Un début de soirée chaotique - Kol Mikaelson

G

uirlandes et lumières de fêtes étaient à l'honneur. D'un pas sur et décidé je me rendais sur mon lieu de travail. Ce soir je remplaçais Tommy, il voulait faire les courses pour les cadeaux de noël. C'est une chose qui n'était pas dans mes priorités. Je savais que je devais faire un cadeau pour Evelyn, peut-être aussi pour oncle Kieran. Je freinais un peu dans mon avancée, mon regard se posa instinctivement vers la direction du quartier des artistes. J'en ferais un aussi à Klaus bien qu'il soit blindé niveau argent. Je l'aimais bien et peut-être même un peu plus. Je passais par les chemins où la neige avait été dégagée. Je relevais instinctivement ma tête vers le ciel quand les flocons commencèrent à tomber. Un léger sourire nostalgique apparu sur mon visage alors que, dans un frisson, je trouvais enfin le refuge et la chaleur du bar. Ce noël s’annonçait des plus maussades, c'était le tout premier sans Sean. Je ne savais même pas si j'aurais le droit à un coup de fil de mes parents qui s’entraînaient à faire les morts depuis le décès de mon jumeau.
Je soufflais sur mes mains, créant un peu de buée quand la porte se referma derrière moi. La vie privée et le travail, c'étaient deux choses différentes. C'était la fin des pensées maussades. Au moment de ma pause, j'aurais tout le loisir de me morfondre avec mes livres de psychologie.

« Salut Tommy ! Prêt à rendre ton tablier pour ce soir ? »

Je m'avançais vers le comptoir avec un sourire radieux. Je retirais mon écharpe et mon manteau que je glissais dans notre compartiment d'affaires personnelles en dessous du bar.

« T'es sur que ça va aller ? Sophie s'est pas pointée hier... Tu risques d'être toute seule jusqu'à la fermeture pour le bar. »

Je gardais toujours mon sourire chaleureux et calme. Je me redressais tout en le regardant droit dans les yeux.

« On est en début de soirée pour l'instant. Sophie viendra peut-être. De toute façon je sais me défendre, ne t'en fais pas. »

Dans mon ton de voix j'essayais de passer à quel point j'étais sur de moi à ce niveau-là. Après tout, c'était bien moi la barmaid qui rentrait seule tous les soirs. J'étais bien capable d'arrêter une altercation ou de renvoyer chez eux certains qui étaient trop ronds. Il m'était arrivé plus d'une fois de devoir appeler des taxis pour certains clients.
Mon collègue semblait hésitant. J'imaginais qu'il se sentait coupable de me laisser seule alors que c'était à lui de bosser ce soir. Je lui renvoyais un petit sourire accompagné d'un clin d’œil.

« Allé ! Puisque je te dis que ça va aller... Promis, je ne serais pas sur le journal télévisée demain matin. »

Je riais un peu pour accompagné mon ironie particulière, il finit par céder. J'ouvrais la caisse à mon nom et je nettoyais le comptoir quand mes premiers clients commandèrent. L'endroit n'était pas encore bondé, mais je savais bien qu'en période de fête, il risquait de l'être. Comme souvent en début de soirée, je servais surtout des demis.
Mon envie d’attraper l'un de mes livres de psychologie me démangeait. En début de soirée, soit c'était l'horreur, soit c'était le calme plat. Inconsciemment, j’espérais que ce ne soit pas le calme annonciateur de tempête.

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A.

force de travailler ici tous les jours, je ne prêtais plus attention à la musique. C'est un peu comme les personnes qui travaillent dans des endroits tels que des magasins de fringues avec de la musique forte et des néons agressifs. Notre esprit fait barrage et arrive à éliminer ce qui, à la longue, pourrait nous taper sur le système. Ce n'était pas mon cas, j'aimais bien la piste de musique que l'on diffusait. En grande partie, on avait le choix en matière de musique, ensuite on faisait nos propositions à Sophie. Mais j'étais concentrée dans ma tâche, ne faisant même pas attention à ce que mes oreilles entendaient depuis le début.
Au moment même où l'un de mes clients se mit à battre le rythme sur le comptoir, je compris rapidement que mes mouvements était dirigés vers le même rythme. J'étais avenante comme toujours, lui offrant un grand sourire accueillant. Sa manière de se tenir et d'observer l'endroit me faisait sourire intérieurement. J'avais le sentiment que ce touriste était quelqu'un de sur de lui, peut-être même un peu hautain. C'est du moins ce qu'il voulait passer de par son attitude. Mais l'heure n'était pas à la psychologie. Je rangeais sous le comptoir mes outils de ménage et m'avançait vers le premier oiseau chanteur de la soirée. Il avait une assez belle voix et ça m'aurait amusé de le voir chanter sur scène lors de nos soirées karaoké, mais il était sûrement que de passage. Alors que le regard du séduisant client se posait sur moi, je prenais légèrement les devants.

