Friend is a four letter word ∞ Chloé

 



Vous connaissez la vie d'une étudiante qui travail seulement à mi-temps ? Et bien comme tous les étudiants de ce monde, j'ai du mal à suivre avec mes diverses dépenses. J'ai cours aujourd'hui, mais avant je devais passer à l'épicerie histoire de me nourrir de temps en temps, car malheureusement je ne peux pas constamment me faire inviter chez moi copain. Je ne suis pas une profiteuse, même si cela m'arrange je dois bien le reconnaître. Je sors de chez moi en vitesse, enfilant une veste à carreau, un jean et des chaussures. La belle saison se faisait sentir, mais je n'ai jamais eu l'occasion de mettre une jupe dans ma vie, et pour les robes... J'ai encore du mal à m'habituer à porter une robe, mais ça va venir avec le temps. Je rentre rapidement dans l'épicerie, je ne prends même pas le temps de prendre un panier ou même une connerie du genre, j'ai un sac assez grand pour y glisser de la nourriture. Je me dirige directement vers les conserves – comme tous les étudiants je mange des pâtes – et prends deux paquets sans réellement faire attention à ce que je choppe. Je fais un tour rapide dans le magasin avant de finalement arriver au rayon frais – très important ce moment – et d'instinct mon regard se pose sur une bonbonne de chantilly. Je laisse éclater un rire, cela me donnera toujours le sourire... Malheureusement il s'avère que la chantilly est un plaisir coupable, pas mon préféré d'ailleurs ! Je reste quelques instants stoïque d'ailleurs, je sais que si je prends ça, je vais céder à une envie du moment.  « Les plaisirs avant le reste, puis ça me va bien au teint...  »  Je rigole toute seule. Finalement je n'hésite plus et j'embarque cette dernière avec moi... Dans quelques temps, je serais diplômée – prions – et j'aurais enfin un emploi avec un véritable salaire. Je serais enfin en mesure de subvenir à mes besoins ! Je pourrais demander des aides à ma mère, cet argent ne lui manquerait probablement pas, mais ma morale m'en empêche... Peut-être une fierté mal placée ? Cela n'est pas totalement impossible, mais je préfère me débrouiller par moi-même...  Enfin qu'importe, je sors du magasin et je glisse mon bordel dans mon sac avant de franchir la porte du magasin et de me retrouver éblouis par la lumière du jour. Cette sensation n'est pas naturelle pour moi, de devoir fermer les yeux pour empêcher le soleil de m'éclairer... Je ne suis pas comme ça et je ne supporte pas de me cacher du soleil et porter des lunettes de soleil serait insupportable, enfin mes anciennes lunettes... Je pense que je vais finir par m'acheter une paire, lorsque j'aurais le courage et l'envie. Ce n'est pas facile, j'ai mis des années à réussir à retrouver ma vue, remettre des lunettes serait pour moi comme un retour en arrière... Je refuse de faire ça. Je me contente donc de sourire et de légèrement baisser la tête pour éviter de me faire éblouir.  Me voilà dehors. Ma prochaine destination ? L'université.


Ma mémoire est auditive et je dois bien avouer que cela est plutôt agréable lorsque je vais en cours, cela m'évite de devoir trop de note, un de des avantages de ma cécité... Je crois. Je ne vais pas assister à un de mes cours, depuis mon arrivé dans cette ville j'assiste en parallèle à des cours de journalisme. C'était un de mes rêves lorsque j'étais gamine et pourtant aujourd'hui je crois que je ne regrette pas mon choix, mais j’éprouve encore du plaisir à venir dans ces cours et Andrew était à fond sur sa thèse, je veux lui laisser le temps de respirer  – même si à choisir, je préférais être avec lui – et de travailler. Je viens de moins en moins à ces cours, puisque cela ne m'intéresse plus tellement et j'ai moins de temps à consacrer à ces cours. J'ai déjà assez de mal à gérer ma vie en ce moment, avec mon chéri qui passe en priorité, mes études, mon boulot et l'association où je tente tant bien que mal de participer... J'ai dû mal à tout gérer et ces cours ne sont plus une priorité pour moi, je préfère me consacrer à mon cursus. Logique dans le fond, qui est la seule conne à se pointer dans un cours qui n'est pas à elle ? Je me demande... J'arrive dans l’amphithéâtre, des gens sont déjà installés. Je me glisse jusqu'à l'endroit où j'avais pour habitude de m'installer, il est évident que je n'avais plus grand chose à faire ici, mais bon !

