Pâris * Sine te nec tecum

Loyal - sensible - colérique - rancunier - taciturne - rêveur - prédateur - observateur - cruel.

Première partie : Une page blanche vierge et une rage grandissante. Tu n'as pas réfléchis quand tu m'as envoyé au bord du gouffre. Mais dis moi maintenant où était ma faute dans le fait de t'aimer de tout mon cœur ? Mène-moi à la vérité et je te suivrai avec toute ma vie. [ Mumford and Sons - White blank page ]

« Mon chéri, n'oublies pas ton sac. »Je me retourne et attrape la sacoche en cuir que me tend ma mère. Je lui souris et l'embrasse avant de quitter la maison. Aujourd'hui, c'est mon premier jour à la Sorbonne. Je suis excité et à la fois apeuré, car après des années à étudier des choses qui ne me plaisaient pas, je vais enfin pouvoir m'épanouir dans mes études. Je me retourne et salue ma famille qui se trouve sur le pas de la porte. Mon petit frère Jules et ma petite soeur Adèle se trouvent là, à secouer la main, un grand sourire aux lèvres. Bientôt, ce sera leur tour. Peu à peu, je m'éloigne de la maison, jusqu'à la voir disparaître. Je presse le pas, désormais inquiet d'arriver en retard, alors que je sais pertinemment que ce ne sera pas le cas. En quelques minutes, je me trouve devant le grand bâtiment de la Sorbonne. Fumant ma cigarette, j'attends l'heure pour entrer en classe. On nous demande des informations sur nous. Je m'appelle Eloi Pâris Weismann, j'ai grandit dans le 5ème arrondissement de Paris, où je vis encore. Mon père est un médecin réputé et apprécié. Nous n'avons jamais manqué de quoique ce soit, nous avons toujours été heureux. Mes parents auraient voulu que je devienne moi aussi médecin, mais depuis l'âge de neuf ans, j'ai montré un intérêt particulier pour la littérature et l'écriture. Ainsi, ils n'ont pas pu me détourner de cette voie qui était la mienne. Aujourd'hui, j'espère devenir un grand écrivain, et pouvoir dénoncer les problèmes de cette société à travers ma plume. Tel est mon projet, tel est mon rêve.

Deuxième partie : Devrais-je mourir encore ? Devrais-je mourir par là ? Je sais que je ne saurai jamais jusqu'à ce que j'arrive à la foi avec mon propre visage, froid et mort. Dans mon propre cercueil. Tu es avec moi, avec moi, solitaire, toi seul, seul et je suis enterré. Je suis en deuil. Prêt pour un long voyage solitaire de la mort à la naissance. [ Pagoda - Death to Birth ]

