now let's playing to the doctor ! ▶ craig

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Comment qualifier la nuit que j’avais passée ? Horrible ? En fait, il avait bien fait nuit, mais je n’avais pas fermé l’œil et pour unique raison, cette fichue main que cet idiot de vampire rencontré un peu plus tôt dans la soirée, m’avait tordue et visiblement foulée, voire cassée. Je n’étais pas médecin, mais il était certain qu’il y avait un truc qui clochait au niveau de ma main. J’en ai eu tellement marre de cette douleur que sur les coups de quatre heures du matin, je me suis levé, douché et habillé en vitesse pour filer à l’hôpital. Pour une main ? Bien sûr ! Les mains étaient ce qui faisaient un sorcier, un sorcier qui ne pouvait pas utiliser ses mains … C’était comme un danseur qui ne pouvait pas utiliser ses jambes, c’était improbable et impossible. La seule chose que je n’avais pas prévue, c’était la conduite … Parce que conduire avec une seule main valide, ce n'était pas forcément ce qu’il y avait de plus aisé. Je lâchais un râle à chaque fois qu’il fallait passer les vitesses et je me suis garé quand un manche sur le parking très encombré de l’hôpital de Mystic Falls. Et maintenant … Me voilà dans la file d’attente de l’accueil depuis trente minutes, ma main qui gonfle vue d’œil et mes papiers totalement tordu, à force d’énervement. Une secrétaire arrive enfin et ouvre un deuxième guichet où je me précipite. Je remplis les papiers d’usage, avec plus ou moins de mal, crée un dossier d’entrée et me dirige ensuite vers le service qu’elle m’indique. Quelle empotée … Elle avait vraiment l'air pas aidé et de surprise en surprise, ou plutôt … De mauvaise surprise en mauvaise surprise, me voilà qui tombe certainement dans le service le plus mou que je ai jamais vue. Nuit infernale.

« Aïe mais vous me faites mal ! » Je dévisage l’infirmière qui ne relève même pas la tête dans ma direction. Je regarde la pendule … Six heures du matin. Un nouveau sursaut et nouvelle douleur dans le poignet. Mais elle est bête ou quoi ? Ce n’est pas un steak qu’elle a dans la main, c’est mon poignet … Un poignet enflé. Mais quelle gauche ! Je la dévisage avant de retirer ma main des siennes. « Ce n'est pas une main en plastique ! Allez me chercher quelqu’un d’autre ! » L’infirmière grogne dans sa barbe, se lève tire le rideau et s’éloigne. Je me laisse tomber sur la table d’occultation et soupire … Imbécile. Je ne sais pas vraiment combien de temps je suis resté là à attendre, mais ça me parut très long. En plus d’être indélicate, cette grosse vache était rancunière. J’avais vraiment gagné le gros lot. J’entendis des pas venir vers moi, je me relevais et prenais mon poignet gonflé dans ma main saine en gardant la tête baissée pour le sol. J’imaginais ma tête à cet instant … Les cheveux en bataille, les yeux cernés et rougis par le manque de sommeil. J’avais de quoi faire peur.

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Être interne en chirurgie revenait à être la bonniche de service. Un genre de stagiaire en fait, c'est sur moi et mes collègues que tous les résidents et les titulaires se déchargeaient de leurs tâches les plus ingrates. Un dossier à remplir, Craig. Un pansement à faire, Craig. Des points de sutures, Craig. Je ne vais pas vous faire la liste de tout ce que l'on me demande car ce serait assez long. Je suis d'accord avec le fait que je sois tout en bas de l'échelle mais il ne faut pas abusé, si je suis là, c'est pour apprendre, pas pour faire des pansements et autre merde dans le genre. J'aurai pu, bien sûr, me servir de mon don d'hypnose pour pouvoir opérer. Mais je n'aimais pas priver une personne de son libre arbitre, j'étais un vampire, je n'étais pas Dieu. Je pouvais très bien opérer en plus, à force de regarder des chirurgiens qualifiés le faire, ça rentre dans la tête. L'hôpital avait même mis en place un petit concours, le meilleur des internes auraient le droit à sa première opération en solo. Ce n'était qu'un appendicectomie mais il n'en reste pas moins qu'il s'agissait d'une opération que je rêvais de faire.