 


Je crois que l'ambiance étudiante est une chose extrêmement enrichissante, mais je serais ravie de rentrer dans la vie active. J'adore mes études et mes choix, mais j'ai besoin de fantaisie et d'avoir des surprises et malheureusement, poser mon cul dans un amphithéâtre avec cent personnes, ne m'offre pas cela. Je trouve toujours une manière de m'amuser, mais je crois que j'ai besoin de vivre plus que la vie étudiante, j'aime la folie et les cours ne sont pas fous... Lorsque je pose mes fesses sur le siège, je sors des affaires et je regarde la salle, je regarde de droite à gauche sans pour autant fixer un point fixe. En effet lorsque j'étais aveugle je pouvais fixer un point sans pour autant me demander si quelqu'un allait se sentir observé. Aujourd'hui je dois apprendre à déplacer mon regard dans l'espace et non pas passer pour une fille machiavélique en train de mater un étudiant en train de bouffer un kebab. Je regardais plus le kebab que l'étudiant d'ailleurs, mais je doute que cette excuse soit crédible pour les gens dans cet endroit. Je ferme les yeux un instant et la salle me paraît tellement plus lisible qu'elle ne l'était l'instant précédent. Je peux entendre des pas, des chuchotements et des rires. Lorsque j'ouvre les yeux je ne ressens rien de toutes ces sensations que j'affectionne aujourd'hui. Suis-je une éternelle insatisfaite ? Une éternelle chieuse ? Probablement. J'ai encore du mal à abandonner certaines habitudes que j'avais lors de ma condition d'aveugle, selon mon médecin cela devrait partir avec le temps. J'ai l'impression de pouvoir sentir les regards sur moi, lorsque j'étais aveugle cette sensation était toujours là. Désormais je peux ouvrir les yeux et vérifier. Je peux voir des gens me regarder un peu plus bas. Peut-être qu'ils ont repérés la blonde, qui est devenue brune, qui est redevenue blonde et qui n'a rien à foutre dans ce cours ? Peut-être que je m'habille mieux qu'avant ? J'en sais rien et je m'en fou un petit peu d'ailleurs. S'ils sont racistes des blondes aux chemises à carreaux ils vont voir ailleurs.

Finalement je sors de mes pensées lorsque j'entends un bruit de raclement de gorge qui me faisait penser à celui que j'entendais lorsque j'étais en famille, il y a quelques années. Je détourne le regard puisque les sons m'attirent plus que les images. Une jeune brune, habillée avec une robe qui semblait mettre en valeur ses formes, enfin tout dépend ce que le mot forme signifie. Je ne reconnais pas cette jeune fille sur le moment, je suis nulle lorsqu'il est question de me souvenir d'un visage... Elle me propose un cookie et c'est seulement lorsque j'entends sa voix qu'un air familier, ce n'est pas la première fois que je partage un cours avec elle. J'affiche un immense sourire et me rapproche alors. « Ne jamais refuser de la nourriture et encore mieux : ne jamais refuser un désert.  »  La nourriture et moi... C'est une longue histoire d'amour, probablement la seule avec Andrew d'ailleurs. Je souris alors en attrapant un cookie. « Merci de contribuer à retarder mon régime  » Je dis cela sur un ton ironique. Moi faire un régime ? C'est impossible et jamais ne voudrais ressembler à une poupée barbie, je suis déjà blonde, faut pas exagérer.  En regardant la jeune fille je me rends soudainement compte qu'il y a un truc de changé chez la demoiselle en face de moi... Je réfléchis un instant et je tente – sans réellement y parvenir – de ne pas cacher une mine surprise. J'affiche une bouche en forme de canard, ce qui me rend très sexy comme toujours. « Tu as pas changé un truc ? Enfin sans vouloir me montrer indiscrète.  » Je n'aime pas faire la petite fille délicate et timide et au pire, je passe pour une folle qui pose des questions stupides. J'ai une très mauvaise mémoire visuelle donc je suis peut-être à côté de la plaque et cela ne serait pas la première fois. Ma curiosité est trop forte et je lance une idée. « Les cheveux ? » Je suis prête à parier sur les cheveux, j'ai un don pour deviner les choses comme ça... Dans mes rêves !

