Enfin je te retrouve [PV : Drake M. Smith]

Cela faisait deux jours que j'étais arrivé à Mystic Falls, je n'avais pas fait grand-chose depuis ce temps, j'avais d'abord cherché l'hôpital de la ville pour pouvoir me nourrir en toute discrétion, puis lorsque ce fut fait, je m'étais dégotté une cachette qui me procurait toute l'obscurité dont j'avais besoin pour passer la journée. J'en avais trouvé une en dehors de la ville, c'était une masure délabrée. D'accord je n'étais pas riche, mais j'avais quand même assez d'argent pour trouver une autre maison que celle-ci, mais j'avais plus important à faire pour le moment que de me trouver un toit décent, je devais avant tout voir si je ne pouvais pas trouver mon père. Après tout, peut-être que cette fois-ci la chance serait de mon côté. On peut toujours espérer. La nuit venue, je ne savais pas vraiment par où orienter mes recherches et puis, l'idée me vint de me rendre au Mystic Grill, c'était une petite brasserie située en plein coeur de la ville. Si je pouvais apprendre quelque chose, se serait l'endroit idéal pour cela, je suppose que là-bas se concentrent toutes les commères de la région. Enfin ce n'était qu'une hypothèse de ma part.

J'avais décidé d'y aller à pied, le plus normalement du monde. Oui, étant un vampire, je pouvais courir beaucoup plus vite que le meilleur sprinteur humain, sauf que je n'avais pas spécialement envie de me faire remarquer et puis surtout, je me demandais de quelle manière je pourrais bien aborder mon père si jamais je le voyais. Je ne sais pas grand-chose de lui si ce n'est qu'il a massacré tous les gens du village dont je suis originaire. C'est un peu mince comme information, mais c'est suffisant pour que je sois sur mes gardes et comment pourrais-je lui prouver que je suis bien son fils si jamais il me le demande ? Je n'ai pas de marque de naissance qui aurait aidé à m'identifier. Enfin, pour le moment je ne sais même pas ce que je vais trouver sur place, peut-être que ce sera comme dans tous les endroits que j'ai visités jusqu'à présent, j'aurais un début de piste et puis...plus rien. D'ailleurs, depuis le temps que je cherche mon père, je me rends compte qu'il est vraiment passé professionnel dans l'art de se cacher. C'est vrai, depuis plus de cinq cents ans je suis sur sa piste et durant ce laps de temps, je n'ai jamais trouvé la moindre information sur lui. C'est vraiment déroutant.

Après une demi-heure de marche, j'arrive en vue du bar où je voulais me rendre. J'entre dans l'établissement et je me rends rapidement compte que la moitié de la ville est là. L'autre moitié ce sont les enfants et les personnes âgées qui dorment à cette heure-ci. Je m'installe à une table dans le fond de la salle et j'écoute d'une oreille distraite les différentes conversations qui arrivent à ma portée. L'une d'elle attire mon attention. Deux types sont en train de parler d'un troisième. Je n'avais pas fait trop attention à ce troisième larron, dragueur impénitent semble-t-il, mais si je l'avais fait, je me serais rendu compte que c'était un vampire, je le ressentais à présent. Les deux gars qui parlaient de lui, pariaient sur le fait qu'il ramènerait la fille chez lui ce soir. Je fronçais les sourcils et me concentrais un peu plus sur la conversation et là... si j'avais pu pâlir, je l'aurais fait. Le nom du troisième type sortit de la bouche d'un des deux gars "Drake Smith" . Le dragueur...c'était mon père. Enfin, ma quête prenait fin, je l'avais trouvé...et flûte, je l'avais reperdu, le temps que je réalise, il avait déjà filé, avec sa compagne de la soirée. Seulement cette fois-ci, il ne m'échappera pas. Je me levais d'un bond et fonçais vers la sortie.

