Louise Millicent Hamilton, c’est moi ! Je pourrais vous raconter mon enfance pendant des heures, parler de ma petite vie tranquille mais aucun intérêt. Rien ne laissait présager, dans le passé, que j’allais devenir la personne que je suis désormais. Mais alors, absolument rien… Je suis née de parents importants et fortunés, qui passaient peu de temps à la maison. C’est ma grand-mère maternelle qui s’occupait de moi, et c’était la seule personne simple et présente pour moi chez les Hamilton. Petite déjà, j’étais très
taquine et
joueuse, ce qui faisait de moi une fillette
abordable et drôle. Faisant preuve de beaucoup
d’ingéniosité, à l’école, j’ai toujours su me débrouiller et me perfectionner dans les matières où j’étais plus faible. J’étais une bonne élève,
ambitieuse qui passait parfois le nez dans les bouquins toute une semaine, avant d’aller faire la fête avec les copines une fois en âge de sortir après onze heures. Oui autrefois j’étais
fêtarde, désormais je suis plutôt du genre à éviter les foules bruyantes, quelque peu
solitaire ayant du mal à accepter qui je suis. J’étais donc bonne élève, que tout le monde appréciait, parce que je plaisantais beaucoup, tout en restant sérieuse en cours… J’avais un lien particulier avec mes professeurs qui me trouvaient
mature pour mon âge, je tenais de grandes conversations avec eux, voulant tout savoir, m’intéressant à chaque information qu’ils me donnait. Seulement avec le temps, je suis devenue une
femme enfant, un peu
impressionnable et naïve par moment… Ma vie est si bizarre, que chaque petite chose qui me rappelle des bons souvenirs ou qui émerveillerait un enfant, a exactement le même effet sur moi. Et mon petit copain un peu illuminé ne m’a pas aidé à mettre de côté cette facette de ma personnalité. Sinon, au lycée, avec les garçons, ce n’était pas trop ça, je ne m’y intéressais pas, les trouvant trop débiles. J’ai toujours aimé les gars plus âgés… Ils sont plus matures, et plus intéressants. Du moins c’est ce que je pensais, il y a toujours des exceptions. Après mon diplôme, je me suis lancée dans des études de médecine, lourdement soutenue par ma grand-mère qui voulait que je m’assure un bon métier, et que je fasse ce qui me plaisait le plus. Et surtout, ce qu’elle souhaitait le plus, était que je puisse prendre mon indépendance le plus rapidement possible et que je ne dépende plus de mes parents financièrement. Elle a toujours estimé que je ne leur devais rien vu le peu d’attention qu’ils m’accordaient… Etant assez
réservée, j’ai commencé à m’ouvrir aux autres une fois à l’université.
Ma vie n’avait rien de passionnante, c’était une évidence. Elle ne l’était devenue que lorsque je fis la rencontre d’un jeune homme spécial nommé Alexander. Son air déluré, son regard profond, ses mimiques, sa personnalité… Tout m’avait plu, j’avais craqué. Mais pour être honnête, je me voyais plus posée avec un type très calme, limite ennuyeux, plutôt qu’avec ce genre de personnage haut en couleurs. Mais finalement, c’était lui que j’avais choisi, et personne d’autre. Il se trouvait que lui aussi suivait des études de médecine, les horaires étaient les même pour tous les deux, ou presque, du coup nous pouvions sortir souvent. Et il me vendait du rêve, je peux vous l’assurer… J’adorais aller me promener avec lui, bras dessus, bras dessous. Je riais à ses blagues bizarres, on se taquinait… Nous étions heureux tous les deux. Mes yeux pétillaient quand je le voyais, j’avais des papillons dans le ventre lorsqu’il me donnait des petits surnoms, j’étais émerveillée à chaque fois qu’il me souriait. J’étais à peu près comme une enfant en face du père Noël, si vous voulez un exemple imagé.
Tout allait pour le mieux au niveau des études, en amour, avec ma grand-mère… Puis un soir, tout bascula.
