Come back and put an end to all this mess

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Come back and prove the world's not heartless

ft. ivy s. castaway, james e. cohen

Je me dirigeais d'un pas lassé vers le Starbucks de la ville. Mystic Falls était bien moins attrayant que je ne l'avais cru, je n'avais pas encore réussi à déterminer qui était influent et qui ne l'était pas et les habitants dans l'ensemble semblaient bien moins enclins à se faire manipuler qu'ailleurs. Pire encore, j'entretenais des relations sans rien attendre en retour. C'était contraire à tous mes principes mais je ne pouvais pas m'en empêcher, le fait de rencontrer d'autres loups-garou m'avait visiblement changé en chamallow presque prêt à avoir des amis - tout ce que je méprisais il y a encore un an, en soit -. La ville n'était pas bien grande mais étonnamment de nouvelles têtes arrivaient constamment, malgré mon arrivée récente je ne me considérais déjà plus comme "le petit nouveau". Tant mieux, je n'aime pas trop le fait que tout le monde connaisse parfaitement tout le monde. C'est pour ça que j'aimais Boston.

Boston, son animation, ses bars, son activité incessante, ses fêtes. Cet incident qui m'avait obligé à fuir. Ivy. Je chassais cette pensée avant même de la laisser s'installer dans mon esprit. La jeune femme avait brisé ma carapace bien trop facilement, j'aurais dû la détester - c'est ce que j'essayais de me persuader de faire sans succès - mais j'en étais incapable. J'avais mis du temps à comprendre que, comme ma sœur, elle était devenue une faiblesse, et aujourd'hui encore je n'en étais pas certain. Est ce que cette sensation de puissance, d'invincibilité dès qu'elle était dans mon entourage était réellement nocif ? Probablement pas. Je secouais la tête et en profitait pour ôter le casque de mes oreilles. Lorsque ce fut mon tour de me faire servir, je commandais un Caffè Mocha que j'emmenais à une table près de la fenêtre. Ainsi j'avais une vue sur l'extérieur et l'intérieur du bâtiment.

Réprimant un soupir, je glissais mes doigts autour de ma tasse et rebasculait mon casque sur mes oreilles. Je ne connaissais personne ici alors autant passer le temps en musique. Mon travail à la mairie m'avait occupé pas mal de temps ces dernières semaines, avec le bal en l'honneur des Miss et Mister, j'avais dû créer quelques affiches et une brochure pour promouvoir l'évènement. Il faut avouer que ce job était vraiment intéressant et me plaisait énormément, me permettant de travailler en mairie avec l'aspect politique qui me passionnait. Je portais ma tasse à ma bouche, tapant inconsciemment du pied au rythme de la chanson des Dire Straits diffusée sur mon téléphone. Je regardais distraitement par la fenêtre les gens qui se promenaient et dû poser brusquement ma boisson pour ne pas m'étouffer ; à quelques mètres de là, derrière la vitre, j'ai cru voir quelqu'un. Pas n'importe qui. Ivy. Je lâchais à voix basse un juron en voyant la tache sur mon jean, puis reportait mon attention vers l'extérieur. Si la serveuse de Boston était bel et bien là, elle avait disparu. J'eus un sourire triste, blasé de moi-même. Si je commençais à avoir des hallucinations, j'étais mal barré.

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James E. Cohen & Ivy S. Castaway

Ça faisait déjà plusieurs jours que j'étais arrivée à Mystic Falls, et toujours aucune trace de James. Loin d'être désespérée, ceci dit, je comptais bien faire tous les établissements et toutes les rues de la ville pour le retrouver ! Il n'y a aucun doute, il était forcément dans cette ville, donc pas moyen de le rater !

Après avoir fini mon service en tant que barmaid au Mystic Grill - ne changeons pas les bonnes habitudes - je pris ma pause d'une heure et en profita pour aller lambiner un peu du côté du Starbucks local. Peut être me faudrait-il carrément demander aux habitants s'ils ne le connaîtraient pas ? Mais ça serait grillé direct et il partirai avant même que je le vois...
Je secouai la tête pour me reconcentrer sur où j'allais et aperçu le panneau Starbucks à moins de 5 mètres devant moi. Un petit sourire aux lèvres, je poussai la porte du Café et me dirigeai directement vers la caisse.

