Speedy Hearts

Depuis maintenant quelques semaines la situation à Mystic Falls est de plus en plus inquiétante pour les mortels. Malgré la mise en place d'un tribunal contre les vampires, ils affluent. Toujours. Les chasseurs ont interdictions d'agir, les loups garous vivent tapis dans l'ombre espérant que leur existence reste inconnue et les sorciers ne bougent pas beaucoup plus. Comme si cette situation était vivable ! Comment voulez vous garder le calme et la paix dans un tel monde ? De mon point de vu les jugement ne servent à rien. Le maire s'acharne en vain.

Depuis que Chloé m'a appelé pour me rendre ma cravate et me parler de Lukas nous sommes plus proche. Notre amitié évolue pour mon plus grand plaisir, néanmoins c'est de moins en mois facile de lui cacher la vérité. A présent nous sommes liés. Vous me direz que ça devrait être plus facile mais au contraire, mentir au gens qui semblent nous aimer est insoutenable. Je m'emparai de mon téléphone et lui adressai un texto dans lequel je lui proposai de me rejoindre au lac. Depuis qu'Emma m'avait fait découvrir cet endroit je m'y rendais régulièrement pour réfléchir ou simplement profiter du paysage. Chloé me répondit par l'affirmative. J'allais lui dire, j'étais déterminé. Ne pas reculer surtout. Je continuai mon chemin et vis à l'horizon le lac. Une fois arrivé face à l'eau, je l'observais avec attention puis allai m'installer contre un arbre. Perdu dans mes pensées je pesais le pour et le contre. Les pours : la sincérité et être en paix avec moi même. Les contres : risquer de la perdre, devoir lui expliquer que d'autre êtres surnaturels existent à part les vampires. La perdre une nouvelle fois me serai insoutenable. Alors à ce moment je me ravisai et décidai de garder encore une fois le secret. Une brindille craqua et une main se posa sur mon épaule.

-Salut p'tite soeu... !

Je m'étranglai à moitié. Mes lèvres, ma langue, avaient bougé toutes seules. Sans réfléchir ces mots étaient sortis de ma bouche sans que je puisse rien faire. J'espérai un instant que la personne derrière moi ne soit pas Chloé...

Le lac. C'était peut-être le seul lieu qu'elle n'avait pas exploré depuis son arrivée à Mystic Falls -et la chose commençait pourtant à remonter à quelques années. Faute d’opportunités, peut-être ; ou juste manque d’intérêt particulier. L'endroit n'était pourtant pas repoussant, plutôt sympathique en vérité. Elle était prête à parier qu'elle l'adorerait sûrement, le jour où elle serait capable de trouver quelqu'un dedans sans avoir à faire deux fois le tour de l'étendue d'eau. Agacée, Chloé soupira avant de s'arrêter au milieu d'un chemin de balade tout tracé. Un homme mesurant le double de sa taille, avec les cheveux en bataille et l'air déluré du gamin le soir de Noel, ça se trouvait facilement, non ? Apparemment pas, se dit-elle en reprenant sa marche.

Vérifiant son téléphone d'une main à la recherche d'un autre message qui aurait pu lui indiquer plus précisément le point de rencontre, elle plaça sa deuxième paume en visière sur son front. Ses yeux parcoururent rapidement l'endroit avant de s'ancrer à un arbre, à seulement quelques mètres d'elle. Pas de doute, la posture nonchalante le trahissait. S'approchant discrètement pour ne pas le sortir de sa rêverie, Chloé tendit son bras pour atteindre le haut de sa veste.

-Salut p'tite soeu... !

Elle ôta immédiatement sa main, comme électrifiée par le contact. Le fixant les yeux écarquillés, la jeune femme ouvrit la bouche pour répliquer, mais aucune parole cohérente ne semblait vouloir se faire entendre. Julian. Alexander. Elle avait été stupide. Tellement stupide. Reculant d'un pas, elle ignora les larmes de colère qui lui montaient aux yeux pour pointer le coupable de la main.

