QUINN Ϟ Don't you remember ? I'm a warrior.

La famille, la famille, il fallait croire que les gens ne juraient que par ça, comme si nous étions incapable de vivre sans. A l’heure actuelle, Quinn ne savait plus très bien ce qu’elle pouvait trouver comme définition pour ce mot si particulier. Famille, un enfer sur terre et un point de repère, ce qui nous manque quand précisément on ne l’a pas et ce qui nous bloque quand, à l’inverse, on a une famille. Quinn regardait ce petit ange jouer en toute insouciance dans le parc, ignorant absolument tout de son existence. Et pour cause, elle n’était rien d’autre qu’un monstre, face à lui, l’horreur de ses actes lui revenait en pleine figure. Elle ne méritait en rien de faire partie de la vie d’un être innocent, elle qui avait tué. Tué, oui, c’était ce qu’elle avait fait et malgré toutes les bonnes raisons qu’elle avait eues de le faire, aucune ne tenait la route. Il n’y a jamais réellement de bonne raison pour tuer d’autant plus que ce jour-là, elle n’avait pas fait « que » tuer un Homme, elle avait détruit sa famille.  Elle posa un instant son regard sur cette femme qu’elle n’avait jamais compris mais qu’elle avait aimé comme personne. Aujourd’hui, elle ne savait plus quoi penser de cette femme ni même qui elle était réellement, elle l’avait appelé maman durant des années et  à présent… elle n’était plus qu’une étrangère. L’horreur des évènements et des mots qu’elles avaient pu se dire revenait aux oreilles de la jolie rouquine malgré tous ses efforts pour les oublier.

La pensée que tout ça ne serait jamais arrivé si sa mère n’avait pas rencontré cet homme percuta une nouvelle fois son esprit. Elle se souvenait du « oui » de sa mère en robe blanche devant le prêtre et de la soufflante qu’elle s’était prise pour avoir hurlé un « non » et être partie en courant de l’église. Elle n’avait jamais aimé son beau-père, sans trop savoir pourquoi –au début- elle n’avait pas la moindre confiance en lui, il lui faisait peur. Bref, toujours est-il que du haut de ses six ans à l’époque, elle avait eu raison de ne pas lui accorder sa confiance. Jane Olson se retrouva bien vite roué de coup par son mari et pour la plus grande horreur de Quinn, elle ne réagissait même pas.

En grandissant, Quinn, bien que totalement vulnérable face à cette brute, ne pouvait s’empêcher d’intervenir. Elle était on ne peut plus protectrice envers sa mère parce qu’elle était simplement la seule personne qui comptait réellement à ses yeux. Ses tentatives étaient toujours vaines et elle se retrouvait face à la porte de sa chambre verrouillée, prisonnière dans sa propre maison. Et même si jour après jour elle était de plus en plus déterminée à faire cesser les agissement de son beau-père, il la détruisait moralement. En agissant ainsi, il avait fait d’une petite fille calme et discrète une adolescente colérique, violente et renfermée. N’ayant confiance en personne et certainement en les hommes, la moindre provocation de qui que ce soit finissait en conflit violent. Derrière les allures de poupée se trouvait un véritable démon.

Malgré tout, elle n’avait jamais pensé tuer Vince, elle ne l’appréciait pas mais sa mère l’aimait d’un amour démesuré, d’un amour qu’elle ne parvenait pas à comprendre, à justifier mais qu’elle savait bien plus fort que celui qu’elle portait à sa propre fille. Tout à changer quand sa mère est tombée enceinte. Quinn avait bêtement imaginé qu’une grossesse calmerait les pulsions violente de ce détestable abrutit machiste mais il n’en fut rien. Lorsque Jane annonça sa grossesse au prétendu futur papa, il leva, une fois de plus, la main sur elle mais ce fut la dernière. Sans comprendre le pourquoi du comment, Quinn attrapa un couteau de cuisine pour le planter lâchement dans le dos de Vince. Un simple coup de couteau dans le dos et elle vit quatre-vingt-dix kilos de muscles s’écrouler lamentablement et s’étaler sur le sol.

« Qu’est-ce que tu as fait ?! Espèce de petite pétasse ! ». « Tu n’es qu’un monstre ! Je savais bien que tu n’étais pas normale pour que tes parents t’abandonnent ! J’aurais dû te laisser crever ». « Je veux que tu partes d’ici et que ne revienne jamais, barre-toi ou j’appelle les flics ! ». Oui, c’était les phrases que sa mère… ou plus exactement, les mots de cette femme qu’elle regardait. Les mots exacts qu’elle avait dits après le crime de Quinn. Parce qu’elle devait l’admettre elle avait commis un crime, quelque chose d’abjecte et la volonté de bien faire n’y changeait rien. Cependant, ce jour-là, quelque chose c’était brisé en elle, pas uniquement parce qu’elle avait tué mais parce que les vérités que lui avait lancé sa mère à la figure, elle les ignorait jusqu’alors. Elle n’était qu’un bébé trouvé, un bébé abandonné sur le seuil de la porte. Sa mère n’avait jamais été sa mère et elle ne connaissait rien de son histoire, de ses origines. Perdue, elle était réellement perdue, ces révélations avaient plongé sa vie dans un flou qu’elle ne parvenait pas à défaire. Même si aujourd'hui elle se qualifiait de monstre, c'était une jeune femme sensible et aimante.