Lorsque je fus dehors, je me dirigeais vers la forêt, une espèce d'instinct me poussait à y aller. Arrivé sur place, Drake était à deux doigts de se nourrir sur la gorge de sa pauvre victime, il fallait que j'intervienne, je ne pouvais pas le laisser faire...mais comment faire, quoi dire ? Bon, laissons place à l'improvisation et voyons ce que cela donne. Je toussais, pour signaler ma présence et marchais en direction de mon père.

- Euh...bonsoir, excusez-moi, mais...je suis un peu perdu et..enfin c'est idiot, mais je ne retrouve plus le chemin menant à ma maison. Vous pourriez peut-être m'aider Monsieur ?

(c) sweet.lips

Je n'avais pas trente-six solutions, si je voulais que Drake laisse cette jeune femme tranquille, je devais détourner son attention et peut-être même l'éloigner d'elle, oui ce serait le moyen le plus sûr. Cependant, je ne savais pas vraiment ce que je risquais en agissant ainsi, c'est vrai, Drake est mon père, mais il me connait pas, pour lui je suis certainement mort à l'âge de deux ans. A dire vrai, lorsque j'ai été vampirisé, je me suis fait passer pour mort, c'était plus facile officiellement parlant. Lorsque Drake me répondit, je senti bien dans le ton de sa voix que je l'énervais au plus haut point. Peu importe ce qu'il se passerait par la suite, il ne tardera pas à savoir que je suis son fils, je serais un peu surpris s'il me croyait directement naturellement, mais peu importe, je ferais ce qu'il faut pour qu'il me reconnaisse. "Tu vois pas que je suis occupé !" Si si bien sûr que je le vois, c'est justement pour cela que je t'interromps.

- Si je le vois, c'est pour cela que je me suis excusé, mais vous comprenez, c'est important pour moi de rentrer à la maison, surtout vu l'heure tardive.

Bien il réagit comme je l'avais imaginé, il a hypnotisé la fille pour qu'elle reste tranquille. Vous ne pouvez pas savoir à quel point cela me dégoûte de voir un de mes semblables faire ça, encore plus lorsque c'est mon propre père qui le fait. C'est étrange, mais maintenant que je l'ai en face de moi, j'ai beaucoup moins de mal à croire qu'il a massacré tout mon village. Il s'avance vers moi et je dois avouer qu'il est impressionnant, mais je ne me laisse pas démonter. " Trouve toi quelqu'un à emmerder, qui pourrait t'aider à retrouver ta route. ". Bon pour les retrouvailles émotives, on repassera. Je haussais les épaules

- Le problème c'est qu'à cette heure avancée, il n'y a que vous que j'ai trouvé.

A peine avais-je fini de parler qu'il s'était transformé et avait pris son visage de vampire et mer...credi. Là il était en train de me prendre par la gorge et de me plaquer contre un arbre. Super, si je veux avoir une chance de lui dire ce que je suis venu lui dire, je ferais bien de me transformer moi aussi. C'est ce que je fis. Mes crocs sortirent et mon regard se colora de noir. Je retroussais les lèvres et ma gorge émit un grognement involontaire, bon sang j'étais un vampire, pas un foutu loup-garou. Heureusement d'ailleurs que j'étais un vampire, sinon je serais étouffé, étant donné la force dont il fait preuve pour serrer ma gorge. Bien je tente le tout pour le tout, de toute façon, au point où j'en suis. Je me débats, tout du moins, je tente de me débattre et plonge mon regard dans le sien.

- Mais merde papa, tu n'as pas eu assez de massacrer notre village, il faut en plus que tu tues ton fils. Lâche-moi !

(c) sweet.lips

Je ne savais pas où je m'aventurais, une chose était certaine cependant, c'était que j'y allais. J'aurais du me douter que répondre à mon père n'aurait pas été la chose la plus intelligente à faire, mais j'étais si près du but qu'à dire vrai je n'avais plus vraiment l'esprit très rationnel. C'est pourquoi lorsqu'il me dit qu'il n'aurait pas fallu que je m'aventure dans la forêt, je ne pus empêcher un petit sourire amusé de se dessiner sur mes lèvres, avec cette phrase on avait vraiment l'impression d'entendre un père qui s'adressait à son fils. Bon il fallait tout de même que je me reprenne si je voulais je rester un peu en vie...enfin façon de parler car étant un vampire je suis techniquement mort et...enfin bref.