 


Dieu créa soit-disant le monde en 7 jours, enfin 6 car ce dernier voulait dormir le dimanche. Je ne sais pas quel fut l'ordre de création, mais je me suis toujours demandé quel jour il aurait – soit-disant toujours – crée la nourriture ?  Enfin je ne parle pas des légumes et ces conneries qu'on doit manger pour rester en bonne santé. Je parle de la nourriture grasse qui fait que je ne serais jamais mannequin ! Donc je crois que cette question pourrait parfaitement faire une thèse : « Les cookies furent crées le jour numéro 1, 2, 3, 4, 5, 6 ou le dernier jour lorsque dieu faisait la sieste ? Je crois que je n'aurais jamais la réponse puis je ne crois pas en dieu et encore moins à la création de l'univers en six jours. Mais, lorsque la jeune fille brune dit amen j’acquiesce avec un mouvement de tête et un grand sourire. J'aime bien rire de tout et la religion n'est pas spécialement un tabou. Et ce n'est pas comme si je discutais réellement avec une inconnue dans le fond, je connais cette fille puisque j'assiste à un cours qui est – probablement – le sien ! Donc je la connais de vue ? Je ne sais pas, cette expression sonne toute faite à mes oreilles, je la trouve un peu bête d'ailleurs. Il n'est pas nécessaire de voir une personne pour réellement la connaître. Je pense que les gens dans cette société ont un probablement sérieux avec la physionomie et le physique, du coup ils se basent sur la première apparence.  J'ai vraiment du mal à comprendre les gens, mais généralement je comprends l'humour des gens.

En tout cas je connais cette fille, je reconnais sa voix, son odeur ou je ne sais pas trop quoi. J'ai des problèmes pour reconnaître les gens, pendant des années j'ai dû vivre avec un sens en moins durant treize ans et lorsque je le récupère... je suis incapable de faire la différence entre deux personnes. Je crois que je régresse en fait, un truc dans ce genre là. Je n'hésite pas à lui demander, je ne vais pas rester là a me poser la question éternellement, sérieusement j'aime pas garder des choses pour moi. Ça donne jamais rien de bon, je suis comme les volcans. Si je garde trop en moi bah ça va faire BOUM. Je crois qu'il s'agit de la première fois que je compare à un volcan ! Rien de glorieux d'ailleurs, je devais me comparer à autre chose. Lorsqu'elle me dit qu'elle m'aime bien je souris. J'aime bien les gens qui m'aiment bien. Je crois que les gens que je déteste se comptent sur les doigts de la main. Je sais pas quoi répondre à sa question. « Oh non surtout pas, ils sont superbes tes cheveux ! Je voulais pas du tout dire ça !  » En effet je n'insinuais pas que ses cheveux étaient moche comme une paillasse. Je sais pas du tout quoi dire, surtout que je suis nulle lorsqu'il est question de cheveux ou même de bien s'habiller, une fois j'ai eu l'occasion de regarder les reines du shoppings. Je crois que je serais incapable de devenir comme toutes ces nanas.  La question revient sur moi et elle me demande ce que j'ai fait avec mes cheveux. En effet j'étais brune, enfin j'étais une fausse brune. Je prends une mèche blonde dans ma main en la levant ; « Oui j'étais brune durant un moment. La couleur d'origine me manquait puis ça reflète plutôt bien ma nature profonde.   Les blondes sont idiotes ? J'aimais rire de ça puisque je suis peut-être crédule, mais loin d'être parfaitement stupide. J'avais juste eu droit à tellement de blague sur ça, que maintenant, je prenais les devants et cela me faisait même rire... Puis cela était même devenu une source d'amusement avec Andy donc, pourquoi ne pas en rigoler avec tout le monde. Après tout, même si les blagues n'ont pas le même sens, cela reste drôle...

J'écoute facilement deux conversations puisque ma mémoire est auditive et plus importante que la moyenne à ce niveau, donc j'arrive à suivre le cours enfin de manière furtive. J'approuve la jeune fille – celle dont il ne faut pas prononcer le nom que je ne connais pas – lorsqu'elle propose de ramener un coussin. Ensuite elle me parle d'un certain Lukas, j'ai pas la moindre idée de qui elle parle. De son copain ? D'un ami ? De son cousin ? Va savoir. Elle me dit finalement son prénom qui est très sympa et en plus cela sonne gentil. Je ne crois pas que le prénom influence sur la vie, sinon mon prénom est vraiment ironique je crois... « En effet c'est toujours bon à savoir ! Puis c'est sympa de dealer des cookies, mais les matelas c'est un niveau au dessus ! » Le jour ou je dealerais du nutella je serais la reine du monde ! Je réagis seulement après qu'il serait normal de se présenter à mon tour.   « Et moi c'est Hope, au cas où tu aurais besoin d'une complice pour ton trafique de matelas. J'ai toujours sus dans mon fond intérieur que j'étais faite pour la criminalité.  » Prenant un air faussement sérieux avec un doigt sur la lèvre en faisant un léger mouvement de la tête.   « Je viens dans ce cours uniquement pour voir donc c'est peut-être pour ça qu'on s'est déjà croisé.  » Illumination du jour... Et non je ne suis pas au club MED, je viens réellement pour assister aux cours. Je viens juste de moins en moins... Pour des cookies, je crois que je vais pouvoir revenir.