Enfin bref ! Je travaillais de nuit aujourd'hui mais malgré le fait qu'il fasse nuit, l'hôpital était bondé de monde. A croire que personne n'arrive à se tenir tranquille. Certains s'étaient brûlés en faisant la cuisine, d'autres étaient tombés dans leur baignoire, il y en avait même un qui était tombé du toit de sa maison. Je me demande bien ce qu'il avait pu aller foutre sur le toit en pleine nuit. J'étais dans le service orthopédique, remplissant des dossiers comme j'avais si bien l'habitude de le faire jusqu'à ce qu'une infirmière vienne me chercher, prétextant qu'un patient avait demandé à avoir quelqu'un d'autre. Et alors, « Le client est roi. » n'est pas une phrase qui marche dans un hôpital. On ne pouvait pas demander à changer d'infirmière parce que cette dernière était à chier. Même s'il faut dire que cette infirmière était loin d'être une perle en matière de médecine, je ne sais même pas comment elle avait fais pour avoir son diplôme. Elle avait sûrement dû ouvrir un kinder surprise et le trouver dedans.

Je me dirigeai donc vers le patient en question après avoir finis ce que j'étais entrain d'écrire. Je pris son dossier au pied de la table d'occultation pour commencer à le lire avant de lever les yeux vers le jeune homme, un large sourire sur mon visage. « Bon, voyons voir ce qu'on a là. » Je vins m'asseoir à côté de lui, prenant délicatement sa main dans la mienne en palpant un peu cette dernière. « Comment vous êtes vous fais ça ? » Je n'avais pas l'impression que ce soit cassé, néanmoins, je n'en étais pas sûr. Voilà pourquoi je pris l'initiative de l'emmener en radiologie. « Je vais vous emmener faire une radio, juste pour être sûr que ce ne soit pas cassé. » Je m'éclipsai quelques instants, le temps d'aller chercher un fauteuil roulant, voilà une règle stupide de l'hôpital qui nous interdisait de laisser un patient marcher seul avant de savoir ce qu'il avait. Je trouvais ça complètement con, d'autant plus que s'il était venu jusqu'ici, c'est que ses jambes n'avaient aucun problèmes particulier. « Asseyez-vous sur le fauteuil s'il vous plaît. » J’appelai alors l'infirmière pour lui demander de l'emmener en radiologie et de le ramener ici quand ce serait finis. « On se revoit dans une dizaine de minutes, tâchez de ne pas envoyer bouler cette infirmière là. » Je lui souris alors et repartis à mes dossiers en attendant qu'il revienne avec les radios.

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Eh bien dites-moi … J’avais très bien fait de demander un nouveau professionnel de la santé. Je me demandais bien comment un garçon aussi mignon pouvait aussi être intelligent … Parce qu’il fallait l’être non pour faire médecine ? Quoique, c’était à se demander quand on voyait l’infirmière qui l’avait précédé. En tous les cas, moi qui détestais les hôpitaux, j’étais ravi de voir que je n’avais pas perdu ma nuit. Enfin, un peu tout de même. Mais j’étais consolé de voir que j’allais être pris en charge par un charmant docteur … Mais attendez … Docteur ? C’était marqué où ça ? Je cherchais le nom sur sa place et souriais. « Lorenzo ». Un espagnol. J’avais gagné le gros lot, j'étais peut-être en train de me faire ausculter par un immigré ou fils d’immigrés. Super ! J’étais vraiment de mauvaise foi … La fatigue sans aucun doute. En temps normal j'aurais sauté sur l’occasion de séduire ce jeune garçon … Mon envie retomba tout net quand il me prit le poignet. Un vampire. Mon sourire s’affaissa. Ils étaient partout . J’étais en train de me faire tripoter une blessure infligée par un congénère de l’homme qui me soignait … C’était paradoxal. Je m’attendais à cette question. À la question qui tue plus précisément. Comment je m’étais fait ça ? Je ne répondais pas, j’attendrais que l’on soit seul pour lui lancer la bombe : je savais ce qu’il était. Il disparut quelques minutes. Dans quel merdier je m’étais encore fourré … J’aurais vraiment dû me contenter de la grosse femme qui avait commencé à s’occuper de moi, quelle idée de demander quelqu’un d’autre, franchement ! J’étais bête, bête, bête ! Le docteur revint avec un fauteuil roulant … Je le dévisageais, puis passais mes yeux plusieurs fois du fauteuil au docteur. Il était sérieux ? Je prenais place dans le fauteuil et souriais quand il me lança sa petite blague. En même temps, elle n’aurait pas été incompétente, je n’aurais pas eu besoin de la virer ! Ils avaient cas recruté du personnel qualifié. Et d’où est-ce qu’il me donnait des ordres lui ? J’avais beau avoir le poing en compote, je pouvais toujours lui mettre un crochet du droit.