« Bonsoir, qu'es-ce que je peux vous servir ? »

J'allais très vite déchanté au moment même où il entreprit de me répondre.

« Pour faire dans l'originalité, je vais prendre un Bourbon, en référence à ce pub délabré.. »

J'émis un léger rire discret à cette première réflexion. Heureusement que les touristes d'un soir n'était pas tous comme ça. Il avait sans doute passé une mauvaise journée, et comme souvent, c'est la barmaid du coin sur laquelle on cherche à se défouler. Je penchais légèrement la tête sur le côté et entreprit de lui répondre sur un ton agréable.

« Le pub a peut-être un charme désuet mais si vous êtes un connaisseur de vin, vous savez que plus il est vieux, meilleur il est. »

Je lui offrais un grand sourire, pas le moins du monde irritée. Sous ses yeux je versais l'alcool demandé avec deux glaçons qui tintait au fur et à mesure que le niveau de boisson venait emplir le verre. Avec un petit dessous de verre, je le glissais dans sa direction et me penchait très légèrement pour ajouter, comme une confidence.

« Vous ne seriez pas entré ici s'il vous déplaisait à ce point... Il y a des tas de bars à la Nouvelle-Orléans. »

Je rangeais aussitôt la bouteille et m'appliquait à remettre mon badge correctement, pensant que j'allais reprendre un ménage mécanique. Le beau gosse se permit de me glisser quelques remarques provocatrices.

« La rue adjacente au pub est souvent blindée de clodos ou c'est un supplément du service médiocre de ce bar ? Une jeune femme dans votre genre devrait faire davantage attention dans les environs.. »

Je lui lançais un petit sourire en coin et me permit de servir un autre client avant de lui répondre à lui, histoire de lui montrer qu'il ne m'atteignait pas. Sur le ton aussi maîtrisé, je repris la conversation.
Il y avait un millier de façon de le remettre à sa place. Seulement, ce qu'il cherchait avant tout, c'était une réaction. Plus je m'appliquais à rester calme, moins il obtenait ce qu'il souhaitait. La formule : Le client est roi, était tellement pratique, parce que c'est de cette façon que je comptais le fatiguer avec ses pics et ses petits sourires provocateurs qui montraient exactement ce qu'il était venu chercher. Mes mains se posaient à plat sur le comptoir, j'affichais toujours un sourire doux.

« Il commence à faire froid, ils cherchent un endroit où se mettre à l’abri. Ils cherchent aussi un petit coup de pouce de la part des touristes qui auraient quelque chose à leur donner. » Je glissais un sourire dans mes propos. Avait-il une seule idée de ce que cela faisait de vivre dans la rue ? A voir ses vêtements, je dirais que non. Mais je ne vais pas commencer à le juger, ce serait rentrer dans son jeu. « Si le service ne vous plaît pas, je vous invite à laisser un mot à la gérante du bar... » La dernière phrase du client sonnait comme un avertissement. Je fronçais les sourcils en croisant les bras sur ma poitrine. « La petite barmaid est ceinture noir de karaté, ne vous en faites pas. » Je lui fit un clin d’œil et pris un ton rassurant comme si j'avais pu penser une seule seconde qu'il s'inquiétait vraiment pour moi.

Je profitais que la musique touche à sa fin pour détourner le regard un instant, attendant que la nouvelle se mette en route. Elle le ferait, c'était certain, mais je sentais qu'il n'allait pas abandonné tout de suite et que j'allais de nouveau affronté son petit air effronté.