- Bah c'est joli la forêt la nuit...pas très peuplé cependant, mais c'est ce qui fait son charme.

Lorsque je l'ai appelé "papa", c'est sorti comme ça, parce que je ne savais plus vraiment quoi faire pour qu'il me lâche et j'eus l'espoir pendant une infime seconde que ce soit le cas parce qu'il desserra un peu son emprise, mais il resserra presque aussitôt sa main en arguant que son fils était mort. Je fermais douloureusement les yeux. Même si je m'y étais attendu, cela faisait quand même mal d'entendre cela de la bouche de son propre père. Je savais que me déclarer mort à l'administration jouerait un jour contre moi. J'ouvris de nouveau les yeux. Drake ne m'avait toujours pas lâché, mais les mots qu'il prononça ensuite me firent entrer dans une colère noire. Enfin, rectifions, cela faisait plus de six cent vingt ans que je recherchais mon père et maintenant que je l'avais devant moi, celui-ci me demandait de prouver ce que j'étais réellement. C'était très frustrant. Je fronçais les sourcils, un peu colérique tout de même.

- Que je te prouve que je suis vraiment ton fils ? Tu veux que je te prouves que je suis vraiment Alexander Logan Smith, ton fils ?

Un rire nerveux me secoua, je devais avoir l'air d'un psychopathe, mais je m'en moquais éperdument. Je cessais soudainement de rire et plongeais de nouveau mon regard dans celui de mon père.

- Très bien, puisque tu le veux, je vais le faire, tu verras que je suis un garçon très obéissant...papa. Par contre le problème c'est que je ne vois pas du tout comment je vais pouvoir te prouver mon identité vu que je n'ai aucune marque de naissance qui pourrait me différencier d'un autre gamin. Alors je vais me contenter de te raconter une partie de mon histoire. Donc, je suis Alexander Logan Smith, je suis né en 1384 dans un charmant petit village anglais. Je n'étais pas particulièrement voulu, mais il n'empêche que mes parents m'aimaient beaucoup...enfin ça c'est ce qu'on m'a dit, oui parce que je n'ai pas eu le bonheur de les connaître, figures-toi que ma mère, Elizabeth, est morte alors que j'avais à peine deux ans et mon père...enfin toi, est devenu fou de douleur suite à cette mort et il a massacré tous les gens du village...enfin tous sauf une femme qui me prit avec elle et m'éleva comme son propre fils. Alors que j'avais dix-sept ans, ma mère adoptive me raconta mon histoire, tout du moins, ce qu'elle en savait et elle m'apprit que mon père était toujours vivant...enfin façon de parler, puisqu'il était un vampire. Je comprenais mieux le massacre alors, un être humain n'aurait jamais eu la force de faire une telle chose et tu sais le plus drôle dans toute cette histoire ? C'est que je ne t'en voulais pas, au contraire, je voulais te retrouver, te dire que j'étais là, mais elle m'en empêcha, me disant que, ne me connaissant pas, tu pourrais me tuer...et quand je vois ce qu'il se passe aujourd'hui, je me dis qu'elle n'avait pas tout à fait tord. La suite de l'histoire n'est pas très intéressante, ma mère adoptive mourut alors que j'atteignais vingt ans, elle fut emporté par la peste. J'aurais dû mourir également, sauf qu'une vampire passa par-là et me transforma, je n'ai jamais su son nom, tout ce que je sais, c'est qu'elle était complètement taré. Comme j'étais vampire, je me suis dit que je pouvais te rechercher, même si je n'étais pas de taille à me battre contre toi, je pouvais au moins résister un peu, le temps de te raconter mon histoire.

