If I trust you for my hair, I trust you for magic ! • Marie

J

e donnais un dernier coup de ciseaux à cette femme âgée avant d'attraper la laque et faire sortir quelques pressions sur ses cheveux histoire de maintenir sa coiffure, qui à mon goût n'avait presque pas changé par rapport à ce qu'elle avait en rentrant. J'espérais ne pas finir comme elle plus tard: vieille et folle, sans personne dont la seule distraction serait de venir faire chier le monde. Comment pour l'affirmer, je lève la tête vers le miroir avec une expression s'adressant directement aux temps qui passe: "Tu ne m'auras pas !". Enlevant la serviette du col de madame Telfer, je jette cette dernière dans une panière un peut plus loin, contenant les serviettes utilisées. J'invite ensuite la cliente à se diriger vers le comptoir où j'encaisse mes quelques coups de ciseaux au prix d'une coiffure normale. J'allais pas lui en faire cadeau, c'est le genre de femmes qui planque ses billets dans des boîtes à biscuits et qui n'a rien sur son compte bancaire ! Je tourne la tête vers la rangée de fauteuils en cuir, tous de différentes couleurs en attrapant la liste des rendez vous.
-Madame Vict...
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase, la porte du salon s'ouvre d'un geste brutal qui fait sursauter plusieurs clientes. Moi, je me retourne en faisant voler mes tresses, le regard sévère sur la silhouette qui s'avance.
Quand je reconnais enfin de qui il s'agit, je détends mes traits, très légèrement. La porte était fragile, les ouvriers faisaient des travaux dans la cave, mais ce n'était pas une raison pour déglinguer mon entrée !
Quand j'entends ses paroles, je laisse planer un long soupir en détournant le regard, me dirigeant à l'arrière du salon où je trouve Tara, un casque sur les oreilles, Beyoncé à fond. Jetant sur elle la liste des clientes, je lui demande d'aller s'occuper d'elles et de m'envoyer le garçons. J'avais horreur de voir mes "filles" rêvasser pendant leurs heures de travail.
En arrivant devant le rideau de perle, je fend ce dernier pour m'avancer dans ma salle de consultation où règne une odeur âcre de sang séché et d'encens à l'opium. Plusieurs tiroirs recouvrent les murs et des toiles sont accrochées aux murs, représentant des signes vaudoo. Même le sol est orné d'un signe à la craie.
Je me dirige vers l'un des meuble, pour en tirer deux verres et une bouteilles de bourbon. Je remplit les deux verres, en laissant un à sa place tandis que j'attrape le second de mes doigts ornés de bagues bon marché. Montant les trois marches qui mènent à la minuscule estrade, je prend place sur ce trône qui a parcouru les âges. De la cire séchée dégouline sur le bois, des bougies forment maintenant des parties propre à la chaise et plusieurs ossements sont mêlés à la cire blanche, noire et rouge. Quand l'adolescent arrive, je boit une gorgée de l'alcool, laissant le liquide me brûler la gorge et intimant d'un geste de la main une chaise au garçon ainsi que le verre de boisson.
-Faire irruption comme un gorille dans mon salon... J'espère que tu as une bonne raison hein ?
Ma voix est accompagnée d'un rictus en coin, le genre de rictus dont vous ne pouvez savoir si il veut dire quelque chose de bien ou prévoit quelque chose de mal. C'était dans mon habitude de donner cette impression chez les gens. Bien que je n'allais nullement blesser le jeune Pritchard, il était une des rares personnes que je supportais. A faible dose, certes, il pouvait vite me taper sur les nerfs, mais c'est quelqu'un de sympathique qui change du tempérament des autres personnes qui viennent me voir.
Relevant une main de mon accoudoir, je désigne sa masse de cheveux.
-Ils repoussent vite, tu devrais envisager de prendre rendez-vous un de ces quatre...

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uand le fils du shérif franchit le rideau de perles, barrière entre un salon de coiffure et un autel vaudoo, je ne peut m'empêcher de l'observer, un sourire amusé sur les lèvres en faisant tourner le liquide brun de mon verre avec des mouvement répétitifs du poignet. J'adorais voir les réactions des gens qui venaient me consulter pour un sort ou des conseils, en effet une sorcière vaudoo avec des principes différents que les méthodes employées par les autres sorcières du coin, et je ne me faisais aucun doute que connaissant la personnalité de l'adolescent, sa réaction serait pour le moins fort sympathique.