« Allez moi j’y vais, on se voit lundi ! A plus tout le monde ! », lançais-je à mon groupe d’amis. J’enfilais mon manteau avant de sortir de chez Haylee l’hôtesse de cette superbe soirée. Xander n’avait pas pu venir, j’y étais donc allée seule mais j’avais tout de même passé un bon moment. Il était près de trois heures du matin, et j’étais quelque peu alcoolisée. Pour trouver des taxis, je devais marcher un peu sous la pluie, rien de bien méchant, cela allait me remettre les idées en place. Seulement, à mi-chemin je me rendis compte que j’avais oublié mon sac chez Haylee. Soupirant, je fis demi-tour, ayant absolument besoin de mes papiers et de mon téléphone portable… Seulement, sur la route, je fis une mauvaise rencontre. Le genre de rencontre qu’on n’oublie pas, si on a la chance d’y survivre. Un homme étrange vint m’aborder, et malgré ma méfiance, je me montrais sympathique. Il m’avait simplement demandé l’heure au départ, j’avais regardé la montre à mon poignet, baissant la tête pour lire avec difficulté l’heure affichée… Et soudain, il me saisit par le bras pour m’attirer dans une ruelle. Je me débattais, alors qu’il me tenait avec une force quasi surhumaine. Je hurlais, mais la pluie battante couvrait mes cris… Je n’avais rien pour me défendre, à part mon peu d’expérience en bagarre. Je lui mis un coup entre les jambes pour me dégager, et me mit à courir le plus vite possible jusqu’à un coin « fréquenté » pour trouver de l’aide… mais personne. Pas un chat. Personne n’aime la pluie, ni les soirées tardives apparemment. Peu m’importait, je courrais mais pas assez vite, il me rattrapa par les cheveux et me jeta contre un mur. Et là, le trou noir. En me réveillant, je vis des gens et des gyrophares se rapprocher. Je plissais les yeux pour voir moins flou et je reconnu les secours. Personne ne sait qui a téléphoné à la police, mais sans cette personne, peut-être serais-je morte. J’avais une énorme écorchure au poignet, comme-ci on avait voulu me dévorer, et des traces sur le coup, et l’omoplate. Traces de coups et écorchures également. Je pensais qu’il s’agissait juste d’un taré anthropophage, qui ne m’avait rien refilé après plusieurs examens, mais en réalité c’était bien pire. C’est terrorisée que je fus conduite chez ma grand-mère afin de trouver du réconfort, téléphonant ensuite à Xander pour lui donner des nouvelles.
Enfermée… J’étais condamnée à rester enfermée toute la journée dans cette fichue chambre, ne supportant pas la lumière du jour. Moi qui autrefois étais presque hyperactive, ne pouvant rester les bras croisés, me couchant tôt à cause de la fatigue de mes multiples activités, voilà que je devenais un véritable oiseau de nuit. Ma transformation était un véritable enfer. Non, je n’étais pas devenue un vampire d’un coup, le processus était lent. Je vomissais du sang par moment, j’avais de la fièvre, j’étais pâle comme un linge avec des cernes violacées et je connaissais des sautes d’humeur en plus de terribles démangeaisons lorsque les rideaux n’étaient pas tirés. Cela ne choquait en aucun cas mes parents, que je ne voyais jamais puisqu’ils étaient toujours débordés, en revanche, Alexander était lui inquiet. Plus le temps passait, plus je m’éloignais de lui, refusant qu’il me voit dans cet état. Un coup je semblais à peu près normale, un coup je ressemblais à un zombie… Ce qui espaçait sérieusement nos rendez-vous. Ayant fait médecine, je me doutais qu’il chercherait la cause de mon état et ne lâcherait rien jusqu’à ce que j’aille mieux. Seulement, je n’étais pas malade, j’étais maudite. Oui, maudite. Les vampires des livres, c’est fascinant mais en devenir un ce n’est pas anodin, ça me semblait même carrément impossible. Mais ce monde nous réserve parfois de mauvaises surprises.