Je pris une pause et continuais ensuite d'une voix un peu plus basse, j'en avais assez...j'allais conclure sur ces quelques mots et il n'aura qu'à faire ce qu'il veut, s'il veut me tuer, alors ainsi soit-il.

- Si tu as vu que j'étais mort, c'est parce que j'étais obligé de me déclarer mort pour l'administration, sinon je ne vois pas comment j'aurais pu leur expliquer qu'à 629 ans, j'ai toujours le visage d'un gamin de vingt ans.

Incertain de ce qui m'attendait, je laissais mon regard dans les yeux de mon père.

- Je ne sais pas si tu as trouvé dans mon récit la justification qu'il te faut, tout ce que je sais, c'est qu'après environ 620 années passées à te rechercher, je n'ai plus la force de continuer, alors fais ce que tu veux, de toute façon, je ne me battrais jamais contre toi, je ne le pourrais pas et la force n'a rien à voir là-dedans.

Advienne que pourra.

(c) sweet.lips

Je n'étais pas vraiment certain de ce que j'allais devenir, si mon père décidait que je n'étais pas son fils, que je ne pouvais pas l'être, il pourrait me tuer en un rien de temps, d'abord parce qu'il est beaucoup plus fort que moi et ensuite, en passant sur le fait que je ne me bats que très rarement, voir quasiment jamais, il ne me viendrait jamais à l'idée de frapper mon père. Je sais, cela peut vous paraître idiot que je semble si attaché à quelqu'un que je ne connais même pas. Mettez-vous à ma place une minute, pendant toute votre enfance, vous pensiez que vous n'aviez plus de parents, que la personne que vous appelez "maman" n'est que votre mère adoptive et, du jour au lendemain, celle-ci vous annonce qu'en fait, votre père est toujours là, quelque part. Bon bien sûr il n'est pas parfait, c'est un vampire sanguinaire, mais...c'est mon père et je veux à tout prix le connaître, je veux que nous ratrappions le temps perdu lui et moi, enfin s'il est d'accord lui aussi, parce que ça, je ne le sais pas encore. Tandis que je lui raconte l'histoire de ma vie, ses mains s'enlèvent peu à peu de mon cou et je peux voir son regard changer petit à petit. D'un colérique, il est passé à un regard douloureux, empli de remords et d'un soupçon de tristesse. Cette réaction m'amène à penser qu'il commence à me croire, cela me rassure un peu alors je continue mon récit et lorsque j'en arrive à la conclusion, il murmure mon prénom, comme s'il ne réalisait toujours pas que j'étais là, devant lui et à vrai dire, j'ai un peu l'impression que c'est le cas. J'esquisse un faible sourire.

- Oui papa. C'est bien moi.

En même temps, je me mets à sa place, il a devant lui une personne qu'il pensait avoir laissé mourir bébé et au final, il s'avère que ce n'est pas le cas, cela doit être très perturbant pour lui. C'est tellement perturbant qu'il n'arrive pas à formuler ses pensées, il bredouille des débuts de mots. Je penche un peu la tête sur le côté en l'observant toujours puis il s'excusa. De quoi s'excusait-il ? De ce qu'il venait de se passer ? Ou bien d'avoir assassiné tous les gens de notre village. En y réfléchissant bien, je pense qu'il s'excuse un peu pour tout. Je ne sais pas vraiment quoi lui dire et puis, j'ai toujours préféré les gestes aux mots, alors, pour lui montrer que je lui pardonnais, que tout cela n'avait plus d'importance et que j'étais heureux que nous soyons enfin réunis, je m'avançais doucement vers lui, en tentant de ne pas l'effrayer, puis je le serrais doucement dans mes bras.

- Ne t'en fais pas...tout ira bien maintenant.

Je posais ma tête sur son épaule et fermais doucement les yeux, appréciant pour la première fois de ma longue existence cette étreinte paternelle. Je ne savais pas vraiment ce qu'il pouvait ressentir en cet instant, mais moi, j'étais bien et pour une fois, j'étais un peu égoïste.

(c) sweet.lips