Noir. Tout était noir. Elles sentaient des larmes couler le long de ses joues, mais elle ignorait tout ce qui se passait. Elle avait l'impression d'entendre son cœur battre aussi fort qu'un tambour. Et tout lui semblait amplifié. Sa haine, ses peurs, sa curiosité. Et puis, il y avait cette sensation horrible, infâme qui lui brûlait le fond de la gorge. Sortir. Elle n’avait qu’un envie, c’était de sortir. A croire que son
impulsivité était décuplée elle aussi. Elle tâtonna du mieux qu’elle pu. Et puis elle trouva une porte. Fermée à clé. La rage l’envahi, rapide comme l’éclair. La demoiselle était déjà bien assez
colérique, et voilà que sa colère était elle aussi multipliée par dix, voire cent. Sans réfléchir, elle frappa cette cœur en plein cœur, qui s’effondra sous ses yeux ébahis. Elle n’eut pas le temps de réfléchir plus longtemps. Elle sentit un brûlure atroce sur sa jambe, comme si on venait de lui mettre le feu. Elle la retira immédiatement. Impossible. Ce n’était tout de même pas le soleil qui lui avait fait ça. Sans plus attendre, elle essaya de sortir, mais se retrouva au fond de la pièce en un clin d’œil. Etrange. Elle ne comprenait plus rien. Puis, sa mémoire refit surface, peu à peu. Elle retrait tard de chez son fiancé. Un fiancé qu’elle détestait, un fiancé choisit par le plus grand soin de ses parents. Mais elle n’avait rien pu dire. « Sois belle et tais-toi. » Voilà comment ils l’avaient élevée. Toute sa vie, elle s’était comportée comme une fille modèle, discrète avec une éducation remarquable. Peut-être trop d’ailleurs. Faute d’amour et de tendresse, Rosea avait seulement reçu des ordres et des punitions de ses parents, ducs d'écosse. La perfection. C’était ce qu’ils voulaient pour leur fille unique et pour leur réputation. Il ne fallait jamais désobéir. Jamais. Alors Rosea s’était sentie prisonnière tout sa vie, et même si elle n’aimait pas son fiancé, elle espérait qu’avec lui, elle aurait un peu plus de liberté. Cette nuit-là , elle s’était rendue chez lui pour discuter du mariage qui approchait à grand pas. Au bout de quelques heures, elle s’était décidée à rentrer. Mais rien ne s’était passé comme prévu. Un groupe d’homme, probablement émèchés, s’en étaient pris à elle. Tout ce qu’ils voulaient, c’était des perles qu’elle avait autour du coup. Mais Rosea s’était débattue, tant bien que mal. Puis, la jeune femme se souvenu d’un sauveur mystérieux. D’un sauveur si rapide qu’elle nu pas le temps de le voir. Et ce qui l’empêcha de dire merci, ce fut la froide lame du poignard qui lui traversa la poitrine. Et puis, plus rien. Le noir complet.
Dans l’ignorance totale, Rosea-Lys passa sa main sur sa poitrine. Rien. Elle n’avait aucune marque d’un quelconque poignard, elle eu seulement la possibilité de voir ses habits déchirés et recouverts de sang. Ce qui lui arrivait, elle n’en avait aucune idée.
Paris, Berlin, Istanbul, Tokyo, Londres, Dublin, Rio, Mexico. Des villes, elle en avait visitées. Il faut dire que Rosea avait toujours été
déterminée. Personne ne pouvait lui enlever un idée qu’elle avait dans la tête, personne. Le temps avait bien passé depuis cette fameuse nuit qu’elle avait passée dans une pauvre cabane. Cinquante ans. Oui, clinquantes longues années s’étaient écoulées, et elle n’avait pas pris une ride.
Intelligente, elle n’avait mis longtemps avant de comprendre ce qu’il lui arrivait. Elle se rendit surtout à l’évidence lorsqu’elle vida de son sang un pauvre type qui passait par là. Un vampire. Son mystérieux sauveur l’avait transformé en vampire. Après quelques mois d’adaptation, elle s’était lancée à sa recherche. Elle voulait juste le connaître, lui dire merci. Il était évident qu’après ce qui était arrivé cette nuit là, elle n’aurait pas pu rentrer chez elle et vivre une petite vie parfaite de gentille épouse docile. Non. Tout ça, ça n’aurait pas été possible. Cette Rosea, si belle qui se contentait de se taire avait mystérieusement disparue pour laisser place à une jeune vampire
forte, fière, intouchable. Oui, intouchable. La demoiselle n’
avait plus peur de rien, et c’était bien ce qui l’embêtait. Au fond d’elle, tout ce qu’elle voulait, c’était ressentir la peur. A croire que le vampirisme avait ternit son cœur à tout jamais. Et voilà qu’au lieu d’être l’une de ces pauvres femmes mariées par la force avec trois enfants à élevé, elle était pleine de vie, à faire le tour du monde.