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I

l semblait bien décidé à ne pas lâcher prise. J'essayais de voir la chose évoluer dans quelques minutes. Je craignais que tout cela finisse mal. Si nous restions tous les deux entêtés sur nos positions. Moi qui était déterminé à ne pas le laisser jouer avec mes émotions et lui qui était prêt à tout pour avoir un semblant d'animation, une réaction négative de ma part. J'allais devoir la jouer fine et mon service venait à peine de débuter, qu'en serait-il après son départ ? J'avouais honteusement qu'il y aurait une certaine forme de soulagement quand il repasserait le seuil de la porte.

« C'est vrai.. Vous marquez un point. Néanmoins, je dois bien avouer que c'est le premier bar qui m'est tombé sous les yeux. Ainsi, est-ce que votre argument compte vraiment ? Plus tellement.. »

Je gardais mon sourire avenant que j'offrais à n'importe quel client. Il ne faisait que montrer une certaine distance, comme un mur invisible qui me protégeait des phénomènes dans son genre. Je haussais les épaules avec un petit mouvement de tête sur le côté. Mon regard émeraude plongeait dans ses yeux ambrés.

« Au moins il est bien placé si c'est le premier qui vous ai tapé dans l’œil... »

Ne souhaitant pas prendre le risque de m'enfoncer dans une telle discussion, je cessais là mon argumentation, n'en faisant pas des tonnes. Après tout, il était assis là comme n'importe quel client, peu importe les critiques qui sortait de sa bouche. Pourvu que l'alcool puisse le rendre un peu plus aimable.

Mon regard un peu perdu dans le vague attendait que la nouvelle musique vienne remplacer l'ancienne. A ce moment c'est le rire du mec sexy qui résonna dans mes oreilles. S'il continuait, j'allais me prendre un verre aussi. Cependant, n'étant pas du genre à craquer facilement, je me montrais digne face à lui, souriante, aimable, à l'écoute.

« Une visite personnelle serait certainement plus efficace, croyez-moi. »

Je plissais mon regard, dévoilant mes dents blanches avec un sourire. La question m'échappa, mais avec le ton de la barmaid sympa qui allait avec, ça passait sans que ce soit mal pris.

« Vous comptez revenir ici ? » Je me repris aussitôt avec un sourire en coin. « Je pensais que vous étiez un touriste de passage. »

Je fronçais quelques peu les sourcils quand il évoqua que le karaté ne pouvait pas me sortir de toutes les situations. Je voulu répliquer, toujours avec la même sympathie, quand un habitué du bar eu un comportement plus qu'étrange.
J'eus un sursaut et m'éloigna d'un pas du comptoir. Le bruit du verre brisé me vrilla les tympans. Sur le moment j'assistais à la scène avec beaucoup d'appréhension, mon cœur battait à tout rompre. Cet événement me fit l'effet d'un choc électrique. Je venais d'assister à une petite scène qui n'était pas sans me rappeler mon frère et sur le moment, je suis restée paralysée. Je fixais l'homme qui reprenait soudainement son calme et je sentais un malaise profond m'envahir. C'est la voix de mon client qui me rappela sur terre.

« Et vous ne faîtes rien pour les cas comme ça ? Imaginez s'il se retourne et qu'il m'entaille la carotide à l'aide d'un morceau de verre ? La karatéka perd alors tout crédit.. »

Je le fixais avec un regard plein d'incompréhension l'ombre d'une seconde avant de me reprendre. Il était entrain de dramatiser la situation. J'ouvris la bouche pour lui répondre, il y eu un temps infini qui ne dura en réalité que deux secondes avant que je ne dise que deux mots.

« Un instant... »

D'un pas déterminé et rapide, j’augmentai brusquement le volume de la musique qui avait chassé l'autre. Je passais le comptoir après l'avoir bien fermé derrière moi. Je me postais en face du client qui s'était mis dans un état plus que choquant pour toute la salle.

« Payez votre verre et allez vous-en. »

Mon ton n'avait plus rien d'amical, le buveur semblait hagard et perdu. Il tentait de se défendre vainement.