« Un café vanille sans sucre s'il-vous-plaît. »

En attendant que ma commande soit prête, je fis un rapide balayage de la salle derrière moi, histoire de me trouver un coin tranquille pour siroter mon café - et, qui sait, peut être même un certain joli brun !
Cette dernière pensée n'avait même pas finit de se former dans ma tête que je l'aperçu. Il était là, à l'autre bout de la salle, assit devant une fenêtre avec un air... ébahi. Peut-être m'avait-il vue ?
Dans ce cas, ça ne lui prendrait pas longtemps avant qu'il ne disparaisse à nouveau !
J'abandonnais donc mon café puis me dirigea discrètement vers le jeune homme, tentant de trouver mes mots - ce qui n'était pas simple, malgré tout le temps passé à le rechercher.

« Ça fait un bail. »

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J'avais usé de toutes mes techniques de persuasion pour me convaincre que je perdais la tête et que le reflet était une simple illusion. Satisfait de moi-même, je focalisais mon attention sur la vitre, curieux de voir les allées et venues des habitants. J'essayais de ne pas penser à mon échec : je voulais m'intégrer dans une petite ville pour me faire quelques bonnes relations bien pratiques, la personne la plus influente que j'ai pu approcher était une chirurgienne. Ou une étudiante en chirurgie, interne ou quelque chose du genre, pas vraiment mon domaine de politicien to-be donc. Non, décidément, Mystic Falls n'était pas ce que j'attendais.

Je fixais toujours l'extérieur, encore un peu perturbé, quand une voix des plus familières se fit entendre. J'osais à peine me retourner et serrais les dents. J'étais pris au piège comme un rat, j'envisageais rapidement la possibilité de jouer au sourd ou courir comme un déterré mais je n'en étais pas encore à ce point de pathétisme. Il ne me restait plus vraiment d'option, alors je tournais la tête vers la jeune femme, un sourire de circonstances flanqué sur le visage car il était hors de question que je montre ma nervosité. J'aurais préféré me faire torturer plutôt que l'avouer mais elle m'avait manqué. Elle était toujours aussi ravissante, c'était indéniable, j'avais presque envie de tout lui raconter sur le champ mais j'étais effrayé d'être aussi faible. Terrifié à vrai dire. La dernière personne à m'avoir rendu si faible m'a fait involontairement tuer un type et accessoirement déclencher mon gène, j'aimerais bien éviter de renouveler l'expérience. Toujours est-il que je la regardais sans vraiment le faire, me concentrant plutôt sur un point entre ses yeux.

"Ça.. ça fait l-longtemps en effet." J'eus envie de me donner des claques. Voilà que je bégayais alors que j'en étais presque guéri. J'avais donc fui quelque temps pour finalement me faire rattraper. J'eus quand même une pointe de fierté pour Ivy, elle avait dû bosser dur pour retrouver mes traces, bornée un jour bornée toujours ! Je me penchais en arrière sur ma chaise, espérant un instant qu'elle se contenterait de ma réponse et partirait, me permettant au passage de relâcher le souffle que j'étais en train de retenir inconsciemment. "Alors tu prends des vacances de Boston ?" Peut-être que tout ceci était un hasard fortuit après tout. Peu probable mais possible ! Il faut avouer que, même pour moi, mon départ avait été brutal. Il était indéniable qu'on avait un truc là-bas au Massachusetts, mais après le meurtre que j'avais fait.. Si je restais j'étais cuit. Et sûrement bon pour me faire disséquer. Et la moindre tâche dans mon casier mettrait mes projets de carrière au fond du trou.

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James E. Cohen & Ivy S. Castaway

Un sourire. Un bégaiement. Une banalité en réponse de la mienne. James n'avait pas vraiment changé, même s'il ne s'était écoulé qu'une année depuis la dernière fois que je l'avais vu... Il avait vraiment l'air ébranlé par mon retour, j'en concluais donc que l'effet de surprise était réussi !