Le voir ainsi, son corps frêle avec les mains repliés sur ses genoux, sans rien autour de lui et depuis une légère hauteur, le rend réellement craintif. Faut dire que l'endroit n'avait incidemment rien de bien accueillant... Mais ce n'était pas le but. Si il voulait être bien accueillit, il n'avait qu'à se rendre dans un de ses quartiers kitch de la ville où les nouvelles sorcières sirotent un thé glacé au citron devant une émission de télé réalité à deux dollars. Si il était dans mon antre, c'est qu'il savait exactement ce qu'il voulait. Il n'avais sûrement pas franchit les quartiers risqués et mal fréquentés de la ville si il n'était pas sûre et certain de ce qu'il désirait. Je l'observe sans détourner le regard, attraper le verre d'alcool et le reposer après une simple gorgée. De mon côté je le finis cul sec en posant le verre à côté de moi, sur un autre meuble recouvert de poussière.

J'écoute attentivement ce qu'il a à dire sans ciller, et une fois qu'il a terminé de déballer son idée, je porte ma main à mes lèvres, pinçant ses dernières en réfléchissant un instant. Je n'étais pas experte dans toutes les magies confondues, loin de là. J'avais oublié ce qu'était la magie blanche il y a bien longtemps, je doute même l'avoir déjà utilisé. Quant à l'expression, je n'ai jamais mis les pieds là dedans et ce n'est pas demain la veille. Je n'utilises que le vaudoo, mais l'avantage avec le vaudoo c'est qu'il offre deux branches bien distinctes : un vaudoo « blanc » qui peut s'apparenter à la magie blanche, comme l’appellent les autres sorcières. Et un vaudoo « noir », tel que le connaissent une grande majorité. Poupées vaudoo, mauvais œil et compagnie.
Prenant une grande inspiration, je reporte mon attention sur le jeune homme. Derrière lui, la porte-fenêtre menant à la cour intérieur est fermé, tout comme les volets qui laissent la lumière du soleil filtrer à plusieurs raies dans la pièces, laissant visible la poussière dans l'air.
-Tu peux me faire confiance. Mais moi, est ce que je peux faire confiance à ta copine.
Ma phrase ne laisse aucune interrogation pour souligner le fait que pour une fois, je suis très sérieuse. Dans ma vie, je n'ai enseigné qu'à deux personnes les rudiments du vaudoo : Tara et Cassandra. J'étais surnommée la Reine du Vaudoo, c'était logique que je me méfie des gens qui me demandaient de leur révéler les fondements de mon art.
-Le vaudoo est différent à quelque chose près de la magie que les sorcières ont l'habitude d'utiliser, mais le bon côté du vaudoo est assez semblable à ce que font les sorcières de nos jours. Ça ne me pose aucun soucis. Mais pour ce qui est de l'autre côté du vaudoo, je veux avoir la certitude que ta sorcière en fera bon usage si, et je dis bien si, je te révèles certains sorts de vaudoo noir.
La vaudoo blanc ne nécessitait pas de réelles connaissances en matière de magie païenne, c'est à la portée de tout le monde j'ai envie de dire. Mais le vaudoo noir, c'est déjà plus complexes. On ne se limite pas à quatre encens, cinq bougies et un bol d'eau, non... ça demande des outils plus impressionnants : sacrifices, invocations, transes. Évidemment je n'allais pas déposer dans ce livre tout ce que je savais de ce domaine dangereux, mais j'allais tout de même faire en sorte que le jeune Andrew n'ai pas fait tout ce chemin pour rien. Si je ne rend pas ce grimoire personnel comme il l'a dit, il aurait très bien pu aller voir une sorcière autre que moi... Et puis il faut bien qu'en tant que sorcière, cette dernière sache se défendre. Je me redresse de mon fauteuil, jetant un regard d'ensemble à la pièce pour réfléchir par où commencer tant qu'il ne m'a pas répondu à un point important, à savoir si sa copine ne ferait pas n'importe quoi avec mon savoir.
 

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ne gentille attention. C'est en effet une très gentille intention même. Je ne connaissais pas beaucoup de garçons qui viennent rendre visite à une sorcière dans les mauvais quartiers de la ville dans le but de confectionner un grimoire personnalisé. La majorité ce serait contenté d'un fast-food suivit d'un cinéma ou d'un album photo confectionné en deux trois clics sur un ordinateur. Personnalisé mon cul oui...