-J'ai eu un grand frère, y a de cela très longtemps. Et il a cessé d'exister le jour où il a décidé que les nouvelles ne servaient à rien ! Ravalant une nouvelle montée de larmes, Chloé continua, la voie brisée Je suis devenue fille unique le jour où je n'ai même pas été capable de me souvenir de sa voix, ou même de ce à quoi il ressemblait. Pas de photos. Rien. Alors je te conseille de choisir prudemment les prochains mots que tu vas dire.

Mes propos étaient sortis tout seul et cette fois, Chloé n'était ni sous pression ni face à un total inconnu, elle saisirait donc mes paroles. Je n'avais pas d'échappatoire. Je me levais et la regardais me dévisager. Nous restâmes ainsi quelques secondes puis elle brisa le silence. A cet instant j'avais peur, peur qu'elle ne parte en courant, peur qu'elle m'insulte me déteste, peur de ce qu'elle allait dire. Chloé était intelligente et elle trouverai certainement les pièces du puzzle. Les prénoms, l'âge à quelques années près, le nœud papillon peut-être et la menthe à l'eau avec grenadine... Me pointant d'un doigt accusateur, elle parla enfin, à une vitesse incroyable comme si s'arrêter lui était impossible :

-J'ai eu un grand frère, y a de cela très longtemps. Et il a cessé d'exister le jour où il a décidé que les nouvelles ne servaient à rien ! Je suis devenue fille unique le jour où je n'ai même pas été capable de me souvenir de sa voix, ou même de ce à quoi il ressemblait. Pas de photos. Rien. Alors je te conseille de choisir prudemment les prochains mots que tu vas dire.

Certaines de ces paroles m'arrivèrent de plein fouet comme une gifle. J'imaginai bien qu'elle ai souffert mais de la à avoir penser qu'elle était fille unique... En temps normal des paroles si dure m'aurait fait partir en vrille mais là j'étais le seul coupable. Le seul coupable de sa peine et de sa souffrance ainsi que de la mienne. Son regard traduisait une intensité pesante. Je grimaçai de sachant où me mettre et que dire...

-Je suis désolé.

Dans ces moment là il n'y a pas plus con comme réplique on est d'accord mais seuls ces trois mots sortirent de ma bouche. Chloé continuai de me fixer, toujours de la même façon comme si elle savait et attendait ma franchise une bonne fois pour toutes... Alors ce fut à mon tour de parler à une vitesse déconcertante mais remplis de regret.

-Je suis désolé d'avoir cesser de t'écrire comme ça. Je suis désolé de ne t'avoir rien expliqué. Je voulais te protéger. Tu vois ce que je suis devenu sans toi ? Tu te rappelles la première fois au Mystic Grill : tu m'as pris pour un fou. C'est de ça que j'avais peur. J'ai encore peur que tu ne partes en courant parce que je suis conscient du mal que je t'ai fait !

Finalement peut-être aurait-elle voulu que je me taise. Elle était resté planté à m'écouter comme si ce que je disais était irréel mais elle ne disait rien. Alors je ne pouvais plus contenir les larmes qui montaient jusqu'à mes yeux. La première coula le long de ma joue.

Défiant Alexander du regard, Chloé resta clouée au sol - si ce n'était pour ajuster par moment la distance entre eux. Profondément blessée, autant par le mensonge que par son incapacité totale à démêler le vrai du faux, elle du s'empêcher à plusieurs reprises de partir sans demander son du. Après tout, il le méritait amplement. Pour tout ce qu'il avait - ou justement n'avait pas - fait. Croisant les bras sur sa poitrine, la jeune femme écouta à peine les excuses, le cerveau trop embrayé dans son processus de haine. S'il ne lui laissait pas le temps de parler maintenant, elle risquait de lui faire exploser à la figure les pires des reproches. Et elle ne s'en priverait pas une seconde.

-J'ai encore peur que tu ne partes en courant parce que je suis conscient du mal que je t'ai fait !

S'offusquant sur un rire faussement exécuté, elle leva les yeux au ciel de plus belle lorsque les canaux lacrymaux de son frère le lâchèrent bien avant les siens.