« Alors tu prends des vacances de Boston ? »

Je soufflai du nez, un petit sourire en coin pour lui faire comprendre que je n'allais pas jouer le jeu très longtemps. Même si les retrouvailles s'étaient passées mieux que prévues, il était quand parti sans prévenir et il m'avait fallut plusieurs mois de recherches pour comprendre pourquoi, puis le retrouver... Et encore, même en arrivant dans cette ville je n'étais pas tombée dessus au premier coin de rue ! Boston c'est pas à coté, il m'avait fallut m'installer, me trouver un travail et essayer de communiquer avec les gens du coin pour essayer de retrouver sa trace... Donc ouais, non, j'avais pas l'intention de continuer à faire comme si de rien était.

« C'est pas exactement ça, James. »

J'attrapai la chaise face à la sienne et m'assis dessus, histoire de lui faire comprendre qu'il était temps de passer aux explications. Un oeil accusateur, je le fixai, attendant de voir s'il comptait s'expliquer ou plutôt fuir à nouveau.
J'étais une lâcheuse aussi, d'une certaine façon, par rapport à mon frère - et j'avais même déjà été abandonnée par le passé (merci papamaman) - mais ça ne changeait rien. Un post-it aurait suffit. Devoir apprendre toute seule ce qui se tramait derrière ce brusque départ était assez difficile à gérer... surtout quand ça se mêlait à d'improbables histoires de loups.

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Silencieux, je la regardais s'installer devant moi, cet air tout à fait sérieux sur son visage qui voulait tout dire. Évidemment, ce n'était pas exactement ça, je savais aussi bien qu'elle de quoi il était question. J'ai joué la carte du mec qui n'a aucune idée du problème mais elle n'est pas dupe, forcément. Je réfléchissais à toute vitesse, mes options n'étaient pas nombreuses mais il était hors de question de lui dire la vérité. Déjà, elle m'aurait pris pour un taré, ensuite il valait mieux que mon secret reste justement secret. J'envisageais également un mensonge type "appel d'urgence, membre de ma famille malade" mais la repoussait rapidement. La jeune femme en face de moi n'est pas une quille, inutile de raconter des conneries qu'un enfant de 7 ans ne croirait même pas.

Je décidais alors de faire ce dont j'étais tout à fait capable, ignorer le problème et détourner le sujet. Pas totalement, je ne suis pas complètement idiot, mais l'important est de lui faire oublier quelques temps l'envie de savoir la raison de mon départ. J'interpellais l'employée qui passait à côté de moi. "Vous pouvez nous apporter un café noir et.." J'hésitais, ayant un lointain souvenir d'une rencontre à un Starbucks de Boston "..un café vanille ? Merci." Sans attendre la confirmation d'Ivy puisque j'étais presque sûr de moi, j'adressais un sourire à la salariée qui retournait s'occuper de la commande. Me recalant sur mon siège, je m'avançais et m'appuyais sur mes avant-bras posés sur la table avant de me reconcentrer sur la serveuse qui me faisait face. Je me mordais la lèvre inférieure et prenais la parole. "Donc tu as fait tout ce chemin.. pour me retrouver ? Je suis plutôt flatté je dois avouer !" un sourire joueur aux lèvres, je retrouvais avec plaisir les automatismes d'avant, les conneries et taquineries que l'on aimait s'échanger.

Coupé par l'arrivée de nos boissons, je payais rapidement la serveuse, poussais le gobelet vers Ivy et fis mine de trinquer avant de prendre une gorgée de mon café. "Je pensais être parti pour de bon tu sais ? Tu as dû galérer pour me retrouver." Oui, avec le recul, j'avais vraiment abusé en fait. Ma mâchoire se crispait alors que j'hésitais à continuer mais je lui devais bien ça. "Pour ce que ça vaut.. si je devais le refaire, je le ferais différemment." Je la fixais en essayant de lui faire comprendre ma sincérité et mon sérieux. Je me rendais compte en passant que j'étais content, en dépit des conséquences, qu'elle m'ait retrouvé. Mais Mystic Falls était loin d'être hospitalier, si elle n'était pas au courant de l'existence du surnaturel alors elle était concrètement en danger. Il était bien sûr hors de question qu'il lui arrive quelque chose alors qu'elle était ici pour me suivre. Je repoussais l'idée au fond de mon esprit ; inutile de commencer à jouer les preux chevaliers.

