MAY&SAY - Une aide bienvenue.

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Tu veux trouver le bon chemin? Pars de Mystic Falls.

Il y avait tant de choses à penser ces derniers temps. Dans une ville que n'importe quel touriste aurait pu qualifier d'accueillante, de calme, ou de tranquille, Sayanel s'étonnait, jour après jour, qu'il ne soit pas encore mort. Ce n'était pourtant pas les occasions qui manquaient. Les traques. Etre traqué, ou traquer soi-même. Souvent un peu des deux. Malgré ce qu'il se passait, tout le monde trouvait cela normal d'arborer, durant la journée, des sourires et des mensonges. Faire croire aux autres, à ceux qui ne savent pas, que rien n'a changé, que tout est pareil, dans le bon ordre, que les meurtres sont dus à des animaux sauvages s'aventurant trop près de la frontière de la ville. Ce qui, quelque part, est bien le cas. Et dans toute cette mascarade, il fallait vivre une vie correcte. S'occuper de sa famille, de Lisbeth, d'Andrew, faire attention que leur père ne tombe pas trop souvent dans l'alcool. Protéger ses amis, ceux qu'il avait, ceux qu'il a. Se questionner à propos de Jess. Tout ça semblait tellement... Anodin, trop banal pour être important, aux yeux de Sayanel, et pourtant, ce n'était pas la chasse, qui était sensée rythmer sa vie, mais bien tout le reste.

Alors que le jeune homme proposait son aide aux quelques clients de la boutique, et qu'il arrangeait les disques que ces derniers ne trouvaient pas utile de remettre à leur place, il avait bien le temps de penser à tout ça. Au pourquoi du comment il en était arrivé là, passant de vengeance à justice. Mais était-ce vraiment de la justice ou seulement une haine mal placée ? Il voyait bien comment fonctionnait certains autres. Donner crédit à certaines bêtes au détriment d'autres. A certaines créatures. Mais pour lui ça ne fonctionnait pas comme cela. Il pouvait s'allier avec n'importe qui, il ne laisserait pas, en fin de compte, une seule des créatures qu'il croiserait s'en sortir sans rien. Pour sa mère. Pour son père. Pour l'entièreté de sa famille.

« Vous avez le dernier de Muse ? »

Le Pritchard sursauta. Il n'était pas du genre facilement impressionnable, mais rongé par ce qui lui traversait l'esprit, il était étonnamment distrait. Le garçon qui lui avait parlé semblait ne pas avoir plus de seize ans, et le regardait avec une insolence certaine. Peut-être était-il aussi comme cela à son âge, l'air de dire « moi, je finirais jamais par vendre des disques à Mystic Falls pour un salaire pourri. ». Mais en fin de compte, Sayanel se demandait dans quelle boutique du centre-ville il finirait, lui et son air gentiment méprisant.

Sans lui répondre, il se dirigea vers une rangée, attrapa le premier cd de la pile, et le tendit au client. Le client est roi. Bah voyons.

« Tiens. »

Sans un merci, l'adolescent se retourna, arrachant un soupir à Say'. Heureusement qu'il était un minimum patient. Il alla à la caisse pour que le client puisse enfin quitter la boutique et lui laisser la paix, ou du moins, pour qu'il arrête de le regarder comme il le faisait. Quelques secondes plus tard, il entendit le bruit de la porte, encore une fois. La journée n'allait donc pas être de tout repos ...

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Enfin, j'étais officiellement une habitante de Mystic Falls, cette petite ville perdue au beau milieu de la Virginie. Bon, j'étais quasiment aussi pauvre que ce vieil homme qui faisait la manche sur le trottoir mais au moins j'étais libre. Depuis près d'un an que j'étais partie je n'avais jamais ré entendu parler des moines qui m'avait enlevée. J'avais donc décidé de m'installer quelque part et de commencer ma nouvelle vie.
Je marchais dans la rue, sans but précis, en observant autour de moi. Cette ville avait une drôle d'odeur. Je l'avais déjà sentie, quoique rarement, dans quelques villes que j'avais traversé, mais jamais autant. Peut-être étais-je bizarre, je devais faire une allergie.
Une musique me sortit de mes réflexions. Une jolie mélodie entraînante qui émanait de ce magasin. Sans vraiment réfléchir, je me dirigeai vers la porte que j'ouvris aussitôt, m'engouffrant chez le disquaire. Un léger bruit annonça mon intrusion, me faisant grimacer. Je détestai attirer l'attention sur moi. Fort heureusement, les regards des quelques curieux qui trainaient là se détournèrent vite. Je manquai de percuter un jeune adolescent qui ne releva même pas la tête pour s'excuser tandis que je marmonnai automatiquement un "Pardon". Tant pis, c'était souvent comme ça avec les ados. Si je n'avais pas eu une enfance aussi étrange j'aurais sans doute été pareille. Tout en suivant la mélodie qui me plaisait décidément beaucoup, je balayai la pièce du regard. Quelques clients se baladaient dans les rayons, piochant ici et là un CD. Le jeune vendeur, à la caisse, avait levé les yeux vers moi d'un air plus ou moins désespéré. Il ne devait pas beaucoup aimer son job. Moi, je ferais tout pour en avoir un. Ce n'étaient pas mes quelques économies qui allaient me permettre de manger tous les jours. Néanmoins, je compatis instantanément. Puis je me rendis compte que fixer les gens de la sorte n'était pas forcément recommandé dans le genre bonne impression. Je baissai vite la tête, commençant à avancer dans les rayons pour cacher ma gêne. Ne connaître personne ici était un sérieux handicap pour s'intégrer. Cela faisait trois ans que je n'avais plus eu de relations, en-dehors de celle avec mes geôliers qui ne comptait pas vraiment. Aucun ami, personne pour me parler, personne à qui poser les questions qui me brulaient les lèvres. Je ne pouvais pas vraiment dire à n'importe qui "Bonjour, je crois que je suis possédée par un démon certaines nuits. Je deviens féroce et incontrôlable, tu sais quelque chose sur ce genre de phénomène ?". Je secouai la tête, souriant de ma propre bêtise.
J'avais trouvé le CD sur lequel était enregistré la musique qui passait. "Knocking on heaven's door", de Bob Dylan. Le CD était vieux et pas trop cher, mais je ne pouvais pas me permettre des dépenses inutiles, surtout que.. je n'avais même pas de lecteur CD dans mon studio. Je relevai la tête, regardant une fois de plus autour de moi. Je me demandai ce que je faisais là, et surtout ce que j'allai répondre si on me posait la question. J'appréciai gratuitement la musique ? Je trouvais que le vendeur avait l'air gentil et attendais qu'il me parle ? Mon regard dériva vers la porte, mon sourire s’effaça tristement. Rentrer aussi tôt pour passer la soirée seule ? Youpi...

