Lukoé - You are the best thing that's ever been mine

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Réprimandant un frisson lorsque le médecin déposa la sonde glaciale sur son ventre, la brunette fixa l'écran d'un air curieux. Avec le voyage en Amérique du Sud, elle avait du décaler quelques rendez-vous sur son agenda -l'échographie dans la foulée avec les autres. Le hasard avait fait que Lukas n'avait pas pu venir à cette-dernière, mais elle ne lui en voulait pas plus que ça : Il avait du travail à rattraper ; au moins il gagnait plus qu'elle et son job de serveuse qu'elle hésitait de plus en plus à lâcher. Rendue encore plus paranoïaque qu'auparavant, elle redoutait fortement les effets des effluves de tabac de la moitié des clients fumeurs sur le bébé. Sans parler du salaire mobile trop dépendant des pourboires qu'elle recevait de moins en moins -vive l'attraction presque zéro exercée par les femmes enceintes sur la gente masculine. Oui, il fallait définitivement qu'elle trouve un autre travail pour renflouer ses heures libres, et son porte-monnaie dans l'idéal.

« Et sinon ce voyage ? C'est déjà les vacances à la fac ? » Manquant de partir dans une crise de rire nerveux à cause du caractère si peu vacancier de l'excursion, elle se mordit la joue avant de hocher de la tête. « Juste un sortie en famille, comme ça, vous voyez le genre ... » Elle appréciait sans aucun doute la tentative de discussion pour la calmer, mais elle n'était pas venue pour parler de la pluie et du beau temps. Elle voulait juste savoir si le bébé allait bien -quoique la curiosité dévorante de savoir s'il s'agissait d'un garçon ou d'une fille commençait sérieusement à la travailler. Après une série méthodique de froncements de sourcils, de pressions sur son abdomen, et de sourires lancés stupidement à l'écran de sa part, le médecin se lança sur le debriefing. Le bébé se développait apparemment correctement, rien à signaler au niveau cœur ; elle soupira de soulagement. Alors qu'elle réajustait son t-shirt pour s'apprêter à rentrer à l'appartement, elle ne pu se retenir de poser la question. « Vous avez pu voir ? J'veux dire, si c'est un garçon ou un fille, vous savez, est-ce que vous ... » « Oui, bien sûr. » « Et ... ?» « C'est une fille. »

Perdue dans ses pensées, Chloé manqua de louper le feu qui venait juste sous ses yeux de passer au rouge. Se retournant une moue désolé au visage, elle s'excusa dans le vide de l'habitacle  -bien consciente que les voitures derrière elle cherchaient seulement à doubler la conductrice euphorique qui venait de louper sa troisième priorité à droite. Rien à faire. Elle n'allait pas s'en remettre. Braquant à droite, elle se gara rapidement dans la rue, se servant de la voiture de Lukas comme repère pour manœuvrer. Sourire jusqu'aux oreilles, elle entra dans le bâtiment d'un pas léger -bien trop heureuse de pouvoir prétendre rebooster les rangs féminins du clan Carter. La famille manquait cruellement d'un peu moins de testostérone. Fouillant son sac à main à la recherche des clés, elle laissa finalement tomber en voyant que la porte était déjà ouverte. Lukas était rentré avant elle ? Curieuse, elle avança dans l'appartement, retirant ses converses d'un coup de talon dans chacune. « Hey, devine un peu ce que le médecin m'a dit tout à l... Qu'est-ce que tu fais exactement ? » Arquant un sourcil, elle rit en remarquant qu'il avait l'air bien parti pour faire la cuisine. Rattrapée par une seconde idée, elle jeta des regards à la ronde. « Est-ce que c'est un moyen très subtil de te rattraper parce que tu as cassé quelque chose sans faire exprès ? Si c'est la lampe de ma mère, tu as intérêt à être un Dieu de la cuisine, parce que sinon tu viens de signer ton arrêt de mort avec elle et tout Ikéa. »