Frappé d'un éclair de génie, je me penchais vers la table. "On va faire un truc. Tu me poses une question, j'y réponds honnêtement, je te pose une question, tu fais de même. Chacun son tour. Honneur aux dames." Si j'aimais jouer avec le feu ? Oui. Mais lui donner l'opportunité de me poser les questions qui lui passent par la tête permettait de prouver ma bonne foi. Je me réservais le droit de tronquer légèrement la vérité si nécessaire mais j'étais décidé à jouer le jeu.

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James E. Cohen & Ivy S. Castaway

Il ne semblait pas vraiment prêt à parler. Evidemment. J'm'étais doutée qu'il détournerait le problème et tenterait même peut-être de fuir, mais ça, ça n'allait pas durer...
Il arrêta l'une des serveuses qui passait par là et lui demanda de ramener nos boissons, me faisant hausser le sourcil à l'entente de mon café préféré. Il s'en souvenait ? Un détail que peu de gens auraient relevé, mais c'était vrai que chacun avait fini par connaître certaines des habitudes de l'autre au fil des quelques mois pendant lesquels nous nous étions côtoyés...
Il poussa le gobelet dans ma direction, mais je n'y touchai pas. J'écoutais ce qui semblait d'abord être le début des explications que j'attendais depuis maintenant un moment, mais quelque chose dans son regard et sa façon de parler me faisait penser qu'il n'allait pas parler facilement. Pourtant, ce qu'il disait semblait sincère...

Je finis par attraper le café et en boire une petite gorgée, le fixant toujours d'un air à moitié méfiant et à moitié encourageant. Mon but n'était pas de le faire courir hors du café, mais de lui sortir les vers du nez, après tout...Il se pencha soudain sur la table, comme pour révéler un secret. Il proposait une sorte de... jeu, qui s'avérait fort intéressant même s'il pouvait toujours mentir ou détourner la vérité à son avantage. Sauf que ce qu'il ne savait pas, c'est que j'en savais plus qu'il ne le pensait !

« Ça me paraît juste... »

Je pris une longue inspiration. Il me fallait une question pas trop risquée, il ne fallait pas l'assaillir avec ce que j'avais vraiment en tête sinon il fuirait. Ou mentirait. Non, il fallait jouer son jeu...
Je balayais le bout de salle face à moi du regard, puis fixait à nouveau James. Trouvé. Je me redressais un peu sur mon siège, puis but une nouvelle gorgée de café-vanille avant de le regarder droit dans les yeux et de lancer ma première question.

« Ok. Pourquoi Mystic Falls ? C'est tout petit, pas vraiment le genre de ville que tu apprécies, et je pense pas qu'il y ait énormément d’intérêt à gagner pour toi dans ce trou... Qu'est-ce que cette ville a de si spécial ? »

Oh, rien que des loups-garous... et sans doute tout un tas d'autres choses de ce genre que je ne connaît pas encore ! Je croisais les bras, gardant toujours les yeux rivés sur lui, essayant de déterminer la moindre réaction - voulue ou non - de sa part.

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Mon idée semblait lui plaire, heureusement. J'aurais eu l'air stupide si elle m'avait envoyé bouler à la "sois un peu sérieux James, on a pas le temps pour ça", mais Ivy semblait me connaître et savoir que si on ne rentre pas dans ma danse.. je suis une plaie incroyablement chiante. Et silencieuse. Voire carrément lâche, du genre à partir sans se retourner. Elle réfléchit avant de parler - ce qui est appréciable il faut l'avouer - et lâcher le couperet. Pour être honnête j'étais plutôt surpris par sa question et je haussais légèrement un sourcil, la sondant du regard afin de comprendre pourquoi celle-ci.