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Les clients arrivaient, partaient, et ce depuis le début de la journée. Bien entendu, lorsque l'on travaillait dans une boutique, de musique, de vêtements, d'objets de toute sorte, c'était chose attendue, et même souhaitée. Mais pas par Sayanel. Lui n'avait jamais voulu finir ici, jamais. Il avait toujours eu une grande ambition, un grand désir d'être reconnu pour ce qu'il savait faire de mieux, à l'époque : la photographie. Et pourtant, tout cela s'était envolé il y a bien trop longtemps pour qu'il se rappelle ce qu'il ressentait lorsqu'il avait son appareil en main, ce qu'il aimait dans ce simple geste. Tout simplement car depuis la mort de sa mère, il ne l'avait pas touché. Il n'avait pas voulu, avait voulu oublier ne serait-ce que la moindre petite parcelle de ce qu'il était. Et il avait réussi. Finalement, il avait attéri ici, dans cette boutique, avec un patron un peu bourru, qui semblait l'apprécier tout en le prenant comme son esclave. Ce qu'il était un peu, si l'on mettait de côté le fait qu'il recevait une paie assez correcte en fin de mois. Pourtant, il se devait de se satisfaire de cette vie qu'il avait maintenant. Il vengerait totalement sa mère, et après il pourrait réfléchir à récupérer sa vie d'avant, même s'il doutait que ce fut véritablement possible après tout ce qu'il avait vécu.

Lorsque la porte s'ouvrit à nouveau, il leva la tête pour voir qui, encore, entrait dans la boutique, se demandant quand cela se terminerait. Bien qu'il finisse à dix-huit heures, il avait toujours l'espoir d'une catastrophe nucléaire pour le sortir de là. Mais la personne qui entra à ce moment-là semblait quelque peu différente de ceux qui défilaient depuis le début de la journée. Elle semblait … Entrer là par hasard. Se heurtant à l'adolescent impoli, elle sembla quelque peu décontenancée, avant de reprendre ses esprits. Le jeune homme se détourna, laissant aller son regard sur le reste de l'endroit, surveillant qu'aucun client ne se décidait à mettre dans son sac un de ses précieux cds, puis revint sur la jeune femme, qui le fixait toujours, mais qui se détourna bien vite de lui, pour s'enfoncer dans un rayon.

Hésitant une seconde, il finit par se diriger vers elle. Elle avait de longs cheveux blonds très clair, comme on en voit rarement dans les environs. C'est sûrement cela qui l'avait intrigué, en premier lieu, outre le fait qu'elle semblait plus paumée que lui. Il n'allait pas souvent vers les clients. Il fallait dire que s'occuper des autres n'était pas réellement sa qualité principale, ayant bien assez à faire avec lui-même. Mais généralement, les clients trouvaient seuls le chemin qui les menaient au comptoir, là où ils pouvaient aisément se plaindre de l'absence de l'objet de leur rechercher, et profiter pour lui dire que sa boutique devrait avoir plus à cœur de les satisfaire. Mais cette cliente là ne semblait pas décidée à venir le voir, et c'est sûrement ça qui le fit se déplacer. Cela pouvait paraître assez paradoxal, mais à bien y réfléchir, Sayanel ne l'était pas qu'un peu.

« Tu as besoin d'aide ? »

Le Pritchard vouvoyait rarement les gens. Non pas pour leur manquer de respect, mais simplement car il ne voyait pas bien l'intérêt de la chose. Généralement, les gens s'y accommodaient, et elle espéra brièvement qu'elle serait de ce genre là, pour ne pas qu'il ait à faire d'excuses. Ce qu'il ne ferait d'ailleurs sans doute pas. Il aperçut le CD dans ses mains, bien qu'elle ne semblât pas décidée à se diriger vers les caisses.

« Tu as trouvé ce que tu cherchais ou .. Pas ? »

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Lorsque je relevai la tête, je pus apercevoir le vendeur se dirigeant vers moi. Perdant aussitôt la moue qui s'était affichée sur mon visage, je reposai rapidement le CD de Bob Dylan, de peur qu'il ne s'imagine que j'avais l'intention de le voler. Pour quelle autre raison serait-il venu à ma rencontre ? A moins qu'il ait pitié ? Il était vrai que je devais franchement avoir l'air perdue.

« Tu as besoin d'aide ? »
Après un léger temps d'hésitation, le dévisageant longuement, je hochai la tête négativement, baissant les yeux. Pourquoi me tutoyait-il ? Est-ce qu'on se connaissait ? Et si oui et que je l'avais oublié ? Ce serait horriblement gênant... Son ton était très naturel, son attitude toujours un peu triste. Il n'accordait de regards aux clients que pour vérifier qu'on ne le volait pas, ce qui confirmait ma théorie : il n'était pas ici de son plein gré. La musique c'était ma passion, j'étais donc plutôt contente d'être ici, mais lui semblait être ailleurs, rêver à d'autres horizons...
Encore une fois, je réalisai que je fixais le jeune vendeur depuis plusieurs minutes sans avoir décoincé un mot. Je me mordillai la lèvres, légèrement mal à l'aise. J'avais déjà signalé que non. Je n'avais pas besoin de l'aide qu'il proposait machinalement de m'offrir. Mais j'avais besoin d'autre chose. J'avais besoin d'informations, de soutien, d'écoute, d'explications. J'avais besoin de beaucoup de choses, mais je ne pouvais pas réellement les demander. Ses yeux finirent par se poser sur le CD que j'avais plus ou moins reposé - ma main était toujours sur le rayon - et il ajouta, incertain :

« Tu as trouvé ce que tu cherchais ou .. Pas ? »

J'avais trouvé.. un magasin avec de la bonne musique, une personne qui avait l'air fort sympathique... J'avais trouvé ce que je cherchais, oui. Comment expliquer le fait que je n'avais pas particulièrement besoin de ses marchandises, encore moins de quoi les payer ? Comment expliquer ce que je fabriquais ici ? Comment répondre sans passer pour la dernière des idiotes ? Je jetai un regard aux alentours, espérant presque voir la réponse peinte sur les murs. Le magasin se vidait gentiment, les gens repartant en grognant, mécontents de ne pas avoir trouvé leur bonheur ou du prix qu'il coûtait, jetant à mon interlocuteur des regards mauvais. Inconsciemment, je le leur retournai avant de reporter mon attention sur le jeune homme qui se tenait devant moi, visiblement perplexe face à mon attitude probablement peu commune. Excuse-moi, je n'ai pas vraiment parlé avec qui que ce soit depuis à peu près trois ans, tu m'apprendrais la vie sociale ? Pour me donner une contenance je m'éclaircis la gorge. Une voix claire, peu habituée à faire autre chose que hurler de douleur, sortit de ma gorge.

" Je.. Je ne cherchais rien de particulier, j'aime beaucoup les musiques que vous passez ici.."

Je fis un léger signe vers le CD que je tenais toujours.

" Malheureusement je v.. te fais sûrement perdre ton temps, je ne vais pas pouvoir l'acheter.. En fait je viens d'arriver en ville, j'essaie encore de m'adapter."

Parfait May, raconte donc ta vie, il doit sûrement mourir d'envie de la connaître, pensais-je, pestant contre moi-même. J'avais vraiment oublié comment me comporter en public... Je passai une main dans mes cheveux sans quitter le regard clair de mon interlocuteur.