La veille au soir, je m’étais promenée afin de m’aérer un peu comme je le faisais autrefois mais cette fois-ci, j’eus une sorte de vision. Moi dévorant les passants : femmes, hommes, enfants… Tout le monde y passait. Soudain, je ressentais une étrange chaleur m’envahir. Puis un frisson me parcourut ; je devenais un véritable monstre. J’avais la gorge sèche, je ressentais une sorte de faim différente de celle habituelle… M’informant sur le net, et dans un tas de bouquins sur les vampires qui n’étaient censés être que de simples mythes, je compris qu’il fallait vraiment que je me nourrisse de sang. Il n’y avait plus aucune issue, pour survivre, il fallait que je me nourrisse de sang. Dieu merci, étant étudiante en médecine, je passais dans les hôpitaux et je trouvais des poches de sang. Au départ, cela me répugnait, j’avais des nausées, rien qu’à l’idée de boire le sang de quelqu’un… Avouez qu’il y a plus appétissant. Malheureusement, je ne pouvais pas m’alimenter à l’hôpital sans me faire remarquer, je risquais très gros en faisant cela. Je dû m’abstenir de sang pendant quelques jours, et mon état ne s’arrangeait pas.
Voilà qui suffit à me convaincre d’aller voir Alexander, mon petit copain. Je l’avais embrassé du bout des lèvres, sentant son cœur battre et le sang coaguler dans ses veines… Je n’étais plus la Louise qu’il avait connu, j’étais devenu dangereuse. Je passais ma main dans mes cheveux et une fois entrée, je me posais sur un siège pour dire en le fixant
« Xander, il faut que je te parle de quelque chose… ». Alexander fit un bond vers moi, mettant un genou à terre pour se mettre à ma hauteur « Ca ne va pas, ma douce ? ». Le regardant droit dans les yeux je secouais légèrement la tête
« Non, pas vraiment… Écoute… », il me coupa la parole et dit en retirant une mèche de cheveux qui était tombée sur mon visage « Oh c’est pas vrai, je n’aime pas quand tu fronces tes sourcils comme ça… », je retirais doucement sa main
« Xander arrêtes, c’est déjà assez difficile comme ça. Je n’ai pas été totalement honnête avec toi ces derniers temps. Un événement assez inattendu s’est produit, ça me dépasse totalement. ». Bien entendu, je parlais de cette agression, de cette personne qui avait fait de moi un monstre assoiffé de sang. Mais ça, il l’ignorait… Tout le monde l’ignorait. Et il fallait que cela persiste. Etant
intelligente et maligne, j’allais trouver un moyen de faire en sorte que mon secret ne soit pas dévoilé et j'allais trouver comment passer pour une personne normale en achetant des choses pour aider les gens comme moi à vivre à peu près normalement. Je soufflais un peu avant de déballer
« J’ai… j’ai rencontré quelqu’un pendant une soirée étudiante. On a passé la soirée à discuter à l’écart de tout le monde, je me sentais mal alors il m’a accompagnée dehors… Puis plus le temps passait, plus on se trouvait des points communs. Et là… on… on s’est embrassés. ». Je vis le visage de Xander se décomposer… Je dû alors baisser la tête pour poursuivre ce mensonge
« Si j’ai été aussi distante avec toi c’est parce que je le voyais. Et a force de se voir, je… crois que des sentiments sont nés… », il se redressait brusquement et mit ses mains derrière sa tête en faisant les cent pas. Je relevais la tête, le suivant du regard ou du moins, essayant de le voir distinctement, les larmes brouillant ma vision.
« Je suis désolée Alexander, mais c’est terminé. J’aurais dû te le dire plus tôt, mais j’ai été lâche… ». Il eut un petit rictus, mal à l’aise, désemparé, pendant que je pleurais en silence, me mordant violemment la joue, jusqu’au sang. Lui mentir me brisait le cœur, et devoir rompre avec lui n’arrangeait rien.
