Sans contrefaçon je suis un garçon...ou pas!

Jules K. Jefferson

tout commença ainsi...

Je pourrai vous dire que je suis une fille normale, que je vis une vie parfaite, que mon père est quelqu’un de merveilleux, mais si je le faisais ce serait un mensonge…bien que ce soit le mensonge que je m’emploie à tenir depuis dix-huit ans. La vérité c’est que ma vie est bien loin d’être un conte de fée. Mon père et ma mère ont longtemps hésité avant d’avoir un enfant naturel. Ma mère avait une faiblesse au cœur qui la condamnait à une mort presque certaine si elle enfantait, mais l’idée d’avoir un enfant de l’homme qu’elle aimait fut plus forte que tout et, malheureusement, ma naissance coïncida avec sa mort. Mon père ne s’en est jamais remis. Il a essayé de m’aimer, de m’élever normalement, mais lorsque j’eus trois ans, il décréta qu’il était temps de me faire payer la mort de ma mère et commença à me battre. Depuis toujours j’ai appris à sourire aux gens malgré ce que je subissais, au fur et à mesure des années je suis passée maitre dans l’art de la dissimulation, j’ai appris à cacher les marques avec des vêtements, puis du maquillage…il n’a jamais frappé au visage, ce qui, à mes yeux, était une bénédiction car je n’avais pas à inventer d’histoire abracadabrantesque pour expliquer le pourquoi du comment d’un bleu. J’ai appris à me cacher derrière un masque en fait. Pour tout le monde, mon père et moi sommes complices, il faut dire qu’on arrive parfois à partager des trucs. La mécanique par exemple. Mon père est garagiste à Mystic Falls, et a toujours souhaité un garçon, et bien, me voilà donc portant un nom de garçon, à jouer les mécaniciens en herbe dans son garage. Depuis mes seize ans, j’y suis même employée à mi-temps et je gagne un salaire, c’est sans doute une des rares choses positives de ma vie. A cause de lui, je n’ai pas d’amis, je déteste qu’on me touche, et niveau socialisation j’ai encore des progrès à faire. Il faut dire que qui voudrait être ami avec quelqu’un qui n’a jamais le droit de sortir, qui n’a finalement qu’internet et qui répare des voitures sur son temps libre ? Personne ! Je sais, vous me direz que j’ai vingt et un an, que je pourrai m’enfuir de chez lui, qu’il est temps que je vive ma propre vie, loin de lui, mais…vous n’êtes pas à ma place. Cet homme me terrorise ! Depuis que je suis entrée en fac, en marketing plus précisément, j’aimerai pouvoir un jour tenir mon propre garage, j’ai beaucoup plus de liberté, je commence à sortir, à me faire des amis mais je n’arrive toujours pas à me dire qu’il faut, pour mon bien être, ma santé, ma survie, que je quitte cet homme. Il est la seule famille qu’il me reste, malgré tout cela, je l’aime, ça reste mon père, et un jour je saurai sans doute lui tenir tête. En attendant, je me contente de vivre ma vie, de sortir, de travailler et de continuer à prétendre que tout va bien et que ma vie est belle...Ah et tenter de survivre aux vampires aussi!

qui suis-je vraiment ?

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