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Bien qu'hochant la tête pour lui signifier qu'elle n'avait apparemment pas besoin d'aide, la jeune femme semblait tellement perdue qu'il se demanda réellement qui elle était. Comme si elle ne savait pas vraiment quoi dire dans de telles circonstances, comme si elle avait été prise de court par Sayanel. Elle semblait perdue dans ses pensées, le fixant d'un regard à la fois intense et vide, comme ailleurs. Il était rare, même pour Mystic Falls, de rencontrer des gens aussi peu sûrs d'eux-mêmes. D'ordinaire, c'était pourtant même le contraire, connaissant la force surnaturelle de la plupart des personnes vivant dans sa ville. C'est peut-être pour cela, ou parce qu'elle semblait avoir désespérément besoin de ne pas être seule qu'il resta à côté d'elle, attendant qu'elle lui réponde, se préoccupant plutôt peu des autres clients, qui, de toute manière, ne semblaient plus vraiment avoir besoin de ses services, étant déjà servis et se baladant de ci de là dans les rayons, ou bien étant clairement mécontents de ne pas avoir trouvé ce qu'ils cherchaient, et partant presque claquant la porte. Le regard noir que lança la jolie blonde à ses derniers l'aurait presque fait sourire s'il n'avait pas attendu sa réponse. Au moins, si un jour elle décidait de venir travailler dans le coin, elle avait déjà compris les bases de la relation vendeur-client du point de vue de Sayanel, bien que ce ne soit pas vraiment ce que l'on attend dans ce genre de postes.

La jeune femme finit tout de même par lui répondre. Il ne s'attendait certes pas à ce genre de réponses, mais il lui sourit tout de même. Elle lui prouvait que malgré tout, la boutique avait quelques attraits, ce qui n'était jamais mauvais à entendre.

« Ah, oui, on capte des radios pas trop mal dans les environs. Le plus gros avantage de Mystic Falls, selon moi ! »

Bien qu'à l'heure actuelle, il ne semblât pas aimer plus que cela son métier, et qu'il le considérait plus comme une corvée amenant par la suite à faire vivre sa famille, cela n'avait pas toujours été le cas. Il avait choisi cette boutique précise car il y passait beaucoup de temps lors de ses années lycée, ayant essayé plusieurs instruments de musique. Il adorait ça, il passait son temps un casque sur les oreilles et de la musique plein la tête. La musique rythmait sa vie, son autre passion qu'était la photographie, et puis tout cela s'était éteint. D'un coup, sans prévenir.

Mais parfois, quelqu'un arrivait pour lui rappeler pourquoi il était là, et malgré tout, c'était agréable.

« Tu es sûrement la personne qui me fait le moins perdre mon temps aujourd'hui, alors je ne vais pas te chasser, ne t'en fais pas. »

Il tenta de la rassurer par un sourire, même si, de l'avis de sa sœur, le voir sourire était beaucoup plus étrange que de le voir fusiller les gens du regard. Question de point de vue, sans aucun doute. Lorsqu'elle lui dit qu'elle venait d'arriver en ville, il acquiesça. Les changements d'environnement étaient toujours un peu décontenançant. Surtout si elle arrivait seule, ce qu'elle semblait être.

« Tu es toute seule où tu as de la famille ici ? Ne t'en fais pas, tu vas vite t'adapter, la ville n'est pas très grande, on se repère vite. Puis selon ce que tu fais, tu vas rapidement rencontrer des gens. »

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Son regard s'était un peu éclairé, comme s'il se remémorait de bons souvenirs, comme s'il considérait des aspects plus heureux de sa vie. Cela me fit sourire intérieurement. Je souriais assez rarement depuis quelques années. Ça ne me rendait probablement pas plus attrayante et ne m'aidait pas davantage à faire de nouvelles connaissances, mais malgré ça je ne pouvais pas forcer cette simple mais si sincère mimique. Quoi qu'il en soit, j'étais soulagée qu'il le prît de cette manière. Il était en plus resté près de moi, attendant patiemment ma réponse, comme s'il sentait mon besoin de compagnie, ce que j'appréciai énormément.

« Tu es sûrement la personne qui me fait le moins perdre mon temps aujourd'hui, alors je ne vais pas te chasser, ne t'en fais pas. »

Cette fois, un léger sourire fit brièvement son apparition sur mes lèvres. Il était vrai que ses clients avaient tous l'air plus malpolis les uns que les autres, j'espérai que ce n'était pas le cas de tout le monde à Mystic Falls. Son visage s'était, lui aussi, éclairé d'un sourire rassurant qui me réconforta. Cela faisait bien longtemps qu'on ne s'était pas préoccupé de m'adresser ce genre d'attention. Les musiques continuaient de s'enchaîner.. Pour la première fois depuis un bout de temps, je me sentis bien, j'envisageai plus sereinement ma vie dans cette ville que j'appréhendais tant. Peut-être était-ce la meilleure idée que je puisse avoir de venir m'installer dans cette petite Mystic Falls.

« Tu es toute seule où tu as de la famille ici ?

- Non, je suis.. Je suis toute seule.

C'était d'ailleurs on ne peut plus vrai. Le minuscule studio que j'avais loué dans les chambres universitaires n'aurait de toute façon pas permis que plus d'une personne et un poisson rouge vive là.
Lorsque mon jeune vendeur ajouta que j'allai rapidement me faire à cette ville, je marquai une hésitation avant de me mettre à parler, comme ayant besoin de faire partager mes impressions. J'avais envie de m'entendre dire que je n'étais pas définitivement folle.

- Oui.. Je ne sais pas.. J'ai traversé pas mal de villes avant de m'installer ici et.. Mystic Falls a quelque chose de.. de spécial.. Un genre d'odeur.. Certaines personnes m'ont l'air familières alors que je suis sûre de ne leur avoir jamais adressé la parole, d'autres me répugnent alors que je les connais même pas, d'autres ont même l'air de ne pas être vraiment là... Peut-être que ça vient de moi.. Je.. Je n'ai pas été réellement en contact avec la société depuis quelques temps mais.. je ne me rappelais pas de cette sensation.. Je l'ai eu auparavant, quelquefois, mais là elle est.. omniprésente.

J'avais plus parlé pour moi que pour lui. Au-fur-et-à-mesure que je plaçais des mots sur mes impressions, je parvenais à éclaircir tout ça dans mon esprit, à le mettre en ordre. Après mon monologue hésitant, je me sentis gênée de m'être ainsi confiée à quelqu'un que je venais à peine de rencontrer. J'allai passer pour une folle auprès de la seule personne qui m'avait manifesté un peu d'attention.

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Même si Sayanel ne se sentait pas forcément dans le besoin de rencontrer de nouvelles personnes, le fait que l'une d'entre elles ne semblaient pas spécialement anormale – enfin, dans le quota de Mystic Falls – était assez reposant. Avoir une conversation normale avec un nouvel arrivant en ville ne lui était pas arrivé depuis … Il ne s'en souvenait même plus. Rien d'étonnant à cela, toutes les personnes vivant ici, ou presque, étant au courant de ce qu'il se tramait dans cette ville. L'intérêt de Mystic Falls résultait sans doute à ces créatures surnaturelles, d'ailleurs, bien que le jeune Pritchard avait mis assez longtemps à comprendre pourquoi il semblait y avoir autant d'êtres anormaux dans les environs. Il reprit toutefois le cours de la conversation, acquiesçant à la phrase de la jeune femme, un peu étonné. Il n'était pas simple d'arriver dans une ville que l'on ne connaissait pas, mais en plus y attérir totalement seule, ce n'était pas des plus évidents à gérer. Qu'est-ce qui l'avait poussée ici plutôt qu'ailleurs ? Ce n'était pourtant pas les endroits intéressants qui manquaient, sur ce continent. Rien que lui avait fait des séjours de quelques jours dans des lieux cent fois plus intéressant que cette petite ville.

