NADJA Ϟ Gone with the wind.

Nadja avait seize ans lorsqu’elle a atterrit à Mystic falls, aujourd’hui, elle connaissait cette ville par cœur. Chaque lieu lui rappelait un souvenir plus ou moins glorieux, plus ou moins douloureux. Quand elle passait devant le salon de coiffure elle abordait toujours un sourire idiot en pensant au jour où elle était devenue brune. Une dispute avec sa sœur et elle était passée du blond au brun, tout ça pour lui prouver qu’elle savait prendre des décisions toute seule. Mais bon, Nadja était comme ça… très spontanée –peut-être trop-.  Le poste de police lui rappelait une fête un peu trop alcoolisée qui lui avait valu bien des ennuis –avec son frère et sa sœur bien plus qu’avec les flics-.  Elle se souvenait des repas le vendredi soir au Mystic grills avant de sortir, les après-midis à profiter du soleil dans le parc ou encore du fait qu’elle dépensait bien souvent ses économies à la librairie. Mais avant Mystic falls, il y a avait autre chose, d’autres souvenirs que Nadja préférait taire. Des souvenirs qui l'obligeaient aujourd’hui à parler d’une grande sœur, d’un grand frère mais sans doute pas d’un père ou d’une mère.

Nadja est née en Russie, d’une mère russe et d’un père polonais. Petite dernière de la famille elle a souvent pensé qu’elle n’était pas vraiment prévue, après tout, elle a tout de même neuf ans d’écart avec sa grande sœur, douze ans avec son grand-frère. M’enfin cela ne l’a pas empêché d’être choyée, aimée et surtout surprotégée par ces deux derniers. Les choses auraient pu être tout ce qu’il y a de plus normale, une famille aimante et unie mais ça n’a jamais vraiment été ça. Si Andrea lui disait pratiquement tous les soirs de monter dans sa chambre quand leur père rentrait c’est qu’il y avait une raison. Nadja  n’est jamais sortie de sa chambre pour avoir la certitude de ce qui passait en bas et ce malgré qu’elle soit atrocement curieuse. Au plus profond d’elle, elle savait bien que ça ne pouvait que la briser d’avoir la confirmation que son père n’était pas un héros mais un homme violent et alcoolique. Rêveuse comme elle l’était, elle préférait s’enfermer dans sa petite bulle, dans son univers et laisser passer l’orage.

Malheureusement, la violence n’engendre que la violence. Andrea a fini par tuer son père même si Nadja n’en a jamais rien su. Pour elle, leur père est mort dans un accident de voiture, rien de plus. Au fond, cette vérité qu’ont inventée son frère et sa sœur lui convient et elle ne l’a jamais remise en question alors qu’elle aurait eu mille raisons de le faire.  A partir de ce jour, Nadja était la seule qui avait encore un peu de crédit aux yeux de sa mère. Depuis qu’elle était veuve, elle tenait Andrea et Arya pour responsable de la mort de son mari. Elle ne cessait de répéter qu’ils étaient des monstres sans que Nadja en comprenne un seul instant pourquoi. Arya et Andrea lui ont alors expliqué que ce n’était rien d’autre qu’une image, que leur mère avait besoin d’un coupable parce qu’elle n’allait pas bien.  Nadja ne s’est pas posé plus de questions, parce qu’elle était naïve mais aussi parce que cette réponse lui permettait de croire que peut-être, un jour, elle pourrait arranger les choses.

La demoiselle a grandi avec un frère et sœur lycanthropes et une mère rejetant ses deux ainés. Nadja aurait pu devenir méfiante et froide mais au lieu de ça, elle est restée insouciante du danger. Pour elle, la lycanthropie n’avait rien de grave et pour sa mère, elle gardait l'espoir qu’elle accepte la nature de ses deux aînées. Malheureusement, ses espoirs furent vains, lorsque Arya et son mari furent attaqués par des vampires sanguinaires, Nadja avait sincèrement cru que sa mère ne pourrait pas rester indifférente, qu’enfin elle ferait un pas vers sa fille. Ce ne fut pas le cas et cette réaction provoquant la plus violente dispute qu’elle ait eu avec sa mère, une dispute qui la poussa à quitter la maison. Elle avait seulement seize ans mais le manque de tolérance de sa mère et cette haine stupide, elle ne pouvait plus le supporter. Elle venait de comprendre que réunir sa famille serait impossible mais, elle n’était pas seule pour autant. Si elle quittait sa mère c’était pour se tourner vers Andrea et Arya parce qu’ils avaient toujours été là pour elle et ils comptaient plus que n’importe qui pour elle. Elle leur faisait une confiance aveugle et même s’ils étaient un peu étouffants à vouloir la protéger du monde entier, elle ne pouvait pas se passer d’eux. C’est en les suivant qu’elle s’est retrouvée à Mystic Falls.

Elle s’est sentie renaître dans cette ville. Non pas que l’air russe lui pesait mais au fond, les conflits et la mort de leur père flottait toujours au-dessus de leur tête. Elle avait la sensation qu’ils pourraient commencer une nouvelle vie ici. Et ça avait été le cas. Elle avait été une lycéenne bavarde qui passait ses heures de cours à rire mais qui malgré tout avait de très bons résultats. Elle avait eu un début de romance avec un garçon qu’elle ne voulait plus voir à présent, rancunière comme elle l’était les choses ne pouvaient être autrement. Elle était entrée à la fac de médecine pour devenir pédiatre. Elle serait bien devenue chirurgienne mais elle avait un peu peur que cela active le gène loup si jamais elle perdait un patient… sait-on jamais, il n’y avait pas tribunal pour le gène le loup. Personne n’était acquitté pour légitime défense ou parce que c’était un accident, du coup elle n’avait pas voulu prendre le risque. Arya et Andrea flippaient bien assez pour qu’elle leur rajoute ce genre d’inquiétude. En fait, Mystic Falls, c’était la ville dans laquelle elle avait le sentiment d’avoir commencé à vivre en toute liberté.