Nous nous retrouvions face à face, pour échanger quelques mots qui furent comme des lames de rasoir se plantant dans mon cœur déjà en morceaux… Sur le pas de la porte, je déglutis avant de dire en jetant un dernier regard sur mon bien aimé
« J’espère que tu me pardonneras un jour, mon docteur. ». Et voilà que je partais sans me retourner, quittant rapidement les environs pour me laisser tomber dans une ruelle et pleurer toutes les larmes de mon corps.
« Bah alors ma jolie, ça ne va pas ? Qu’est-ce-que tu fais toute seule par ici, c’est dangereux la nuit… », le ton menaçant de l’homme fut comme un déclic et je relevais la tête lentement, laissant mon regard se noircir
« A qui le dis-tu… ». Je me levais d’un bond et saisit l’étranger par la gorge pour le soulever contre le mur, l’étranglant jusqu’à ce qu’il en meurt. Étant transformée, incontrôlable, je lui arrachais la peau afin de me délecter de son être, parvenant tout de même à pleurer en pensant à ma condition… Oui, j’étais encore capable de sentir mon côté humain reprendre le contrôle de mes pensées. C’est ce qui me permit de stopper le carnage rapidement. Je mettais mes mains sur la bouche, poussant un petit cri d’effroi en voyant ce que j’avais fait. Je partais en courant pour rentrer dans mon appartement non loin de l’université, que j’allais quitter pour suivre mes études par correspondance. J’étais plutôt
débrouillarde , je savais que j’allais être capable d’aller à l’université seulement pour les examens importants, et encore. Je ne pouvais y aller qu’en hiver, lorsque la nuit tombait tôt l’après-midi, autrement, je restais chez moi comme je vous l’ai déjà expliqué. Et j’étais contente de rester là-bas, en pensant que si je me rendais en cours, je risquais de croiser Alexander, qui lui aussi faisait des études de médecine.
Notre rupture avait été très difficile à vivre, en tout cas de mon côté. Je ne savais pas du tout comment lui la vivait, puisque je m’efforçais de faire comme-ci il n’existait pas. C’était trop douloureux de penser à lui, de penser à ce que j’avais dû faire à cause de ce maudit agresseur. Mais rompre avec lui avait été une grande preuve d’amour… tout ça pour le protéger… enfin, cela, il l’ignorait. Il était persuadé d’être sorti pendant un an avec une fille qui au final, avait fini par le tromper… chose totalement fausse. L’amour que je lui portais était bien trop fort pour que je ne fasse ça. Sa personnalité unique m’avait charmée dès le début et je ne me voyais qu’avec lui, personne d’autre. Mais maintenant, tout cela était une époque révolue, cela faisait partie du passé… Plus jamais on n’entendrait parler de Xander et Louise.