Je baisse la tête pour regarder ce qu'il tient entre ses mains. Un livre style paperbanks, je suppose qu'il devait s'agir du fameux grimoire. Je doute que je puisse le remplir entièrement avec des envoûtements et des charmes. Ça laissera donc de la place à la sorcière pour continuer elle même son propre grimoire, c'est toujours important qu'une sorcière laisse ses marques dans un ouvrage magique. Quand il évoque le passé de cette dernière, je le fixe pendant un instant sans ciller pour finalement éclater de rire en détournant mon regard du sien. Un rire grave et sinistre à la fois qui résonnent entre les murs. En fait je n'avais aucune idée sur le fait qu'Andrew soit sérieux ou non, mais je m'en fiche. J'aimais la manière dont il faisait évoluer la conversation et je ne le cache pas. Mon rire cesse quand il termine d'exposer ses arguments mais je garde sur le visage un sourire en coin. C'était tellement touchant que j'aurais presque pu trouver ça mignon. En relâchant un rire étouffé, je descend les marches pour m'avancer vers ce dernier, examinant son regard comme un serpent prêt à mordre sa proie.
-Je vais t'aider, mais sache une chose Andrew Samuel Pritchard, si il se passe quoi que ce soit d'un minimum dangereux, qui fait ébruiter l'existence des sorcières... Je te tiens personnellement pour responsable, toi et ta petite-amie.
Je tapote sa nuque doucement avant de lui tourner dos pour m'avancer vers le meuble en acajou qui tombe en miettes un peut plus loin. Mon but n'est pas de l'effrayer ou de paraître mauvaise -même si c'est le cas-, je souhaite surtout le prévenir. Je n'allais pas dévoiler les secrets de mes ancêtres sans poser des limites, et quand bien même je n'allais pas lui révéler les plus puissants sorts. Comme il l'a dit, il ne veut pas une arme de destruction massive. Ouvrant avec les deux mains un tirroir, j'en sors une boîte de crains et en attrape une dans ma main.
-Les craies, pour dessiner et représenter des signes. Les sorcières vaudoo reproduisent des vévés. Je pense que ta sorcière sera plus apte à dessiner des pentagramme. C'est également faisable avec du sel, le sel est un élément primordial dans la sorcellerie, il empêche les esprits de vous attendre selon les humains. En réalité il empêche les vampires d'atteindre certains endroits ou certaines personnes et canalise la force des esprits.
J'attrape ensuite un crayon et un carnet que je lance en l'air pour qu'il puisse avoir le temps de les rattraper.
-Prend des photos et prend notes.
Aussitôt dit je recommence mon monologue en me dirigeant vers le fond de la salle pour ouvrir une armoire et en tirer une chandelle noire.
-Les bougies, pour canaliser l'énergie du feu. La couleur est tout aussi importante : une chandelle noire utilisée à bon escient purifie un lieu en éloignant les mauvais esprits. Chez les vaudoo, nous faisons brûler des fœtus de vipères. Oui je suis sérieuses, mais je pense que... Hope préférera les bougies. Les bougies canalisent donc le feu ; le sel canalise aussi la terre ; les encens canalisent l'air et l'eau canalise... L'eau.
Reposant la bougie, je me déplace près de la porte fenêtre pour ouvrir un énième tiroir et en sortir un sachet en tissus noir.
-Afin de renforcer les effets d'un sort, il vaut mieux garder une trace matériel, quelque chose qui fera durer le sorts à long terme. Plus la sorcière est puissante, plus le catalyseur est puissant. Par exemple, tant que personne ne brûle le contenu de ce sachet, mon défunt mari vit les pires tourments en Enfer.
Je repose le sachet en ouvrant ensuite la porte fenêtre et les volets d'un revers de la main, le soleil manquant de m'éblouir. Je pénètre dans le jardin en regardant autour de moi.
-Les plantes sont tout aussi importantes, elles ont chacune une signification propre. Posant ma main sur le lierre qui pousse sur le mur, j'examine sa hauteur en pensant à le couper un peut. Le lierre représente l'attachement; les roses l'amour ; les jacinthes le regret...