« Je... Cami... Je te jure que je ne sais pas ce qui m'a pris, ne réagis pas comme ça. Je suis navré, sincèrement navré. »

« Comment es-ce que je suis sensée réagir d'après toi ? Tu régleras le problème avec Sophie, pendant mes services, je ne te laisserais plus rentrer dans le bar. Pense aussi aux autres clients, je n'ai pas à faire la police parmi vous. Tu sais très bien que je ne fais pas d'exception, on est pas un bar de bagarre... »

Mon ton était ferme et convaincant, si bien que l'homme ne broncha pas plus que ça, bien qu'il semblait se montrer très mal. Je n'avais pas le loisir de me pencher sur son cas quand je tenais le bar toute seule. Alors qu'il payait sa consommation et que j'étais de nouveau derrière le bar, je remis le volume tel qu'il était avant. Il sortit du bar sans histoire. Dans la salle s'élevait déjà des rumeurs, certaines parlaient d'ennuis qu'il avait à son travail, d'autres qu'il venait de se faire larguer. Bref, les ragots habituels, je n'y prêtais pas attention.
Je revenais vers mon enquiquineur de début de soirée, toujours aussi souriante, j'entrepris de le rassurer sur la situation.

« Vous ne risquez rien.. Du moins, pas plus que lorsque vous traversez la rue sans savoir si un camion va venir vous faucher au tournant. » J'avouais intérieurement que j'aurais pu mieux emballer les choses, bien que j'y mettais beaucoup d'ironie. Je soupirais quelques peu et dis plus sérieusement. « Je suis désolée pour ce mouvement de colère de la part de ce client.. » Histoire de ne pas dramatiser la situation, j'ajoutais avec un sourire en coin. « Ça fait un peu partit du folklore de cette ville ; le danger. On est très accès sur le monde des vampires en ce moment. » Je riais quelques peu pour détendre l'atmosphère et lui faisait un clin d’œil.

Je ressortis de mon comptoir avec la même surveillance qu'il y a quelques minutes, je devais me débarrasser des bouts de verre et passer un peu la serpillière pour que personne ne se blesse. Au passage, je faisais des excuses à certaines tables.

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Q

ue faire quand le monde ne tourne plus rond ? Cette ville était emplie de mystères, même si je m'évertuais à dire qu'il s'agissait de folklore. Entre cette église qui m'avait hanté plusieurs mois, ces oublis qui m'arrivaient soudain... Risquais-je de finir comme Sean ? C'était cette question qui était collée à mes lèvres. L'accident avec ce client me rappelait le moment le plus horrible et terrifiant de ma jeune vie. Ce n'était pas contre mon nouveau client, mais c'est vrai que j'aurais préféré qu'il cherche à provoquer quelqu'un d'autre que ma personne. Surtout s'il comptait réellement prévenir Sophie d'un mauvais service en salle. Le client est roi, et, contrairement à ce que l'on pourrait penser, je suis sans doute sur un siège éjectable. S'il se montrait convaincant et qu'il devenait régulier, il avait moyen de faire pression pour mon renvoi. A la Nouvelle-Orléans, il y avait beaucoup de personnes qui recherchaient un emploi, on gagnait bien sa vie ici.

Au-delà de ça, j'avoue avec prudence que je n'étais pas certaine d'être toujours heureuse derrière mon comptoir si, en nouveau régulier, il venait me provoquer quand je venais le servir. Néanmoins, il avait un charme certain. Ce qui n'excusait pas son comportement provocateur. Pourvu qu'il ne soit pas révélateur de la morale de la Belle et la Bête. Je croisais les doigts pour que sa beauté d'apparence ne cache pas de laideur intérieur. Mais je n'étais pas ce genre de fille, pour moi, tout le monde aspire à être bon. Il fallait que je le vois comme un homme qui cache son bon fond. Peut-être qu'au contraire, je finirais par l'apprécier. Je restais donc attentive, pendu à ses lèvres.

« Un touriste peut très bien rester quelques jours, une semaine, deux. Cela dépendra simplement de la richesse de la ville. Et pourquoi pas tout simplement rester sur le long terme. Si la ville me plaît, je suis prêt à beaucoup. »

Pour la première fois, je souriais de façon amusée et tout à fait sincère. Je haussais légèrement les épaules, greffant mon sourire en coin.

« Si le bar ne vous plaît pas, pourquoi rester fidèle à ce dernier ? » Je lui offris un grand sourire avant d'y glisser un léger clin d’œil. « Vous ne devez pas être attaché à l'endroit où vous habitez actuellement. Vous venez d'où ? » Je m'appuyais sur le comptoir avant de lâcher comme une confidence. « C'est une belle ville, très grande, mais surtout destinée aux touristes. Il faut aimer le changement perpétuel. Par contre c'est l’occasion de faire de multiples rencontres. »

Étant étudiante en psychologie, ce genre de ville était providentielle. Mais il ne fallait pas forcément s'attacher à tout et tout le monde. Il y a beaucoup trop de mouvements pour ça.

