Je me sentais errante. Aussi bien physiquement que mentalement. Mes pas m’avaient emmené au cimetière. Ma place était là et non dans ce monde. Un discours que je n’avais jamais pensé pouvoir tenir un jour. Livia, la jolie fille adoptive des Illiev. Pétillante, magique et fraîche. Un bien joli souvenir. A l’heure actuelle, je n’étais qu’une stupide illusion. Du jour au lendemain, je pouvais disparaître aux yeux de tous sans avoir eu le temps d’avoir mon mot à dire. Morte. En obtenant ce statut, j’avais perdu toute indépendance, ne sachant quel avenir m’attendait ici ou ailleurs.
La vengeance avait été le mot qui m’avait séduit lorsque j’étais revenue ici. Une fin de vie d’humaine bien trop humiliante et une vie de vampire presque inexistante. Je voulais que le monde souffre comme j’avais souffert. Dans cette idée, je trouvais qu’il y avait quelque chose d’amusant. Je pouvais devenir une sorte de dieu invincible...
Tatia ou aussi appelée Maman. Une femme et même la plus belle que je n’avais jamais connu. Elle souffrait ou plutôt, elle me semblait bien trop préoccupée par sa vengeance contre Elena et son désir de retrouver son bel Elijah. Elle n’était qu’un fantôme. Elle ne faisait plus parti de ces gens, de ces humains naïfs et attachants. Nous étions pareilles. Animées par la vengeance et l’amour. Nous étions deux jeunes femmes rêveuses et stupides.
Plantée devant la statue de pierre d’un ange, je la fixais longuement. Elle était là depuis si longtemps. On avait enterré mon corps pas très loin de là. J’étais redevable aux loups de m’avoir retrouvée -ou plutôt mon corps défunt- pour m’offrir le repos. Il n’y avait plus de trace de ma tombe. Elle avait été recouverte par la terre et la verdure. Elle avait vieillie et la nature l’avait lentement consumée.
La nuit était en train de tombée. Il faisait froid, le vent semblait glacial. Je ne pouvais pas le ressentir. Mon corps n'était plus vraiment un corps et j'étais plus proche d'une enveloppe charnelle constamment engourdie plutôt que d'un vrai corps. Aucun bruit n'était perceptible et la sensation d'être retournée dans une boîte sous terre commençait par me prendre aux tripes.
Tout mes repères s'effacèrent lentement, mes oreilles se bouchèrent laissant sonner dans ma tête un bourdonnement sourd. Ma tête était saisie d'un tournis continu. Ma respiration devenait de plus en plus haletante. L'envie de crier rendait mon corps presque frénétique mais je ne pouvais m'exécuter.
D'une seconde à l'autre, tout s'arrêta. Retour au point de départ. Mon corps était tombé sur l'herbe mouillée du cimetière et mon regard était tout droit fixé à cette micro pierre derrière la statue. Ruines et reste de mon tombeau...
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