Je me retourne vers Andrew, mains sur les hanches.
-Des questions ? Je vais pas trop vite ? Je continue ?
 

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onnêtement, j'ignore si je ferais vivre l'Enfer pour l'éternité à Andrew si il vient à être impliqué dans l’ébruitement des sorcières... Et puis j'ai beau dire, je vois mal ce jeune adolescent être impliqué dans une nouvelle vague de révélation surnaturelle... Cela dit, si fait quoi que ce soit de dangereux pour moi et les miennes je n'hésiterais pas à me venger. Je n'ai pas de réelles notions pour me décrire, je pense être surtout quelqu'un de neutre qui ne prend pas le temps de se définir bonne ou mauvaise... D'autant plus que rendre la monnaie de sa pièce au fils du shérif serait simple : j'ai la traces de ses lèvres sur le verre de bourbon, largement suffisant pour avoir un point d'encrage sur sa personne et le maudire. Je peux paraître odieuse à penser ainsi alors qu'il vient pour me demander conseils, en toute innocence, mais je préfère rester sur mes gardes.
-Non, j'aime la diversité... J'ai juste besoin de réflexion, mes malédiction sont comme des œuvres d'art.
Œuvre d'art,  cette simple parole me fait frisonner, c'était une parole digne d'Elizabeth Lafay, que dieu me garde de ressembler à cette bonne femme. Quand il émet l'hypothèse qu'une sorcière serait elle même capable de vendre les siennes, je ne peux qu'acquiescer, malheureusement il a raison.
-Dans ce cas là, la sorcière est morte d'avance de mes mains.
J'étais une fervente protectrice du secret. Fanatique de la nature et de la préservation de l'équilibre, mais je gardais un minimum d'intelligence afin que nous ne finissions pas comme les vampires à l'heure actuelle : chassées, capturées, torturées, brûlées, pendues... Une nouvelle Salem qui s’étendrait à l'échelle du monde, non merci. D'autant plus que les affaires n'ont jamais étaient aussi florissantes pour moi, le nombre de créatures surnaturelles qui veulent cacher leurs natures n'a jamais été aussi grand. Et les Humains, depuis la révélation ils viennent également me voir, bien sûre ils sont bien trop aveugle pour penser discuter à une véritable sorcière. Ils vont voir des médiums et des liseuses de cartes sans imaginer que dans certains cas, ils tombent sur une véritable jeteuses de sorts. Je profite donc de cette hausse de la panique pour arrondir mes fin de mois en délivrant des gris-gris qui n'ont aucun effet magique si ce n'est apaiser les esprits apeurés des humains...

J'écoute ce qu'il a à dire en réfléchissant un instant pour voir si ce qu'il disait concordait.
-C'est ça oui. Mais les vévés sont les principales signatures du vaudou. Contente toi de tracer une étoile à cinq branches, tu auras un simple sort de sorcières comme on en trouve partout. Il y aussi un autre point essentiel qui fait toute la différence entre la magie « normale » et le vaudou : les sacrifices. Tu peux te contenter de sacrifices d'animaux, mais si tu veux faire quelque chose de sérieux... Un sacrifice humain est d'avantage puissant.
Je jette mes tresses par dessus mon épaule en me retournant, me dirigeant vers une table de jardin entouré de trois chaises, m'installant sur l'une d'entre elle en posant mes coudes dessus, joignant mes mains en invitant Andrew à s'installer en face de moi.
-Si mon sachet brûle, le sort se dissipe oui. Surtout parce que mon défunt mari est mort, immatériel et il faut toujours quelque chose qui appartient à la personne à maudire où envoûter : un cheveux, un ongle, un morceau de vêtement, une relique... Si par exemple je maudis une personne vivante et qu'elle se débarrasse de la malédiction en brisant ce qui maintient le sort, je peux très bien la maudire à nouveau en me procurant à nouveau quelque chose qui lui appartient... A moins qu'elle ne bénéficie d'une protection contre le vaudou.
Je redresse la tête en soupirant, je pense que je devrais sérieusement planquer ailleurs que sur moi ce qui maintiens la malédiction sur la personne de Lafay. Peut être que Klaus serait capable de s'en charger... Sur ce point là j'avais confiance en lui : il avait autant envie que moi de voir la sorcière brisée, je ne vois aucunes raisons qu'il aurait à lever le sort.
