HOLLY « je suis maitre de mon destin, capitaine de mon âme »

Lorsqu'on entend parler de loups-garous, on s'imagine une troupe de hippies vivant dans les bois, d'été comme de hiver, dans des cabanes construites de leurs mains, parfois sans eau ni électricité. On s'idéalise des familles qui vivent en harmonie avec la nature et les saisons, qui se transforment en loup au grès de leurs envies. Oui, chaque fois que j'ai mis le sujet des loups-garous sur le tapis de quelqu'un, cette personne me racontait des choses qu'il avait entendu ou cru comprendre dans des livres. Seulement voilà, ce n'étaient pas forcément de très bonnes références pour en apprendre d'avantage sur nous. Jamais, au grand jamais, ils ne se sont penchés un peu plus sérieusement sur la question. Faut dire que la plupart des gens pensent que ces créatures sortent tout droit d'un film de Stuart Walker ou, pire encore, du dernier Twilight en vogue.  
Alors non, nous ne nous transformons pas en loup dés que cela nous chante et, non, nous ne vivons pas  forcément exclus en pleine foret. Cela dit, nous sommes effectivement très famille. Si bien que je vis encore avec mes parents (mais j'espère pour plus très longtemps), qui eux, vivent avec ma grand-mère paternelle - que j'adore, soit dit en passant. D'ailleurs, avec mes parents -et aussi loin que je me souvienne- nous avons toujours vécu en appartement, à Old Brooke, en plein centre ville. Psychologue, mon père exerçait non loin de la mairie et, quand à ma mère, elle était -et l'est toujours- professeur d'histoire dans le lycée de la ville. Une petite famille modèle, que personne ne juge différente des autres et, pourtant, nous sommes bel et bien différents que n'importe quelle autre famille d'humains. Pourquoi ? Parce qu'à l'approche de chaque pleine lune, nous partons faire notre excursion mensuelle dans les montagnes. Loin de tout, loin de la ville. Chaque pleine lune nous nous transformons, ensemble. Nous n'avons pas honte de ce que nous sommes et, ce n'est certainement pas pour cela que nous partons aussi "loin" pour le faire. Le problème, c'est que les gens ne sont pas prêts à nous accepter tels que nous sommes vraiment et, d'après mon père, ils ne le seront jamais.

Derrière l'écran PRÉNOM/PSEUDO : DraellVal ∞ ÂGE: Vingt-cinq ans. ∞ FRÉQUENCE DE CONNEXION: Le plus souvent qu'une maman d'un bout'chou peut l'être ^^'. ∞ COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM : C'est ma deuxième famille. ∞ UN DERNIER MOT : . ∞ Code: CLARKE Emilia [color=crimson][/color] HOPKINS Holly M.

Ma chieuse,

T'es celle qui me connais sans doute le mieux et, pourtant, je n'ai pas trouvé les mots pour te le dire en face. Je pars. Je reconnais la lâcheté de mon silence, de mes sourires forcés de ces derniers jours mais, tu comprendras que ce n'est pas une chose simple à avouer. Je pars. Pour toujours.
Pour l'instant, tu vas surtout m'en vouloir de ne t'avoir rien dit, ne rien n'avoir laissé paraître de mon mal-être. Je te connais par contre, comme si je t'avais fait et, je sais que tu essayeras de trouver le mystère qui se cache derrière tout cela. S'il te plait, ne le fait pas. Il y a rien à trouver, rien à comprendre. Je pars, tout simplement...
La vie m'a apporté tout ce dont j'avais besoin mais, ce qu'on oublie de nous dire lorsqu'on est gamins, c'est qu'elle peut aussi tout reprendre du jour au lendemain. En un claquement de doigts, les choses peuvent devenir si horribles que seul un départ définitif peut tout arranger et, c'est exactement ce que je fais aujourd'hui. Je pars. C'est ce que je peux faire de mieux pour essayer de rattraper mes erreurs, de vous garder en vie. Vous, mes amis, ma famille.
J'espère que tu auras la force de l'annoncer à ma mère. Elle qui nous a tant de fois surpris en train de nous échapper par la fenêtre de ma chambre. Savais-tu qu'elle rêvait qu'on finisse ensemble un jour ? Non, tu ne l'envisageais même pas. Je le sais. J'espère aussi que tu ne me pleureras pas trop longtemps. Tu as une vraie vie devant toi, un vrai potentiel. Ne gâche pas tout pour un gars comme moi, un gars qui n'est plus là. Vis, aussi fort et intensément que tu le peux. Profites de tout ce que la vie te réserve parce que, une fois de plus, on ne sait jamais combien de temps ce bonheur durera.
Tu embrasseras ton cousin pour moi, ainsi que mon père. Il ne laissera rien paraître mais, je sais que mon départ le bouleversera. Prends soin de lui, s'il te plait. Il ne te l'a jamais dit mais, comme ma mère, il te considère comme sa fille. Malgré tous les quatre cents coups qu'on a pu faire ensemble et le nombre de voitures qu'on a pu bousiller sans son accord dans le temps, il t'adore, sache le. Et moi aussi.
A tout ceux qui se demanderont pourquoi cette lettre t'est destiné, je leur ai déjà répondu dans ma toute première phrase. Tu es celle qui me connait le mieux, mon amie de toujours, ma soeur de sang... Je pourrais écrire des heures durant sur ce qui fait que je t'adore tant mais, il ne me reste plus beaucoup de temps. Je ne veux pas non plus m’éterniser sur ce que je ressens mais, puisque je ne l'ai jamais fait auparavant, il me semblait que c'était le meilleur moment pour le faire.