Elle avait visiblement l'air sûre d'elle, donc je commençais à réfléchir. Il est vrai que Mystic Falls n'est pas ma tasse de thé et je ne m'y plais pas trop. Bon, sur cette question, j'allais devoir omettre quelques vérités, pas sûr que "j'ai entendu que des meutes se formaient et je suis venu voir pour en trouver une" soit très bien pris. Je n'étais même pas sûr de ma venue ici en fait. Je me grattais le menton du bout des doigts, pensif, avant de me lancer. "Déjà.. M'éloigner de Boston et des grandes villes en restant du côté de la Côte Est. Il y a des gens qui ont l'air très importants ici, des gens riches et influents, et quelque chose se trame je n'arrive juste pas à mettre le doigt dessus. As-tu seulement vu le nombre de morts et disparitions dans ce bled ? Proportionnellement, il est plus élevé que dans tout le reste de l’État. Et puis... il y a du taf dans les petites villes. J'ai trouvé un poste à la mairie super facilement, c'est limite indécent." Je buvais une gorgée de mon café.

J'avais promis de l'honnêteté, alors voilà. Ivy était loin d'être stupide et avait sûrement déjà capté que quelque chose de bizarre se passait ici, alors autant rester sur la piste. Je n'aimais pas non plus l'idée qu'elle ne soit pas au courant de toute la vérité ; ici, l'ignorance est synonyme de danger. Je me mordais la lèvre inférieure tout en réfléchissant à ma prochaine question. "Tu t'y attends probablement mais.. pourquoi te plier en quatre comme ça pour me retrouver ? Tu aurais pu, je sais pas, te dire que j'étais vraiment un sale con et retourner à tes occupations." Je comprenais qu'elle voulait des réponses à mon départ mais quand même, ça faisait beaucoup de moyens mis en œuvre pour une discussion autour d'un café. Pas que ça me déplaise, certes.

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James E. Cohen & Ivy S. Castaway

James sembla réfléchir quelques secondes, puis se lança dans ce qui me semblait une réponse tout à fait honnête. Il avait une réputation de manipulateur, certes, et n'hésiterais pas à me mentir même à moi - d'un autre côté, minces étaient les chances qu'il me déballe toute la vérité sur cette histoire de loup d'un coup comme ça, je m'en étais doutée tout de suite et savais bien qu'il faudrait encore quelques questions plus ou moins innocentes avant d'entrer dans le vif du sujet - mais ce qu'il disait me semblait plutôt vrai. J'hochais lentement la tête en l'entendant parler des morts anormalement fréquentes dans ce coin paumé, lui faisant comprendre rapidement et simplement que j'en savais déjà un minimum sur toutes ces histoires. En le regardant boire son café, prenant une petite pause dans son récit, je me dis que malgré la part de vérité qui s'y trouvait, il était évident qu'il gardait encore pas mal de choses pour lui. Lui sortir les vers du nez allait être beaucoup plus difficile que je ne l'aurais pensé...

Sa question à lui me fit hausser lentement les sourcils. Je m'y attendais à ce qu'il me demande ça, mais d'un autre côté, je n'avais pas vraiment réfléchis à ce que je pourrais bien y répondre... Je sirotai une petite gorgée de mon propre café, me donnant quelques secondes pour ne pas m'embrouiller dans ce que j'allais répondre, puis le regarda droit dans les yeux en répondant.

« Eh bien. Disons que ton départ très précipité m'a plus inquiétée qu'autre chose, en fait. J'ai tout de suite pensé qu'il devait y avoir eu un truc vraiment grave pour que tu t'en ailles comme ça, sans prévenir, d'ailleurs, même si ça m'a pris du temps, je suis rassurée de voir que tu as l'air d'aller bien ! »

Je m'arrêtais de parler, le regarda droit dans les yeux tout en sirotant mon café, puis croisa les jambes. Ça avait pas intérêt à durer 400 ans son histoire, une approche douce c'est cool, mais tourner autour du pot c'était pas tellement mon truc. Après lui avoir laissé assez de secondes pour enregistrer ce qui n'était, après tout, que la stricte vérité, je lui envoyai une question un peu plus poussée. Pas trop non plus histoire qu'il se carapate pas à trois kilomètres d'ici, mais assez pour le secouer et lui faire comprendre que hé oui mon joli, je sais.