-Alors vas-y, fais le. Reviens en arrière. Va voir la gamine de 6 ans pour lui expliquer qu'elle ne reverra pas son frère. J'ten prie, va lui annoncer ça. Oh, et pendant que tu y es, préviens la qu'elle n'aura personne à qui parler lorsque son premier copain la laissera tomber comme si elle n'était rien. Encore mieux ! Comment son second a failli lui arracher la tête au sens propre parce qu'il était sur les nerfs. T'as encore les tripes de le faire ?

Essuyant ses yeux d'un revers de poignet, elle lui accorda un dernier regard avant de s'éloigner légèrement pour faire les cent pas. Plus le temps passait, plus elle sentait que sa tête allait atteindre une niveau de surchauffe trop important pour lui permettre de continuer la conversation. Lançant ses bras en arrière pour réunir ses cheveux dans une queue de cheval, elle relâcha finalement sa prise pour abandonner ses mains sur son crâne.

Pendant que je faisais mon monologue, mes yeux me piquaient de plus en plus. Une boule énorme se formait dans ma gorge. A plusieurs reprises j'aurais pu manquer de m'étrangler mais je me devais d'aller au bout de mes paroles, je lui devais au moins ça. Alors, j'avais réussi à résister, j'avais réussit à contenir mes émotions un moment. Seulement, maintenant que j'avais finis, plus rien ne me retenait. Chloé était muette, devant un Xander complètement désemparé. A présent les larmes coulaient une à une sur mon visage et Chloé riait, vous savez d'un de ces rires les plus faux qu'il puisse exister. C'est que nous étions fort à ce jeu là chez les Rosenbach. L'ironie était ma meilleure amie...

A cet instant, ma petit soeur me paraissait enragé. Littéralement. Elle me lança des reproches à la figure, en me raillant. Sans explication elle parla d'un copain qui l'avait largué et d'un autre qui aurait pu lui arracher la tête. Je ne pu m'empêcher de penser "Fils de pute !". Je perdais le contrôle, complètement. Qui était ce dernier ? Un de ces enfoirés qui battent leurs copines ? Un psychopathe ? Un éventreur ? Dans tous cas si je le tenais celui là ! Et dans le dernier cas, je me ferais un plaisir de lui planter un pieu dans le coeur avec rage. Préserver Chloé du surnaturel et du danger avait été le combat d'une et s'il m'avait fait échouer... Alors l'aspect vengeur de ma personnalité ressortit et les pensées les plus meurtrières me traversèrent. Elle aboyait presque :

-T'as encore les tripes de le faire ?

La rage s'empara de moi, celle où se mélange hargne et regrets. J'écrasai mon poing avec une force déconcertante sur le tronc de l'arbre qui était près de moi. Le dos de ma main était ensanglanté bordé de griffures. Quand je reconcentrai mon attention sur Chloé je la voyais le dos tourné. Une peur panique m'envahit, et je couru jusqu'à elle, un dernier espoir sur le visage :

-Chloé par pitié écoute moi ! Je ne sais pas quoi te dire à par que je n'ai jamais voulu tout ça. Tout ce que je peux te dire c'est que si je pouvais, oui je reviendrai en arrière, pour toi et parce que mourir dans le plus complet des anonymats, sans même un ami est...

Ma voix se brisa, il fallait que je lui dise. Peut-être faisais je encore la pire connerie de "ma vie" mais il fallait qu'elle connaisse toute l'histoire...

« Chloé, tu es prête ? »

Écrasant du plat de sa main une mèche rebelle, la gamine claque le tiroir en dissimulant ses paumes derrière son dos. Elle n'a pas le droit d'être là, elle le sait. La pièce est un véritable musée : chaque objet a sa place et pourtant, aucun d'eux n'a vu son propriétaire depuis deux ans et demi. Lançant un oui à la ronde en espérant gagner du temps, elle se faufile jusqu'au lit pour enfouir sa tête dans l'oreiller. L'odeur n'a pas bougé ; elle compte bien l'imiter. Elle passe ses mains sous le tissu, agrippe de ses ongles la matière avant d'inspirer profondément. Les secondes passent, les bruits de pas commencent à se faire entendre. Descendant de son perchoir à toute vitesse, elle enfile le nœud papillon volé avant de remonter le col de son manteau pour le dissimuler -talent familial, en vue d'un fils aux qualités de disparition inédites.