Après ma rupture avec Xander, nous avions cessé de nous parler et nous ne nous croisions que très rarement. Lorsque c’était le cas, nous détournions le regard pour faire comme-ci de rien n’était alors qu’en réalité, mon cœur battait à tout rompre et que ma gorge se serrait, retenant d’affreux sanglots. Je regardais de temps en temps des photos de nous, pour me remémorer le bon vieux temps, quand tout allait bien et que ma vie était normale. En regardant nos visages illuminés par d’immenses sourires, nos poses et nos grimaces, notre harmonie, je me demandais comment Xander avait pu croire à mon mensonge… Apparemment, j’étais très convaincante, et tant mieux cela me permettait de le protéger. Seulement, je redoutais le jour où j’allais le voir au bras d’une autre femme. Une année entière s’était écoulée depuis notre rupture et je tentais toujours de me faire au fait que je ne recevrais plus de message de lui, plus d’appels, plus de regards… Alors que je ne pouvais plus vivre ainsi, j’allais prendre la route pour aller le voir et lui raconter toute la vérité, une amie me téléphona. Je répondais rapidement en m’habillant, totalement affolée par ce que j’allais faire : tout avouer à mon ex petit ami dans le but de réparer son cœur brisé, et peut-être de le récupérer (enfin, je ne me faisais pas trop d’illusions : j’avais inventé un mensonge pour lui cacher une vérité difficile à croire)
« Amy, qu’est-ce qu’il y a ? Je suis pressée, je dois aller… », elle me coupa brusquement « Il est arrivé quelque chose d’horrible Lou… Je ne sais pas comment te le dire… ». Commençant à m’inquiéter, je demandais
« Quoi ? Est-ce que tu vas bien ? ». La voix chevrotante, elle répondait « Oui, oui... C’est Alexander il a eut un accident. ». J’eus comme une sorte d’absence « Allô ? Lou ? », je fis un petit bruit pour lui signaler que j’étais toujours en ligne « Il… ne s’en est pas sortit… ». Mon cœur loupa un battement, je sentis un frisson parcourir tout mon corps et ma main lâcha le téléphone qui s’écrasait sur le sol. Mes jambes se mirent à fléchir, et je tombais en arrière sur le canapé qui m’évitait une chute violente.
Après une longue heure passée le regard dans le vide, complètement sonnée, perdue, quelqu’un vint frapper à ma porte.
« C’est ouvert… », Murmurais-je n’ayant plus d’énergie. C’était Amy, qui venait me voir après m’avoir annoncé cette terrible nouvelle, pour me soutenir et vérifier que « tout allait bien », si l’on peut dire puisque j’avais laissé le téléphone tomber en guise de réaction face à l’annonce de la mort de Xander. Amy m’expliqua ce qui lui était arrivé, ayant été témoin de l’accident, se trouvant dans le même bar que lui. Elle m’avait raconté qu’il avait énormément bu, seul, et qu’étant ma meilleure amie, elle n’avait pas osé aller le voir. Je lui crachais au visage, exécrable
« T’aurais pu aller le voir, meilleure amie ou pas. T’es pas celle qui l’a largué en prétextant l’avoir trompé. Si tu avais été le voir, il serait peut-être encore là. », voilà ce qui me valut la perte de mon amie la plus proche, qui avait répliqué que si je n’avait pas agit ainsi avec mon ex, il n’aurait jamais bu autant et ne se serait pas fait renverser.
Cette nouvelle m’avait tout simplement brisée. Je n’arrivais pas à y croire, Xander ne pouvait pas être mort… Une fois Amy partie, j’eus une crise terrible, entre colère et tristesse qui me plongea dans un sale état. Je hurlais, renversant tout mes meubles d’une main en pleurant comme jamais je n’avais pleuré auparavant. Je n’avais même pas profité de lui, j’avais passé une année à l’ignorer, je lui avais mentis pour le protéger mais au final, qui sait, j’aurais peut-être pu le protéger. Si nous avions été encore ensemble, il ne serait jamais allé se saouler, du moins, il ne serrait pas aller boire un verre sans moi, j’aurais insisté pour venir comme toujours. Les soirées alcoolisées étaient tellement drôle lorsque nous étions ensemble… J’arrachais les photos du mur, enragée qu’il me fasse ça, qu’il ait été aussi imprudent et imbécile sur le coup. Mon appartement était tout simplement dévasté, tout comme mon cœur.