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Sondant rapidement du regard le salon, la brune garda un air perplexe même lorsque Lukas se pencha pour l'embrasser. Elle n'était pas si maniaque que ça sur le mobilier en général, mais vu leur revenus, mieux valait éviter les casses inutiles dans l'appartement, ou elle allait finir par piquer les meubles des voisins pour combler les pertes. Finalement, le Carter insista sur le fait qu'il n'avait rien cassé, justifiant sa présence derrière les fourneaux. Il avait de toute évidence tapé dans le mille avec la cuisine si lui faire plaisir était le but premier de la manœuvre. Jetant un coup d’œil par dessus l'épaule de son petit ami - ce qui était un véritable exploit vu sa taille ridicule - elle sentit son ventre s'impatienter : A blâmer l'effet immédiat que la nourriture pouvait avoir sur elle son humeur. Le sourire aux lèvres, elle le laissa reprendre son plat tandis qu'elle s'adossait contre le plan de travail pour mieux l'observer faire. Dans d'autres circonstances, dans un autre contexte, dans une autre ville, avec quelque d'autre, peut-être qu'elle aurait trouvé effrayant la vitesse à laquelle ils étaient passés de meilleurs amis, à collocation, à couple officiel, et à futurs parents dans les quelques mois à venir. Mais à l'instant présent, tout ce qui la préoccupait vraiment était plutôt la couleur de la chambre du bébé. Le prénom qu'ils allaient devoir choisir. Ou même l'heure à laquelle elle allait pouvoir manger ce qu'il venait de préparer. Et elle devait avouer que ça lui allait parfaitement bien.

« D'ailleurs en parlant de tes parents on devrait peut être les inviter un jour, éventuellement ce soir s'il n'est pas trop tard, je crois que j'ai prévu un peu trop large en nourriture donc s'ils veulent ce joindre à nous et que tu veux qu'ils se joignent à nous ce serait avec plaisir. » Se braquant immédiatement, Chloé croisa les bras en fixant le sol. Elle n'aurait potentiellement rien eu contre ses parents venant manger ici, si seulement son ventre n'était pas devenu aussi proéminent ces dernières semaines. Impossible de cacher ça même avec le plus large t-shirt du monde - et pourtant, elle avait tout essayé. Oh, elle finirait par leur avouer la nouvelle un jour ou l'autre. "L'autre" restant l'option de fuite la plus facile. Se raclant la gorge, elle chercha un moyen d'éluder la proposition. « Oh tu sais, c'est juste mes parents, c'est pas comme si c'était les gens les plus épiques de la ville. » Elle haussa ensuite des épaules, cherchant à regarder tout sauf Lukas ; elle était trop facile à persuader autrement. Se laissant enlacer, elle posa sa tête contre son torse en soupirant de contentement. Si ça ne tenait qu'à elle, elle serait bien restée la journée entière comme ça. Au bout de quelques secondes, il lui demanda ce que le médecin lui avait dit pendant le rendez-vous, ce à quoi elle voulu répondre avant d'être coupée dans son élan par un bouquet de fleurs en plein dans son champ de vision. Surprise, elle l'embrassa rapidement après avoir lu la carte qui accompagnait la composition. « Tu es tellement meilleur que moi pour ce genre de chose, je trouverais ça presque injuste si c'était pas adorable ! » En oubliant presque de lui annoncer la nouvelle, elle continua de contempler le bouquet en marmonnant. « J'aurais du acheter des ballons roses "Félicitations, c'est une fille !", ça aurait carrément eu la classe ... »

