beautiful weakness, adèle.

La jeune femme regardait tout autour d'elle, comme si elle cherchait quelque chose avec une excitation toute particulière. Sa chevelure blonde ne cessait de s'agiter dans tout les sens, à chaque fois qu'Adèle tournait la tête. Elle cherchait probablement son père pour lui souhaiter son anniversaire. Sa mère semblait beaucoup moins enthousiaste, ses traits vieillis par une anxiété plus qu'apparente. Des cernes amplifiaient cet effet, et donnaient à la mère de famille une dizaine d'année de plus. Les yeux rouges, elle regardait sa fille, et semblait réfléchir à ce qu'elle allait dire. Evidemment, Adèle ne se doutait pas de ce qu'il se passait, et gardait son air joyeux accroché au visage. Elle ne se souciait même pas du désordre qui régnait dans la pièce. Alors, la mère de famille s'approcha de sa fille, et posa ses mains sur ses épaules. Elle arborait un air grave et sérieux, qui fit immédiatement retomber le sourire angélique de la jeune femme. « Adèle, ton père est parti pour son travail. Il ne reviendra certainement pas de si tôt.. » chuchota t-elle avec peine. Adèle se doutait que sa mère mentait, mais elle ne dit rien. A chaque fois que cette dernière disait un mensonge, elle avait une mimique. Elle se mordillait les lèvres. Et ça, Adèle s'en était rendue compte. Alors, un homme de grande taille entra dans la pièce, et se racla la gorge. Madame Gedwyr se dirigea vers lui, la mine grave, et une larme coula sur sa joue. Mais Adèle ne comprenait pas. Elle voulait à tout prix savoir ce qu'il se passait. Toutefois, elle préféra laisser sa mère parler avec son oncle.

« Tu ne pourras pas éternellement garder le secret, Mila. Adèle doit savoir ce qui est arrivé à son père. » lança la voix de l'homme. Adèle essayait tant bien que mal d'entendre ce qu'il se passait. Elle savait que quelque chose se jouait. Quelque chose d'étrange. « Elle n'est pas prête pour ça. Nous devons la préserver d'eux. » Adèle arqua un sourcil, un air d'incompréhension accroché au visage. Elle ne savait pas de qui sa mère parlait, en disant le mot « eux ». Elle tenta de s'approcher de la porte, et de coller son oreille contre celle-ci. « Ecoute, Mila. Il a été tué par un vampire, et c'est une chose bien trop importante et grave pour le cacher à votre fille. » Adèle sembla stupéfaite. Ses yeux se figèrent instantanément dans le vide. Aucune larme ne coula, comme si elle ne pouvait pleurer. Son regard sembla s'emplir peu à peu d'une tristesse grandissante. Même si ce qu'elle venait d'entendre l'avait totalement détruite de l'intérieur, elle ne parvenait à pleurer. Elle entra alors dans la pièce, apercevant les visages surpris et outrés de sa mère et de son oncle. « Adèle, tu.. Qu'est ce que tu fais là ? » bredouilla madame Gedwyr. De toute évidence, elle savait que sa fille venait de tout entendre, mais elle continuait de faire semblant. De jouer la comédie. Adèle craqua soudainement, et les larmes coulèrent à toute vitesse le long de son visage, aucun mot ne sortant de sa bouche.

La jeune femme observait autour d'elle, ses prunelles dorées courant le long de la pièce, dévisageant chaque personne avec une attention inébranlable. Sans bouger, elle continuait de mesurer sa respiration, les pulsations de son cœur commençant peu à peu à se calmer ; jusqu'à ce qu'elle n'entende rien d'autre que son souffle. Plus aucun bruit ne se faisait entendre, personne ne parlait, personne ne bougeait. Adèle restait concentrée sur ses pensées, comme si personne ne pouvait venir troubler sa tranquillité. Puis, ses mains se levèrent doucement en direction de la bougie en face d'elle. Il y'a quelques jours, sa mère lui a montré comment allumer un feu de cheminée par la seule force de la pensée. Adèle avait paru totalement stupéfaite, et même un peu effrayée ; elle ne savait pas sa mère capable d'une telle chose. De sorcellerie. Puis, elle a fini par se faire à l'idée, jusqu'à vouloir, elle aussi, utiliser la magie. C'est ainsi qu'elle découvrit le grimoire familial, se transmettant de génération en génération et ce, depuis bien des années déjà. Adèle a appris de nombreuses choses, même si tout semblait encore lui paraître très confus. Et elle se retrouvait ainsi devant une bougie, à essayer de faire apparaître ne serait-ce qu'une petite flamme. Mais rien ne venait. Elle se dirigea alors dans sa chambre, une immense colère embrumant son esprit. Sa longue chevelure blonde semblait voler à chacun de ses pas, tandis que sa silhouette fluide déambulait avec un certain rythme le long du couloir. En arrivant dans sa chambre, elle claqua la porte, folle de colère. Sa mère s'y trouvait, et lui lança un regard surpris. Elle ne comprenait pas ce que sa fille avait, et semblait désireuse de l'apprendre. « Je suis apparemment passée à travers du gêne de la magie. Ça ne fonctionne pas. » lança t-elle, la fureur impossible à dissimuler dans sa voix. Ses yeux se figèrent sur sa mère, et ne se lancèrent nul part ailleurs dans la pièce. Pourtant, la femme assise sur la chaise de bureau de la jeune Adèle se mit à sourire.