Elle reposa son regard triste sur celui qui aurait dû être son petit-frère. Il n’avait pas de sang de loup dans les veines, lui. Elle ferma les yeux en repensant au souvenir atroce de sa première transformation à cette douleur si vive, si intense qu’elle avait pu ressentir. Ses poils se hérissaient d’horreur rien que d’y penser. Elle avait fui la maison, paniquée, perdue, horrifiée et comme si ça n’avait pas suffi il avait fallu qu’elle découvre sa nature profonde, qu’elle découvre qu’elle avait des gênes de loup-garou. Des gênes de loup-garou qui ne se seraient jamais déclenchés si elle n’avait pas tué, était-elle destinée à le faire ? Son code génétique l’avait-il poussé à devenir ce monstre ?  Par chance au milieu de ce malheur, elle était tombée sur une autre louve. Méfiante comme à son habitude, Quinn avait eu du mal à croire en tout ce qu’elle pouvait bien lui dire sur les loups, les sorcières, les vampires, les malédictions, Marcel et tout ça mais, elle devait se rendre à l’évidence, le monde qu’elle avait toujours connu n’était en réalité, qu’une illusion, un mirage.

« Vince, vient voir maman ! ». Aussitôt Quinn releva la tête en entendant ces mots. Elle avait osé l’appeler Vince comme son père ? Comme l’Homme qu’elle avait tué ? Elle avait donné à un petit être innocent le nom d’un homme violent. S’en était trop pour la jolie rouquine qui déserta rapidement le parc, pour se retrouver dans un bar du quartier français à noyer son chagrin.  Elle ne cessait de ruminer toutes ses informations, l’horreur de sa nature, l’horreur de l’Homme qu’elle avait tué. Son cœur était rempli de regrets, de remords, elle était tout simplement incapable de se pardonner ce qu’elle avait mais, elle était tout aussi incapable de pardonner Vince… ou sa mère. Le terme famille avait perdu tout son sens et avec lui, les repères d’une jeune femme qui n’avait jamais aspiré à cette vie de souffrance.  Elle but un verre puis un autre et encore un autre jusqu’à ne plus réellement savoir compter.  Son poing s’écrasa dans la figure d’un pauvre mec qui avait eu l’excellente idée de tenter une approche. Un coup de poing qui dégénéra assez vite dans le bar avec de nombreux dégâts collatéraux mais, la conscience de Quinn était loin et sa colère bouillait en elle. Elle bouillait constamment en elle depuis qu’elle avait été mise à la porte et chaque jour elle s’enfonçait un peu plus dans cette colère noire.

Cependant, on ne fait rien impunément et si cette bagarre n’était qu’une bagarre au milieu d’un bar du quartier français, les conséquences allaient être toutes autres pour la jolie rouquine. Traîner dans un quartier qui regorge de sorcières, dans une ville dominée par un vampire qui est désireux d’éradiquer les loups n’était pas franchement la meilleure idée qu’elle ait eue. Se faire remarquer n’avait été qu’une erreur de plus qui n’était déterminante que pour le moment où les rôdeurs de Marcel allaient les tomber dessus. A peine eut-elle mit les pieds dehors qu’il en était finit de la jolie demoiselle. Que pouvait-elle faire face à six vampires qui voulaient sa mort ? Pas grand-chose en somme et ses tentatives pour leur fracasser la mâchoire avaient été purement vaines.

Les choses auraient réellement pu en finir là, une pauvre petite louve tuée par les vampires… une de plus une de moins qu’elle différence ? Cependant, le chemin de Quinn fut bousculé par l’arrivé d’un Homme on ne peut charmant et on ne peut plus cynique. Il était là, sous les yeux de Quinn se jouer des rodeurs avec une classe depuis longtemps disparue. La jolie rouquine était partagée entre l’envie de rester planqué bien gentiment derrière lui et l’idée de fuir, loin très loin. Après tout, ce type pouvait être bien pire que les six vampires réunis non ? Il fallait croire qu’elle avait jugé que non puisque, sans vraiment pourquoi, elle était restée, elle avait assisté à cette scène… magique. En deux ou trois mouvements, les vampires de Marcel n’étaient plus et la jolie rouquine s’était retrouvée seule en compagnie de Nicklaus, un vampire originel… ou plus exactement un hybride originel.

Devenir mi loup-garou, mi vampire n’était pas vraiment au programme de Quinn mais, Klaus avait su trouver les arguments pour la convaincre –enfin convaincre était un bien grand mot pour le coup-.  Klaus avait fait d’elle un être bien plus puissant, bien plus rapide et délivré de la dite malédiction des loups garous. Néanmoins, elle était totalement dédiée aux exigences de l’originel. Cette simple idée aurait pu écœurer Quinn, la mettre hors d’elle mais il n’en fut rien. Du moins rien d’aussi extrême, elle n’était fan de l’idée en soit mais, elle ne faisait rien pour rompre ce lien si particulier. Klaus l’avait sauvé, il lui avait appris bien plus de choses que n’importe qui sur qui elle était, sur le monde dans lequel elle vivait réellement. Il savait notamment qu’elle faisait partie de la meute du Bayou, un nom qu’elle ne connaissait pas jusqu’alors mais qui la reliait un peu plus à l’hybride originel puisque cette meute était aussi la sienne. Elle n’avait pas franchement le choix mais elle était prête à être fidèle à Nicklaus. Elle prête à le suivre notamment dans son objectif de reprendre la Nouvelle-Orléans en main et donc virer Marcel de son trône. Au fond, Quinn n’attendait que ça, que Marcellus reçoive une bonne leçon et qu’il comprenne enfin qu’il n’avait aucun droit de vie et de mort sur les espèces qui l’entourent. Rancunière la demoiselle ? Non, jamais !