A l'aveuglette / Gabriella

Je m'étais assis en face de cette femme, plutôt jeune et charmante, parce que j'aimais bien faire des rencontres et ne pas être tout seul le matin quand je prenais mon café. Le regard de la jeune femme était vide, presque blanc. Elle regardait par la fenêtre et sur la table se trouvait des lunettes de soleil. Pas difficile de comprendre qu'elle était aveugle. "Vous arrivez à voir la lumière ?" la jeune femme ne bougea pas et sourit "Quand on est dans l'obscurité à longueur de temps tout ce qu'on peu voir, c'est de la lumière" "Très joliment dit" Je ne pouvait qu'admirer les gens comme elle, aveugle mais indépendante, du moins je pense qu'elle l'était puisqu'avant que j'arrive elle était seule. "Peut-être mais vous ne pouvez pas comprendre, vous ne savez pas ce que c'est." Cette phrase fit déclic dans ma tête. C'est vrai je ne savais pas réellement ce que devait endurer cette femme tous les jours. Et ce qu'elle venait de dire était peut-être beau mais impossible à vivre. Quelque part c'était injuste, pourquoi elle et pas moi ? "Vous avez un foulard ?" La jeune non-voyante fut surprise par cette question mais hocha la tête et le lui tendit "Que voulez vous faire avec ?" Je pris le foulard et lui expliqua en le nouant autour de ma tête, au niveau de mes yeux "Il n'y a pas de raison pour que je ne sache pas ce que ça fait moi aussi" Elle rit, elle avait probablement compris "Vous êtes quelqu'un de lumineux" je souris et la remercia avant d'essayer de me diriger tant bien que mal.

Une catastrophe, je ne sais pas de quoi j'avais l'air mais ça devait être peu glorieux. Trois marches, il y avait trois marches qui séparaient l'entrée du reste du starbucks, il a fallut que je les dévales non sans avoir dit pardon monsieur à un mur quelques secondes avant. J’atterris sur les fesses, par chance. "Et me voila élus pire aveugle de l'année !" Je levais le foulard et clignais des yeux, ça faisait une sacrés lumière d'un seul coup à laquelle mes yeux devaient se réhabituer. Les personnes venant d'entrer me regardaient d'un air perplexe. Oui c'est clair je devait avoir l'air d'un fou comme ça. Je souris et le fit coucou ce qui leur fit pour la plus part tourner le regard et reprendre ce qu'ils avaient laissé en suspend.

Essayer de nouveaux trucs, j'aimais tellement ça que j'en arrivais à faire des trucs complètement stupide, mais je trouvais sa drôle. Faut dire que j'avais toujours eu un sens de l'humour très développé et qu'un rien me faisait sourire. C'était ça ou faire la gueule à longueur de temps, moi j'avais choisit ça qui me semblait de loin être la plus agréable des solutions, vous n'êtes pas d'accord ? Bref tout ça pour dire que je venais de dévaler trois marches en voulant voir ce que c'était d'être aveugle et que j'avais rattéris sur les fesses. J'avais enlevé mon foulard et je laissais mes yeux se réhabitués à la lumière et aux formes qui m'entouraient. C'est comme ça que je vis plusieurs visages tourné vers moi, oui j'avais du attirer l'attention, ainsi qu'une main. Une main ? Je relevais la tête « Vous semblez bien vous amusez. » je souris et attrapai la main que la jeune femme me tendait pour me relever. "C'est le cas et même si ça n'amuse que moi c'est déjà ça" Je disais ça par rapport aux regard des autres personnes de la pièce quand j'avais enlevé le foulard. Faut dire qu'on en voyait pas tous les jours des fous. mais sincèrement le regard des autres ça faisait bien longtemps que je n'en prenait plus compte, je ne sais même pas si j'en avait pris compte un jour. Vous savez comme quand on est tout petit et qu'on en a rien à foutre, j'étais resté enfant quelque part dans ma tête, la preuve j'écrivais de la fiction et non des histoires trop réelles que je trouvais bien souvent ennuyantes. D'ailleurs en parlant de mes livres. « Je me présent Gabriella Armstrong. Je suis une grande admiratrice de votre travail. » Elle me décrocha un nouveau grand sourire et serrai la main qu'elle me tendait cette fois ci pas pour me relever mais bien me saluer "Enchanté Gabriella, vous aller trouver ça stupide mais j'allais me présenter à mon tour alors que je suppose que vous connaissez déjà mon nom" Oui par réflexe j'allais rajouter mon nom, par simple retour, par politesse mais en y réfléchissant elle venait de me dire qu’elle adorait ce que je faisais ce qui signifiait qu'elle me connaissait. "Je ne savais pas que j'avais de si charmantes jeunes femmes parmi mes admiratrices" Ça faisait toujours plaisir de rencontrer quelqu'un qui appréciait votre travail. Bon évidemment je ne pouvais pas savoir que Gabriella était comme certains de mes personnages, mais si je l'avais sut j'aurais probablement été plus fasciné qu'elle. « Je peux vous offrir un verre ? »"Avec plaisir, en fait ça serait même plus logique que ça soit moi qui vous l'offre, est ce que je peux vous offrir un verre ?"