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Il fallait l'avouer, il y avait sûrement trente six milles autres façons plus traditionnelles d'annoncer ce genre de chose à son petit ami ; mais sur le coup, sa bouche avait parlé avant même que la brunette n'ait le temps de réfléchir à une tournure de phrase potable. Au moins, il était au courant maintenant - et à en juger par le sourire sur son visage, elle aurait pu tout aussi bien mimer le truc qu'il aurait été heureux de toute façon. Un garçon, une fille, elle s'en fichait un peu aussi au bout du compte. Tant que le bébé allait bien, et n'avait pas, qui sait, trois jambes ou six doigts, le fait de savoir si elle allait devoir acheter des robes ou non n'était pas sa priorité. Quoique, il allait falloir que quelqu'un surveille de près son porte-monnaie. Elle se savait capable d'acheter un rayon entier sur un coup de tête. Se laissant enlacer, elle tenta tant bien que mal d'encercler sa taille à son tour ; même si son ventre commençait sérieusement à établir une distance de plus à parcourir pour ses bras. A ce rythme là, elle allait finir par lui serrer la main par défaut au terme des neufs mois. Tellement romantique. Finalement, elle opta pour son cou, crochetant ses mains autour de sa nuque. Profitant du moment de silence, Lukas relança le sujet sur ses parents, insistant pour qu'ils viennent manger ce soir à l'appartement. Tordant la bouche dans une grimace en songeant à la réaction de sa mère si elle la voyait comme ça, Chloé haussa les épaules en silence. Décidément, il n'allait pas lâcher l'affaire.  « Si tu veux tu peux m'aider à préparer la suite du repas mais d'abord, avant de décider si oui ou non tu veux appeler tes parents j'ai quelque chose d'autre pour toi. »

Quelque chose d'autre ? Suspicieuse, elle fronça les sourcils. Elle s'apprêta à lui demander un indice - incapable de trouver une suite logique au dîner et au bouquet de fleurs, mais il était d'ores et déjà parti dans sa chambre. Croisant les bras sur son ventre, elle tourna sa tête d'un air curieux vers la porte entre-ouverte. « Si tu as caché des tickets pour Vegas quelque part, je te jure que je meurs sur place. Et ça sera entièrement de ta faute, Carter ! » La plaisanterie était de loin le meilleur moyen de détente qu'elle avait trouvé ; l'attente la rendant subitement nerveuse. Encore plus nerveuse que l'idée d'appeler ses parents ; et pour le coup, c'était quelque chose. Balançant ses pieds d'avant en arrière, elle ne vit même pas au début que Lukas était revenu dans la pièce principale, air sérieux scotché au visage. Elle voulu le taquiner sur ce dernier ; mais fut brusquement stoppée dans son élan par la boîte qu'il lui tendit. Finalement, peut-être que sa blague sur Vegas n'était pas si hors-sujet que ça. Sentant son cœur battre à cent à l'heure, la brune vérifia d'un coup d’œil qu'il n'était pas en train de la faire marcher. Parce que pour le coup, elle courrait. « Ouvres la. » Suivant ses instructions, elle ouvrit l'écrin, mi-surprise mi-estomaquée. Surprise, parce qu'elle avait vu juste sur ses intentions ; estomaquée, parce que la bague qu'elle avait devant les yeux avait du lui coûter plus que ce qu'ils gagnaient à eux deux réunis. Écoutant Lukas d'une oreille attentive, elle se mordit la lèvre inférieure, ravalant un sourire et les larmes qui allaient avec. Parfait. Les hormones combinés à la demande étaient en train de la transformer en stéréotype vivant. Lukas conclut finalement qu'elle n'était pas obligée de lui répondre tout de suite ; voir qu'elle n'était même pas obligée d'accepter du tout. C'était mal la connaitre. Ne pouvant s'empêcher de rire entre deux prises de respirations un tant soit peu contrôlées, elle essaya de reprendre son sérieux -pour encore mieux s'emmêler les pinceaux. « Non. Enfin oui. Je veux dire, non je n'ai pas besoin d'attendre pour te donner une réponse, pas non je n'ai pas envie d'accepter ; ça serait totalement horrible et en plus faux, parce que c'est oui. Bien sûr que c'est oui. » Elle l'attira à elle pour l'embrasser, espérant rattraper un minimum sa réponse désastreuse - à mettre sans aucune doute sur le compte de sa joie ; comme quoi la seule alternative qu'elle voyait avec lui dans l'avenir était partagée. Souriant contre ses lèvres, elle s'écarta légèrement. « Tu as conscience que je t'aime, et que tu es coincé avec moi pendant un bon moment ? Si non, je pense que t'as encore le temps de courir dans l'autre sens. »