Ne m'en veux pas,
Samuel

- Rentre chez toi Hopkins, me dit aussitôt Steevens, prends ta semaine, le mois entier, le temps qu'il te faudra, mais je suis encore sous le choc. Je n'entends que la petite voix dans ma tête qui lit le texte en silence, celle d'un Samuel en détresse.
Je n'ai pas pu m'approcher du corps. Etant un membre proche de son entourrage, je n'ai pas eu droit de rentrer dans le périmètre de sécurité, ni même le droit de suivre l'enquête tout court mais, selon Steevens, il n'y en aura même pas une. Il s'est suicidé, voilà tout, m'a-t-il dit en me tendant la lettre d'adieu.
- Tu crois qu'il avait des problèmes ? C'est quand même dingue qu'il se soit tué ici, non ? Si loin... Pourquoi ? Je lève les yeux au ciel et plie la lettre en quatre pour la glisser dans la poche de mon pantalon. Je ne sais pas. Je... Je dois aller voir sa mère, dis-je en essayant d'éviter maladroitement le sujet du lieu.
Il se trouve que, curieusement, mon meilleur ami d'enfance et fidèle confident de toujours a choisi pile poil cette route, celle que prenons mes parents et moi pour notre excursion mensuelle, pour se suicider. Si sa lettre me semble en elle-même étrange, son suicide et son choix de lieux reste pour moi un mystère. Steevens me dévisage comme si j'étais complice de quelque chose, ce qui fini par me faire sortir les griffes.
- QUOI ? Tu crois vraiment que je suis dans sa tête, qu je savais ce qu'il allait faire et où ? Crois-moi, si cela aurai été le cas, j'aurai été là pour l'en empêcher ! il me dévisage encore, d'un air désolé et mal à l'aise. Il dit pourtant que tu es celle qui le connait le mieux. Tu n'as pas une petite idée ?
- STEEVENS ! ce dernier se tourne aussitôt vers notre supérieur, suivi d'un Oui, chef ? très caricatural. Laisse Hopkins traquille. Quant à toi, rentre chez toi. Prends un bain, lis un livre, dors un peu, pars en vacances... Occupe-toi mais, ne te présente pas devant moi avant une semaine. C'est compris ? Je vais pour rétorquer quelque chose lorsqu'il me prends dans ses bras et me murmure un sincère désolé à l'oreille. En se détachant de moi, il m'ordonne aussitôt de quitter les lieux et en vitesse, ce que je fais.