Après avoir réglé le soucis avec un habitué du bar, je me sentais mal. J'avais pu paraître dure, mais je ne pouvais pas le laisser rester. Quand j'étais seule, je devais montrer que j'étais belle et bien l'autorité. Les autres personnes qui venaient ici devaient être certains qu'ils ne risquaient rien. J'en ferais part à Sophie pour savoir comment corriger ce petit problème. J'espérais juste qu'il allait rentrer sagement chez lui. Je me mordis discrètement la lèvre. J'aurais mieux fait de lui appeler un taxi, quelle erreur de débutante. Je ne mettais pas vraiment préparée à avoir des problèmes ce soir.
Une fois de nouveau derrière le comptoir, j'accordais de nouveau mon regard sur l'homme chic qui prévoyait de, peut-être, poser ses valises en ville.

« Ne vous excusez pas. Au fait, mon nom est Kol. »

Je remarquais son air moqueur, mais je passais au-dessus, lui offrant un sourire amicale.

« Enchantée Kol, je m'appelle Camille, mais appelez moi Cami. »

Quelque part, cela m'amusait qu'il se présente à moi après avoir essayé de me mettre les nerfs en pelote. Finalement, j'allais peut-être réellement l'apprécier. Je restais quand même sur mes gardes. Il semblait joueur et ce n'était pas forcément une bonne chose, surtout seule pour gérer les débordements. Peu à peu il prenait des allures de client tout à fait normal et posé, me demandant comme un simple touriste ce qui se passait vraiment en ville.

« Et que pouvez-vous me dire sur ce folklore ? Les sorcières de la Nouvelle-Orléans sont très célèbres dans les légendes. Il paraît même qu'une grande culture ésotérique est présente dans cette ville, vous confirmez ? Bien sûr, tout ceci ne doit être que du mensonge, des rumeurs, mais j'ai toujours été attiré par le paranormal. »

Je n'avais pas envie de dire de bêtise en lui donnant des informations. Je trouvais cela amusant qu'il soit penché paranormal, mon sourire en témoignait. Mais je ne fis pas de réflexion là-dessus.

« C'est vrai que l'on est assez accès vampires et sorcières. C'est un peu comme tout, il y a toujours des sceptiques, que cela ne vous empêche pas d'y croire pour autant. J'aurais tendance à croire que ça marche aussi quand on y apporte une certaine forme de crédit. Vous avez tout un quartier réservé aux domaines de la magie. Il y a même des visites touristiques, ne vous en privez pas, c'est très intéressant. » J'émettais une petite pause d'hésitation avant de reprendre. « C'est une sorcière qui vous fait la visite guidée, vous pourrez sûrement lui poser les questions que vous vous poser. Elle s'appelle Agnès et elle est vraiment sympa. »

Je m'éclipsais quelques instants pour finir de ramasser les morceaux de verres brisés afin que personne ne puisse se blesser. Visiblement, l'histoire avait déjà été oublié, à part les quelques clients partis, la plupart était resté et sirotait tranquillement leurs verres. Je soupirais de façon discrète, rassurée. Je revenais à ma place, jetant le tout dans la poubelle et je nettoyais mes mains, vérifiant que je ne mettais pas blessé moi-même au passage. Je reprenais ma place, toujours fidèle au poste.

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C

'était plus fort que moi, un peu comme une déformation professionnelle. Je faisais attention à chaque mot employé et retenais le principale pour faire un bref portrait psychologique de chaque personne que je servais. Cela pouvait irriter certains, d'autres étaient plutôt amusés. Certains cherchaient à faire attention quand il savait quel genre d'études je menais, ce qui m'amusais moi. Je n'avais rien dis à Kol, ni sur sa façon de tenter d'obtenir une réaction émotionnelle violente de ma part, ni de son goût prononcé pour ce qui était de montrer un certain côté hautain et un je ne sais quoi de mépris. Il avait une personnalité forte et semblait vouloir que personne ne puisse passer à côté. Il y avait un, je ne sais quoi d'avertissement, tout au fond de son regard. C'était presque imperceptible, mais c'était bien présent. Il ne faisait pas que parler, c'était certain : Il en imposait, tout simplement. Mais cette carrure, cette façon de parler et de se mouvoir. Son comportement me rappelait une autre personne.