-Pour en revenir aux vévés, je te prêterais un répertoires des signes vaudou, il y en a pour tout : santé, chance, mort, amour...Ensuite, hum... Ah oui. Nous les sorcières vaudou invoquons les ancêtres, comme le font toutes les sorcières oui, mais nous avons des méthodes différentes. Il y a certes la planche ouija qui aide, mais en principe il faut faire des offrandes de ce qu'aime l'esprit en question... Mon grand-père adorait les tartes au citron meringué et ma tante Endora était fanatique du thé glacé, quand j'ai besoin de leur magie je cuisine tout ça pour apaiser leurs âmes de les sortir de leur repos éternel. Nous sommes très respectueux envers les ancêtres, c'est pour cette raison qu'en principe nous invoquons des Lwas. Des esprits tellement connus chez les sorcières vaudou qu'on les considère comme des entités, et là c'est du costaud... Ils ont des caractères bien spécifiques : leur propre vévés, leur propre genre de sacrifices, les bon lieux où exercer le rituel, des types d'encens...
Ça pouvait être compliqué à la première écoute, aussi bien j'espérais qu'Andrew comprendra facilement ce que je veux dire, dans le cas contraire je risque de hurler le nom de Cassandra pour qu'elle se charge de lui expliquer les rudiments du vaudou bénéfique.
 

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uand il évoque le fait que les ancêtres sont capricieux, je relève aussitôt le visage de mes ongles rouges pour l'épier. Si mes yeux lancés des éclairs, il serait déjà désintégré.
-Chez les sorcières vaudou nous partons du principe qu'il ne faut pas bousculer le sommeil des morts, contrairement aux sorcières que tu as l’habitude de voir, et que la moindre des choses c'est de les remercier d'accorder du temps pour les vivants, c'est en faisant le minimum pour les satisfaire.
Quand il me questionne au sujet des Lwas, je souris en me calant comme il faut sur ma chaise. Voilà un sujet qui m'intéressait.
-C'est très particulier... Déjà il y a trois degrés d'invocation des Lwas. Rada, Congo et Petro. Ce soit trois grandes familles qui regroupent à l'intérieur les Lwas. Comme chez les grecs : il y avait les principaux dieux, Zeux, Poséidon, Hadès... Les pricnipaux, ensuite il y avait les moins importants : Eris, les Moires... C'est pareils chez les Lwas, ils sont classés en fonction de leur importance mais sont largement aux dessus des ancêtres. Les Lwas sont les intermédiaire direct entre le Hommes et l'Autre Monde. Mais il faut faire attention, plus on passe des invocations Rada jusqu'aux invocations Petro, plus il faudra de la force pour maintenir un Lwa, c'est pour cette raison que les vévés, les offrandes et les sacrifices apaisent la colère d'un esprit. Lorsque l'on invoque un esprit vaudou, la sorcière rentre en transe, animé par l'esprit vaudou qu'elle a conjuré qui à travers son corps exécute ses désirs.
Je m'amusais de voir le garçon gribouiller, écrire, rayer, recommencer à écrire des choses en s’efforçant d'être clair. A vu d’œil, la feuille ressemble à un papier qui traîne sous une table de maternel après que la sonnerie ait annoncée le début de la récréation. Mais j'espérais tout de même être clair. J'avais déjà eu affaire avec des sorcières plus communes et tout paraissait si simple. Du sel, quatre bougies et du latin. Quelques chuchotements d'esprits et c'était finit. En Vaudou, c'était différent. Il faut réfléchir et faire attention, assurer nos arrières, on ne sait pas quel tours peut nous jouer un Lwa.

J'écoute attentivement ce qu'il me demande, avant qu'il n'ai finit sa phrase j'ai failli exploser d'un rire amer. Mais quand il évoque le fait de sacrifier des vampires ou des hybrides, je pers toutes traces de semblables sourires. Je tourne le regard derrière lui, vers la porte menant à mon bureau en l'invitant à se lever, sans ciller. Une fois rentrés, je ferme la porte derrière lui en attrapant une veste en cuir sur un porte manteau.
-Vient, on va faire un tour dehors. Je n'aime pas parler de ça ici...
