J'aurais voulu être un gangster • Ez'

J'ai vécu toute ma vie à Paris. Mon père était anglais, il paraît, mais ma mère a eu la folle obligeance de nous faire naître dans la capitale française. Et d'y mourir. Non pas que ça m'ait dérangé plus que cela, je l'ai pas connu de toute façon. Mais dans un pays où la rébellion est chose courante et tous les jeunes veulent vivre bien trop intensément des expériences bien trop profondes, être quelqu'un qui n'a rien à y perdre n'est pas forcément une bonne chose.
J'ai vingt ans. Tout à voir, tout à faire, et pourtant, ma to do list se vide de jour en jour. Je ne suis jamais tombé amoureux. L'amour, c'est pour ceux qui n'ont rien à faire d'autre. Pour ceux qui ont le temps et qui ne sont pas enfermés dans une existence surnaturelle. Ce n'est pas pour moi. Sans doute. Je suis un mauvais garçon. Les adolescentes n'ont jamais été autorisées par leurs parents à sortir avec moi. Trop de tatouages, trop de cigarettes, trop de bouteilles en vue sortaient en même temps que moi. Les adolescentes le faisait quand même. Je sais ce que je vaux, je ne me pense pas supérieur, je le suis. Je possède une intelligence exemplaire, qui contraste avec ma vie toute entière. J'aime la démesure, le sexe, l'alcool, mais en vérité, je ne suis qu'un gamin à qui on a donné les mauvaises clés pour réussir. Mais qui a réussit quand même, avec les bonnes serrures. J'ai de l'argent. Je suis recherché aussi dans la France entière pour la même raison. Et en Angleterre aussi. Sans doute également en Italie et en Russie. J'aime bien la Russie. J'y ai rencontré des gens sympas, puis je les ai volé. Ils me haïssent maintenant. Moi je m'en fous. Je suis pas le genre de mecs qui s'attachent. L'attachement, c'est la plus grande faiblesse des hommes, comme l'alcool. Donc j'ai choisi une faiblesse, pas les deux. Quoique … Je donnerais ma vie pour mon frère. Réellement. On est pareils, on se fout de tout, on a vécu les mêmes choses, fait les mêmes conneries. Pour un peu et on croirait qu'on s'est juste dédoublé. Lui. Ca a toujours été lui, du genre Les Orphelins Sauvages. Lui, moi, et c'est tout. Et Elle. Je m'y suis attaché. Trop, Voilà pourquoi je ne m'attache plus sans doute. J'ai réussi à prouver que ça ne servait qu'à blesser l'autre. Je ne suis qu'un loup. Un loup solitaire. Je n'ai pas de meute, ma meute, c'est mon frère.

Je suis un jeune insolent, je suis moqueur, beaucoup trop, je prends le monde comme acquis, car il me doit tout. J'ai droit à tout ce que l'on veut bien m'offrir et pourtant, j'ai tant fait pour qu'on ne m'offre rien. Je suis hautain, et surtout, le plus irrespectueux des hommes. Pourtant, beaucoup m'aiment comme cela. Il faut croire que la manière la plus facile de se faire des amis est de ne pas en vouloir. Je souris tout le temps, mais ce n'est jamais bon signe, les femmes pour moi sont des objets, il est rare qu'après les avoir utilisé, je ne me volatilise pas. Je ne suis pas infidèle, puisque je ne m'engage pas. A Paris, croyez le ou non, le genre de mecs que je suis n'est pas seul le moindre soir. Je suis un peu insouciant, sur les bords. Je ne prends pas garde aux conséquences de mes actes. En tant que loup, toutefois, je fais en sorte de blesser le moins de monde possible, c'est pourquoi Adriyel et moi nous arrangeons toujours pour être attachés les soirs de pleine lune. Solidement.

J'aime aussi beaucoup apprendre. Etonnant pour un mec qui a arrêté l'école après avoir raté son bac, hein ? Je trouve aussi. Mais je m'en fous, ça fait partie de ce que je préfère faire. Avec la photographie. J'ai volé un appareil un jour, alors au début j'ai voulu le revendre. Mais je l'ai essayé d'abord, et j'ai fini par le garder. Je suis plutôt doué apparemment, mais c'est pas ce qui me préoccupe. D'abord, je m'amuse, j'avise ensuite.

En bref, je suis le roi du monde, que ça te plaise ou non.