La salle des radios était sympathique … Enfin aussi sympathique que peut l’être un hôpital. Déshabillé, avec pour seul vêtement mon caleçon et une feuille de papier disposée devant mes parties. J’imaginais combien je devais être séduisant … À tomber ! Après une vingtaine de minutes, je revêtais mes vêtements et subissais de nouveau un petit tour en fauteuil roulant. Me revoilà donc dans la même salle, à attendre que ce fichu médecin immigré vienne s’occuper de moi … Décidément vraiment bon à rien. Je levais les yeux au ciel et souriais quand il entra. « J’ai été sage vous avez vu. » Ma voix était moqueuse et ma moue allait de pair. « Alors, c’est grave docteur ? » Je lui faisais mes yeux de biche … Bien qu’avec ma tête, ça devait faire plutôt tête de lamantin. « Vous allez devoir me couper la main ? » Bien sûr que non et il n'avait pas intérêt.

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Le patient partit donc faire ses radios. Pendant ce temps, je continuais de remplir des dossiers, il n'y avait que ça à faire pour le moment, je ne pouvais rien faire à part attendre d'avoir ses radios en main pour connaître l'étendu des dégâts. Il ne m'avait même pas dis comment il s'était fais cela, ce qui était très bizarre. C'est le genre de détail qu'un médecin aime connaître avant de soigner quelqu'un. D'ailleurs, d'après le protocole, le patient était tenu d'expliquer en détail comme il s'était blessé mais bon, passons. Il était tard, tout le monde était très fatigué donc je n'en tiendrais pas rigueur. Ce dernier revenu, une dizaine de minutes plus tard. Je refermais le dossier pour me rendre ensuite auprès de lui. Je lui lâchai un sourire qui disparu aussi vite de mon visage qu'il était apparu. « Vous voulez une médaille ? » Je pris ensuite ses radios en main pour les regarder à la lumière. Tout avait l'air d'être en place, ce n'était qu'une foulure, un bandage et de la pommade suffirait à faire passer le tout même s'il allait lui falloir un peu de temps pour que cela ne guérisse. Enfin, de la pommade où je pouvais lui faire une injection de mon sang et ce serait réglé. Mais je ne me voyais pas lui demander : « Vous voulez un peu de sang de vampire pour vous rétablir ? » Je risquai d'être pris pour un fou. Si quelqu'un dans cet hôpital avait découvert ce que j'étais en réalité, je me serai fais virer depuis longtemps. Un vampire dans un hôpital remplit de sang, c'est un comble quand même ! J'étais quand même assez fier de moi même, j'arrivais assez bien à me contrôler, je n'avais jamais mordu d'humain, et, plus je passais de temps en présence de sang, plus j'arrivais à me faire à cette envie, à ne pas craquer. Il arrivait cependant que j'ai des petits moments de faiblesses, que mon visage change en présence de sang et que je sois obligé de m'éclipser seul dans un coin pour souffler un peu. « Vous n'avez qu'une foulure, rien de bien grave. » Je lui souris avant de reprendre. « De la pommade ainsi qu'un bandage bien serré feront l'affaire. » Je m'assis à côté de lui, la crème en main après avoir rangé les radios pour lui en mettre sur la main. Je commençais alors à masser cette dernière, très lentement pour que la crème pénètre bien. « Ca risque d'enfler un peu d'ici demain, mais ne vous en faites pas ça dégonflera, il faudra juste tâcher de mettre cette pommade tous les jours. » Je continuais de le masser, essayant d'appuyer le moins possible pour ne pas lui faire mal. « Vous ne voulez toujours pas me dire comment vous vous êtes fais ça ? » Lui demandai-je alors. C'était plus par curiosité à présent que je désirais le savoir, ce devait être une chose assez grave s'il ne voulait pas m'en parler, ou alors, il s'agissait d'un accident vraiment très con. Je pris ensuite une bande que j'enroulais autour de sa main et de son poignet, serrant un peu mais pas trop, car si je serrais de toutes mes forces, il allait avoir très mal. « Voilà, j'ai terminé. » Lui dis-je en souriant.

