vêtements. « Tatiana, calmes toi. » Je lui attrapais le bras pour la forcer à ce qu’elle s’arrête. Je n’étais pas violent, je n’avais pas envie de lui faire de mal. Je crois que j’étais suffisamment responsable de son malheur pour ne pas en rajouter. « Tu peux rester aussi longtemps que nécessaire. Je ne te chasse pas d’ici. Tu ne t’imposes pas. » Je n’avais pas envie qu’elle se trouve dans une situation difficile par ma faute. La maison était grande, il allait être possible que nous cohabitions. Cependant, si elle voulait partir sur le champ, je pouvais le comprendre aussi. La situation était compliquée, très compliquée et je pouvais comprendre que cela soit trop dur. « Je ne te jette pas dehors. » J’eu un léger rire avant de prendre l’un des hauts de la jeune femme qu’elle avait mis en boule. Je me mis alors à le plier soigneuse. « J’aime bien ce haut, tu ne le met pas assez souvent. » Bon, il est vrai que ce n’était plus vraiment la période mais il n’en restait pas moins que j’aimais ce vêtement sur la jeune femme.

Reposant délicatement ce haut sur le lit, j’eu un soupire. Je n’aimais pas cette situation de gène. Nous avons été particulièrement proche pendant une longue période et maintenant nous ne savions plus où étaient les frontières. Enfin pour ma part, c’était une certitude. Je ne savais pas ce que je pouvais faire ou ne pouvais pas faire sans que cela soit interprété d’une certaine manière. C’était une situation idiote, très idiote. Malheureusement, je n’avais pas de solution à donner. En un sens, je n’étais pas mécontent des difficultés diplomatiques qui s’annonçaient. C’était triste à dire mais cela allait suffisamment m’occuper l’esprit pour que je ne me pose plus de question, que je ne me torture plus sur ce que je ressens, sur ce que je pense. D’une certaine manière, je vais pouvoir être plus brut. « Quoi que tu fasses cependant, je veux que tu restes à la Nouvelle-Orléans. C’est trop dangereux en dehors de la ville. » Je savais qu’elle était fantôme et qu’elle ne pouvait mourir mais elle pouvait ressentir la douleur. Je ne voulais pas qu’on la prenne pour un vampire et qu’on lui fasse du mal. Je préférais sincèrement qu’elle reste protégée à l’intérieur de la ville.