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Les bras toujours fermement accrochés à son cou, elle songea un moment qu’en vue du sourire béat qu’elle était incapable de faire disparaître de son visage, elle devait passer pour la dernière des imbéciles heureuses. Et puis mince, c’était le cas, et pour une fois que rien n’était gâché par un frère un peu trop blond, un ex pas assez humain,  ou par une quête à l’autre bout du continent …  « Tu as conscience que je sais tuer un vampire depuis que j’ai huit ans ? Je crois que je peux gérer le fait que tu m’aimes, d’autant plus qu’il se trouve que je t’aime aussi. C’est fou non ? »  Hochant la tête d’un air faussement sérieux, elle continua de jouer la comédie. « Pire que ça, c’est  incroyable ce genre de coïncidence ! » Alors qu'elle était partie dans sa lancée, elle s'arrêta pour remarquer à quel point Lukas était obnubilé par l'horloge. Il avait quelque chose de prévu ou ... Avant de pouvoir lui demander quoique ce soit, il lui annonça qu'elle devrait peut-être se préparer pour les invités. Surprise, elle fronça les sourcils. « Les invités ? Tu comptes ramener tout Mystic Falls ou … Non. T’as pas fais ça. » Bien sûr qu’il avait fait ça. Il avait forcément fait ça. Elle avait du laisser le numéro trainer quelque part, sur la table de chevet, ou peut-être même en évidence sur le frigo. Elle lui avait littéralement offert l’opportunité d’appeler ses parents. Se retenant de grimacer, elle ne pu s’empêcher de se mordre la lèvre en proie au stress. Elle se savait égoïste pour le coup, mais n’arrivait pas à imaginer une réaction positive de la part de ses parents s’ils voyaient son ventre. Et la bague, par extension. Génial. Elle avait quelque chose de plus à ajouter sur la liste.

Comme pour la calmer, Lukas lui assura qu’il avait tout prévu. L’organisation chez les Carter ; c’était tout une affaire. Hochant de la tête, à peine rassurée, elle se faufila dans sa chambre avec une seule vraie mission : Trouver quelque chose qui éventuellement pourrait cacher de façon partielle ses rondeurs. Ce qui s’apparentait plus à une mission impossible qu’autre chose . Changeant de tenue au moins trois fois dans un temps record, elle opta finalement pour la robe la plus large du placard. Avec un peu de chance –et si elle s’obligeait  à éviter certains gestes comme laisser sa main sur son ventre, peut-être qu’elle gagnerait un peu de temps pour leur annoncer avant d’être trahie par mini-elle. Surprise par Lukas qu’elle n’avait pas vu arrivé, elle sourit devant le compliment en essayant désespérément d’enfiler ses chaussures. « Presque sûre que t’as un fétiche sur les femmes enceintes ; et t’inquiète pas pour ça, on a l’armurerie ! » Même si elle était certaine que leur fille n’allait pas échapper aux entraînements et serait en mesure de repousser sans soucis les premiers énergumènes masculins un peu trop collants. Terminant de se préparer en tentant toujours de masquer son ventre, elle releva la tête lorsque Lukas lui demanda son avis. Elle reposa les boucles d'oreilles qu'elle essayait sans succès d'enfiler avant de lui prendre la cravate des mains. Relevant le col de sa chemise pour la nouer, elle pencha la tête d'un air concentré. « On évite le sujet des vampires. Mon père est carrément curieux là-dessus, c’est pas un problème, mais je soupçonne ma mère de vouloir me droguer pour me ramener avec elle à Chicago. » S’écartant d’un bon mètre pour juger la tenue, elle revint finalement pour défaire la cravate et le premier bouton de la chemise dans la même foulée. Là. C'était beaucoup mieux comme ça. « Je préfère sans. »