It's the moment of truth it's the moment to lie ♠ Elijah & Katherine

Il y avait des avantages et des inconvénients à être morte. L’avantage, c’est que personne n’est à ma poursuite, et je n’ai pas à me fatiguer. L’inconvénient majeur, c’est surtout que je ne peux pas me promener librement, comme il me plait. Et Dieu sait à quel point j’aime la liberté. Par conséquent, mes trajets sont actuellement limités aux endroits qui ne sont pas fréquentés. On ne dirait pas comme cela, Mystic Falls avait peu d’habitants, mais ils arrivent à envahir chaque recoin de la ville. Ce qu’ils pouvaient être dérangeants.

Je ne suis pas revenue depuis longtemps, mais je m’ennuie déjà. J’avais des plans précis, et aucun d’entre eux ne prévoient mon retour d’entre les morts de si tôt. J’ai l’habitude de mener mes plans à bien, même si parfois, ils me demandent quelques sacrifices. Ce que j’en tire au bout de compte vaut le coup. Enfin, tout cela pour dire qu’aujourd’hui, j’ai pris la décision d’aller dans la forêt. Je la connais sûrement par cœur, mais la solitude dans laquelle j’allais me retrouver me ferait le plus grand bien. Et peut-être que, comme par hasard, il y aura une pauvre personne égarée, seule, désespérée, et à qui je rendrai service en la vidant de son sang – et même si je ne lui rendais pas service, ça me ferait du bien à moi.
Malheureusement pour moi, une fois arrivée dans la forêt, et continuant de m’enfoncer à travers les arbres, je n’ai pu que constater que personne ne semble s’y être aventuré. Cette ville n’est vraiment pas drôle. On ne peut même plus s’amuser, maintenant. Je n’ai rien d’autre à faire pour l’instant, alors je continue de marcher. Le soleil décline lentement, laissant la nuit prendre place. L’ambiance amenée par l’absence de luminosité peut paraître inquiétante, mais paradoxalement, je la trouve bien plus excitante et amusante. Les chasses sous les rayons lunaires étaient bien plus drôles. Les humains sont à la fois trop stupides et trop ignorants ; d’abord, ils vivent comme s’ils étaient dans le quartier le plus illuminé et peuplé de Mystic Falls et au moindre bruit d’un craquement de branches, ils commençaient à trembler comme une feuille morte.

Machinalement, je me suis retrouvée au niveau des ruines des Lockwood. Je n’aime pas spécialement cet endroit, donc j’ignore vraiment comment j’ai pu finir par ici. Je fais un rapide tour des décombres ; rien n’a changé… Enfin, c’est normal pour un endroit abandonné. Je m’apprête à faire demi tour, mais je suis arrêtée par une voix féminine. « Youhou, y a quelqu’un ? » C’est vraiment le genre de questions que je trouvais naïves et totalement ridicules. Si j’avais l’intention de lui arracher la tête, je n’allais très certainement pas répondre « Oui oui, je suis là, prends un pieu pour me le planter dans ma cage thoracique. » J’aime jouer, mais je ne suis pas suicidaire pour autant. De plus, cela ressemblait à une pitoyable scène d’un mauvais film d’horreur. Néanmoins, le terrain ne me permet pas d’être discrète, et chaque pas que je fais trahit ma présence. Après quelques déplacements, j’aperçois une silhouette. C’est une jeune fille, la vingtaine sûrement, qui est seule. Je ne sais pas ce qu’elle fait là toute seule, mais le vent apporte l’odeur de son sang jusqu’à moi et me creuse l’appétit. Je passe ma langue sur mes canines, ne pouvant empêcher un sourire amusé de se dessiner sur mes lèvres. La chasse est ouverte. Comme je ne crois pas qu’elle n’ait pas remarqué ma présence, je m’avance devant elle.

« Ce n’est pas un endroit pour traîner, jeune fille. » commençais-je à dire. Je ne sais pas de quelle manière je vais lui sauter à la gorge. Je sais par contre que sa tête quittera son corps d’ici une petite dizaine de minutes. « Enfin, t’as de la chance, pour le coup, il n’y a que moi. » J’avais presque oublié que j’étais morte. Bon aller, tout le monde ne connaît pas Elena Gilbert quand même. En tout cas, j’espère qu’elle ne connaît ni Elena ni le magnifique doppelganger que je suis. « Si t’es perdue, j’peux te raccompagner, je connais bien la forêt. » et je sais exactement où est-ce que je peux t’emmener pour dissimuler ton corps sans que personne ne se doute de quoi que ce soit.


J’ose espérer qu’elle n’a pas de famille qui la cherchera. Elle était jeune, sûrement que si, en fait. Bon, je la contraindrais à écrire une lettre de suicide que je posterai après tout cela. Tellement cliché, mais tellement efficace. Je n’ai pas envie de me fatiguer à élaborer un de ces plans – qu’ils qualifiaient de « tordus » alors que je les dirai plutôt « malins » – qui ont fait mon nom. Elle ne m’a pas l’air d’être un loup-garou, ni d’un vampire. Si on pouvait dire que ces créatures avaient des airs. Mais généralement, la première catégorie pue le chien mouillé et la seconde… Je savais reconnaître ceux qui étaient comme moi, quand même. Enfin, comme moi était un bien grand compliment. Je ne fais pas non plus confiance aux vampires, autant qu’aux humains.