Vivre sans Xander en le sachant présent était faisable, mais vivre sans lui en sachant que je ne pourrais plus jamais le revoir m’avait brisé le cœur en mille morceaux. Il n’y avait plus rien à faire, mon cœur était irrécupérable, personne ne pourrait le réparer. L’homme que j’aimais venait de quitter ce bas monde, et je ne savais que faire. Pendant des jours, j’étais restée au lit à pleurer, je ne mangeais pas, je ne m’alimentais pas comme j’aurais dû le faire, je me faisais du mal, je détruisais tout sur mon passage lorsque je me levais et j’avais demandé à ma grand-mère, cette femme dont j’étais si proche, de ne plus m’accrocher, sentant que je ne pouvais plus me contrôler. En allant chercher mon blouson dans le salon, je vis une photo de lui et je tombais à genoux près d’elle, la prenant d’une main tremblante. Je murmurais dans un sanglot
« Mon docteur… Tu ne peux pas être parti, ce n’est pas possible… Pitié, dites moi que je le croiserais au détour d’une rue un soir, et qu’il fera semblant de ne pas m’avoir vu alors qu’il m’aura fait le cadeau de poser son doux et profond regard sur moi une fraction de secondes en ressentant un tas d’émotions incontrôlables, que ce soit amour, haine ou rancune… ». Je levais les yeux au ciel, comme-ci je L’implorais de me rendre mon ex petit ami, comme-ci Il pouvait me le ramener à la vie… Puis je réalisais qu’il était parti pour toujours. Je tombais de haut, comme-ci l’espace d’un instant, j’avais réellement cru à un retour possible de sa part. Pour moi, Xander n’était pas mort… Il demeurait en moi, dans mon cœur pour toujours… Mais ce n’était pas assez, je le voulais en vie, sentir et entendre son cœur battre. Enragée, je jetais la photo violemment avant de sortir en claquant la porte. Il était près de trois heures du matin et j’étais déterminée à laisser le monstre que j’étais prendre le pas sur la gentille Louise qui tentait de se contrôler. Je perdais pieds, je lâchais prise…
Peu de temps après le décès de Xander, ma grand-mère tomba malade. Elle qui était pourtant en pleine forme malgré son âge avancé, venait d’être rattrapée par la vieillesse. Je me devais de lui parler de ce que j’étais devenue, pour ne pas qu’elle parte dans l’ignorance, qu’elle comprenne mon comportement distant. Croyant aux créatures surnaturelles et autres, ma grand-mère savait se montrer très ouverte et je pensais qu’elle me comprendrait seulement, voici ce qui sortit de sa bouche sur son lit d’hôpital « Ma… ma petite fille est un monstre… Je veux que tu sortes d’ici, ne reviens plus jamais. Ni avant, ni après ma mort… S’il te plait, SORS », elle appuyait de toutes ses forces sur la sonnette pour qu’une infirmière me fasse sortir en hâte de sa chambre, prétextant ne pas me connaître. Je la regardais en me faisant escorter par l’infirmière hors de la chambre, et vis son visage se tourner vers la fenêtre. Elle venait, sur son lit de mort, de me traiter de monstre, elle qui était si compréhensive, si ouverte, si formidable… Je laissais de lourdes larmes perler mes joues alors que je me repassais sans arrêt ce qu’elle m’avait balancé faiblement en plein visage, à moi, la petite fille qu’elle avait élevée avec autant de tendresse et de dévotion. Même si ma douleur fut intense face à sa réaction, je ne lui en voulais pas… Comment en vouloir à une personne qui a tout sacrifié pour vous, dans une famille aussi égoïste ?. Exactement trois mois et six jours après la mort de mon ex petit ami, ma grand-mère, ma figure maternelle, la seule femme qui fut pour moi un modèle quitta ce monde. Dévastée, moi ? Non, j’étais tout simplement irrécupérable. Je venais de toucher le fond, perdre les deux seuls êtres qui comptaient le plus pour moi en aussi peu de temps d’intervalle était trop difficile à gérer. Mes amis ne m’étaient d’aucun secours, j’étais devenue
solitaire, me murant dans ma tristesse et dans le sang. Je ne faisais que tuer, sans aucun scrupule. En tuant, je compensais cette douleur que je ressentais à chaque fois que je repensais à ma grand-mère ou à Xander. Pleurer, tuer, me détruire… C’était un cercle vicieux dont je ne pouvais plus sortir désormais. J’étais seule face à mes démons qui prenaient le contrôle.