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Je ne savais pas si sa phrase était assassine ou bien amusée … Une médaille ? Non, je n'avais rien accompli d’extraordinaire, si ce n’est survivre entre les mains de cette empotée d’infirmière … D’ailleurs, elle ne verrait pas le jour se lever. Elle était partie où cette grosse vache . Je jetais un coup d’œil vers le couloir. Visiblement elle était partie, mais j’allais la retrouver … Un sort de localisation et hop, la voilà retrouvée et prête à être cuite comme la grosse dinde qu’elle était. Décidément je n’aimais vraiment pas les humains, trop … Arrogants pour ce qu’ils étaient vraiment : de la chair à canon pour les vampires, des belliqueux qui faisaient des guerres pour tuer les personnes qui ne partageaient pas leurs avis et des êtres étroits dont l’esprit était dévoré par quelques aspirations égoïstes et vaniteuses. Nous valions tellement mieux qu’eux, nous étions tellement plus fort, plus durables. Je regardais le médecin … Une foulure ? Tant mieux ! Je pourrais donc assister au solstice d’été comme prévu. Manquer cette cérémonie aurait été une terrible erreur pour moi, c’était un moyen de galvaniser nos pouvoirs et de les contrôler plus aisément, un moment à ne pas rater. C’était lui qui m’appliquait la pommade et le bandage ? Mais n’étais-ce pas le rôle des infirmières ? À moins qu’il n’ait été relégué aux tâches ingrates à cause de son inexpérience ou bien parce qu’il était incapable de se contrôler … Un vampire dans un hôpital. Paradoxal non ? Un lieu où le sang imbibait les murs et où l’odeur de fer était omniprésente, cela devait être une torture quotidienne pour venir travailler. J’imaginais la tentation de ces créatures putrides : abréger les souffrances d’un malade, s’épargner la peine d’en soigner un autre ou encore reléguer les tâches ingrates à un subalterne avec leur compulsion, j’imaginais comment l’hôpital devait être malmené par ces vampires. Géré peut-être même … Je n’étais pas débile non, je pouvais suivre des indications médicales, il y avait pas marqué « abruti ». Je me doutais bien qu’il ne fallait pas que je soulève es altères ou que je danse le tango pendant les quelques jours à venir … J’allais devoir reposer ma main et bien m’en occuper, ce que je savais faire. J’étais un grand garçon et j’étais seul depuis assez longtemps pour savoir me débrouiller.

Pourquoi j’avais eu cette blessure ? Il voulait vraiment le savoir . Aucun souci. Nous étions seuls à présent. Il termina mon bandage en prenant les précautions utiles … Heureusement qu’il ne m’avait pas plus endommagé la main, avec les vampires on ne sait jamais. Je me relevais et lui souriais. Prêt à jouer au bombardier ? « J’ai été attaqué par un de vos congénères … » Je récupérais ma veste et la passais en affichant une grimace quand il fallut que je mette la seconde manche. « Un vampire qui travaille au Mystic Grill. » Mon ton avait été calme, quoique la situation n’était pas des plus rassurantes pour le vampire … Comment avais-je deviné sa condition ? Bonne question. Je sentais que cette rencontre était loin d’être terminée.