« Oh. Ca ne doit pas être évident, je suppose. Pourquoi ici plus qu'ailleurs ? »

Bien qu'il essayât en premier lieu de détendre un peu l'inconnue, qui semblait perturbée par le simple fait que quelqu'un lui parle, il s'intéressait vraiment à ce qui avait pu la mener ici. Mystic Falls était, pour tous ceux qui y habitaient depuis presque toujours, un endroit calme, sans réel intérêt, mais avec, comme dans toutes les petites villes de cette envergure, ses endroits cultes, ses coins calmes et vides de toute présence, ses habitués, ses attraits … Elle cherchait peut-être cela, du calme. Ce qui pouvait paraître assez ironique lorsque l'on était mis au secret de ce qu'il se passait dans les environs. Mais ce n'était pas quelque chose que le commun des mortels savait. Lui aurait d'ailleurs dû l'ignorer, et parfois, le jeune homme aurait préféré que ce fût le cas.

Le discours de la jeune blonde, aussi étrange qu'il puisse être, eut pour effet de l'intriguer au plus au point. C'était sûr que ce genre de sensations à l'égard de la population de la ville n'était pas des plus naturel, et le fait qu'elle semblât en être réellement perturbée était tout aussi intéressant. Mais il sourit tout de même d'un air rassurant. Peut-être était-elle tout simplement stressée par son arrivée en ville, qui savait ? Le Pritchard avait un peu de mal à s'imaginer ce qu'elle décrivait.

« Peut-être ton instinct, qui sait. Il ne faut pas le sous-estimer. Evite de trop t'approcher des gens qui ne te paraissent pas des plus normaux. On fait face à de sacrés phénomènes dans la région. »

Essayer de dédramatiser la situation. Voilà quelque chose qui était assez nouveau pour Sayanel, mais il ne savait pas s'il le faisait pour la jeune femme dont il ne connaissait pas encore le nom, ou pour lui-même, pour s'empêcher de penser à certains détails qu'elle avait évoqué. « d'autres ont même l'air de ne pas être vraiment là ». Qu'on le pende si ça ne ressemblait pas à la parfaite description des fantômes, revenus grâce à Esther, la maman Originelle. Mais non, ce n'était pas possible. L'hypothèse même que la jeune femme puisse distinguer les différentes créatures hantant les rues de la ville fut refoulée au fond de son être comme étant complètement absurde.

« Mais dans l'ensemble, il y en a toujours qui ne mordent pas. »

Avec cette phrase, il lui avait fait un clin d'oeil, pour signaler la plaisanterie, histoire qu'elle ne commence pas à l'interroger sur les attaques de bêtes sauvages de la région. Ce n'était pas qu'il n'aimait pas cette charmante histoire, mais il commençait à se lasser des mensonges incessants mais nécessaires du conseil.

« Au fait, moi c'est Sayanel, j'ai oublié de me présenter. »

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Ce n'était pas évident, non, c'était le moins que l'on puisse dire. Vivre seul dans un 15m² froid et miteux, ce n'était pas ce qu'il y avait de plus réconfortant, avouons-le. Je n'étais même pas encore officiellement inscrite au lycée et je me demandais même si je devais vraiment reprendre les cours. Après plusieurs années scolaires de manquées je ne pouvais pas vraiment rattraper mon retard si facilement. Peut-être valait-il mieux que je me cherche un travail. Quoi qu'il en soit, je fus décontenancée par sa question. C'est vrai, pourquoi ici plus qu'ailleurs ? Il posait la question sûrement plus histoire de faire la conversation que par réel intérêt, mais je me surpris à m'interroger moi-même sur les raisons de ma venue ici. Mystic Falls. Une ville qui portait bien son nom. Cette aura, cette sensation.. mystique, étrange, tellement perturbante. Tout ça aurait déjà du me faire fuir, étant de nature à éviter le conflit, mais là c'était le contraire. Je sentais que c'était ici que je trouverais les réponses à mes questions. Et ce pressentiment me faisait rester. Même si ce n'était pas évident. Alors comment expliquer ça..?

" Eh bien, je ne sais pas.. C'est peut-être le nom de la ville qui m'a intriguée.. Et puis c'était plus ou moins sur ma route, je ne perdais rien à m'y arrêter. Maintenant que je commence à m'installer je trouve dommage de repartir dans ma vie de bohémienne, je dois commencer à penser à mon avenir et aller.. de l'avant. "

J'étais précisément en train de faire ce que je détestais que l'on me fasse : je parlais par énigme. Je parlais dans le vague, dans le vide ; et personne d'autre que moi n'était en mesure de me comprendre. Ce devait être prodigieusement agaçant. Je m'excusai d'un sourire gêné.

" Désolée, je me doute que tout ça n'est pas très compréhensible ni très intéressant. "

Mon interlocuteur semblait s'être tendu sous mes confidences. Il me parut cogiter ferme quelques instants, comme si mes paroles prenaient tout un sens pour lui mais qu'il ne pouvait pas vraiment y croire. Il s'interrogeait, me regardait, comme s'il espérait deviner de mon apparence les réponses aux questions que je me posais moi-même depuis mes 15 ans. Mon regard se fit intense. Et si cet homme, celui-là même que j'avais rencontré par hasard, le premier avec qui je parlais depuis mon arrivée à Mystic Falls, savait ? Comprenait-il mes impressions ? Savait-il ce que j'étais ? Ce qui me possédait ? Qui j'étais réellement ? J'aurais tout donné pour entendre ses réponses à mes questions.
Je ne pus retenir une vague de déception lorsqu'il esquiva les explications que j'attendais. Mon instinct, des phénomènes ? Oui, sans doute, certes. Mais comment ? Pourquoi ?
Il sembla se replonger dans une profonde réflexion avant de lâcher ce qui m'apparut comme une réplique ironique. Il y en a qui ne mordent pas. Je ne comprenais pas. Parlait-il des attaques des bêtes sauvages..? ou de ces gens, si étranges, qui m'interpellaient ? J'allai formuler mes questions lorsqu'il me prit de court :

« Au fait, moi c'est Sayanel, j'ai oublié de me présenter. »

- Oh, oui c'est vrai.. Enchantée.

Ce n'est que quelques secondes après que je réalisai que je ne m'étais pas présentée. Alors j'ajoutai simplement :

- Je suis May.

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Le jeune garçon acquiesça à l'explication de la jeune femme. Ça se tenait. D'apparence, Mystic Falls était une ville on ne pouvait plus charmante, possédant le nombre adéquat de commerces, de restaurants, de maisons, mais aussi un vaste terrain dit "sauvage" qui pouvait attirer beaucoup de gens en mal de nature. Si le jeune homme ne savait pas ce qu'il savait de la ville, il aurait sans doute dit que l'endroit était idéal à quiconque: aux jeunes, qui semblaient particulièrement se plaire dans la région, mais aussi aux plus âgés, qui semblaient trouver la petite cité reposante en comparaison des grandes villes telles que New-York ou L.A. Il n'y avait qu'à voir ses propres parents, déménagés ici pour pouvoir respirer un peu plus sainement. Heureusement, tous les habitants de l'endroit n'étaient pas tous touchés par l'élan de surnaturel qui semblait sévir de plus en plus. Beaucoup n'étaient pas encore au courant de tout ce qu'il se tramait, de la cause de la tornade ainsi que de l'épidémie. Rien de tout cela n'était connu et pourtant, bien d'innocents étaient morts sans savoir pourquoi. Alors oui, peut-être que la ville était calme, et idéale, pour les touristes et les nouveaux venus, mais le jeune Pritchard avait oublié ce sentiment depuis quelques années, ce sentiment de pseudo sûreté, qui lui faisait croire qu'ici, rien ne pouvait arriver, ce sentiment qui amenait à cette phrase si banale mais si souvent dite à l'époque: "Ca ne peut-être qu'un accident, on est à Mystic Falls ici, pas dans la capitale."