« Jules et Adèle, prenez ma main! Maman, maman viens! » Je tire mon frère et ma soeur au dehors et cherche ma mère du regard. Je ne la trouve pas. Ne la trouvant pas je lâche la main de mon frère et de ma soeur et fais le tour de la maison à la recherche de ma mère. Elle est par terre, elle pleure. Je m'agenouille et lui relève la tête. Elle sanglote : « Emmène les! Protège les. Je vais les retarder et on se rejoindra chez Charles dans exactement trois jours. Mais partez! » Je regarde ma mère avec incertitude, puis l'embrasse sur le front avant de lui glisser : « Je t'aime. » Je cours jusqu'à la sortie de la maison, prends notre grosse valise et attrape les mains de Jules et Adèle avant de quitter la maison en vitesse. Je jette la valise dans la voiture, monte à l'intérieur et je démarre. On roule pendant des heures. Adèle ne cesse de me poser des questions, elle veut savoir si l'on va revoir notre mère, car Papa, lui, est mort en essayant de protéger un enfant que les nazis étaient venus chercher. Nous faisons partis de cette race dite inférieure. Nous sommes juifs.
Arrivés chez Charles Beaulieu, vieil ami de mon père, nous entrons en silence, et saluons cet homme qui risque sa vie pour sauver la notre. Il a perdu ses trois enfants pour avoir caché une femme juive sous son toit. Mais lui n'est pas mort, et personne n'a jamais su pourquoi.  « Où est votre mère? » S'enquit-il alors inquiet en me regardant. Je le regarde dans les yeux, et il comprend. Nous savons tous les deux que nous ne reverrons jamais la femme qui m'a donné la vie, et qu'elle s'est sacrifiée pour notre survie, à Jules, Adèle et moi. Les trois jours passent, et ma mère n'arrive pas. Je laisse à Charles le soin de leur annoncer que notre mère a sûrement été déportée, comme tous nos amis juifs, comme nos cousins, tantes et oncles. Nous sommes des survivants dont la vie reste toujours menacée. Les jours passent, la guerre continue. Désormais, nous nous appelons Adèle, Jules et Pâris Beaulieu. Nous sommes français et neveux de Charles Beaulieu. Mais les gens ne sont pas dupes, et nous voyons alors un matin, un SS débarquer devant la grande propriété de notre ami. L'homme s'approche de ma soeur et la tire par la bras. Sans réfléchir, je saute sur cette homme et tente de libérer ma soeur de son étreinte. Mais il n'est pas seul, et ces abrutis de SS me prennent et me plaquent au sol. Ils me frappent, et ma vision se brouille. J'entends la voix de Charles, celle de Jules ainsi que celle d'Adèle. Des cris, des pleurs. Ils supplient, ils implorent, mais rien ne fait. Je meurs. J'ai échoué. Ma mère nous a donné sa vie et j'ai échoué dans ma tâche. Peu à peu, je ne vois plus rien et je me sens m'évanouir. La dernière chose dont je me souviens, c'est d'avoir avalé quelque chose d'épais, et de répugnant. Puis le néant.

Troisième partie : Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Un seul être vous manque et tout est dispersé. Je cherche alors la nuit pour m'échapper du jour qui a mis en lumière ton regard qui me suit. Qui me suit, qui me suit. [ Pauline Croze - Je ferai sans ]

« Pâris, réveille toi. » J'ouvre les yeux. Charles me regarde avec bienveillance. Ma gorge est en feu, j'ai l'impression de brûler de l'intérieur. J'ai soif. Sans même me soucier de mon protecteur, je me lève et me dirige en direction de la cuisine pour me servir un verre d'eau. Mais l'eau est répugnante. Je crache dans l'évier et alors tout me revient lorsque je vois mes mains en sang. Les SS. Les cris. La douleur. Jules, Adèle. « Que s'est-il passé?! Où sont-ils? » Charles me regarde avec douleur. Et je comprends. Ils ont été déportés. Mais moi, j'ai survécu. Pris d'un sentiment de rage, je me jette sur Charles et le plaque au mur. Mais je n'ai pas calculé ma force et j'enfonce alors le mur. Apeuré, je le lâche et regarde mes mains, sans comprendre. Je lève les yeux vers Charles et il affiche un sourire.

La vérité, c'est que j'ai survécu. La vérité, c'est que je suis devenu un vampire. Et que Charles en était un aussi. Il m'a tout expliqué, comment me nourrir, comment maîtriser ma force, comment me cacher. Au départ, j'ai trouvé intéressant, voir excitant, car j'apprenais à vivre ainsi dans le seul but de vider toutes les personnes qui avaient été impliqué dans la mort d'un juif. Et c'est ce que j'ai fais. Pendant des années, j'ai traqué le moindre survivant à la deuxième guerre mondiale qui avait été impliqué dans le génocide. Et j'ai tenté de retrouver Jules et Adèle, qui eux aussi avaient bus le sang de Charles, et avait été emmené par le SS, à l'article de la mort. Mais en vain. Nos chemins ne se sont jamais recroisé, et j'ai erré seul pendant des années, à parcourir le monde. Et puis récemment, j'ai appris le décès de Charles, tué dans une petite fille des Etats Unis appelée Mystic Falls.  Je n'ai pas attendu longtemps avant de m'y rendre, car j'avais entendu dire de cet endroit qu'il était infesté de vampires. Me voilà donc aujourd'hui, devant ma nouvelle maison, avec l'ambition de venger la mort de mon protecteur.▲ Eloi Pâris Beaulieu