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Il finit par me dire comment il s'était blessé, enfin. Il était temps qu'il me donne la raison de cette foulure, j'avais le droit de connaître ce qu'il avait fais, après tout, c'est quand même moi qui était entrain de le soigner. Un de mes congénères ? Je arquai un sourcil tout en l'aidant à remettre sa veste. Un vampire du Mystic Grill ? Je ne connaissais pas ce gars là, il faut dire que si je connaissais tout les vampires de cette ville, cela reviendrait à dire que je connais plus de la moitié de la population de Mystic Falls. Il avait su que j'étais un vampire, ce devait être un sorcier, je ne le voyais vraiment pas en loup-garou. Les sorciers avait le don de pouvoir connaître la véritable nature d'une personne rien qu'en la touchant, je me souviens de l'époque où j'étais capable de le faire également. Tout ça était bien loin et me manquait beaucoup. Je lâchai un soupire. « Dommage que tous les vampires ne soient pas comme moi. » S'ils étaient tous aussi pacifiste que moi, le monde se porterait sans doutes bien mieux, il y aurait toujours des crimes, c'est certain, mais beaucoup moins qu'à l'heure actuelle. « Sorcier, je suppose ? » J'espérai qu'il n'était pas anti-vampire comme la plupart des sorciers que j'avais pu croiser car je risquai d'aller mal sinon. J'étais loin d'être comme tous les vampires mais il n'en restait pas moins que j'en étais un tout de même, et cela était une raison suffisante à un sorcier de me tuer. « Et maintenant ? Tu vas cherché à me tuer comme tous les autres ou on peut essayé de faire comme si on n'était normaux ? » J'étais loin d'être une personne normale, lui aussi d'ailleurs même si un sorcier était plus considéré comme un humain qu'un vampire. Je lui tendis une fiche de sortie au même moment ainsi qu'un stylo pour qu'il la signe. Il avait beau être un sorcier, je prenais quand même mon boulot très à cœur et j'étais dans l'obligation de lui faire signer ces papiers.

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Dommage ? Pourquoi ? Parce qu’il avait quelque chose d’exceptionnel ce petit gars ? Je ne voyais pas bien. C’était un vampire, un vampire qui se donnait peut-être bonne conscience en buvant du sang d’animaux ou bien en poche, poche que bien entendu il volait au service de l’hôpital, il n’utilisait peut-être pas ses dons outre mesure et il tentait peut-être de faire le bien autour de lui, mais il ne devait pas se leurrer ! Un vampire était un vampire, que croyait-il ? Qu’il allait peut-être pouvoir se racheter une conduite ? Qu’il ne finirait pas en enfer parce qu’il s’était repenti ? Quelle stupidité infantile … C’était un démon, un monstre qui finirait de toute façon derrière le voile qui séparait notre monde du monde des morts, il finirait ainsi, coincé entre deux mondes : ni tout à fait vivant, ni tout à fait en paix, ainsi pour l’éternité. Malheureusement, ce que je ne comprenais pas, c’était que nous aussi, sorciers, nous étions contraints de demeurer derrière ce voile, comme si nous étions des abominations de la nature … Mais nous avions rien à voir avec ces créatures, nous leur étions en tout point supérieurs et nous étions bien meilleurs que les humains. Je n’avais pas peur de la mort, mais cette injustice me laissait un goût amer, me donnant véritablement la volonté de retarder l’échéance de mon trépas. Je n’étais pas prêt à devenir fou … Or on ne pouvait que devenir fou. Être dans un monde sur lequel on n’a aucune emprise, seul et totalement démuni face aux vivants. Comment ne pas tourner fou ? De plus, on ne pouvait même pas mettre fin à notre calvaire, car nous étions déjà morts … Ah misère. « Pourquoi comme vous ? » Lançais-je d’une voix froide. « Laissez-moi deviner, le fait que vous sauviez des vies dans cet hôpital vous réconforte ? Vous fait croire que vous êtes mieux que celui qui m’a attaqué ? Vous aurez beau vous nourrir de lapins, faire le plus de dons possible à des œuvres caritatives, aider votre prochain, vous n’en demeurerez pas moins un vampire … » Je le foudroyais du regard. « Le naturel revient toujours au galop, malgré tous les murs que l’on érige entre l’image que l’on renvoie et notre vrai moi. » Quel philosophe je faisais ! Je me serais bien applaudi.