Il y a quelques mois, alors que j’étais devenue un véritable monstre, quelqu’un vint me tendre la main. Alors que je m’apprêtais à jouer un peu avec ma future proie, une voix grave vint couvrir les cris étouffés de la jeune femme que j’allais dévorer… « Repose la, maintenant », lâcha la voix en prononçant bien distinctement chaque mot. Je tournais brusquement la tête pour voir l’homme qui venait de m’interrompre et d’un coup, je lâchais ma future victime qui s’échappa en cavalant aussi vite que moi lors de mon agression, seulement, je ne la poursuivais pas. Je ne savais pas comment ce type faisait, mais je n’avais pu que lui obéir. Il transpirait la sagesse, il était charismatique, grand, ténébreux… Il dégageait quelque chose de positif, d’agréable qui me fit ressentir un peu de chaleur dans mon corps et mon cœur glacé.
« Qui êtes vous ?! Qu’est-ce que vous me voulez ? », demandais-je en colère. « Maximilian Hawkes. Je suis comme toi, Louise. », répondait-il calmement en s’approchant doucement de moi. Je reculais
« Comment vous connaissez mon prénom ? Je vous préviens si vous me touchez, je… », il me coupa immédiatement « Tu vas me dévorer tout cru c’est ça ? Très original comme réplique. J’ai 100 ans, je sais on dirait pas comme ça, mais je suis plus puissant que toi, alors si j’étais toi, je ne tenterais rien de stupide. Je ne te veux aucun mal, c’est tout ce qui devrait compter ». Je fronçais les sourcils
« Désolée, mais un parfait inconnu qui me connait, et qui me balance qu’il a cent ans, qu’il est plus puissant que moi, à trois heures du matin dans une ruelle, j’ai du mal à croire que ce soit pour boire le thé et discuter », il se mit à ricaner « Je suis plutôt café noir serré mais si tu préfères le thé, je dois avoir ça chez moi. Discutons…. ». Et sans avoir comment, je me retrouvais dans un appartement différent du mien, chez ce fameux Maximilian qui venait d’une ville nommée Mystic Falls. En apprenant à le connaître, je compris qu’il souhaitait me prendre sous mon aile. Il m’avait suivit depuis un moment, tentant de cerner mon comportement, mes émotions… Tout ce qui pouvait justifier de tels actes. Je ne sais comment, Maximilian avait compris que je n’étais pas une mauvaise personne, mais que j’étais dépassée par un tas d’émotions et que j’étais devenue incapable de me contrôler. Il m’a apprit à me contrôler, pouvant facilement contrer mes attaques lorsque j’étais en manque de nourriture ou autre. Me frotter à plus fort que moi, plus dangereux m’aidait à me calmer, je pouvais me défouler, apprendre à me battre sans forcément tuer… Et j’apprenais également à m’alimenter sans tuer de pauvres innocents.
Afin de s’assurer ma sécurité et une nouvelle vie en tant que vampire contrôlable, Maximilian me conduit jusqu’à Mystic Falls. Diplômée, j’allais réellement pouvoir commencer une sorte de « nouvelle vie », sans oublier d’où je venais, tout ce que j’ai vécu dans ma ville natale. Cette sorte de nouvelle vie était plutôt par rapport à mon statut de vampire… J’allais passer pour une habitante lambda, continuant d’apprendre à me contrôler… Sauf qu’en arrivant, les vampires furent, pour une question de sécurité, traités comme du bétail. Tatouée, répertoriés… Des banques de sangs furent ouvertes pour éviter les massacres, toute la population de cette petite ville connaissait l’existence des vampires… Heureusement j’étais arrivée après l’immense panique et la chasse aux vampires. Seulement, je ne me contrôle pas totalement et la ville pratique une tolérance zéro envers les crimes commis par les vampires. Et si je n’étais pas capable de me contrôler ? Et si on tentait de me tuer alors que je me trouve être irréprochable ? Vous l’aurez compris, mon arrivée à Mystic Falls il y a quelques mois ne fut pas de tout repos… Désormais, advienne que pourra...
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