Sa main dangereuse dans la poitrine d’un autre vampire, elle s’était mise à hurler. Oui, elle obtenait toujours ce qu’elle voulait, beaucoup avait peur de son
hystérie. Cette fichue vague l’envahissait et faisait beaucoup de dégât, sans même qu’elle le veuille. C’était comme ça qu’elle avait tué cette vieille dame à Cannes, et cet autre jeune homme à Naples. Et à cet instant, elle sur le point d' arracher le cœur de ce type-là, lui aussi vampire. « Dis moi, tu sais où se trouvent les autres ? Du moins, les gens comme nous ? ». Il ne voulait pas lui répondre. Et cela avait don de la mettre hors d’elle. Elle attendit une, deux, puis trois seconde. Game over. Le pauvre type se retrouva sans cœur. Et elle avec deux. Elle le jeta par terre, déçu. Ce n’était pas la première fois qu’elle tuait, mais lui était le premier vampire. Elle ressentit la même chose que lorsqu’elle tuait ses première victimes. De la tristesse. De la haine. De la souffrance. De la tristesse, parce qu’elle pensait à la famille potentielle de sa victime. Après tout, même si elle essayait de se convaincre de l’inverse pour se protéger, et surtout protéger les autres de sa condition, elle était
très sensible et avait bon cœur. De la haine, oui, pour ce vampire qui l’avait transformée et à cause de qui elle tuait. De la souffrance, parce qu’il arrivait souvent qu’elle déteste ce qu’elle devenait. Il arrivait aussi qu’elle ait du mal à se regarder dans un miroir, repensant à ceux qu’elle avait tués. Mais l’instant d’après, elle en tuait d’autre pour retrouver celui ou celle qui avait eu la bonne ou mauvaise idée, celons ses humeurs, de la transformer.
Mystic Falls. Elle y était enfin, si près du but. Et pour tout, alors qu’elle aurait pu croire que tout allait être facile, que tout allait être un jeu d’enfant, tout était compliqué. Il y avait tellement de vampire ici qu’elle se voyait mal rencontrer chacun d’entre pour leur demander s’ils étaient en Ecosse presque cent ans auparavant. Non, elle l’aurait l’air d’une pauvre folle, et elle détestait être sous estimée. Alors elle patientait, bien sagement. De toute façon, elle savait qu’elle trouverait ici, quitte à demander un service à ces … sorcières. Oui, des sorcières. Elle qui les imaginait avec un nez crochu et d’infâmes verrues, elle avait tout faux. Finalement, elles étaient comme tout le monde, même comme Rosea en apparence. Et qui sait, l'une d'entre elle pourrait enfin lui faire l'une de ces bagues que certains ont, l'une de ces bagues avec laquelle elle pourrait sortir le jour.
« Tu vas finir par me tuer ? » Rosea-Lys eu un faible sursaut, tirée de ses pensées par cette phrase qui la toucha en pleine cœur. Cela faisait maintenant quelques semaine qu’elle avait rencontré cette jeune fille, une simple humaine innocente. Elle ne lui avait jamais dit qui elle était vraiment, mais elle était persuadée qu'elle le savait. Après des années et des années à parcourir le monde, sans jamais s’attacher à cette personne, cette fille avait été une véritable bénédiction. Oui, la bénédiction qu’elle s’attache réellement à quelqu’un, ce qui était très rare. La bénédiction qu’elle puisse prendre racine, ici à Mystic Falls. Avec cette humaine, Rosea se sentait revivre. Elle était apaisée et se montrait sous ses meilleurs jours. Elle lui accordait douceur, gentilles et était prête à tout pour la protéger. Oui, Rosea était toujours très
dévouée pour ceux qu’elle aimait. C’était d’ailleurs ce qu’il lui avait manqué pendant toutes ces années. Une personne à aimer, une personne à protéger. Bref. Un petit sourire aux lèvres, elle releva la tête.
« Mais enfin, pourquoi je ferais ça ? » « Parce que c’est ce qu’ils font tous, les vampires. Ils font semblant de t’aimer, ils te manipules, ils se nourrissent de ton sens, puis ils te tuent. C’est ce qu’on m’a dit ». La tuer. Rosea ne pourrait jamais. Elle considérait cette fille comme un sœur. Là, elle ressenti la même douleur que lorsqu’on lui avait planté ce poignard, sauf que cette fois-ci, c’était dans le cœur. Elle failli laisser quelques larmes couler, mais elle se retenu. Elle était bien trop fière et trop forte pour ça. Elle inspira, puis ce décida à lui répondre.
« Je ne t’ai jamais manipulée, et je n’avais pas l’intention de le faire. Je vais juste le faire, là, mais pour toi, pour que tu oublies tout ça. Je tenais beaucoup à toi, et j’étais heureuse de passer du temps avec toi. Adieu ma chérie. » Elle lui pris les épaules, et avança son visage vers elle.
« Oublie-moi . » Puis Rosea, disparu, rapide comme l’éclair. Elle s’enfonça dans la forêt, et couru jusqu’à en tomber. Cette fois, et pour la première fois depuis sa transformation, elle pleurait.