Inconsciemment, Chloé sentit sa main se porter au niveau du cou avant de retomber aussi sec contre sa taille. L'absence avait pendant si longtemps laissé place à l'imagination que la réalité semblait terriblement fade et violente en comparaison. Jetant un regard en biais, elle examina Xander de la tête au pied. La figure fraternel forte dont elle avait gardé le souvenir était loin de celle frêle et instable que sa vue lui offrait. Une pâle copie des photos, un reflet à peine juste de ses espoirs. Alors qu'elle s'apprêtait à feindre n'importe quelle urgence pour ne pas entacher davantage le peu de souvenirs qu'elle avait, il la rattrapa en quelques enjambées seulement.

-Chloé par pitié écoute moi ! Je ne sais pas quoi te dire à par que je n'ai jamais voulu tout ça. Tout ce que je peux te dire c'est que si je pouvais, oui je reviendrai en arrière, pour toi et parce que mourir dans le plus complet des anonymats, sans même un ami est...

-Mourir ? Oh, parce que maintenant on parle en métaphores, c'est ça ? T'as vraiment perdu la tête.

Secouant la tête d'un air résigné, elle retraça un pas de plus en arrière.

A mesure que je parlais je me rendais compte à quel point j'avais put être cruel. J'avais coupé les ponts sans aucunes explications, mêmes bidons, voulant être sûre que personne ne me ferai changer d'avis. Mais c'était terriblement égoïste. J'avais été terriblement égoïste de ne rien dire et de garder mes secrets enfouis au plus profond de moi.

-Mourir ? Oh, parce que maintenant on parle en métaphores, c'est ça ? T'as vraiment perdu la tête.

-Arrête s'il te plait ! Je ne suis pas encore assez timbré et maso pour jouer avec les mots dans notre situation.

J'avais prononcé ces mots comme j'aurais pu les prononcer quand j'étais un simple humain ignorant. Comme quand j'étais le gentil frère et le fils modèle. J'avais parlé comme avant. Avec le coeur. Penser que j'allais être rejeté fut comme un électro choc pour moi. Imaginer que j'allais réellement la perdre pour de bon. Penser que jamais plus je ne pourrais l'approcher, la voir, lui parler, la conseiller, m'occuper d'elle de près ou de loin... m'ouvrait un trou béant dans la poitrine. C'était comme si on me broyait de l'intérieur. La souffrance était vive. Je devais tout lui dire mais ça serait sûrement encore plus dur à accepter pour elle. Je me remis face à elle et l'encadrait de me bras, lui serrant les poignets pour qu'elle m'écoute :

-Chloé je suis mort. J'ai été renversé par une voiture le jour de mes 28 ans. J'ai abandonné la médecine en même tant que... Des suites d'une rupture. J'ai cramé une forêt et éteins le feu sans eau ni briquet. Je suis parti parce que j'avais peur. Peur de vous faire du mal. Et surtout parce que je voulais te préserver. Je ne voulais pas qu'une enfant de 6 ans ai à supporter un frère pyromane doublé de sorcier, qui ne savait se contrôlé...

Une fois que j'eus terminé je la lâchai. A présent elle savait tout dans les grandes lignes. Ce que je venais de lui avouer ne changeait rien à ce que j'avais pu lui faire subir mais au moins elle savait que ce n'était pas gratuit et que j'avais essayer de le faire dans un bon esprit et avant tout pour elle. Peut-être que la manière dont je vous parle de Chloé et de notre relation vous parait bizarre pour des frères et soeurs mais nous avons eu la chance de nous entendre à merveille malgré notre grand écart d'âge. Un lien spécial entre nous s'est créé et je doute que le sang qui coulent dans nos veines en soi le seule raison. Ceci peut aussi expliquer la raison pour laquelle nous avons tant souffert lorsque j'ai coupé tous contacts.