Le jeune homme s'interrogeait sur le passé de la jeune femme qu'il avait en face de lui. Il retrouvait avec elle cet élan d'intérêt qu'il avait cessé de ressentir lors de la mort de sa mère, excepté avec certaines personnes. Mais il n'était pas assez indiscret et en désaccord avec les bonnes manières pour lui poser d'autres questions: après tout il ne la connaissait pas et se devait, par là, d'être discret et de préserver ce qu'elle ne voulait pas lui dire, bien que son discours pose au questionnement. Cependant il se tut, se contentant d'hocher la tête.

"Tu ne devrais pas t'excuser autant, je ne te trouve pas si inintéressante que ça !"

Sayanel n'était pas le genre de personnes à dire ce que les autres voulaient entendre. Il n'était pas l'homme à aller voir lorsque l'on avait besoin de remonter son ego, et encore moins de se faire une bonne opinion de soi-même. Mais lorsqu'il pensait quelque chose, il était rare qu'il le garde pour lui, sauf lorsque cela concernait ... Tout le reste. Bien que le discours de la blonde semblât étrange, il se refusait, pour le coup, à penser à autre chose qu'à l'instinct primaire de l'homme. Après tout, il y avait bien eu assez de catastrophes ces derniers temps dans la ville pour que l'on commence à sentir qu'elle n'était plus vraiment sûre. Au moins jusqu'au moment où l'on aurait attrapé et tué "la bête", bien sûr. Bonne chance avec ça.

La jeune fille finit par se présenter comme étant May. C'était un prénom assez étrange mais qui pourtant, lui allait assez bien.

"Et bien enchant..."

Sayanel n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'un vacarme assez impressionnant retentit, le faisant sursauter. Une étagère venait de tomber, bousculée par la course précipitée d'un jeune homme courant vers la porte du magasin, les bras chargés de toute sortes de gadgets comme un casque et une clé USB. Il était trop loin pour que le brun puisse l'attraper, quand bien même il sautait par dessus l'étagère au sol et les dizaines d'autres qui le séparait de la porte. Encore quelque chose à expliquer à son patron.

"C'est une blague ..."

PS: J'ai quand même évité de le faire courir genre course poursuite dans la rue parce que c'est quand même mieux un truc surnaturel seulement devant Say' et pas 40 passants :superman: xDD

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J'avais raison, il eut l'air d'hésiter à me poser des questions quelques secondes, mais il devait être trop poli pour oser, fort heureusement pour moi. Parler de mon passé était la dernière chose dont j'avais envie à cet instant. A cet instant et à tous les autres d'ailleurs ; en parler ne ferait que rouvrir la plaie et je n'avais pas envie de me remémorer tout cela. Ni aujourd'hui, ni jamais. Ainsi, j'appréciais cette délicatesse, ça devenait de plus en plus rare de nos jours. Mais quand j'avais la chance de rencontrer quelqu'un de bien, mon pessimisme me fichait un peu la paix. C'était dommage d'ailleurs, car la plupart du temps je ne revoyais jamais ces gens. C'était probablement ce qui allait se passer avec Sayanel - prénom original au fait, mystérieux, il le portait bien - une fois que j'aurais quitté son magasin. C'était moi qui me rappelais des gens, eux qui m'oubliaient et continuaient leur petite vie pendant que je piétinais, sans savoir où j'allais. Je ne blâmais personne. J'avais simplement l'impression constante d'être incapable de m'intégrer à mon espace-temps, d'être.. différente.

"Tu ne devrais pas t'excuser autant, je ne te trouve pas si inintéressante que ça !"

J'esquissai un léger sourire avant de répondre :

- Ah, déso.. Euh je veux dire, c'est que je manque un peu de confiance en moi. Cet endroit, tous ces inconnus.. J'ai l'impression qu'ils vont m'arracher le cœur si je leur marche sur le pied.

J'avais pris un air amusé mais j'étais réellement touchée. Il avait l'air honnête et ces quelques mots avaient suffi à éclairer ma journée.
Il hocha la tête lorsque je me présentai et allait répondre à ma formule de politesse lorsqu'un énorme fracas nous coupa brusquement, me faisant sursauter. Une étagère se renversa avec violence sur le sol, me laissant entrapercevoir un jeune homme, les bras chargés de marchandises, se ruer vers la sortie. Je jetai un coup d’œil à Sayanel qui estimait la distance qui le séparait du voleur. Sa conclusion se résuma à quelques mots : "C'est une blague ...". Je me mordis la lèvre. Tout ça était de ma faute, le type avait profité de l'inattention du jeune vendeur pour partir sans payer avec la moitié du magasin. Je sentis un éclair me passer dans les yeux, la colère montant en moi comme la lave dans un volcan en éruption. Je fis volte face avant de commencer à courir vers la porte. Mon parcours était un véritable saut de haie. Un saute-mouton, deux énormes foulées et un roulé-boulé me permirent de passer par-dessus les étagères qui me barraient la route, le tout bien plus rapidement que je ne l'aurais cru. Avec une vitesse plus rapide que d'ordinaire, j'atteignis la sortie. Le type s'arrêta quelques mètres avant moi, clignant stupidement des yeux, me considérant du regard. Ma haine ne s'était pas attisée, je n'étais toujours pas en mesure de réfléchir vraiment. Je savais simplement que je devais arrêter cette enflure. Que c'était injuste que l'on vole comme ça des gens biens sans aucun remord. Alors, lorsqu'il prit son élan pour me rentrer dedans, je plaçai mes deux mains sur son torse pour le repousser avec brusquerie, le faisant s'étaler au sol. Les divers CD et autres clés USB qu'il portait s'éparpillèrent autour de lui tandis que je m'avançai, lentement, menaçante, avant de l' agripper par le col et de le soulever vers moi. J'approchai son visage du mien avant de déclarer, détachant chaque syllabe :

" Ne. Refais. Jamais ça. T'as compris ? "

Il devait bien faire une tête ou deux de plus que moi, mais cela ne l'empêcha pas de hocher rapidement la tête de haut en bas. Je le laissai alors s'affaler au sol. Il n'y resta pas bien longtemps, adressant à peine un regard perturbé à Sayanel avant de décamper.
Je pris alors une longue inspiration. Il fallait que je me calme, que je me détende. Cette fille violente... Ce n'était pas moi. Qu'est-ce qui m'avait encore pris ? Je n'avais pas été non plus extrêmement rapide mais j'étais quand même allée plus vite par-dessus des étagères que le voleur, plus âgé, et sa route toute tracée. Je déposai une main sur mon front brûlant et jetai un coup d’œil autour de moi. Heureusement il commençait à être tard et, à part Sayanel, il n'y avait plus personne dans le magasin. Silencieusement, je redressai l'étagère étendue au sol avant de le regarder à nouveau. Je priais littéralement pour qu'il s'imagine que j'étais une sportive de haut niveau ou quelque chose comme ça. J'aurais du partir tout de suite, mais je voulais m'assurer qu'il ne me jetterait pas des briques si l'on se recroisait, je voulais vérifier.. que sa vision de moi n'avait pas trop changé. Je n'étais pas réellement comme ça... Pas vrai..?