La jeune femme la regarda avec une certaine incompréhension. Elle ne savait pas pourquoi un tel sourire venait d'apparaître sur son visage. « Tu sais, Adèle.. la magie est une histoire de sentiments, d'émotions. » lui dit-elle, d'une voix chaleureuse. « Tu dois la sentir, autant physiquement que mentalement. Tout tes sens doivent être en alerte. » ses yeux se plissèrent, et un sourire angélique étira ses traits. « Tout comme à présent. Regarde autour de toi, Adèle. » La jeune femme tourna doucement la tête, décrivant la forme carrée de la pièce ornée de décorations aux couleurs chaudes. De part et d'autres, se trouvaient des petites bougies décoratives ; et à la grande surprise d'Adèle, celles-ci étaient allumées. Une flamme incandescente s'éleva doucement de l'une d'elle, et semblait presque danser, bercée par une douce brise entrant par la fenêtre. Un sourire étira les traits de la jeune femme, qui sembla aux anges, après avoir enfin utilisé la magie.

Ses talons claquaient contre le sol, tandis que sa silhouette fluide ondulait avec lenteur, dans une direction bien précise. Son visage semblait refléter une certaine détermination. Depuis la découverte de ses pouvoirs, Adèle n'était plus la même. Elle avait changé, et avait gagné en maturité et en assurance. Si la jeune femme avait bien appris une chose, c'est qu'elle ne devait faire confiance à personne; sauf à elle-même. Elle avait subi de lourdes et nombreuses trahisons, et désormais, elle était bien décidée à ne plus se laisser berner. Ses pas la menèrent vers le Mystic Grill. Elle en poussa la porte, et entra d'un pas décidé. Le rythme enivrant de ses talons se faisait entendre dans toute la pièce, tandis que quelques regards se tournaient vers elle. Elle se mit à sourire. Un sourire presque diabolique et malsain. Adèle aimait lorsque les regards se posaient sur elle ; cela lui donnait de l'importance. Être au centre de l'attention et des discussions était une chose que la jeune femme affectionnait tout particulièrement, et cela se voyait aisément grâce à l'expression de son visage d'ordinaire si angélique. Elle regardait tout le monde, tour à tour, une étrange expression hautaine et froide accrochée au visage. La posture droite, et la tête haute, elle s'avança d'un pas déterminé en direction du bar. Passant une main dans sa longue chevelure, elle lança un sourire à l'homme qui s'approcha d'elle pour lui demander ce qu'elle souhaitait. « Comme d'habitude. » répondit t-elle, un sourire accroché à son visage.

Si Adèle semblait douce et aimante, elle n'en était pas moins manipulatrice. La jeune sorcière aimait ranger les gens de son côté, et appréciait fortement le fait d'agrandir son cercle de relations. Cela lui permettait d'assurer ses arrières en cas de problèmes ; et aussi de relancer la faute sur les autres quand cela était nécessaire. Trahir les autres était une chose qu'Adèle faisait à merveille. Quelques années plus tôt, elle n'aurait jamais fait une telle chose, mais à présent, tout avait changé en elle. Son comportement s'était plus rapproché de celui d'une garce manipulatrice que d'un petit ange altruiste et généreux. Ceci était certainement l'effet du pouvoir ; de la soif de pouvoir. Elle regarda le barman lui servir un verre, et lui lança à nouveau un sourire. De toute évidence, elle venait de se faire un nouvel ami. Une nouvelle personne à manipuler ; comme toutes les autres. « Pas d'attaches, ne te soucie que de toi-même. » lui avait dit sa mère, quelques années plus tôt. 

