Au coeur de la nuit • Théobald&Myria

La nuit était déjà tombée depuis quelques heures mais la ville ne dormait pas encore. En plein cœur de la Nouvelle Orléans, la fête battait son plein. La musique était agréablement bruyante. Même au milieu de la nuit, même à l'extérieur, il continuait à faire chaud. Depuis le couché du soleil, elle avait dansé, bu, rit et flirté avec une bonne partie de la population vampire du quartier. Heureusement pour elle, les vampires n'avaient pas un aussi bon nez que les hybrides ou les loups-garou. Si elle les repérait facilement, à l'odeur, tant qu'elle ne se transformait pas, elle pouvait facilement passer pour l'une des leurs. Elle buvait du sang, hypnotisait... et avait même trouvé un bijou ressemblant à ceux ensorcelés pour marcher sous les rayons du soleil. C'était du toc, elle n'en avait pas besoin d'ailleurs, mais cela avait suffit pour n'éveiller aucun soupçon lorsqu'elle se déplaçait en pleine après midi. D'ordinaire affectée à la protection de Hayley, ce n'était pas à son tour de veiller sur elle. Myria avait grand besoin de décompresser un peu. Il faut dire que la louve ne lui rendait pas son travail facile, en tentant à tout bout de champ d'échapper à ses gardiens ! Elle avait bien mérité une nuit tranquille... D'autant qu'elle avait besoin de se nourrir en quantité raisonnable si elle voulait être efficace.

Les soirées organisées par Marcel étaient toujours pleines à craquer, humains et vampires mélangés et presque difficiles à distinguer tant que n'était pas venu l'heure du festin. Elle avait ingurgité une quantité impressionnante d'alcool mais sa tolérance avait significativement augmenté depuis qu'elle était devenue hybride. Elle tenait toujours debout, malgré ses chaussures à talons et les pavés irréguliers. Elle avait soif. Seulement, ça ne serait pas un verre de plus qui réglerait le problème. Elle attendait, presque avec impatience, le signal qui leur annoncerait qu'il était permis de se nourrir des humains présents. Replaçant une mèche rousse qui lui tombait devant le visage, elle regarda sa montre. Il lui faudrait prendre son mal en patience et encore attendre une grosse demi-heure. Elle partit se mélanger à la foule, observant les visages et les corps tentant de trouver celui ou celle qui ferait plus tard son repas. Ou peut-être simplement quelqu'un avec qui passer un bout de la soirée ?

C'était fou, cela lui arrivait rarement, mais elle était presque sur le point de s'ennuyer. Elle avait beau danser, danser seule, cela ne lui suffisait pas. Elle avait envie de discuter, de croiser quelqu'un qui ferait qu'elle se souviendrait de cette soirée. Elle n'était pas à la recherche du grand amour, loin de là, mais elle n'avait pas envie de perdre son temps non plus. Surtout qu'avec sa mission de garde du corps, elle n'avait plus droit à autant de soirée de liberté qu'avant. Les quelques personnes auxquelles elle avait tenté de parler s'était révélées aussi basique que des cailloux. Ou du moins, c'était l'impression qu'elle avait eu. Elle attendrait encore un peu avant de changer d'endroit ou de rentrer chez elle. Puisque le bar était l'endroit où tout le monde finissait par passer à un moment ou à un autre, c'était là qu'elle risquait le plus de croiser de nouvelles têtes. Myria s'y dirigea, elle aussi, pour commander une nouvelle boisson. Un dernier cocktail pour la route ? Peu importe ce qui se trouvait dans son verre au final, tant que ça n'avait pas un goût exécrable et que cela finissait par lui faire tourner un peu la tête. Ici, le volume de la musique était moins oppressant, sans doute pour permettre aux fêtards de passer commande sans se mettre à hurler. Elle soupira. Bientôt, elle retournerait dans la grande demeure qui habitait la maman louve et elle pourrait supporter de nouveau ses hurlements à elle. Elle était sur le point de prendre la route quand quelque chose, ou plutôt quelqu'un, attira son attention. Près d'elle, se dressait la silhouette de quelqu'un qu'elle avait déjà croisé de temps à l'autre, élégamment habillée, de manière un tantinet désuète. Elle préférait adopter un style plus moderne, même si elle devait reconnaître que cela le mettait en valeur. Elle s'habillait de manière féminine et une petite robe suffisait en général à faire sa tenue. Surtout que le climat s'y prêtait bien. Elle décida de donner une nouvelle chance à cette soirée. Sans perdre de temps, elle fit les quelques pas qui le séparait de lui et lui demanda en plaisantant :

« Pourriez-vous m'accorder une danse ? »