J’écarquillais les yeux. Comment avait-il pu deviner que j’étais un sorcier ? Ce n’était pas marqué sur mon front, si ? À moins que ce vampire en ait été un et qu’ainsi il connaissait nos capacités. En même temps vu le discours que je venais de lui tenir, je n’étais certainement pas un vampire, ni un hybride. Je n’avais pas la tronche d’un lycanthrope et si j’avais été un fantôme, je ne serais pas là en ce moment … Il avait sans doute fait ce calcul lui aussi. Finalement pas si bête que ça docteur beau gosse … « Exactement. » Je regardais mon poignet et souriais. « J’ai dormi deux heures maximum cette nuit, mon poignet me fait un mal de chien et vous venez de me donner une ordonnance pour que j’aille mieux … Je pense qu’il serait mal venu de vous attaquer. Vous ne pensez pas ? » Je plongeais mon regard dans le sien. « Faisons comme si-nous étions normaux, même si c’est loin d’être le cas. »

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« Parce que je suis différent des autres vampires … Même si ça n'empêche pas le fait que je sois un monstre. Je n'ai jamais planté mes crocs dans un humain, je n'en ai même jamais blessé un, ni aucun autres créatures d'ailleurs. » Dis comme ça, ça faisait très bizarre. Je devais être le vampire le plus pacifiste qui existait et ça allait sûrement le faire beaucoup rire. J'avais beau faire de mon mieux pour renier ma véritable nature, je restais quand même un vampire, mais je ne voulais pas laisser mes instincts me guider, je n'étais pas un animal, contrairement à la plupart des personnes de mon espèce. Je me refusais à faire du mal sans raison, je n'utilisais pas mes dons vampiriques, j'essayais de vivre le plus possible comme si j'étais encore humain. « Cela fait pourtant trente ans que je tiens sans avoir fait le moindre mal, je pense pouvoir continuer dans cette lancée. Je n'ai jamais craqué et pourtant, je travaille dans un hôpital. » Cette manière qu'il avait de mettre tous les vampires dans le même sac m'exaspérait un peu. Je ne le faisais pas avec les sorciers, il y en avait des bons tout comme des mauvais, je le savais. Pourquoi n'en serait-il pas de même pour les vampires ? Nous n'étions pas tous des tueurs psychopathes fous alliés. Certains savaient se contrôler en présence d'humains, d'autres non. C'était comme pour toutes espèces, que ce soit les vampires, les loups-garous, les sorciers et même les humains, il y en avait des bons et des mauvais. « J'aurai pu vous soigner ça entièrement et en quelques secondes à peine mais je doute que vous n'acceptiez le sang de vampire comme remède miracle. » Et il avait bien raison, la seule fois où j'avais eu du sang de vampire en moi avait été le dernier instant que j'avais passé entant que sorcier. Il aurait pu en être de même pour lui, imaginons que je lui donne mon sang et qu'il se fasse percuter par un bus une fois sorti de l'hôpital, la culpabilité serait bien trop grande, il serait vampire à cause de moi. J'avais déjà du mal à m'accepter, je ne pourrais pas faire une chose pareille à ce mec. « C'est vrai que m'attaquer serait assez mal venu au vue de ce que j'ai fais pour vous. » S'il désirait vraiment s'en prendre à un vampire, il n'avait qu'à aller au Mystic Grill et retrouver celui qui l'avait blessé. Même si ce vampire avait dû être blessé également, se frotter à un sorcier n'est pas la meilleure chose à faire. Si j'avais été plus compétent je n'aurai jamais été changé en vampire, mais je n'étais encore qu'un novice et en plus de cela, j'étais dans un état lamentable le soir de ma transformation, je n'aurai rien pu faire. « Vous allez arriver à rentrer chez vous ? Je peux vous ramener si vous le souhaitez, mon service va se terminer d'ici quelques minutes ... » Je disais ça par simple courtoisie, je souhaitais réellement l'aider et puis, aider les autres était mon métier. Pas sûr qu'il accepte mon aide mais je me devais de la lui proposer quand même. « C'est vous qui voyez, ça ne me dérange pas. »