J'avais terminé ma phrase en jetant un regard autour de nous. Invoquant des divinités, j'étais naturellement superstitieuse, et il y a des choses dont il ne vaut mieux pas parler chez sois. Je quitte le salon de coiffure en laissant mon personnel se débrouiller, leur assurant que je ne rentrerais pas tard.
Dehors, dans le quartier, un groupe de jeune s'amusait au ballon au milieu de la route. Rien d'autre si ce n'est la voix de Bob Marley qui venait de retentir dans mon salon ne témoignait d'un semblable de vie dans ce quartier. Drogue, alcool, agressions... Ce n'était pas le meilleur quartier de la ville, il ne semblait pas aussi tranquille qu'il n'en avait l'air. Marcher à la vue de tous avec le jeune Pritchard était en quelque sorte un moyen de le préserver et d'avertir les caïds du coin que si il le touchait, ils auraient affaire à moi. Je n'étais pas connue pour rouler sur l'or, ni même pour avoir lancé la nouvelle tendance fashion, mais j'étais en quelque sorte la marraine dans ce voisinage. La prochaine fois, si seulement il y en a une, qu'Andy mette les pieds ici, il pourra circuler librement sans avoir peur d'être suivis par des types chelous. Et vu sa musculation peut glorieuse comparé à ceux des enfants des appartements autour de nous, c'est le moins que je puisse lui offrir : la sécurité dans mon quartier.  
-Pour en revenir à notre conversation... Oui c'est possible. Mais, et je dis bien, mais...
Ce qui sous entendait qu'il allait devoir m'écouter attentivement.
-Je n'ai jamais eux recours à ça. C'est une branche particulière du vaudou qui provient des sorcières de la Nouvelle-Orléans. On appelle ça, de la Magie Ancestrale. Un mix entre les sacrifices Vaudou et les invocations d'esprits tels que tu les connais. Les sacrifices de vampires permettent de puiser dans les entrailles de ces créatures pour qu'en plus de lancer le sort, canaliser la puissance de la bête.
Je crache aussitôt au sol en jurant, en créole pour souligner mon dégoût.
-C'est mal. Impie. Plus rien avoir avec le vaudou noir, ou la Magie noire ! Sacrifier des vampires c'est s'accaparer leur forces en trichant avec les Lwas, irrespectueux et dangereux. J'ai connus une sorcière qui pratiquait ce genre de sacrifices il y a environ 200 ans maintenant... Elle en abusait et faisait beaucoup trop de bruit, je me suis chargé personnellement de la tuer et d'effacer toute traces de son passage.
Je porte mes doigts à mon chapelet autour de mon cou en murmurant.
-Je prie pour que cette pratique reste ensevelie sous les cendres de son corps ! Crois moi, il vaut mieux se contenter de trancher la gorge d'une chèvre ou d'un cheval plutôt que de jouer avec ça... Ce n'est un secret pour personne que les vampires vont à l'encontre des lois de la nature, les sacrifices de vampires vont à mon goût plus loin que la présence des vampires sur Terre. Je ne sais pas si je suis assez clair, mais il n'y a pas beaucoup de chose à savoir... Tant que personne n'a l'idée de sacrifier des vampires en utilisant la magie vaudou, tout ira pour le mieux. Tu comprends pourquoi je suis si craintive à l'idée de dévoiler les secrets du vaudou ? Peut de gens pratiquent le vaudou, ce n'est pas un hasard... mes semblables se sont jurées de garder les secrets Haïtiens pour nous afin de ne pas ébruiter la race des sorcières et aller encore plus loin dans la profanation de l'équilibre.
Même si j'étais différente des autres sorcières, l'équilibre était une notion toujours présente dans ma culture. Or, les sacrifices de vampires sont terriblement chaotiques en deux faits ; le premier c'est d'utiliser les fameuses abominations de la Nature en Magie. Magie et Vampires ne vont pas ensembles... Ensuite, c'est mélanger les méthodes vaudou à la canalisation. Canaliser des corps, c'est une pratique des autres sorcières, moi je parle de consécration des défunts et ce n'est pas la même chose. Canaliser revient à absorber. Consacrer revient à rendre à la Terre Mère ce qu'elle nous a donnée. Un point, c'est tout. Et en tant que Reine du Vaudou je veille personnellement à ce que personne ne s'amuse à mélanger le vaudou, la magie des autres sorcières et les vampires... De un par respect, et ensuite pour préserver l'équilibre.
 

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