« C'est un hasard total que ton départ coïncide avec la mort complètement barbare de 3 gens ? T'es un psychopathe en fait ou bien ? »

Un petit sourire satisfait au coin des lèvres, je me recalai dans ma chaise en croisant les bras, attendant que son visage se décompose comme je le voulais.

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J'affichais un sourire en coin assez satisfait. J'aimais bien avoir de l'importance, et entendre de la bouche d'Ivy que je l'avais inquiétée était très flatteur pour mon égo. Comme quoi, les choses que l'on avait partagées à Boston n'étaient pas anodines. J'avais souvent cru que je me faisais des films, qu'au final une semaine après mon départ elle avait déjà tiré un trait sur moi et avait trouvé une personne pour me remplacer, alors ça faisait plaisir de voir qu'elle avait tout quitté et autant galéré pour me retrouver. En soit j'aurais aimé ne jamais avoir besoin de partir, mais une négligence et ça y'est ma couverture était en miettes. Je ne pouvais pas prendre le risque de rester sur place. J'avais des ambitions ! J'en avais toujours d'ailleurs, même si on pourrait ne pas y croire en me voyant installé tranquillement à un Starbucks, discuter avec une jolie jeune femme qui ne fait pas vraiment dans la politique. Elle n'avait pas tort par ailleurs, la situation était critique et il n'avait pas vraiment d'autre choix que de partir. Je sentais néanmoins qu'elle n'est pas vraiment convaincue par mes réponses, je ne savais pas ce qu'elle veut mais ça commençait à ne pas trop me plaire. Moi qui voulais regagner sa confiance en l'embobinant légèrement, je crois que mon plan tombe à l'eau. Si je pensais la piéger avec mon jeu, je ne sais pas encore que je vais me retrouver dans la mauvaise position, pas du tout ce que j'attendais. Je savais qu'elle était curieuse mais j'espérais qu'elle ne se mettait pas dans des situations improbables ici, tous les habitants étaient loin d'être accueillants et innocents et je m'en voudrais terriblement s'il lui arrivait quelque chose. Elle savait s'entourer toutefois, j'étais prêt à parier qu'elle avait déjà trouvé des relations pour son propre bien et sa sécurité.

Alors que je buvais une gorgée de mon café, je sentais un certain changement d'attitude. On dirait qu'elle.. passait à l'attaque. Et sa question me pris de court, je devais lui reconnaître ça. J'avalais de travers et m'étouffais misérablement pendant 10 bonnes secondes, si j'avais voulu la jouer discret et ignorant c'était un flop total. Les larmes aux yeux de ma toux violente, je finissais par m'en remettre et essayais de retrouver une face crédible et offensée du constat d'Ivy. A vrai dire ça me vexait un peu d'être démasqué aussi facilement, j'aurais dû attendre un peu avant de partir, ça faisait vraiment louche comme départ. Je m'insultais mentalement tout en réfléchissant à comment tourner ça à mon avantage. J'avais beau tourner la chose dans tous les sens, je ne voyais pas d'échappatoire acceptable. Je toussais légèrement, lui rendant son regard sans ciller, me demandant encore comment j'allais me sortir de là. "Alors quoi, tu penses être assise en face d'un meurtrier taré ? Tu me penses capable de décimer une famille dont un gamin de 12 ans puis partir comme si de rien n'était ?" Le temps que je réalise la boulette que je venais de commettre. Ivy n'avait jamais parlé d'une quelconque famille, elle avait juste mentionné trois meurtres. Et moi, voulant monter un mensonge probable et faussement concerné, je venais de me griller comme un amateur. Un parfait abruti, voilà ce que j'étais ; je savais bien qu'elle s'en rendrait compte alors je pris les devants. "J'ai lu ça. Dans les journaux, juste avant mon départ." Evidemment je ne savais pas que les médias n'avaient jamais mentionné l'âge du gosse. Je l'avais trouvé en cherchant des informations sur cette famille, lorsque je m'étais retrouvé le matin à leurs côtés, moi bien vivant et eux bien morts. Finalement je croyais avoir réussi à m'en sortir, naïvement.

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