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Le manque de confiance en soi de la jeune femme n'était certes pas quelque chose que l'on pouvait aisément ignorer. Elle semblait croire qu'elle ne valait pas plus que n'importe qui, alors que Sayanel était certain qu'elle pouvait faire de grandes choses, si elle le voulait. Qu'elle le pense ou pas n'était pas vraiment important, ce qui comptait était, qu'un jour, elle s'en rende compte. En vérité, il avait l'impression que le monde d'aujourd'hui était rempli de gens trop confiants, de gens qui croyaient en eux, bien trop pour ne pas s'empêtrer dans leurs propres pas, à trop vouloir tenter de regarder dans leur miroir. Croiser des personnes comme May, qui ne savaient pas encore ce qu'elles allaient faire, si cela aurait de l'importance ou pas, si elles valaient réellement le coup ... Voilà quelque chose d'intéressant et d'étonnamment différent de ce dont il avait l'habitude à Mystic Falls.

Il rit à la tentative d'humour de la jeune femme, voyant bien qu'elle était tout de même stressée, ce qui pouvait aisément se comprendre pour quelqu'un qui arrivait dans une ville sans connaître personne, et qui tentait d'y établir et d'y construire toute une vie. A sa place, sans doute se sentirait-il un peu comme elle ... Stressé.

Alors qu'il allait réenchaîner sur lui-même ne savait encore quoi, le bruit de l'étagère maintenant au sol les fit tous deux détourner le regard. Il n'y avait pratiquement jamais de vols à la boutique. Un de temps à autres, mais un vol de masse, comme celui-là? Jamais. D'ordinaire, un ado tentait de subtiliser un disque en le fourrant dans son sac, mais le Pritchard arrivait facilement à le faire avouer son crime. Ils n'étaient ma foi pas durs à repérer, à essayer de faire comme les autres, de marcher normalement, tout en baissant la tête, la sueur perlant sur un front envahi par les boutons. Mais cette fois, c'était différent. Le voleur avait opté pour une solution plus ... Efficace, qu'était celle de l'embarquement et de la fuite, quand bien même il dû détruire le magasin pour cela. Voilà quelque chose auquel il se sentit impuissant.

Alors qu'il pensait déjà à l'appel qu'il devrait passer à son patron, il vit la fine silhouette de sa partenaire s'élancer, pour finir en quelques pirouettes près du voleur, qui lui aussi, n'en croyait pas ses yeux. Avec une force que l'on n'aurait pas pu s'imaginer pour un être aussi frêle, elle l'empoigna par le col, pour lui glisser quelques mots à l'oreille, le temps qu'il lâche son butin et qu'il dégarpisse en courant. Sayanel, la bouche entre ouverte essayait de comprendre ce qu'il venait de se passer.

Mais il ne mit pas vraiment pas longtemps avant de le comprendre. Il était peut-être humain, mais il n'était pas stupide. Jamais il n'avait vu une telle force chez un être humain lambda, et il savait d'expérience que ce n'était jamais le cas, surtout à Mystic Falls. Pourtant, elle semblait elle même décontenancée par ce qu'elle venait de faire, ce qui le menait à croire qu'elle même se posait tout autant de questions que lui. Essayant de discerner un bijou à son doigt qui lui aurait donné un semblant de piste, il finit par parler.

"Tu es quoi au juste ?"

Sa voix n'était pas agressive ou en colère, juste ... Remplie d'incompréhension. Il n'avait pour le moment jamais rencontré de créatures, quelles qu'elles soient, qui doutaient de leurs actes, et voilà qu'il tombait sur l'exemple même du doute. Mais il se reprit assez vite, au moins pour voir qu'elle lui avait quand même sauvé la mise.

"Merci, au fait. Mais ... C'était quoi ça?"

Des questions imprécises mais qui, selon toutes vraisemblances, étaient assez compréhensibles. Après tout, toutes les créatures savaient ce qu'elles étaient ... Non?

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J'avais agis sans réfléchir. Je m'en rendais compte, maintenant que, terrorisée par ma propre attitude, je fixais mes pieds en attendant que l'on me traite de monstre. Lorsque je relevai la tête vers - heureusement - l'unique personne qui se trouvait ici, je pus constater que celui-ci me regardait, perplexe, la bouche légèrement entrouverte. La situation aurait pu être comique si elle n'avait pas été aussi grave. Si sa réaction s'était limitée à la surprise ça aurait été, mais il commença lui aussi à réfléchir, à se poser des questions. Un air douteux, voire de colère, lui passa dans les yeux. Que pouvait-il bien s'imaginer ? Que savait-il ? Il me détailla scrupuleusement du regard, s'attardant sur mes mains et mes poignets. Je me demandais ce qu'il espérait bien trouver là qui réponde à ses interrogations, mais j'étais tout sauf en position de lui poser des questions.
Il reporta finalement son attention sur moi et lâcha :

"Tu es quoi au juste ?"

Je suis quoi..? Je suis quoi ?! Un élan de colère me traversa, faisant fourmiller mes muscles. J'avais envie de lui en coller une pour me poser une telle question. Je suis quoi ? Il n'avait certes pas un ton agressif, malgré tout j'en restai énervée. Il aurait pu me demander " Qui es-tu ? ", je n'aurais rien dit, cela aurait même été normal, mais là j'avais cette horrible impression d'être une bête, un vulgaire animal.. de n'être rien.
Je prenais doucement une respiration profonde pour me calmer. Ce n'était pas vraiment le moment de faire une autre crise. D'une voix tout de même teintée d'indignation, je fis à voix basse :

" Excuse-moi..? "

Il enchaina rapidement, me remerciant pour mon intervention, s'interrogeant tout de même.

- Ne me remercie pas, je.. Enfin j'ai toujours été.. sportive, comme fille. Je faisais.. du saut de haie, des sports de combats, tout ça... Mais ce n'est pas grand chose, j'ai agis sous le coup de la colère, l'adrénaline m'a bien aidée.

J'espérais avoir été convaincante. Il serait dommage que ma seule connaissance de la ville me repousse une heure à peine après notre rencontre. Je ne voulais en fait surtout pas qu'il me voit telle que je me voyais, telle que ma famille me voyait, telle que mes anciens geôliers me voyaient : un monstre, une horreur possédée par l'immondice, par le diable lui-même, une bête qu'il fallait enfermer et exterminer au plus vite avant qu'elle ne contamine les gens biens.
Penser à tout ça me fit monter les larmes aux yeux. Je ne cessais, depuis ma naissance, de me prouver ce que les autres me disaient. A plusieurs reprises déjà j'avais agi de la sorte, et je commençais à me dire qu'il ne me restait plus qu'une solution si je ne parvenais pas à me contrôler...
Je me détournai légèrement pour balayer la perle salée qui s'apprêtait à rouler le long de ma joue. Après quelques secondes je me retournai vers lui.