Au final, j'étais toujours assez proche des clients que j'appréciais. Si je n'y prenais pas garde, je finirais encore par apprécier quelqu'un à forte personnalité. Je n'oubliais pas son numéro de tout à l'heure, mais ça ne m'empêchait pas d'apprécier notre conversation. Je pensais que tout ceci allait très mal finir, mais les choses s'étaient adoucis. Peut-être devrais-je quand même rester méfiante, on dit qu'il faut toujours faire attention à l'eau qui dors. Ma curiosité était piquée à vif lorsqu'il semblait se détacher aussi simplement de l'endroit où il avait fait son nid. La question franchis mes lèvres, sans même me dire à moi-même que j'étais intrusive dans la vie de ce touriste.

« L'endroit où j'habite ? Non pas vraiment, disons que c'est une petite ville remplie de paranoïaques.. »

Je fis la moue avec un air amusé. Je ne m'étais pas attendu à une telle réponse. Je souriais en coin en faisant mine de réfléchir.

« Il est peut-être temps de changer d'air... A moins que vous vous considériez comme paranoïaque. » Disais-je sur le ton de la plaisanterie. « Mais je ne suis pas sur que niveau paranoïaque, ils y en aient moins à la Nouvelle-Orléans... Surtout ces derniers temps. » Je lui offris un grand sourire, bien sur, j'avais une personne bien précise en tête, mais je laissais là ma phrase, comme si je l'avais dis au hasard. Mais on ne me payait pas pour mon talent d'actrice, je me doutais bien que personne serait dupe sur le fait qu'au moins, un nom, me venait à l'esprit.

Après qu'il se soit présenté, j'en faisais de même, glissant mon surnom au passage. En réalité, je souhaitais simplement que mon prénom de mamie passe à la trappe. Mais Kol n'était pas pour les familiarités avec les barmaids, de toute évidence.

« Camille suffira parfaitement. »

Je glissais un sourire entendu à sa réponse. Je failli lui glisser de juste éviter de le prononcer à la française. Mais lui faire remarquer serait une bêtise alors qu'il semblait assez joueur au final. Quelque part, je regrettais presque cette barrière, me disant au fil de notre conversation, qu'il devait vraiment être une personne digne d’intérêt. Pour moi, il était presque évident qu'il devait cacher certaines choses. On en cache tous, mais il m'intriguait. Certaines personnes laissent des fenêtres d'ouvertures dans lesquelles on peut se hisser pour en apprendre plus. Il semblait assez fermé, n'offrant que ce qu'il jugeait ne pas être trop précieux à céder. Il semblait ne pas vouloir témoigner d'une quelconque faiblesse.

La conversation pris des tournures habituelles d'un simple touriste en visite. Mais comme il voulait possiblement poser bagage, autant que je lui donne des informations qui pourrait lui servir à terme. Il n'était pas obligé de se présenter tout de suite aux visites, il semblait avoir le temps. La question de son emploi voulait franchir mes lèvres, mais je trouverais bien un moyen de le savoir, de façon détournée. Surtout si nous étions amenés à nous revoir un jour ou l'autre.

« Vous parlez de cette Agnès comme si vous croyez réellement qu'elle soit une sorcière.. Est-ce vraiment le cas ? »

La question me désarçonna, c'était perceptible. J’entrouvris la bouche et puis, comme si je ne voulais pas dire n'importe quoi, je l'a refermais aussitôt. Je cherchais à me remémorer les mots que j'avais dis, ne voulant pas vraiment mêler quelques croyances sur mon lieu de travail. Prudemment je me risquais à répondre.

« Vous voulez dire, de façon folklorique ou de façon plus … sérieuse ? Elle fait partit des sorcières qui animent la ville. Un peu comme ceux qui se mettent des dents en plastiques et se nomment vampire. » Je souris en coin avant de prendre la commande d'un nouveau client et de revenir vers Kol. « Les vampires n'existent pas, à priori. Mais dans cette ville, ils existent. Tout dépend de votre vision de l'existence d'êtres surnaturels. Elle se dit sorcière dans tous les cas. »

Je plissais le regard, semblant méditer sur sa curiosité pour le paranormal.

« Pourquoi être intéressé par les sorcières au fait ? Pourquoi elles et pas d'autres créatures ? » Je lui souriais en coin tout en nettoyant un verre.

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