Sans que je ne sache vraiment pourquoi, ni comment, mon instinct est en train de me dire que je ne dois pas baisser ma garde. Elle ne m’inspire pas confiance ; il y a quelque chose d’étrange chez elle. L’expression de son visage en dévoile sûrement bien moins que ce qu’il en a l’air. Son air innocent et inoffensif ne pourrait être qu’une mascarade. Il faut que je me méfie ; je ne me laisserai pas avoir par une gamine. Je reste donc prête à me retrouver derrière elle à une vitesse vampirique, si jamais elle tentait quoi que ce soit. Mon visage ne me trahit pas ; je lui souris, amicalement. Quelle comédienne je suis… Je suis d’humeur joueuse. Oui, j’allais jouer. Peut-être que je ralentirai sa mort, du coup. Elle souffrira un peu plus, mais j’avais envie de jouer avec elle, de me divertir. Et tout le monde sait que quand Katherine Pierce veut quelque chose, elle l’obtient.

En haut d’une des collines du coin dans la forêt de Mystic Falls, je regardais l’horizon pensivement. Banal cliché que j’offrais là. Mais j’étais un homme qui aimait méditer et c’était sans aucun doute cela qui faisait que je ne finissais pas comme mon frère à réaliser un carnage durant une fête foraine. D’ailleurs beaucoup de personne me sous estime à cause de cela. Loin de me considérer plus puissant ou sanguinaire que mon frère, je peux parfaitement avoir l’esprit tordu voir bien plus que mon frère. Ce dernier sait bien qu’il ne faut pas réveiller ma colère et si j’ai toujours eu l’indulgence pour la famille, je n’en aurais pas pour les humains. Ce qui était dommage, c’était qu’il s’agissait d’une race que j’appréciais et que j’avais toujours fait en sorte de protéger. Cependant, ce mandat d’arrêt contre moi était loin de me plaire. Cela ne me faisait pas peur. Si ils pensaient pouvoir m’emprisonner et m’exécuter, ils avaient tord. J’avais affronté bien plus qu’une petite bande d’humain écrasable comme des insectes.

Non, c’était pour le principe. J’avais toujours essayé d’apaiser les tensions avec les humains. J’avais sans doute évité le pire grâce à ma diplomatie. Cependant, le carnage de mon frère a rendu fou les humains et c’est bien entendu moi qui prend symboliquement. Je suis quelqu’un de très attaché à la symbolique et si ils pensent s’en sortir aussi facilement, c’est bien mal me connaître. Ils veulent jouer, ils veulent me dominer et je leur monterais avec une facilité déconcertante qu’ils ont tord. Je commençais à épouser le point de vue de Satine. Si les humains refusent la paix et la cohabitation, très bien, soit, mais je ne laisserais pas mon peuple se faire détruire et du bétails, c’est ce qu’ils deviendront. Cette position pouvait faire peur, et sans nulle doute plaira à mon frère Klaus, mais elle était sans aucun doute du à mon entrée dans une phase noire. J’avais joué au con et j’avais perdu Elena. J’avais cédé à Tatia comme un adolescent. J’avais commis une erreur et je l’avais perdu. Définitivement ? sans doute, elle ne voulait plus de moi. Je pouvais la comprendre, je me dégoutais moi même. J’étais un monstre dans tout les sens du terme et je devais maintenant correspondre à ce stéréotype.

Je sortis de ma pensée par des éclats de voix. Jusqu’alors immobile face à l’horizon, je réagissais en reconnaissant une voix que je n’aurais pas du reconnaître. Katherine. Je la reconnaissais avec peu de doute. Tout comme sa façon de bouger, la façon de s’exprimer de Katherine était radicalement différente des autres doubles. Cependant, une chose clochait. La belle était censée être morte et se faire bouffer par les asticots. Elle avait encore joué de ses talents. Après toutes les années qui sont passés, je devais reconnaître son talent. M’approchant de la discussion à vitesse vampirique, je restais à bonne distance pour observer la scène. Mon regard me confirmait ce que mes oreilles avaient entendu. Cependant, je m’attardais beaucoup plus sur la jeune femme qui discutait avec elle. Je me demandais si elle savait ce qu’elle faisait. Mon regard analysant chacune des parties de son corps, je décelais rapidement une absence de battement de cœur. Néanmoins, cette femme n’était pas vampire, je pouvais le sentir. Le soleil perçant à travers la forêt m’apporta ma réponse. L’absence d’ombre m’offrait la confirmation qu’il s’agissait d’un fantôme. Restant en retrait, j’étais curieux de voir comment cela allait évoluer.