« Oh, la galanterie, cela se fait trop rare à cette époque. J’accepte avec grand plaisir. » Elle avait raison quand on regarde un peu derrière nous les gens étaient beaucoup plus respectueux que maintenant surtout envers la gente féminine. Maintenant la plus part des jeunes n’en avait rien à foutre. Oh je ne me plein pas du monde d’aujourd’hui non plus il y a quand même plein de chose bien mais certaines choses ou valeurs ancienne à notre époque ne pourrait pas faire de mal. Bon après je n’avais plus vingt ans et c’est peut-être aussi pour ça que je pensais comme ça mais contrairement à ce que pense ceux qui ont la moitié de mon âge par rapport à ceux qui ont le double de leur âge, ce n’était pas parce qu’on avait quarante ans qu’on ne savait pas s’amuser ! D’ailleurs j’étais à peu près sûr de m’amuser tous les jours, faut dire que j’étais le genre de personne qui pouvait rire pour un rien, oui c’est ça j’avais le rire facile comme on dit et ce n’est pas plus mal parce que ça me permet d’être joyeux plus souvent. Cette jeune femme m’avait l’air fort sympathique et puis j’étais heureux de tomber sur quelqu’un et de pouvoir lui offrir un verre sans qu’elle pense que j’ai un truc derrière la tête. Certes j’étais célibataire mais si je devais me poser avec quelqu’un un jour, et encore pas sûr que ça arrive, ça ne serait pas avec quelqu’un dont je pourrais être le père. Mais avoir une discussion avec ça pas de refus ! En plus une admiratrice, ça faisait toujours plaisir et en effet elle était jolie alors quand on peut dire quelque chose de vrai qui fait plaisir pourquoi le cacher ? Qui fait rougir même à ce que je vois ! Je m’assis à une table et Gabriella s’assit en face de moi puis je pris ma commande en même temps que la sienne. « Alors, qu’est-ce qui vous amène dans cette petite ville. Vous préparez votre prochain succès ? » Si j’étais venue ici c’était en partie parce que j’avais appris qu’Isobel, une amie d’enfance ou plus tôt de… entre ado et adulte, avait perdu la vie. Mais bon je n’allais pas répéter ça à tout le monde en plus c’était un bon moyen de plomber l’ambiance et ce n’étais pas vraiment ce à quoi la jeune fille devait s’attendre ni vouloir d’ailleurs. « J’aime bien m’inspirer des lieux où je vais pour écrire et je dois dire qu’ici l’inspiration me vient toute seule, en plus il y a une certaine réputation qui plane sur cette ville que j’aime beaucoup puisque comme vous le savez j’adore les trucs qui sortent de l’ordinaire » Oui à l’époque Isobel me parlait déjà de cette petite ville c’est pour ça que ça ne m’avait pas étonné d’apprendre qu’elle était venue ici. Les boissons arrivaient, pour ma part je n’avais pris qu’un café mais étant en mode pilote automatique puis que je parlais je ne faisais pas très attention à ce que je faisais. C’était des gestes que je faisais tous les jours et j’avais juste oublié que le café c’était chaud, ce pourquoi j’avais immédiatement lâché la tasse après l’avoir à peine levée. C’était pas chaud c’était bouillant, encore heureux que je ne me l’étais pas renversé dessus, où pire, sur elle, j’aurais eu l’air fin. Remercier une admiratrice en la brûlant avec son café y’a mieux non ?

J'étais absorbé par le surnaturel oui c'est exact, et ça depuis tout petit. j'avais toujours trouvé la vie trop monotone, il faut bien l'avouer c'est quotidien, on fait toujours les jours la même chose et chaque joues se répète interminablement. Le matin on se lève, on éteint son réveil, on petit déjeune, on se lave et on s'habille, on va travailler pour pouvoir gagner de l'argent et donc pouvoir manger pour pouvoir continuer à vivre et continuer à travailler etc etc... Heureusement que je ne parlais pas de ça dans mes bouquins sinon personne ne voudrait les lire. C'est vrai, même moi je ne les lirais pas, à quoi bon lire quelque chose qui te rappelle ce que tu vie, c'est quelque chose qu'on sait déjà. Non c'est bien mieux de faire rêver les gens, de les emmener loin, les faire s'évader. Je m'étais offert le luxe de n'avoir toujours qu'un pied sur terre et ma tête était bien souvent dans les nuages et on peut dire que je m'y plaisais. D'ailleurs en parlant de la tête dans les nuages il est clair qu'elle n'était pas à ce que je faisais en ce moment puisque je venais de me brûler avec ce café bien trop chaud. Au moins ça eu le don de faire rire la jeune femme ce qui me fit automatiquement sourire. Elle s'appuya contre son dossier et vida son verre de limonade d'une traite. « Je suis désolé, j’étais déshydratée. » je ris "Y'a pas de mal, j'aime bien rencontrer des filles qui sortent du moule un peu, ça change" Dis comme ça on pourrait presque croire que je drague. C'est sûr que c'était une jeune fille charmante et qui sortait de l'ordinaire, c'était agréable et puis elle était fort sympathique mais je devais quand même à peu prêt avoir le double de son âge, oui je me faisais vieux que voulez vous. « Et vous avez trouvez des informations intéressantes sur cette ville ? Beaucoup de rumeur existe. J’en connais quelqu’une si cela vous intéresse. » Décidément cette admiratrice tombait du ciel "Je suis la depuis très peu de temps alors je connais seulement les quelques rumeurs que je connaissais avant d'arriver ici donc je serais ravis de vous écouter !" je ne disais jamais non à un peu d'aide de ce côté la surtout que si elle vivait la depuis longtemps elle devait savoir pas mal de choses, enfin déjà à mon avis elle était la depuis plus longtemps que moi donc elle aura sûrement des choses à me raconter dont je ne suis pas au courant.