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Il était donc végétarien ou se nourrissait de sang en poche … Je ne savais pas ce qui était pire : tuer des gens pour se nourrir ou bien malmener ses forces, sa nature et aller contre son comportement normal. Personnellement … Que les vampires tuent des humains ne me dérangeait pas plus que cela. Plus ils tuaient, moins je devrais me salir les mains. Mais un vampire qui buvait du sang de lapin ou bien qui volait dans les banques de sang, je trouvais ça inacceptable. On ne pouvait pas aller contre sa nature, c’était impossible, on avait tous un destin, quelque chose qui faisait qu’on était ce qu’on est parce qu’il le fallait, parce que l’on faisait partie d’une chose plus grande, d’un tronc commun. On ne pouvait pas lutter contre sa nature, du moins, c’était ce que je pensais, et ce sans se mettre en danger en plus. Les vampires qui buvaient du sang animal se mettaient en position de faiblesse, ce qui était stupide puisque à preuve du contraire, ils étaient au sommet de la chaîne alimentaire. Pourquoi se rabaisser quand on avait tant de possibilités ? Et surtout, pourquoi se torturer … À quoi ce choix de faire des études de médecine rimait . C’était totalement stupide, c’était s’exposer à la tentation, car il aurait beau dire, il était tenté. Tout vampire l’était, même ceux qui se dopaient au sang de ouistiti depuis des années … C’était essayer de soigner le mal par le mal, et je doutais que cela doive fonctionner la majorité du temps. J’avais même un très gros doute, enfin, c’était son choix. S’il voulait se faire du mal, soit, il devait certainement être un peu sadomasochiste, mais soit ! Il fallait de tout pour faire un monde, enfin, l’ancien monde. Je le dévisageais et souriais. « Et m’exposer au risque de devenir comme vous ? Certainement pas, non. » Ma voix avait été cassante. C’est sans doute l’erreur qu’il avait dû commettre, à moins qu’on ne lui ait fait avaler le sang de force … Toujours était-il que je ne courrais pas le risque de mettre ma magie pour guérir plus vite, surtout que je ne savais pas où est-ce que ce sang avait traîné, alors bon.

Je souriais à sa proposition. Je n’allais certainement pas dire non. Je me ferais ramener ma voiture par Anna ou Marlon, ce n’était pas un problème ça. « C’est gentil de proposer, ça va m’éviter de conduire de nouveau comme un manche … » J’emboîtais le pas au docteur pour sortir et me dirigeais vers la sortie. « On se retrouve à l’accueil dans ce cas ... » Je sortais du service et revenais à l’accueil où je prenais place sur un banc. J’allais enfin pouvoir avoir un sommeil réparateur ! Je ne savais même pas comment je tenais encore debout. La nature parfois … Mystère et boule de gomme.

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Je lâchai un léger soupire accompagné d'un rire, nerveux sans doutes. Il avait raison, accepter mon sang c'était prendre le risque de devenir vampire, chose que très peu de sorciers désiraient. Si j'avais eu le choix, je serai bien entendu rester sorcier, jamais je n'aurai accepté de devenir un vampire. « Si vous pensez que j'ai eu le choix, j'étais nettement plus heureux avec mes pouvoirs de sorcier. » Bien que je n'avait été qu'un débutant en sorcellerie, j'aimai beaucoup le fait d'avoir des pouvoirs. Je me souviens encore de la joie que j'avais pu ressentir le jour où j'avais découvert qui j'étais en réalité, découvert ce que toute ma famille était. A ma grande surprise, il accepta tout de même que je le ramène chez lui, parfait. Il me proposa ensuite de se retrouver à l'accueil. Je lui souris. « Juste le temps de me changer et je vous rejoins. » Je partis donc en direction des vestiaires de l'hôpital et enlevai ma blouse pour la ranger soigneusement dans le casier puis, j'enfilai mon jean et ma chemise, repris mes effets personnels à savoir, mes clefs de voiture, mon portable et mon paquet de cigarette. Je pris ensuite une poche de sang que j'avais stocké dans mon casier et en bu quelques gorgées avant de la reposer. A force de ne fréquenter que des humains et de ne pas me servir des mes pouvoirs vampiriques, j'en avais presque oublié que j'avais besoin de ce liquide pour vivre … Je jetai un coup d’œil rapide au miroir, me remis les cheveux en place et me voilà parti en direction de l'accueil de l'hôpital.