" Je.. devrais probablement y aller. "

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Parfois on ne se rend compte de la stupidité de la formation d'une phrase seulement après l'avoir prononcée. Bien que dans son esprit, tout était très clair, il arrivait fortement bien à comprendre que se prendre cette réflexion en pleine figure ne devait pas être des plus agréables. Mais il n'y pouvait rien. Malgré tous les gens qu'il connaissait, il ne pouvait s'empêcher de ne pas considérer les créatures surnaturelles comme des personnes. Elles ne l'étaient pas. La seule qui était épargnée par ce jugement était Elena, qu'il n'arrivait pas à voir autrement que comme une humaine ayant besoin de protection et de conseils. Mais pour tous les autres ... Non, il s'agissait de créatures. Des créatures dangereuses, qui n'hésiteraient pas à lui sauter à la gorge si l'occasion se présentait. C'était à cause de créatures comme Damon, comme Klaus, comme Max, que le Pritchard était lui-même ce qu'il était, à cause du surnaturel qu'il avait abandonné tout ce qu'il était auparavant et qu'il était devenu si détestable. Alors il ne pouvait pas dire autre chose que "Tu es quoi?". C'était impossible, même dans son esprit.

Il avait besoin de réfléchir. May avait l'air pourtant si ... Humaine. Pas comme les vampires, ou les hybrides qui parcouraient les rues et qui en apparence ne semblaient pas si différent de lui, non, elle avait l'air réellement humaine, semblant ne se douter vraiment de rien en ce qui concernait les activités de la ville. Une créature surnaturelle, quelle qu'elle soit, était au courant de tout, ou de pratiquement tout. C'est exactement pour cela qu'il était compliqué de les tuer. L'excuse de la jeune femme lui fit seulement l'effet d'un mensonge trouvé sur le fait. Il y avait être sportive et être sportive, il n'était pas idiot. Cependant, il se contenta d'hocher la tête.

"Oui, ça doit être ça .."

Relevant les yeux vers la blonde, qui semblait plus apeuré que ce qu'il aurait dû être lui-même, il relâcha la pression qu'il exerçait sur son esprit dans le but de trouver la solution à ses questionnements, et lui sourit. Il aurait bien le temps d'y réfléchir plus tard.

"Comme tu veux ... Je vais devoir faire pas mal de rangement de toute manière ..."

Un air amusé sur le visage, il pointa tous les CDs et les gadgets éparpillés sur le sol. En effet, il y avait eu du remue-ménage.

"Mais repasse quand tu veux... J'ai bien aimé parler avec toi."

Faire taire ses doutes pour ne pas faire fuir une des seules personnes qu'il était sur le point d'apprécier. Clever boy.

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Sayanel sembla se rendre compte du caractère déplacé de sa question au moment même où celle-ci franchit ses lèvres, ce qui eut au moins le mérite de me calmer. Il avait l'air de réfléchir intensément, comme s'il me jaugeait du regard pour se faire un opinion que je ne pouvais pas connaître. Je mourrais pourtant d'envie de savoir ce qu'il pouvait bien se dire, je savais que cela m'apprendrait bien des choses. Je ne pouvais toutefois pas vraiment lui demander de me traduire ses pensées intérieures.
Comme je le prévoyais, ma tentative d'explication du phénomène tomba à plat. J'aurais mieux fait de ne rien dire du tout, j'avais probablement encore plus enraciné ses soupçons en essayant de me justifier aussi bêtement. C'était tout autant lui que moi que j'essayai de convaincre. Nous convaincre ; nous persuader que je n'étais pas un monstre. N'ayant pas spécialement envie de m’appesantir sur le sujet, je fus contente qu'il fasse semblant d'accepter ma piètre excuse. Au fond de moi, je me doutais qu'il n'avait pas abandonné si facilement ses interrogations, mais je me complaisais à croire que c'était le cas. Le sourire qu'il m'adressa me conforta dans cette optique.
Lorsqu'il évoqua le rangement qui l'attendait en montrant du doigt le bazar qu'il y avait par terre, je me sentis horriblement embarrassée. Passant une main dans mes cheveux pour me donner une contenance, je répondis, gênée.

" Ah oui.. Je suis vraiment désolée, c'est complètement de ma faute, si je ne t'avais pas occupé tout ce temps ce type n'aurait jamais pu mettre un désordre pareil.. "

En parlant je m'étais éloignée de la sortie, c'est donc naturellement que je me baissai pour ramasser plusieurs gadgets. Puis je réalisai que je n'avais strictement aucune idée d'où mettre tout ça.

" Je vais t'aider si tu veux.. Où est-ce que je mets ça ? "

Je jetai un coup d’œil à l'extérieur et une lueur d'inquiétude me passa dans les yeux. Le jour commençait à tomber... Et si ça se passait encore cette nuit ? J'avais déjà eu une crise récemment, mais je ne pouvais jamais vraiment savoir quand ça allait me tomber dessus. Je crois que les moines qui m'avaient séquestrée avait un calendrier grâce auquel ils arrivaient à prévoir les nuits où le "démon s'emparait de mon corps", mais je m'étais enfuie avant de pouvoir y jeter un œil. Un regard sur l'horloge plaquée sur le mur m'apprit qu'il me restait encore à peu près une ou deux heures pour m'isoler, à peu près assez de temps pour ranger tout ça et rentrer me cacher.

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Pour la première fois, sans doute, depuis le début de ses années de chasse, Sayanel décida de laisser tomber les doutes qu'il avait à l'égard de la jeune femme en face de lui. Des années auparavant, il aurait à peine cherché à comprendre, et elle aurait sans doute déjà été dans son collimateur, sûrement chassée dans la soirée. Parce qu'il avait été comme cela, à ne pas faire attention, à ne pas se demander quoi faire, quoi dire. Parce qu'il savait, à l'époque. Toute créature était maléfique, se devait d'être supprimée. Parce qu'elles étaient le plus grand malheur de Mystic Falls. Mais depuis qu'il avait ouvert les yeux, beaucoup de choses avaient changées. Sa rage contre le surnaturel avait bien diminuée, bien qu'elle soit toujours présente. Il s'était fait des amis. Elena. Damon. Elizabeth. Tous ces prénoms qu'il aurait dû haïr, il les considérait comme des personnes normales... Ou presque. Il avait appris à ne pas juger directement les créatures, d'observer d'abord leurs actes. C'était le mieux à faire, le plus logique, oui. Parfois, il avait du mal. Parfois, il laissait ses sentiments prendre le dessous, son professionnalisme, si on pouvait l'appeler de la sorte, le quitter. Mais pas aujourd'hui. Aujourd"hui, il enfouirait ses sentiments au fond de lui, laissant le bénéfice du doute à May. Elle ne semblait pas craindre de laisser échapper une quelconque vérité juste ... Elle avait juste semblé énervée des mots qu'il avait utilisé, avant de se calmer. Ce n'était pas habituel comme réaction, ça ne l'était pas du tout, venant des êtres comme eux.