***

Une semaine plus tard, je n'y crois toujours pas. Je ne me suis pas encore présenté au travail et, à vrai dire, je ne compte pas le faire avant d'en avoir fini avec "l'affaire Samuel". Je sais pertinemment que je serai surveillée par mon supérieur en arrivant. Il va essayer d'étudier mon comportement, de voir comment je réagis face à la mort de mon meilleur ami. Il pensera que j'essaye savoir ce qui s'est réellement passé et, j'avoue que c'est exactement ce que je fais. C'est plus fort que moi, je dois comprendre pourquoi...
Cela fait une semaine que je tapisse le mur de ma chambre avec des bouts de journal de la ville, des lettres et des dessins que Samuel adorait faire. Je suis sûre que quelque chose se cache là dedans mais... quoi ? Il savait pour moi et les miens. Pourquoi avoir choisi cet endroit pour mourir ? Pourquoi me demander de ne pas cherches des réponses ? Il aurai du le savoir que c'était précisément ce que j'allais faire. Je ne comprends pas.
- Holly ? tu es en haut ? On ne va pas tarder à partir, me crie la maman de Samuel d'en bas des escaliers. Oui ! J'en ai encore pour deux petites minutes. Nous sommes le jour de l'enterrement et, j'ai pretexté avoir besoin de quelques affaires personnelles de Sam pour pouvoir faire mon deuil. Ce qui en soit, ce n'est pas faux. Sa mère n'y a vu que du feu mais, j'ai lu dans le regard de son père qu'il attendait également des réponses. Oui, il attendait que je découvre des choses intéressantes dans les affaires de son fils lui aussi.
- Je ne crois pas à cette histoire de suicide non plus, me dit-il tout bas, me faisant sursauter. Je ne vous ai pas entendu arriver.
Après une courte discussion sur la lettre d'adieu de Samuel, nous descendîmes ensemble pour rejoindre sa femme. Elle avait les larmes aux yeux et les cachait derrière une énorme paire de lunettes de soleil. Débordante de compassion, je la prends par le bras et l'accompagne jusqu'à la voiture. Tes parents viendront aussi ? me demande-t-elle d'une voix cassée. Oui, Mme Holdman. Tout le monde y sera.
Et effectivement, tout le monde y était. J'ai même revu des collègues de classe, que je n'avais pas revu ou à qui je n'avait pas reparlé depuis des lustres. Ils étaient tous là, même ceux avec qui on s'entendait le moins. Louche...

***

Peine de coeur, problème de drogue, manque d'argent... Un mois plus tard, les gens se sont fait une joie d'imaginer tous les scénarios possibles et inimaginables à la mort de Sam. Même Godrick, mon cousin, avec qui nous traînions h24 lorsque nous étions enfants, y allait de son pronostique. Selon lui, il n'avait pas supporté que sa dernière conquête le quitte alors que c'était Samuel qui avait pour habitude de larguer toutes les minettes au beau matin.
- T'es con... dis-je d'un air songeur. Godrick essaye de me changer les idées de son mieux depuis le "drame" mais, ma force de caractère est bien plus forte qu'elle en a l'air. J'ai fini par reprendre le travail d'ailleurs. Je fais comme si tout allait bien, comme si j'avais passé le capte de la douleur, de la colère et de la dépression suite à un décès d'un proche mais, c'est faux. J'ai fini par jeter tout ce que j'avais mis au mur de ma chambre mais, seulement parce que cela faisait peur à ma mère et que ma grand-mère me l'a gentillement demandé, en disant que c'était pour le bien de tous. Je n'en parle plus tellement, c'est vrai mais, cela ne m'empêche pas de me pencher dessus tous les soirs et d'y réfléchir quotidiennement. J'ai même un petit carnet que je garde constamment sur moi, ainsi que la lettre de Samuel, pour me souvenir que je ne dois pas abandonner les recherches. C'est ainsi que j'ai découvert qu'il avait effectivement des problèmes d'argent. Il en devait à quelqu'un mais, je n'ai pas encore compris à qui.
- Tu te souviens des personnes présentes à son enterrement ? Godrick me lance un regard lointain, ce qui me dit qu'il essaye de se souvenir, en vain. Non, pourquoi ? Bingo ! Je soulève nonchalamment mes épaules comme si le sujet n'avait aucune importance et lui souris doucement. Non, comme ça... Je suis sûre que celui ou celle qui l'a poussé au suicide était présent ce jour là avec nous et, je finirais par découvrir qui.
- T'as envie d'une pizza ? J'ai faim. me lance Godick, sachant parfaitement mon adoration pour ces petites choses là. Son don pour les changements de conversation me fascinera toujours. Il peut passer du coq à l'âge en un millième de secondes et te regarder droit dans les yeux comme si c'était toi le débile qui ne comprends rien à la conversation qui a tout pour être normale. Cela amusait beaucoup Samuel à une époque mais, avec le temps, cela le rendait tout bonnement fou allié. Godrick est plus jeune que nous moi de 4 ans mais, cela ne l'a jamais empêché de traîner avec nous, au contraire. Il était notre "fou du roi" à nous et, au jour d'aujourd'hui, je ne sais pas ce que je ferais sans lui. Une grande Bolognaise ou Campagnarde ? demande-je en prenant mon téléphone. Les deux !