J'arrivai à l'accueil et me dirigeai vers le banc. « C'est bon, on peut y aller. » Je lui adressai un sourire avant de sortir de l'hôpital et me diriger vers ma voiture de sport. J'ouvris la porte côté passager, bien que le jeune homme n'avait nul besoin de mon aide, j'avais fais cela instinctivement. Je m'installai ensuite au volant et mis le contacte. « Vous êtes bien le premier sorcier que je croise qui n'essaye pas de me tuer ... » Il essayera peut-être plus tard, qui sait ? « Depuis que je suis devenu vampire, tous les sorciers que je connaissais ce sont mis en tête qu'il fallait que je meurs ... » Bien que techniquement, j'étais déjà mort. Mais bref. Oui, je lui racontais un peu ma vie mais il fallait bien faire un peu la conversation, je n'aimai pas les trajets en voiture silencieux. « Je vous dépose où ? »

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De se changer ? Personnellement, je n’avais rien contre le fait de l’accompagner … je pouvais même l’aider s’il voulait. J’étais sorcier, j’étais contre le fait même d’être un vampire, de ponctionner du sang sur les autres et de profiter des faiblesses du système grâce à ses dons … J’étais contre tout ça, par principe mais aussi par idéologie, mais par contre, j’étais pour l’échange de bons procédés, j’étais pour le fait de pratiquer un sport quand le partenaire de jeu semblait bien plus que potable. Il avait beau être doux au premier abord, il était mignon tout plein ce petit docteur. J’aurais très certainement dû me sentir mal de baver sur un jeune homme de huit ans mon cadet, mais ça ne me faisait ni chaud, ni froid. Après tout, c’était lui le plus vieux, non . Quarante ans il avait dit qu’il vivait ainsi … Finalement, c’était un homme qui avait l’âge de feu mon père, c’est plutôt de lui donc, que devrait venir la gêne, si gêne il devait y avoir. N’empêche … C’était drôle, aucun vampire que j’avais croisé jusque-là n'était repoussant ou laid, incroyable ironie du sort non ? Je m’entêtais à tuer des hommes que je trouvai attirants … Dans le genre sadomasochiste, j’étais très fort, surtout qu’une fois les canons morts et enterrés de chez enterrer, il ne resterait plus que les moches. Je pourrais ainsi dire adieu à ma vie sexuelle … C’était tellement mieux d’être prêtre, vraiment. J’avais sans doute loupé ma vocation … Quel dommage, quelle grande perte ! L’arrivée du docteur Lorenzo me sorti de mes pensées et je me levais alors qu’il m’indiquait qu’on pouvait regagner sa voiture. Très galant, il m’ouvrit la porte pour monter à bord de sa sportive. La voiture était simple, mais propre, c’était déjà ça … Je ne demandais pas la lune, juste ne pas me faire voiturer dans une poubelle.

« Je vais peut-être changer d’avis si vous continuez à me le faire remarquer … » J’esquissais un sourire amusé. Une idée stupide, puisque je ne voulais pas mourir dans un accident de voiture. Je posais ma main sur le rebord de la vitre. Un signe de fatigue surement … Je ne m’étais pas trompé, car je baillais tout de suite après. « C’est sans doute parce que vos congénères ne cessent de nous utiliser … Il faut bien qu’on riposte. » J’avais sorti ça tout naturellement, d’une voix posée et calme, aucune agressivité, plutôt de la lassitude dans la voix en fin de compte. « 561 Madison Avenue. » Je tournais la tête dans sa direction. « Mais dites-moi, vous ne m’avez toujours pas dit comment vous vous appelez. »

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