Alors il fit comme si de rien n'était jusqu'à ce qu'il pense y croire lui-même. C'était la meilleure solution pour ne pas détruire le semblant de relation entre les deux jeunes gens. Il rit à la phrase de May, secouant la tête. Elle l'avait plus aidée qu'autre chose, et rien n'avait été volé. Bien entendu, il pouvait apercevoir une ou deux rayures sur les pochettes des disques éparpillés sur le sol, mais ce n'était pas vraiment le plus grave qu'il y aurait pu avoir ... Il n'osait imaginer la réaction de son patron si toute une étagère s'était fait la malle. Bien entendu, il n'aurait pas été viré, mais le savon et un retrait des dommages sur sa paie auraient été de mise, ce qu'il ne pouvait pas vraiment se permettre.

" Tu viens de sauver mon salaire, tu devrais être fière de toi, plus tôt. C'est lui qui devrait se sentir gêné."

Sayanel savait pourtant qu'on ne reverrait pas le jeune voleur de si tôt dans la boutique. Ou dans aucune autre, soit dit en passant. Il devait avoir eu la peur de sa vie, et aucune envie de recommencer ses larcins. Avec attention, il ramassa quatre disques au sol, vérifia que leur pochette n'était pas trop abîmée, et les remit en place, sur l'étagère précédemment tombée au sol. Tout était rangé par ordre alphabétique, aussi il prit bien garde de tout remettre exactement là où cela avait été. Il n'avait pas envie de devoir rendre des comptes à qui que ce soit si tout était en désordre. Voulant aider, May attrapa quelques boîtes, lui demandant où les mettre. Le jeune homme releva la tête et lui indiqua un endroit.

"Mets les là, il suffit que tu les accroches en dessous des écriteaux correspondants. Merci de m'aider, t'es vraiment pas obligée."

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Lorsque Sayanel sembla finalement laisser tomber ses doutes et ses interrogations, je m'autorisai à me détendre. Il laissa échapper un rire amusé en entendant mes piètres excuses avant de me rassurer.

" C'est vraiment rien, je suis contente d'avoir pu t'aider un peu. " concluais-je brièvement, toujours un peu embarrassée.

En vérité, je ne me sentais absolument pas fière de moi et encore moins flattée des admirations que l'on pouvait me porter pour ce genre d'intervention. Comment vous dire, en fait c'est le diable qui vit en moi qui me donne cette force et cette vitesse, il me fait même me changer en monstre et, quand je me blesse, je guéris dix fois plus vite que les gens normaux, c'est génial, vous voulez voir ?
Je secouai la tête, comme pour me sortir d'une rêverie inutile. Les boites que j'avais ramassé n'avaient pas souffert de leur chute, heureusement pour ma culpabilité. J'observai le jeune vendeur ranger quelques CD par ordre alphabétique. Bien, ranger par ordre alphabétique et selon les écriteaux, je devrais quand même y arriver. Les boites que je portais indiquaient toutes le mot "Iphone 5". Je me dirigeai alors d'un pas décidé dans une allée et entamai ainsi mes aller-retours entre le petit tas de marchandises et les étagères, tâchant au début de me dépêcher, sans cesser de jeter quelques coup d’œil à l'horloge et au soleil qui déclinait à l'extérieur.
Finalement c'était tout de même plutôt agréable. Je me baladai dans les rayons d'un grand magasin, la musique était toujours aussi entraînante et Sayanel toujours aussi agréable. Je me surpris même à esquisser quelques pas de danses en chemin avant de rire doucement, vérifiant d'un regard circulaire que personne ne m'avait vue. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi bien, aussi sereine. Tellement bien que lorsque je revins pour prendre d'autres boites et que je vis qu'il n'y avait plus rien, je me sentis un peu déçue. Je serais bien restée un peu plus longtemps. Quoique.. Il fallait que je me dépêche de rentrer chez moi maintenant, dommage. Mais je ne pouvais prendre aucun risque. Je ne voulais plus être responsable de la mort ou des blessures des innocents qui m'entouraient. Ainsi, je m'approchai de Sayanel pour lui dire au revoir.

" Bon eh bien, encore désolée pour tout ce remue-ménage.. J'ai quand même vraiment apprécié cette après-midi, merci. "

Cela me semblait important. De le remercier.
Après avoir hésité quelques secondes sur la façon dont je devais m'y prendre pour saluer, je lui tendis une main qu'il serra brièvement avant que je la retire, marchant déjà vers la sortie. Je me retournai pour justifier mon empressement.

" Désolée, je.. j'aime pas trop le noir. "

C'était on ne pouvait plus vrai, songeai-je tout en sortant du magasin avec un dernier regard pour mon vendeur. Le noir, la nuit, tout ça m'effrayait. Parce que ça signifiait que ça allait peut-être recommencer. Que j'allais peut-être encore perdre le contrôle. Que j'allais peut-être encore me perdre.
Je me mis en marche vers les résidences universitaires, toujours perdue dans mes pensées.
Oui, j'avais peur du noir. Une peur maladive.

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Sayanel décida de conclure l'épisode du voleur par un sourire, à l'attention de la jeune blonde. Après tout, il aurait bien le temps d'y réfléchir plus tard. Et puis, il avait toute la boutique à ranger, parce qu'un garçon qui n'avait visiblement pas eu d'éducation avait voulu faire le malin, et prendre la moitié de la boutique avec lui. Soupirant un peu malgré lui, il se baissa encore une fois pour attraper les objets au sol. ll aurait pu songer amèrement à fermer un peu plus tard pour tout remettre en ordre et ainsi éviter ne serait-ce que le moindre commentaire de son patron, mais May se proposa de venir l'aider, ce qu'il ne refusa pas vraiment. Après tout, ils iraient plus vite à deux, non?

L'avantage de cette activité pour le moins monotone et longue, est qu'il n'avait le temps de penser à rien d'autre. Regarder le titre des albums, des artistes, des accessoires, tout ça demandait un minimum de concentration qui évitait qu'il s'éparpille en d'autres pensées. Jetant un oeil discret à la blonde présente, il sourit lorsqu'il vit à quel point elle semblait contente de ce qu'elle faisait. Ou du moins, à quel point elle semblait ne pas prendre ça comme une corvée.

"Je devrais te conseiller à mon patron, tu sais !"

Bien sûr, il rigolait, mais vu comme elle semblait ne pas rechigner à la tâche, pour sûr qu'elle ne serait pas refusée beaucoup d'endroits si elle voulait un boulot. Ce qui était positivement surprenant, c'est qu'ils finirent très vite de ranger ce qu'ils avaient à ranger. A deux, les choses allaient beaucoup plus vite, ce que le Pritchard ne connaissait pas vraiment, son boss n'étant pas vraiment du genre à mettre la main à la pâte. Il était là pour ça, après tout.

"Oh, moi aussi, je l'ai appréciée. Bonne soirée."

Il remarqua, alors qu'elle se dirigeait vers la sortie, qu'elle était réellement empressée de partir, et qu'elle jetait de temps à autre des regards angoissés vers l'extérieur, qu'elle expliqua comme une peur du noir. Lui serrant la main, il la laissa partir, reprenant ses réflexions. Quelque chose ne tournait vraiment pas rond chez elle.

C'est en fermant la boutique vingt minutes plus tard et en se dirigeant vers la maison des Pritchard qu'il se promit de mettre au clair cette histoire. Il saurait, un jour. Il saurait.

RP TERMINE

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