Sa silhouette fluide ondulait paresseusement le long de la longue allée faite de marbre. Ses talons rompaient un silence de glace, qui régnait dans les lieux, donnant une atmosphère étrange et obscure. La crinière blonde de la jeune sorcière se balançait paisiblement à chacun de ses pas, tandis que son corps s'enfonçait un peu plus dans l'obscurité du soir. Au loin, on apercevait de fortes lumières, légèrement affaiblies par une épaisse brume qui envahissait peu à peu les lieux. Cette atmosphère donnait quelques frissons à la jeune femme, qui essaya de ne pas y penser. Elle passa une main frêle sur son bras, tout en poursuivant sa marche rythmée. Le stade de Mystic Falls était désert, et éclairé par les projecteurs plantés de chaque côté du terrain. Adèle n'avait pas l'habitude de se rendre ici, et encore moins en pleine nuit. Mais cette fois, tout était différent. Elle devait y rencontrer quelqu'un. Une personne importante. « Tiens tiens, qui voilà. » lança Adèle d'un ton sarcastique. Elle s'approcha doucement de l'homme qui venait de se présenter à elle. Ses prunelles ambrées le dévisagèrent un long instant, avant que ses talons ne se mettent à claquer à nouveau en sa direction. L'homme se planta là, un sourire ravageur accroché au visage, dévoilant quatre dents pointues. « Adèle Cersei Gedwyr.. toujours aussi belle, à ce que je vois. » répondit-il sur le même ton. L'intéressée passa une main dans sa longue crinière blonde, avant d'embrasser l'homme, sans qu'il ne s'y attende. Et à en croire sa réaction, il ne sembla pas contre cette idée. Puis, elle le repoussa doucement, un sourire dévoilant des dents d'une blancheur éblouissante.

« Je ne te savais pas si.. affectueuse. » lança t-il, un peu surpris. Adèle lança un rire glacial, qui résonna dans le stade. Elle le regarda droit dans les yeux, un sourire toujours plaqué contre son visage. Elle semblait se délecter de la situation. Elle avait une avance certaine, que l'homme n'avait pas, et dont il ne se doutait aucunement. « Tu m'avais presque manqué, mon cher. » Il la regarda, comme choqué. Adèle se mit à rire, sans que l'homme ne comprenne. La vérité était que la jeune sorcière ne se souvenait pas l'avoir rencontré. Alors que lui, si. « Ne prends pas cet air surpris. Après tout, nous sommes liés, toi et moi, ne te souviens-tu pas ? » L'homme commença à changer d'expression. Ses yeux semblèrent se convulser, s'emplir de sang. Ils étaient d'une rougeur abominable, et ses dents semblèrent vouloir s'échapper de ses lèvres. Des cicatrices craquelèrent sa peau, formant de profondes traces noirâtres. Puis, son visage se fendit de douleur. Ses genoux se plièrent, et frappèrent le sol avec force. Ses traits étaient déformés par la colère et la douleur. Il convulsait presque. Adèle, qui avait la main plaquée contre son torse, semblait prendre un malin plaisir à rompre un à un ses vaisseaux sanguins. Ils se brisaient, puis se reconstituaient, pour se broyer à nouveau. « As-tu eu ce même sentiment de puissance, lorsque tu as arraché la vie de mon père ? » lança Adèle, les traits défigurés par la colère. Elle s'efforçait de se concentrer sur son pouvoir. Elle devait infliger une douleur irréparable à cet homme. Elle devait lui faire payer ses actes. Il le fallait, pour son père. « Maintenant tu sais ce que ça fait, de souffrir jusqu'à vouloir que tout s'arrête. Tu sais ce que ça fait, de sentir son âme s'échapper de son corps, un peu plus à chaque seconde. » Elle fourra la main dans la poche intérieure de son blouson, et en sortit un énorme pieux de bois. « Passe le bonjour à mon père. » aboya t-elle en enfonçant le pieux sur son torse, là où se trouvait son cœur. Ses traits devinrent de plus en plus sombres, jusqu'à virer au gris. L'homme semblait se fossiliser devant elle. Il était encore à genoux, appuyé contre les jambes d'Adèle. Elle le poussa avec son pied, et lança un peu d'essence sur son corps. Après s'être concentré quelques petites secondes, des flammes immenses semblèrent lécher la statue de marbre, l'engloutissant à jamais en enfer..